TRAITÉ DES COULEURS POUR LA PEINTURE EN ÉMAIL. 4- TRAITÉ DES COULEURS POUR LA PEINTURE EN ÉMAIL ET SUR LA PORCELAINE; Précédé de VArt de Peindre fur VEmail, Etfuivi de plufîeurs Me'moires fur intérêiTants, diffe'rents tels l'Art que le travail fujets de la du Stuccateur , la Porcelaine, Came'es maniere ôc d'exe'cuter les les autres de Pierres le perfeétionner la figurées, ôi le travail compofition moyen du verre des blanc Glaces, ôcc. Ovrage pjîhume de M. d^Arclais Premier de Maître Montamt dlHôtel , de S, A, Duc S. Orleans Premier PrinceMonfeigneur le i du Sang, A PARIS, Chez G. C aveX 1ER, Saint Libraire, rue Jacques, au Lys d'or. ' ' " M. D C C, L X V. Avec Approbation Gr Privilege du Roi» * ^^ \ .fe% l V J-¿ 'I'\ '^, Hi Í; i ít^,V-i-|'¥X Vi- \_^, O-* --1=. "ii. ■- ;'~J'- '-'* ii J. i_i. -¿ jPi f_â. . "t' X h' 'H' .'""Ç- ■■< i ..^, J.:^i. ; :¿1, . fa.--^- ,: î3îîîAjS3;ffQ€:4J: ÎOB T3 iU-^an nfo-rl á.nK'i -V - .¥-%i .^·;»'lVF'íí^~%·.úí· •/-->. ;. , ..;3,^.:.4/îi a - !»¥•-í·^l·f-'^'^yfj îî 1-Tï.?î'îà:. ivi , IJ'L',. ÜiÍ-^'>Á''f 3(saiKa:.Ai/!s .--I 5*vîtîO -a>»»i í-'-·' * ï.líimVïibi > • -.• -i - ■ " x-.; >.; V... ^ . '. e í r.vv.:^^4sj -i. ^ 1 a A ¥ "•• - 'îfî7 ?7-'¥'î a S. í V A r) O _ ss^íO ■ . 'iti y -f- J' K A S "!) <'- > i ¥5' ïw'-.v» ^-V3" ^ ■ P:- " . . TABLE. Avertissement (s· EWCEde y VAuteur. pag. ix Uxp@Jítíon abrégée de Part de Peindrefur VEmail y ù' du Procédé pour faire de PÉmail XV y PREMIERE PARTIE."^ Traité des Couleurs pour la Pein-«: turé fur lIÉniail. Ghap. I. De la Peinturefur PÉmail, en général, l Chap. II. Des Fondants, Il Premier procédé sp , Second procédé, Remarques étiologiques. 34 Chap. III. Du Blanc, 44 Procédé 4c^ , Obièrvations-prat. fur ce procédé , 88 Remarques étiologiques, 5^ Ghap. IV. Des Rouges & des autres Couleurs tirées du Fer, 66 Procédé, 70' Brun maron,. So a iij îx AVERTISSEMENT. On a cru devoir fe hâter de mettre les Artiftes en poíTeífion d'un Ouvrage qu'ils defiroient depuis long-temps ; il eft dû aux travaux confiants ôc réitérésd'une perfonne qui , aux connoilTan- ces les plus exaâes ôc les plus profondes dans la Chymie, joi- gnoit les qualités les plus eili- niables dans la Société : fon Ou- vrage fournira la preuve des unesj qu'il foit permis à ceux qui ont joui des autres , de fe foulager en s'entretenant de la perte qu'ils ont faite. M. deMoNTAMY, Auteur de ce Traité , étoit d'une famille noble ôc ancienne de la Baffe Normandie ( ^ ). Dès fa plus ten- (q Son nom de famille eil à'Arclaù 5 c'eil le AVERTISSEMENT, dre jeuneíTe, ennemi de la dif- íipation & des frivolités ^ il eut un goût décidé pour les Scien- ces ; après avoir fait fes études dans rUniverfité de Caen , de retour dans lamaifon il paternelle^ s'appliqua très-férieufement à la Phyfique & aux Mathémati- ques , dans lefquelles, par lui- même & quoique privé de fe- cours j il fit des progrès furpre- nants ; cependant à la fin le défit de perfeêlionner fes connoifian- ces & de converfer avec des perfonnes habiles, lui fit la quitter Province pour venir puifer des lumières dans k Capitale ; il y nom d'une terre gui de temps immémoriaîe s'eft identifié avec celui de fes anciens feurs poiTeP- : cette famille , dont on ne connoît point l'origine , prouve fa nobleiTe fur des titrés autentiques, & fuivis depuis 1380 fent. Depuis l'an jufgu'àpré- ijgo elle s'eil deux branches, partagée en qui font celle de celle de Monbofq &■ Montamy.^ AVERTISSEMENT, x} vécut quelque temps dans une retraite philofophique , content d'un petit nombre d'amis que la douceur de fes mœurs& fa candeur ne purent manquer de lui faire. Cependant fes lumières le firent bientôt connoître , àc lui donnèrent accès auprès de feu M. le Duc d'Orléans : ce Prince aulïî religieux qu'ami des Scieii- ces , ne tarda point à fentir le mérite de M. de Montamy ^ pour lui donner des marques de ion eftime , il l'attacha à fa Fer- fonne par une place de Gentil- homme ordinaire. Aifuré de plus en plus de fa probité, de fes ta- lents , de fon attachement pour la religion , il le plaça bientôt auprès de M. le Duc de Char- tres ( aujourd'hui Duc d'Orléans ), & voulut qu'il coopérât à fon éducation. Depuis ce temps M. de Montamy ne quitta plus ce jry AFERTlSSEMENT. Prince -, il le fuivit dans toutes fes campagnes , & par fes fideles fervices , il mérita fon eftime y fa confiance & fes bontés. Ce fut pour récompenfer fes foins afiîdus que , devenu le maître de faire éclater fa reconnoiiïance^ ce Prince lui donna la place de fon premier Maître d'Hôtel , vacante par la mort de M. de Court, Vice-Amiral de France; M. de Montamy la remplit avec une vigilance, une probité , ôc un défintéreÎTement qui jamais ne fe font démentis , qui ont réuni tous les fuffrages en fa faveur, & qui lui ont mérité les larmes que ce Prince dit répan- en apprenant fa mort. Ces fentiments font faits être pour fincérement partagés par tous ceux qui ont eu de l'avantagé connoître M. de Montamy ; ils regretteront toujours en lui un AVE RTISSEMENT, xiij ami íincere, indulgent, éclairé,qui apportoit dans la Société toutes ies qualités qui peuvent la ren- dre aimable. La vie atüve de M. de Mon- tamy ne l'empêcha point de fe livrer à fon goût pour les Seien- ces : elles firent tous fes déli- ces ; il leur confacra tous les moments que fes occupations lui laiiTcrent ; s'il parut abandonner les Mathématiques , dans lefquel- les il avoit fait de grands pro- grès, ce fut pour fe livrer à la Phyfique expérimentale ôc à la Chymie, qui eurent fur-tout des attraits pour lui, & qui finirent par abforber toute fon attention. Cet Ouvrage fuffit pour prouver qu'il n'y a point travaillé fans fuccés ; les expériences qu'il ren- ferme montreront l'étendue de fes lumières , l'opiniâtreté de fon travail : les Artiñes ôc les m xiv AVERTISSEMENT. ConnoiíTeurs jugeront de fon utilité. ^ în temï lahor, at tenuis non gloria». M. Didier d'Arclais , Seigneur de Montamy , mourut à Paris au Palais Royal, le 8 de Février ^2 ans. „w *î*'i*+^++*î'+'î*i*4'*î*"î**î'^*î**î**î'+*î*4**î**î''î*'î'4**î**î'4"i* Expojition abrégée de UArt de peindrefur VRmaiL POUR ne ríen laiíTer à defirer à ceux qui feroient portés à s'occuper de la Peinture en Émail, nous avons cru devoir faire précéder le Traité des Couleurs de Moniîeur de Montamy, de la maniere d'employer ces cou- leurs ou de l'art de peindre. Cette defeription de l'art a été faite autrefois fous les yeux de M. Durand, Peintre de Monfeigneur le Duc d'Orléans ; & c'eft du même Artille que M. de Montamy s'efl fervi pour s'alfurer des qualités qu'il fe propofok de donner à fes cou- leurs. Ainfî l'on peut compter que cet Ouvrage ne contient rien qui n'ait été Gonllaté par une infinité d'ex- périences réitérées. S'il arrive à quelques Artilles de xv'i Expojîtion abrégée ne pas réuiTir, foit en préparant les couleurs de M. de Montamy , foit en les employant, ils peuvent être certain que c'eft de leur faute. Avec lin peu d'opiniâtreté , ils reconnoî- tront qu'ils ne s'étoient pas confor- més avec aifez de fcrupule aux re- gles qu'on leur avoit preferires. Ceil l'Orfevre qui prépare la toile ou plaque fur laquelle on fe pro- pofe de peindre. Sa grandeur Se fon épaiífeur varient felon l'ufage au- quel on la deiline. Si elle doit former un des côtés d'une boîte , il faut que l'or en foit à vingt-deux carats au plus : plus fin , il n'auroit pas aifez de foutien ;'Inoins fin, il fe- roit fujet à fondre. Il faut que l'ai- liage en foit moitié blanc & moitié rouge , c'eit-à-dire , moitié argent & moitié cuivre 5 l'Émail dont on la couvrira, en fera moins cxpofé à verdir , que fi l'alliage étoit tout rouge. Il faudra recommander à l'Orfevre de rendre fon or bien pur & bien net, & de le dégager exadement de pailles & de vents ; fans ces pré- cautions, de Vart de Peindre en Émail, . xvi] cautions, il fefera immanquablement des foufflures à l'Émail , & ces dé- fauts font fans remede. On réfervera autour de la plaque un filet qu'on appelle auiTi bordement. Ce filet ou bordement retiendra l'É- mail , Se l'empêchera de tomber , lorfqu'étant appliqué on le prefiera avec la fpatule. On lui donnera au- tant de hauteur qu'on veut donner d'épaifieur à l'Émail ; mais fépaif- feur de l'Émail variant felon la na- turc de l'ouvrage , il en eft de même de la hauteur du filet ou bordement. Quand la plaque n'eft point contre- émaillée,il faut qu'elle foit moins chargée d'Émail, parce que l'Émail mis au feu tirant l'or à foi, ou pefant plus fur les bords qu'au milieu, la piece deviendroit convexe. Lorfque l'Émail ne doit point couvrir toute la plaque, alors il faut lui pratiquer tin logement. Pour cet ejfiet on trace fur la plaque les con- tours du deifein ; on fe fert de la mine de plomb, enfuite du burin. On champleve tout l'efpace ren- fermé dans les contours du defiein 5 Partie J, h xviij Expojîtion d'une abrégée profondeur égale à la ïiau- teur, qu'on eût donnée au filet, fi îa plaque avoit dû être entièrement émaillée. On champleve à l'échope, & cela le plus également qu'on peut: c'eft une attention qu'il ne faut pas négli- ger. S'il y avoit une fe éminence,l'Émail trouvantplusfoible en cet endroit, le verd pourroit y pouffer. Les uns pratiquent au fond du des hachures champlever fe légères & ferrées qui croifent en tout fens ; les autres y font des traits ou éraflures avec un bout de lime caffée quarrément. L'ufage de ces érahures ou ha- chures , c'eft de donner prife à l'É- mail" qui, fans cette roît fe précaution pour- féparer de la plaque ; fi l'on obfervoit de tremper la piece cham- plevée dans de Peau régale affoiblie, les inégalités que fon adion forme- roit fur le champlever pourroit remplir merveilleufement la vue de l'Artiile dans les hachures qu'il y pratique : c'eft une Au expérience à faire. refte , il eft évident qu'il ne faudroit pas manquer dç laver U de Van de Peindre en Email, xix piece dans pluiieurs eaux au fortir de l'eau régale. Quoi qu'il en foit de cette con- jedure, lorfque la piece eíl cham- pîevée j il faut la dégraiiTer. Pour la dégraiiTer , on prendra une poi- gnée de cendres gravelées qu'on fera bouillir dans une pinte d'eau ou en- viron , avec la piece à dégraiiTer : au défaut de cendres gravelées, on pourroit fe fervir de celles du foyer, ii elles étoient de bois neuf ; mais les cendres gravelées leur font pré- férables. Au fortir de cette TeiTivCj on lavera la piece dans de l'eau claire où l'on aura mis un peu de vinaigre ; Se au fortir de ce mélange d'eau Se de vinaigre, on la relavera dans de l'eau claire. Voilà les pré- cautions qu'il importe de prendre fur l'or ; mais on fe détermine quelque- fois par économie , à émailler fur le cuivre rouge. Alors on eil obligé d'emboutir toutes les pieces , quelle que foit la figure qu'elles aient, ronde , ovale ou quarrée. Les em- boutir dans cette occaiion, c'eil: les les rendre convexes du côté à pein- icx Expojitíon abrégée dre, & concaves du côté à contre- émailler. Pour cet effet il faut avoir un poinçon d'acier de la même forme qu'elles , avec le bloc de plomb : on pofe la piece fur le bloc ; on appuie deflus le poinçon , de l'on frappe fur la tête du poinçon avec un marteau. Il faut frapper affez fort pour que l'empreinte du poin- çon fe faife d'un feul coup. On prend du cuivre en feuilles, de l'é- paifleur d'un parchemin. Il faut îe que morceau qu'on emploie, foit bien égal & bien nettoyé ; on paffe fur fa furface le grattoir, devant & après qu'il a reçu l'empreinte. Ge qu'on fe propofe en l'emboutiffant , c'eft de lui donner de la force, de de l'em- pêcher de s'envoiler. Cela fait, il faut fe Émail procurer un qui ne foit ni tendre ni dur ; trop tendre , il eft fujet à fe fendre ; trop dur, on rifque de fon- dre la plaque. Quant à la couleur , il faut que la pâte en foit d'un beau blanc de lait. Il eft parfait s'il réu- nit à ces qualités la fineife du grain.^ Le grain de l'Émail fera ffn, fi l'en- de Van de Peindre en Émail, xxf droit de fa furface , d'où il s'en fera? détaché un éclat, parok égal, liife Se poli. Le bon Émail nous vient de Ve- nife. Nous voudrions bien connoî- tre quelque procédé pour le faire avec les qualités que nous venons d'exiger. Nous avons trouvé celui qui- fuit parmi les papiers de M. de Montamy. Mais comme il eft écrit d'une autre main que la fienne , nous n'ofons en garantir le fuccès; Prenez lo onces de caillou ou quartz calciné pilé , tamifé , féché. , 14 onces de minium féché fur du papier ôc broyé avec une , fpa- tule de bois , dans un vaiifeau de bois. 3 onces de nitre féché , bien broyé. 2: onces de fonde d'Efpagne, puL vérifée fi elle eft feche ; bien di- vifée, fi elle n'eft pas feche. I once d'arfenic blanc. I once de cinnabre naturel, l'un ôc l'autre bien pulvérifés. iÊh 3 onces de verre perlé. Ce verre vient de Boheme. H Êxpofi'tion abrégée paroít qu'on y a fait entrer cfu gypfe ou de la- craie. Il fera pulvé- rifé , tamifé , lavé & féché. Toutes, ces fubftances préparées comme on vient de dire , on les mettra avec foin dans un vaiifeau verniiTé ; on mettra le tout dans un creufet bien bouché. On fera fon- dre dans un fourneau de fuiion à vent: les premieres cinq heures à petit feu ; & en augmentant le feu pendant les dix-huit heures fuivantes , on brifera le creufet, & l'Émail fera parfait. On prendra le pain d'Émail, on le frappera à petits coups de mar- teau , en le foutenant de l'extrémité du doigt. On recueillera tous les petits éclats dans une ferviette qu'on étendra fur foi ; on les mettra dans un mortier d'agate,, en quantité pro portionnée au befain qu'on en a ; on verfera un peu d'eau dans le mortier ; il faut que cette eau foit- froide & pure ; les Artilles préfèrent celle de fontaine à celle de riviere. On aura une molette d'agate ; on broyera le^'morceaux d'Émail, qu'on arrofera à mefure qu'ils fe pulvéri,- de Van de Peindre en EmaîL xxiij feront : il ne faut jamais les broyer à fee. On fe gardera bien de conti- nuer le broyement trop long-temps. S'il eil à propos de ne pas fentir l'Émaiî graveleux, foit au toucher, foit fous la molette, il ne faut pas non plus qu'il foit en boue : on le réduira en molécules égales ; car l'inégalité fuppofant des grains plus petits les uns queies autres, les pe- tits ne pouroient s'arranger autour des gros fans y laiifer des vuides inégaux , & fans occaíionner des vents. On peut en un bon quart- d'heure broyer autant d'Émail qu'il en faut pour charger une boite. II y a des Artiilçs qui prétendent qu'après avoir mis l'Émail en petits éclats , il faut le bien broyer Se pur- ger de fes ordures avec de l'eau-forte, le laver dans de l'eau claire, & le Broyer enfuite dans le mortier ; mais cette précaution eil fuperflue quand on fe fert d'un mortier d'agate ; la propreté fuffit. Lorfque l'Émail eil broyé , on verfe de l'eau deifus ; on le laiffe dépofer ; puis on décante par incli- ^xîp Éxpojîtion abrégée naifon l'eau qui emporte avec elle la teinture que le mortier a pu donner à l'Émail & à l'eau. On continue ces lotions iufqu'à ce que l'eau paroiiTe pure, obfervant à chaque lotion de îaiiTer dépofer l'Émail. On ramaffera dans une foucoupe les différentes eaux des lotions , Se on les y laiffera dépofer. Ce dépôt pourra fervirà contre-émailler la pie- ce , s'il en eft befo in. Tandis qu'on prépare l'Émail, la plaque champlevée trempe dans de l'eau pure Se froide : il faut l'y laiifer au moins du foir au lendemain ; plus elle y reftera de temps, mieux cela fera. Il faut toujours conferver l'Émail broyé couvert d'eau, jufqu'à ce qu'on l'emploie ; Se s'il y en a plus de broyé qu'on n'en emploiera , il faut le tenir dans de l'eau fécondé. Pour l'employer, il faut avoir un chevalet de cuivre rouge ou jaune. Ce chevalet n'eft autre chofe qu'une plaque repliée par les deux bouts. Ces replis lui fervent de pied ; Se comme ils font de hauteur inégale , de VArt de Peindre en Émail* xxv ïa furface du chevalet fera en incliné. plan On a une fpatule avec on prend de l'Émail laquelle le broyé, & on met fur le chevalet , où cette portion qu'on en veut , s'égoutte d'une employer partie de fon eau , qui s'étend le long des bords du chevalet. Il y a des Artilles qui fe paifent de chevalet. On à reprend peu arvec la fpatule l'Émail peu de delfus le chevalet, on le porte dans le champlever de la piece à émailler, en commençant par un bout Se nilTant fir par l'autre. On fupplée à la avec un cure-dent fpatule : cela faut s'appelle charger. Il que cette premiere rem- plilTe tout le charge , & foit au niveau champlever de l'or ; car il s plaque d'or. agit ici d'une Nous de bas la parlerons maniere plus dont il faut les plaques de cuivre charger ; il n'eft néceiTaire pas que l'Émail foit cette premiere broyé pour ni auiTi fin ni aufli charge, foigneufement que pour une fécondé. Ceux qui n'ont Partie point de cheva- I. * e xxvj Expofition abrégée let, ont un petit godet de fayance; dans lequel ils tranfvafent TÉmail du mortier : le fond en efl; plat ; mais ils le tiennent un peu incliné , afin de déterminer l'eau à tomberd'un côté. Lorfque la piece eft chargée, on la place fur Textrêmité des doigts, Ôc on la frappe légèrement par les côtés avec la fpatule, afin de don- ner lieu par ces petites fecouifes , , aux molécules de 1 Émail broyé , de fe compofer entre elles, de fe ferrer. Se de s'arranger. Cela fait, pour retirer l'eau que l'Émail chargé peut encore contenir, on place fur les bords un linge ñn , blanc Se fee Se on l'y laiffe tant , qu'il afpire de l'eau. 11 faut avoir l'attention de le changer de côté. Lorfqu'il n'afpire plus rien des bords, on y fait un pli large Se plat, qu'on pofe fur Iç milieu de l'Émail g plu- lîeurs reprifes; après quoi on prend la fpatule , Se on l'appuie légère- ment fur toute la iurface de l'Émail , fans toutefois le déranger : car s'il arrivoit qu'il fe dérangeât, il faudroit l'humeder derechef , afin qu'il fc de Vart de Peindre en Émail, xxvij difpofât convenablement fans le ti- rer du champlever. Quand la piece eíl feche , ü faut l'expofer fur des cendres chaudes, afín qu'il n'y reile plus aucune hu- midicé. Pour cet effet on a un mor- ceau de tôle percée de plufíeurs petits trous , fur lequel on la La place. piece eff fur la tôle, la tôle eil fur la cendre ; elle reffe en cet état jufqu'à ce qu elle ne fume plus. On obfervera feulement de la tet- nir chaude jufqu'au moment de la paiTer au feu ; car fi on Pavoit laiiTée réfroidir , il faudroit la réchauffer peu à peu à l'entrée du fourneau , fans quoi l'on expoferoit l'Émail à pétiller. Une précaution à prendre par rap- port à la tôle percée de trous , c'eff de la faire rougir , & de la battre avant que de s'en fervir, afin d'en réparer les écailles. Il faut ait les bords qu'elle relevés, enforte que la piece que l'on place deffus, n'y tou- chant que par fes extrémités, le contre-Email ne s'y attache On point. a des pinces longues & pla- cij xxvïïj Expofaion abrégée tes, que l'on appelle releve-moiijî'a^ che dont on fe fert pour enlever la , plaque ôc la porter au feu. On paiTe la piece au feu dans un fourneau , dont on trouvera la fi- gure & des coupes dans le Recueil des planches de TÉmailleur, vol. 3 de l'Encyclopédie, avec celle d'un pain d'Émail c qu'on ait foudé une feuille d'or pardeifus ; une pareille de Vart de Peindre en Èmaîl. xxxç plaque fourient à peine un premier feu fans accident : que feroit-ce donc fi la Peinture exigeoit qu'on en don- nât deux , trois quatre, & même , cinq ? D'où il s'enfuit ou qu'on n'a jamais fu peindre fur des plaques d'ar- gentémaillées, ou que c'efiun fecret abfolument perdu. Toutes nos Pein- tures en Émail font fur l'or ou fur le cuivre. Une chofe qu'il ne faut point ignorer c'efi que toute , piece émail- lée en plein du côté que l'on doit peindre doit être contre- émaiîîee , de l'autre côté , à moitié moins d'É- mail, fi elle efl convexe ; fi elle eil plane il faut que la , quantité du contre-Émail foit la même que celle de l'Émail. On commence parle con- tre-émailler, & l'on opere, comme nous l'avons preferit ci-deíTus ; il faut feulement laiiTer au contre-Émail un peu d'humidité fans quoi il en , pourroit tomber une partie lorfqu'on viendroit à frapper avec la fpatule les côtés de la plaque pour faire , ranger l'Émail à fa furface, comme nous l'avons preferit. ¡¡cxxvj- Expojîtion abrégée Loríque les pieces órít été fuffi- famment chargées Se paíTées au feu, on eíl obligé de les ufer, iî elles font plates : on fe fert pour cela de la pierre à affiler lès tranchets des cordonniers ; on l'hiimeile ; on la promene fur FÉmail avec du grès tamifé. Lorfque routes les on- duîations auront été atteintes Ôc ef- facées, on enlevera les traits du fable avec Peau Se la pierre feulé. Cela fait, on lavera bien la piece en la fayetant Se broifant en pleine eau. S'il s'y eft formé quelques petits oeillets, Se qu'ils foient à découvert, bouchez-les avec un grain d'Email, Se repaftez votre piece au feu pour la repolir. S'il en paroît qui ne foient point percés, faites-y un trou avec une onglette ou burin ; rempliííez ce trou , de maniere que l'Émail forme au deftus un peu d'éminence, Se remettez au feu ; l'éminence ve- nant à s'affaifer par le feu, la fur- face de votre plaque fera^ plane Se égale. Lorfque la piece ou plaque eft préparée, il s'agit de la peindre. Il de VArt de Peindre en Email, xxxvij faut d'abord fe pourvoir de couleurs. X.a préparation de ces couleurs n'eil plus un fecret , grace à feu M. de Montaniy qui a employé un temps coniidérable à les rechercher Se à les perfeélionner , Se qui s'en eii repofé fur notre amitié du foin de publier fon ouvrage qu'il nous a confié dans les derniers infiants de fa vie. Il faut tâcher d'avoir ces couleurs broyées au point qu'elles ne fe fen- tent point inégales fous la molette ; de les avoir en poudre , de la cou- leur qu'elles viendront après avoir été parfondues , telles que , quoi- qu'elles aient été couchées fort-épais, elles ne croutent point, après plu- fleurs feux , au defibus du niveau de la piece. Les plus dures à fe par- fondre paifent pour les meilleures ; mais fi l'on pouvoir les accorder toutes par un fondant qui en rendît leparfond égal, il faut convenir que i'Artifie en travailleroit avec beau- coup plus de facilité : c'eft là un des points de perfeélion que ceux qui s'occupent de la préparation des xxxviij Expojition abrégée couleurs pour PÉrnaii, devroient fe propofer. Il faut avoir grand foin , fur-tout dans les commencements , de tenir regiftre de leurs qualités , afin de s'en fervir avec quelque sûreté ; il a beaucoup à gagner de faire des y notes de tous les mélanges qu'on en aura eiTayés. Il faut tenir fes cou- leurs renfermées dans des petites boîtes de buis qui foient étiquettées de numérotées. Pour s'aiïurer des qualités de fes couleurs, on aura des petites plaques d'Émail qu'on appelle inventaires ; on exécutera au pinceau des traits y larges comme des lentilles ; on nu- mérotera ces traits, & l'on mettra l'inventaire au feu. Si l'on a obfervé de coucher d'abord la couleur égale de légère, & de repaiTer enfuite fur cette premiere couche, de la couleur qui faiTe des épaiiTeurs inégales , ces inégalités détermineront, au fortir du feu la foibleffe, la force de les , nuances. C'efi: ainfi que le Peintre en Émail formera fa palette -, ainfi la palette de Part de Peindre en Émail, xxxije d'un Émailleur eil, pour ainfi dire, une fuite plus ou moins confidérable d'effais numérotés fur des inventaires auxqueUes il a recours felon le be- foin. Il eil évident que plus il a de ces eifais d'une même couleur, Ôc de couleurs diverfes, plus il corn- plette fa palette ; Se ces eifais font ou de couleurs pures & primitives, ou de couleurs réfultantes du mê- lange de plufieurs autres ; celles-ci fe forment pour l'Émail , comme pour tout autre genre de Peinture : avec cette diifFérence que dans les autres genres de Peinture, les tein- tes relient telles que FArtille les aura appliquées ; au lieu que dans la Peinture en Émail le feu les altérant plus ou moins d'une infinité de ma- nieres différentes, il faut que l'Émail- leur,en peignant,ait la mémoire pré- fente de tous ces effets, fans cela iï lui arrivera de faire une teinte pour une autre, & quelquefois de ne pou- voir plus retrouver la teinte qu'il aura faite. Le Peintre en Émail a, pour ainfi dire , deux palettes , l'une fous les yeux, & l'autre dans l'ef- xl ExpoJIiíon abrégée prit ; il faut qu'il foit attentif à cha- que coup de pinceau de les accor- der entr'eiles ; ce qui lui feroit très- difficile , ou peut-être impoiTible , fi quand il a commencé un 5 ouvrage, il interrompoic fon travail pendant quelque temps confidérable. Il ne fe fouviendroit plus de la maniere dont il auroit compofé fes teintes, ôc il feroit expofé à placer à chaque inflant ou les unes fur les autres , ou les unes à côté des autres , des couleurs qui ne font point faites pour aller enfemble. Qu'on juge par~là combien il efl difficile de mettre d'accord un morceau de Pein- ture en Émail, pour peu qu'il foit confidérable. Le mérite de l'accord dans un morceau - , peut être fenti prefque par tout le monde ; mais il n'y a que ceux qui font initiés dans l'art, qui puiffent apprécier tout le mérite de l'Artiile. Quand on a fes couleurs, il faut fe procurer de l'huile eifentielle de Lavande, & tâcher de l'avoir non adultérée ; quand on l'a on la , fait engraiiTer ; pour cet effet, on en de VArt de Peindre en Émail, xlj en met dans un gobelet dont le fond foit large , à la hauteur de deux doigts ; on le couvre d'une gaze en double , ôc on l'expofe au foleil juf- qu'à ce qu'en inclinant le gobelet, on s'apperçoive qu'elle coule avec moins de facilité, & qu'elle n'ait plus fluidité que la naturelle de fluiile d'olive le temps qu'il lui faut pour s'engraif- fer 5 eft plus ou moins long felon la faifon. On aura un gros pinceau à l'or- dinaire qui ne ferve qu'à de prendre cette huile. Pour peindre, on en fera faire avec du poil de queues d'hermines, ce font, les meilleurs , en ce qu'ils fe vuident facilement de la couleur & de l'huile dont ils font chargés quand on a peint. 11 faut avoir un morceau de tal de roche cryf- ou d'agate ; que ce cryftal foit un peu arrondi bords par les , c'eft là-deiTus qu'on ôc broyera délayera fes couleurs. On les broyera ôc délayera les jufqu'à ce qu'el- fafíent, fous la molette , la même fenfation douce que l'huile même. 11 faut avoir pour palette un verte Partie L d xli] Expojîtion abrégée ou cryftal qu'on tient pofé fur uiî papier blanc ; on portera les cou- leurs broyées fur ce morceau de verre ou de cryftal ; & le papier blanc fervira à les faire paroître à l'œil telles qu'elles font. Si l'on vouloit faire fervir des couleurs broyées du jour au len- demain, on auroit une boîte de la la forme de la palette ; on collere- xòitun papier fur le haut de la boîte ; ce papier foutiendroit la palette qu'on couvriroit du couvercle de la même boîte : car la palette ne portant que fur les bords de la boîte, elle n'empêcheroit point que le cou- verde ne fe pût mettre. Mais il arrivera que le lendemain les cou- leurs demanderont à être humeêtées avec de l'huile nouvelle , celle de la veille s'étant engraiifée par l'éva- poration. On commencera par tracer fon deíTein : pour cela on fe fervira du rouge de mars : on donne alors la préférence à cette couleur, parce qu'elle efl légère, ôc qu'elle n'em- pêche point les couleurs qu'on ap- àe Van de Peindre en Émail, x-lUj plique deiTus , de produire Teffec qu'on en attend. On deiTinera fou morceau en entier avec le rouge de mars ; il faut que ce premier trait foit de la plus grande corree- tion póíTible, parce qu'il n'y a plus à y revenir. Le feu peut détruire ce que l'Artiile aura bien ou mal fait; mais s'il ne détruit pas , il fixe les défauts Se les beautés. Il en eft de cette Peinture à peu près ainfî que de la Frefque ; il n'y en a point qui demande plus de fermeté dans le Defiinateur, Se il n'y a point de Peintres qui foient moins sûrs de leur deiTein que les Peintres en Émail : il ne feroit point difficile d'en trou- ver la raifon dans la nature même de la Peinture en Émail ; fes incon- vénients doivent rebuter les grands talents. L'Artifte a à côté de lui une poêle où l'on entretient un feu doux Se modéré fous la cendre ; à mefure qu'il travaille , il met fon ouvrage fur une plaque de tôle percée de trous , & le fait fécher fur cette poêle : fi on l'interrompt, il le ga- xîiv Expojitîon abrégée rantit de rimprelTion de Tair , en le tenant fous un couvercle de carton. Lorfque tout fon deífein eíl achevé au rouge de mars, il met fa plaque fur un morceau de tôle , ôc la tôle fur un feu doux , enfuite il colore fon , deífein comme il le juge convena- ble. Pour cette effet, il commence à paffer fur l'endroit dont il s'oc- cupe , une teinte égale Se légère , puis il fait fécher ; il îuite pratique en- fur cette teinte les ombres avec la même couleur couchée plus forte ou plus foible , Se fait fécher ; il accorde ainh tout fon morceau , ob- fervant feulement que cette premiere ébauche foit par-tout extrêmement foible'de couleur ; alors fon mor- ceau eíl en état de recevoir un pre-, mier feu. Pour lui donner ce premier feu a il faudra d'abord l'expofer fur la tôle percée, à un feu doux , dont on augmentera la chaleur à mefure que l'huile s'évaporera : l'huile à force de s'évaporer , Se la piece à force de s'échauffer , il arrivera à celle-ci de fe noircir fur toute fa de VAn de Peindre en Émail, xlf furface , on la tiendra fur le feu juf- qu'à ce qu'elle ceife de fumer ; alors on pourra l'abandonner fur les char- bons ardents de la poêle, Se l'y laiifer jufqu'à ce que le noir foit diifipé , Se que les couleurs foient à peu près revenues dans leur premier état: c'eft le moment de la paifer au feu. Pour, la paifer au feu, on obfer- vera de l'entretenir chaude ; on char- géra le fourneau, comme nous l'a- vons preferit plus haut; c'eil le temps même qu'il mettra à s'allumer, qu'on employera à faire fécher la piece fur la poêle. Lorfqu'on aura lieu de préfumer à la couleur rouge- blanche de la moufle , qu'il ferafuffi- famment allumé, on placera la piece Se la tôle percée fous la moufle , le plus avancées vers le fond qu'on pourra. On obfervera^entre les char- bons qui couvriront fon entrée , ce qui s'y paifera. Il ne faut pas man- quer l'inftant où la Peinture ie par- fond; on le connoitraà un poli qu'on verra prendre à la piece fur toute fa furface ; c'eft alors qu'il faudra la retirer. xlvj Expojîtion abrégée Cette manœuvre eft très-critique; elle tient l'Artifte dans la plus grande inquiétude ; il n'ignore pas en quel état il a mis fa piece au feu, ni le temps qu'il a employé à la peindre ; mais il ne fait point du tout corn- ment il l'en retirera, óc s'il ne per- dra pas en un moment le travail aftidu de plufieurs femaines. C'eft au feu , c'eft fous la moufle que fe ma- nifeftent toutes les mauvaifes qua- lités du charbon , du métal , des couleurs & de l'Émail, les piquûres , Jes foufilures, les fentes mêmes.-Un coup de feu efface quelquefois la moitié de la Peinture , & de tout un tableau bien travaillé , bien ac- cordé, bien fini, il ne refte fur le fond que des pieds , des mains, des têtes, des membres épars Se ifolés, le refte du travail s'eft évanoui : aufti ai-je oui dire à des Artiftes que le temps de paifer au feu, quelque court qu'il fût, étoit prefqueun temps de fievre qui les fatiguok davantage , Se nuifoit plus à leur fanté que des jours entiers d'une occupation coiv- îinue. de Vart de Peindre en Email, xlvij Outre les qualités mauvaifes du charbon des couleurs, de l'Émail , , du métal, auxquelles j'ai fouvent oui attribuer les accidents du feu , on en accufe quelquefois encore la mau- vaife température de l'air, & même l'haleine des perfonnes qui ont ap- proché de la plaque pendant qu'on la peignoit. Les Artilles vigilants éloigneront d'eux ceux qui auront mangé del'ail, & ceux qu'ils foupçonneront être dans les remedes mercuriels. Mais deux chofes plus importan- tes encore : I L'une eft de délayer fes couleurs d'une quantité d'huile très-modérée. Si l'on a trop employé d'huile, cette huile, en s'évaporant, lailfera desvui- des entre les molécules colorées , & ces vuides donneront lieu à des oeillets , des croûtes , des taches. D'ailleurs comme les couleurs font , des chaux métalliques, fi la quan- tité d'huile dont elles ont été abreu- vées , eft confidérabîe, & que î'éva- poration n'en ait pas été parfaite , avant qu'on mette la piece au feu. xyiij Expojition le abrégée reliant de l'huile fournira, fous la moufle, aux chaux métalliques un phlogiftique qui les revivifiera ;.d'où il réfultera des points noirs & ter- nés, des taches, des défauts. 2°, L'autre, c'eft d'éviter des feurs épaif- ou de la même couleur ou de diverfes couleurs les unes fur les au- tres. 11 efl: rare que des de épaiffeurs couleursfe parfondent & également, ne donnent lieu à des quelques-uns accidents dont nous venons de parler. Il faut obferver dans de l'opération palfer au feu, deux chofes im- portantes ; la premiere de tourner & retourner fa piece afín qu'elle foit par-tout également échauffée: la ie- conde , de ne pas attendre à ce mier pre- feu que la Peinture ait pris un poli vif ; parce qu'on éteint d'au- tant plus facilement les couleurs la couche que en eff plus les légère , & que couleurs une fois mal dégradées , le eft fans remede ; car comme elles font tranfparentes, celles coucheroit qu'on deffusdans la fuite , tien- droient toujours de la foibleffe 8z des de VArt de Peindre en Email. xUx des autres défauts de celles qui fe- roient deiTous. Après ce premier feu , il faut dif- pofer la piece à en recevoir un fe- cond. Pour cet effet , il faut la re» peindre toute entiere, colorier cha- que partie comme il eft naturel qu'elle le foit, Se la mettre d'accord aufti rigoureufement que fi le fécond feu devoir être le dernier qu'elle eût à recevoir ; il eft à propos que la cou- che des couleurs foit pour le fécond feu un peu plus forte , Se plus ca- raétérifée qu'elle ne l'étoit pour le premier. C'eft avant le fécond feu qu'il faut rompre fes couleurs dans les ombres, pour les accorder avec les parties environnantes : mais cela fait, la piece eft difpofée à recevoir un fécond feu. On' la fera fécher fur la poêle comme nous l'avons preferit pour le premier, Se l'on fe conduira exaéfement de la même maniere, excepté qu'on ne la reti- rera que quand elle paroîtra avoir pris fur toute fa furface un poli un peu plus vif que celui qu'on lui vouloit au premier feu. Partie L e I Expojïtion abrégée Après ce fécond feu , on la met- tra en état d'en recevoir un troiiieme, en la repeignant comme on l'avoit repeinte avant que de lui donner le fécond. Une atténtion qu'il ne fau- dra pas négliger , c'eil de fortifier encore les, couches des couleurs, <5c ainfi de fuite de feu en feu. On pourra porter une piece juf- qu'à cinq feux , mais un plus grand nombre feroit fouffrir les couleurs , encore faut-il en avoir d'excellentes pour qu'elles puiifent fupporter fois cinq le fourneau. Le dernier feu efi: le moins long ; on réferve pour ce feu les couleurs tendres ; c'efi par cette raifon qu'il importe à l'Artiile de les bien con- noître. L'Artifle qui connoîtra bien fa palette, ménagera plus ou moins de feux à fes couleurs felon leurs qualités. S'il a, par exemple, un bleu tenace , il pourra l'employer dans le premier feu ; fi au contraire fon rouge efi: tendre , il en différera l 'application jufqu'aux derniers feux, ÓC ainfi des autres couleurs ; quel genre de Peinture ? combien de de VArt de Veindre en Email, Ij difficultés à vaincre ? combien d'ac- cidents à eiTuyer î Voilà ce qui faifoit dire à un des premiers Pein- tres en Émail à qui Ton montroit un endroit foibl-e à retoucher : Ce fera pour un autre morceau. On voit par cette réponfe combien fe^ couleurs lui étoient connues : Pen- droit qu'on reprenoit dans fon ou- vrage, étoit foible à la vérité, mais il y avoit plus à perdre qu'à gagner à le corriger. S'il arrive à une couleur de dif^ paroître entièrement , on en fera quitte pour repeindre, pourvu que cet accident n'arrive pas dans les derniers feux. Si une couleur dure a été couchée avec trop d'huile & en trop grande quantité , elle pourra former une croûte fous laquelle il y aura infail- liblement des trous; dans ce cas,il faut prendre le diamant & gratter la croûte , repaifcr au feu afin d'unir Se repolir l'endroit, repeindre toute la piece , Se fur-tout fe modérer dans l'ufage de la couleur fufpede. Lorfqu'un verd fe trouvera trop wm. lij Expojîtion abrégée y (fe. brun, on pourra le rehauÎTer avec un jaune pâle 6c tendre ; les autres couleurs ne fe rehauííeront qu'avec le blanc, &c. Voilà les principales manoeuvres de la Peinture en Émail ; c'eit à peu près tout ce qu'on peut en écrire ; le refle eil une affaire d'expérience 6c de génie. Je ne fuis plus étonné que les Artilles d'un certain ordre fe déterminent fi ra- rement à écrire. Comme ils s'apper- çoivent que dans quelques détails qu'ils pulfent encrer, ils n'en diroient jamais alfez pour ceux que la nature n'a point préparés , ils négligent de preferiré des regles générales , communes , grolfieres & matérielles, qui pourroient à la vérité fervir à la confervation de l'art, mais dont l'obfervation la plus fcrupuleufe fe- roit à peine un Artille médiocre. Pour plus de détails , confultea l'En- cyclopédie à l'article Email. TRAITE' TRAITÉ DES COULEURS LA PEINTURE EN ÉMAIL. CHAPITRE 1. De la Peinture en général. SI _ dans les différents genres de Peln- ture dont on s'eft fervi les jufqu'à plus durables préfent, étoient les plus efti- més , la Peinture en Émail ou mieux , dire- fur VÉmail pour , auroit fans contredit la préférence fur les autres ; puifque le temps , qui détruit tout, ne peut en altérer ni la beauté ni la vivacité. Quel les fameux avantage pour nous, fi Maîtres de I. Partie, l'Antiquité, dont A ± Traité des Couleurs les ouvrages font perdus, & dont nous ne connoiiTons plus que les noms , avoient employé cette façon de pein-» dre ! Ils nous auroient tranfmis des modeles excellents dont nous n'avons que de foibles idées. Ne feroit-il pas à fouhaiter que les tableaux que nous avons confervés euiTent encore la même fraîcheur le même accord de couleurs , & le même éclat qu'ils avoient lorfqu'ils font fortis de defliis le chevalet des cé- lebres Artilles qui les ont faits ? Il n'eil pas douteux que nous jouirions de cet avantage s'ils s'étoient fervi de la Pein- ture en Émail. Nous ne manquons point d'habiles Peintres ; nous aVons de bons Deiîînateurs & de grands Colorifles ; mais les matériaux pour la Peinture en Émail leur ont manqué. Parmi tous ceux qui fe font appliqués à ce genre de Peinture, on ne connoît que le célebre Petitot qui paroît avoir eu un aifez , grand nombre de bonnes couleurs ; on prétend qu'elles lui étoient fournies par un Médecin Chymiile,de fes amis. Mais foit que ce Chymifte fe foit contenté de fournir des couleurs fans en donner la çompoiition, foit que Petitot n'ait pour LA Peinture en Émail. 9 pas voulu révéler fon fecret, ceux qui ont travaillé après lui en ont ignoré la plus grande partie ; il y a même des effets qu'ils n'ont jamais pu imiter, lls'eft établi parmi ces Peintres une jaloufie & une rivalité qui les a engagés de garder le iîlence fur le peu qu'ils fa- voient, & ils font morts fans nous rien apprendre. Les jeunes Peintres qui one voulu courir cette carrière fe font donc trouvés dénués de tout fecours ; en commençant,ils ont été réduits à acheter une ou deux couleurs de ces , que l'on Etrangers nomme PaJJe-volants , qui les leur vendoient fort cher , & qui fe gardoient bien de leur en révéler la compoiltion. Chacun de ces vendeurs de couleurs ayant fa manœuvre culiere parti- , & nos Peintres fe trouvant obligés d'en acheter de faut plufieurs, il ne pas s'étonner des difficultés derniers que ces ont rencontrées toutes les fois qu'ils ont voulu èn faire des mélanges pour produire différents tons de cou- leur. En effet, il y avoit de ces cou- leurs qui fe détruifoiènt les unes les autres / ou qui n'entroient fonte point en en même-temps. Les Peintres ne Aij Traité des Couleurs ■çonnoiíTant point les matières dont les çouleurs qu'on leur avoit vendues,étoient .compofées ont toujours été hors d'état , de remédier à ces inconvénients. La difficulté de l'emploi de ces cou- leurs ne fut pas la moindre que les Peintres eurent à furmotiter. Elles avoient été prefque tôutes vitrifiées ; ç'eft-à-dire, qu'elles ne coniîiloient que dans des verres colorés que l'on mettpit en poudre & que l'on employoit enfuite au pinceau , après les avoir broyés long- temps avec l'huile eiTentielle de La- yande.. Le peu d'ouvrages que nous avons fur la Peinture en Émail, font remplis de ces fortes de procédés. De la compofîtion que l'on y donne de différentes couleurs , il réfulte toujours un verre coloré que l'on broyé ôt avec lequel ilffaut peindre : niais il eft bien démontré que, quelque foin que l'on prenne & quelque temps que l'on mette à broyer du verre pilé avec de l'huile, on ne parviendra jamais à rendre le verre affez miffible avec cette huile, pour qu'ils puiffent couler également enfemble fous le pinceau. Les petites parties du verre, quelque fines qu'elles pour la Peinture en Émail, f foient, confervent toujours des angles qui les attachent aux poils du pinceau , ¿ en rendent la pointé bourbeufe. Comment pouvoir former de cétté façon des traits fins & délicats dans Uñé pein- ture qui ne pouvant être appliquée que fur des petits fujets, pâroîî n'en point admettre d'autres ? C'eft pour remédier à cet inconvénient que les Peintres avoient imaginé de fe fervir' de petites pointes de bois, aiguifées & rendues très-fines pour ranger la coiileur , diminuer les maiTes & les traits d'une trop grande étendue que le pinceau·^ ■ auroit faits contre leur gré. Les pains d'Émail- de différentes cou-~ leurs, parmi lefquels ceux que l'on fait à Venife ont le plus de réputation, pré- fentent la même difficulté pour l'emploi- que les verres colorés ; & quoique beau- coup de Peintres s'en fervent aujour- d'hui pour mêler avec leurs couleürs, on ne peut en efpéreï aucun bon fuccès,- Ils font autant & quelquefois plus diffi- ciles à mettre en fonte que l'Émail blanc fur lequel on les applique , ce qui les- empêche d'y pénétrer , & fait qu'ils y forment une épaiifeur qui rend la pein-^- é Traité des Couleurs tufe louche & défagréable ; ii on les attendrit en y mêlant du verre plus fufible, la quantité qu'il en faut mettre en diminue coniîdérablement la couleur. D'ailleurs la chaux de plomb qui entre dans leur compoficion , fe révivifiant fort aifément, noircit les couleurs & leur donne un oeil plombé ; elles font d'autant plus expofées à ce défaut, qu'il faut que le même ouvrage retourne plufieurs fois au feu, & que la moindre chofe peut occafionner cet accident ; il ne faut pour cela qu'une matière graííe ou fulfureufe , un charbon de mauvaife qualité , &c. Il faut que la facilité avec laquelle le verre de plomb fe révivifie foit bien grande, puifque Stahl aifure dans fon Specim. Becker, p. 97. que fi l'on met en poudre un verre fait avec trois parties de chaux de plomb & une partie de fable blanc, cette poudre qui iera très- blanche , étant mife à coté d'une difib- lution de foufre ou d'antimoine dont on fera la précipitation par le vinaigre , deviendra noire par la feule vapeur du foufre. Toutes ces raifons & celles que ron pour laPeinture en Émail. ^ Verra dans l'Article fnivant où l'on parle des fondants ont déterminé à ne , point fe fervir de verres colorés dans la Pein- ture en Émail& par conféquent à re- jetter tous les pains d'Émail colorés*- On a cru que, pour rendre cette façon dépeindre fufceptible d'une plus grande perfeâion , il falloir commencer par écarter toutes les difficultés fur l'emploi des couleurs ; on fe flatte que dans- celles que l'on va donner, il ne s'en trouvera point qui ne s'emploie avec autant de facilité que l'encre de la Chine,- Parmi les couleurs que l'on employoit ci-devant, il y en avoir plufieurs qui, après avoir paiTé au feu , prenoient une teinte toute différente de celle quel- les avoient avant d'avoir été mifes en fonte ; de façon qu'il falloir que le Peintre eût toujours dans la tête une palette idéale ou devant les yeux un eilai de chaque couleur qu'il employoit í celles que l'onpropofe auront dans l'em- ploi à peu près la même teinte que celle qui leur reliera lorfqu'elles auront été fondues. Les Peintres en Émail donnoient Jufqu'ici le nom d'Ennemies à de cer- A iv 8 Traité des Couleurs taines couleurs dont le fe truifoit dans mélange dé- la fufion, ou noient qui bouillon- lorfqu on les couchoit les unes les fur autres. Toutes celles dont on donner va la compoiîtion , n'ont aucune antipathie entr'elles , fe mêlent tement;& ne font parfai- à bouil- lonner. point fujettes Les mêmes Peintres avoient deux efpeces de couleurs ; les unes appelloient dures qu'ils , & les autres Ils tendres. couchoient les couleurs dures dès le premier feu , & avoient-elles quelquefois à peine pris le luifant au feu dernier ; les bleues étoient de ce nombre* Les couleurs tendres s'employoient aux derniers feux , fans cela elles fe trou- voient altérées & quelquefois tout-à-fait emportées. Cette diftindion de dures couleurs de couleurs tendres n'aura lieu dans celles point que nous donnons ici ; on peut les employer toutes au premier feu, fans également craindre foient ni altérées qu'elles ni détruites. Lorfquune couleur n'avoit réuiîî , ou lorfquune pas nuance fe trouvoit défec-r tueufe, le Peintre n'avoit d'autre que celui d'eiFacer moyen fon. ouvrage en emr pour la Peinture en Émail, p portant la couleur avec une pierre Ôc eu fable : avec les nouvelles couleurs, on peint pardelTus la premiere, & l'on corrige comme dans la Peinture à l'huile, fans que la couleur qui eft deíTous pa- roiiîe & empêche l'eftet de celle qu'on a mife pardellus. Dans l'ancienne façon de peindre, lorfque le feu occaiionnoit des bouil- Ions ou des fentes étoit , l'ouvrage perdu & il falloir le recommencer : on verra que dans celle - ci on remédie à tous ces accidents, de façon qu'il eft difficile de s'en appercevoir. Dans la Peinture en Émail,on n'avoit point aiTez de différentes couleurs pour imiter exaâement tous les tons de cou- leurs que l'on fait produire dans la Peinture à l'huile , & on étoit obligé de réièrver l'Émail blanc, qui fait le fond du tableau , pour exprimer les blancs èc les clairs 5 ce qui étoit très-difficile dans les petites parties, & rendoient laPein- ture feche & dure : au moyen des couleurs que nous allons donner , ou eft en état de compofer un auffi grand nombre de différentes teintes que les Peintres à l'huile,, j ainii l'on, pourra pein^ 10 Traité des Couleurs dre franchement & fans être de réferver obligé les fonds ; on place les clairs & les reflets où ils font néceiTaires, c& qui donne un empâtement moëlleux à la Peinture & met le Peintre à de portée copier exaélemement & à la lettre tous les Tableaux de quelque genre qu'ils puiffent être. On alcrès-bien fait fentir dans le Die- tionnaire Encyclopédique au mot Èmaily toutes les difficultés que l'on rencon- troit dans cette Peinture dont on vient de parler. Il n'eft pas étonnant que l'on n'y ait point fait mention des de les moyens applanir ; ils n'étoient point en- core trouvés lors de l'impreiïion de cet Article. A cela près, l'art y eft décrit 11 clairement & avec tant d'exaditude ^ que l'on confeille à ceux qui voudront s'y appliquer d'y avoir recours. On peut dire même avec vérité que la def- cription touchante que l'on y fait des peines & des embarras des Artiftes, n'a pas peu contribué à engager de rendre' ce Traité public. Il paroît donc inutile de répéter ici ee qui eft dit dans cet Article. Il fera facile de voir en quoi il différé de l'Ou.- vrage qu'on va donner.. pour la Peinture en Émail, i i CHAPITRE II. Des Fondants» ous les dififérents genres de Pein- ture , excepté la Peinture en pañel , exigent un '¡véhicule , c'eft-à-dire, une matière liquide » qui après avoir été mêlée avec les couleurs, en lie toutes les petites parties les unes.aux autres,, ce qui produit un compofé gras que l'on applique avec le pinceau ; c'eft ce liquide qui venant à fécher, lie toutes les couleurs attachées fur le fond, & leur donne de la confiftance. Les hiii- les les gommes, les colles, &c. s'em- , ploient ordinairement pour cet ufage : l'huile eiTentielle de Lavande eft ce qui réuflit le mieux dans la Peinture en Émail. Mais comme il eft abfolument néceilaire que cette huile foit totale- ment évaporée avant de porter l'ou- vrage en fonte, il faut une autre ma- tiere qui lie les couleurs à l'Émail blanc,, fur lequel on peint, & qui les y faiTe pénétrer dans le moment de la fuiîoo;. %2 Traité des Coüleurs Cette matière ne pouvant être autre chofe qu'un verre , il eft à d'exá- miner de propos quelle nature doit être ce Verre , & les qualités qu'il doit avoir pour remplir l'objet qu'on fe On fera fans doute propofe. avoir furpris proferit de qu'après la Peinture en Émail dans le Chapitre précédent , tout ce que l'on peut regarder comme verres colorés, à cauiè de la grande difficulté que l'on trouve à les employer au pin- ceau on propofe ici de mêler du verre avec les couleurs ; mais il faut faire at-^ tention que les couleurs avec on mêle lefquelles ce verren'étant fiées, fervent point vitri- de l'huile moyen d'union entre de Lavande & le verre il eft reconnu d'ailleurs que fi à deux ma-- tieres difficiles à mêler enfemble la trituration par , on en joint une troifieme qui tienne un milieu entre les deux premieres , ces trois matières fe mêlent & fe broyenr beaucoup plus parfaite- ment. C'eft ici précifément ce où. qui arrive l'expérience prouve que fi la quantité du verre que l'on mêle avec les couleurs n'excede pas le des couleurs de. poids plus de fix ou iept fois,. 3?ou>r la Peinture en Émail, i ^ î^s couleurs coulent 'avec l'huile au pinceau , & font fort aifées à employer. Le verre, que les Artiftes ont ap- pelle Fondant, & qu'on nommera ainiî dans tout le cours de cet Ouvrage, eft de la plus grande importance dans la Peinture en Émail. C'eft lui qui donne de la liaifon & de l'éclat aux couleurs ; ç'eft lui qui les fait pénétrer dans l'É- mail blanc du foad fur lequel on peint, 6c qui par ce moyen en rend la beauté ÒC la vivacité éternelles. Pour remplir ces conditions, il doit avoir pluiieurs qualités dont on va donner le détail, , i°,Le fondant doit être général, c'eft-à-dire,qu'il doit fervir à toutes les couleurs quoique celles-ci foient tirées , de différentes fubftances ; il doit donc entrer en fuiion avec toutes ces cou- leurs au même temps 8c dans le même inftant. S'il entroit en fuiion plutôt ou plus tard avec une couleur qu'aveC une autre, on ne réuiïiroit plus dans les mê- langes qu'on eft obligé de faire des couleurs pour produire les différentes nuances dont on a befoin. Il faudroit réferver de certaines parties de l'ouvrage, qiii ne pourroit plus fe faire également ^ uniformément. 14 Teaitê des Couleurs 2®, Le degré de fuiîbilité du fondant iloit être proportionné à celui de l'Émail 4u fond fur lequel on peint ; il eft même eifentiel qu'il foit un peu plus facile à mettre en fuiion que l'Émail du fond. On fait que de deux corps qui fe tou- chent, dont l'un eft plus aifé à fondre que l'autre , la fufion de l'un entraîne dans le moment celle de l'autre. La fuiion des couleurs entraînera donc celle du fond , & les y fera pénétrer. Au lieu que il l'Émail du fond entroit en fonte le premier , les couleurs qui auroient déjàpaiféau feu pourroient en fouffrir , & la furface de celles que l'on viendroit de coucher ne prendroit par le luifant & le poli qu'elle devroit avoir. Au contraire, fi le fondant fe mettoit en fufion trop promptement, il ne pourroit pénétrer l'Émail du fond , les couleurs refteroient deiïus, 6c formeroient un relief, ce qui produiroit un mauvais effet. 3°, Le fondant doit être clair, net, tranfparent 6c inattaquable par tous les acides. S'il avoit de la couleur, il la pourroit communiquer aux matières colorées avec lefquelîes on le mêleroit, & les poür la Peinture en Émail, if altérer par-là ; s'il pouvoir être attaqué par quelqu'un des acides, il le feroit à la la longue par celui de l'air, qui terni- roit enfin l'éclat des couleurs; d'ailleurs, il ne feroit pas poffibie d'expofer les ouvrages à l'eau fécondé, pour les dé- rocher, fans couvrir la Peinture de cire, ce qui fait une manœuvre peu sûre 8c fort embarraffante pour les Artiftes. 4°, Il ne doit point entrer de plomb dans la compofîtion du fondant ; on en doit bannir par conféquent le mi- nium, le fuere de Saturne , la litharge, la cérufe , &c. en un mot toutes les préparations dans lefquelles il entre du plomb ou qui en font tirées. Ce métal, mêlé avec du fable & des fels, fe vitrifie très-aifément dès qu'on l'expofe au feu ; mais il fe révivifie ou ( ce qui efl la même chofe) il reprend fon état de métal avec beaucoup plus de facilité : l'air fufîit même quelquefois pour le révi- vifier , fans qu'il foit befoin du feu. C'eft à cette révivification du plomb qu'il faut attribuer tous les changements que l'air apporte dans la Peinture à l'huile. Quel fervice ne rendroit-t-on pas fi l'on pouvoir bannir les préparations J 6 Traité des Couleurs de plomb de la Peinture à riiuile,comme on l'a fait de la Peinture en Émail 1 Les fondants faits avec des prépa- rations de plomb font cependant les feuls qui nous font reités dans le peu d'ouvrages que nous avons fur la Fein- ture en Émail. Quoique Kunckel dife dans fon Commentaire fur l'art de la Verrerie de Néri, traàuEl. Françoife , p, 176 , que les compofitions où il entre du plomb , font trop tendres & trop molles, & qu'il ajoute que leur molleiTe les empêche de prendre le poli, & les rend toujours graiíTeuíTes ; la fa- cilité de faire des verres où il entre du plomb , les avoit toujours fait préférer pour s'en fervir comme fondants. Les Artilles qui ne connoilToient point la nature des matières qu'ils employoient, étoient fort étonnés de voir que les mêmes couleurs employées avec la gomme , étoient plus brillantes que lorfqu'ils s'en fervoient avec l'huile elTentielle de Lavande j ils ne voyoient pas que l'huile étant une matière gralTe, quelque foin que l'on fe donnât pour la faire évaporer , il en relloit toujours aflez pour influer $c agir fur le plomb POUR la Peinture ÊN Émail» 17 qui entroit dans leurs fondants. Ily a encore une autre raifon qui _ doit faire exclure les préparations de plomb de la compofition des fondants ; c eft que ces verres ne font point exempts d'être attaqués par les acides , ce qui (comme on vient de le voir) expofe les couleurs à changer , à fe ternir , à devenir défeélueufes. On a vu que le fondant étoit un verre» On eft entré dans le détail de toutes les qualités que ce verre doit avoir pour être propre à la Peinture en Émail ; il faut donc mettre toute fon attention à en compofer un qui les rempiiife. On fait que le verre en ^ général eft com- pofé d'alkali fixe & de terres vitrifiables, comme le cailloi|i, le fable ou le quartz. Mais comme la différence des matières & de leurs dofes, celle de la force & de la durée du feu, donne des ' verres dont les qualités font tout-à-fait diffé- rentes, on fent bien qu'il faudroit faire un traité complet de la Verrerie, fi l'on vouloir entrer dans tous les détails qu'exige un art auifi compliqué. On peut aifément s'en épargner une partie, en' prenant d'abord un verre tout fait ; on' L Partie. B 'i8 Traité des Couleurs en fera quitte pour fuppléer aux qua* lites qui pourroient lui manquer. D 'après un grand nombre d'épreuves que l'on a faites à ce fujet, le verre des tuyaux de baròmetres a paru le plus propre à remplir cet objet ; il étoit fort net & fort tendre, mais il n'avoit pas encore aiTez de fufibilité ; il paroiiToit facile de lui en donner une plus grande en le faifant fondre de nouveau avec une quantité fuffifante de fels ; on a commencé par eflayer le fel alkali de tartre, la potaife , la fonde , les cendres gravelées, &c. fans pouvoir réuiïir. Lorf- que les dofes de ces fels n'étoient pas aifez fortes , le verre n'étoit point aiîéz fufible ; & lorfqu'on augmentoit les dofes au point de donner au verre le degré de fufibilité requis, il pouííbit alors des fels qui noirciiToient & gâtoient les couleurs. D'ailleurs comme on étoit obligé , pour donner au verre ce degré de fufibilité, d'employer les fels dont on vient de parler, en grande dofe, il étoit difficile de les purifier aiTez exac- tement, pour que le verre ne pût en contraéèer quelques mauvaifes qualités ; on a donc pris le parti de ne fe fervid pour la Peinture en Émail, ip que du borax calciné & du nitre le plus purifié , pour attendrir & rendre plus fufîble le verre des tuyaux de baròmetres. Lorfque le verre qui réfulte de ce mélange a été au feu pendant un temps convenable, il eft net, compad, exempt de bulles & très-brillant ; il ne pounë point de fels, & ne peut être attaqué par aucun des acides j il convient à toutes les couleurs, même à celles qui font tirées du fer ; il les met en fonte facilement & dans le même temps : il eft vrai qu'il a une petite couleur jau- nâtre qui lui vient du borax, & qu'il feroit mieux qu'il n'en eût point du tout ; mais cette couleur ne peut rien gâter, puifqu'elle eft iî légère que le verre paroît très - clair & très - blanc lorfqu'il eft en lames fort minces , & que la lame qu'il forme fur l'Émail dans la Peinture eft d'une fiñeíTe fin- guliere. AFERTISSEMENT. «Avant d'entrer dans le détail de 33 la manipulation à obferver dans la 33 compoiîtion du fondant, on a cru que Bij 20 Traité des Couleurs 33 l'on devoit, autant qu'il étoit polîible 33 en retrancher tous les termes confa^- 33crés à la Chymie ^ afin de ne point 33 embarraiTer les Artifies , ordinaire- 33 ment peu verfés dans cette fcience ; 33 c'efi pourquoi on a jugé à propos 33 de mettre des guillemets à tout ce 33 qui regarde efientiellement les opéra- 33 tions , afin de difiinguer ce que les ssArtifies font abfolument obligés de 33 fuivre à la lettre ; 8¿: pour leur épar- 33 gner- l'étude de chofes qui leur pa- 33 roîtroient obfcures par l'ignorance où 33 ils font des principes & des termes 33 qui en font le fondement, on a eu 33 la même attention dans tout le cours 33 de cet ouvrage. 33 On ne peut réuflîr dans une opé- 33 ration qu'autant que les matières qu'on 33 y emploie font bien choifies & pré- 33 parées avec foin ; il faut donc pren- 33 dre parmi les tuyaux (ipm on fait les j 33 baròmetres, ceux dont le verre efi le 33 plus blanc & le plus aifé à fondre : 33 il faut aufiî être bien afiuré qu'il ne 33foit point entré de plomb dans la 33 compoiition de ce verre ; pour en 33 être aifuré, il fera néceiTaire d'expo-fer FOUR LA Peinture en Émail. 21 53 l'extrémité des ^tuyaux au fouifle de 53 la lampe ou du chalumeau des Émail- 55 leurs ; on connoîtra par ce moyen ii 55 le verre eft facile à fondre, & fi la 35 flamme ne le noircit point, de façon 53 qu'après l'avoir nettoyé, la couleur 33 noire y refte ; dans ce dernier cas, il 33 faudroit abfolument le rejetter comme 33 contenant du plomb ou quelque autre^ 33 matière nuifible à la perfeélion du- 33 fondant. 33 Lorfqu'on s'eft bien aiTuré de la· 33 bonne qualité du verre , il faut l'écra- 33 fer dans un mortier de verre-, de por- >3 celaine ou d'agate, avec un pdon de- 33 la même matière. On pourroit à la 33 rigueur fe fervir d'un mortier ôc d'un 33 pilon de fer , pourvu qu'ils fuiTent 33 bien propres j mais il faudroit enfuite 33 avoir attention de faire tremper la- 33 poudre du verre dans de l'eau dans la^ 33 quelle on auroit mis environ un quart 33 d'efprit de nitre ou d'eau-forte , après 33 quoi on laveroit la poudre à plufieufs 33 eaux, ,8¿ aflfeî: pour être sûr qu elle ne 33 contiendroit plus aucunes parties mSé- 33 talliques, puis on la feroit fécher. Les - 33 mortiers de marbre étant trop tenr' 22 Traite des Couleurs 33 dres, communiqueroieiit une partie de 33 leur fubftance au verre, ce qui de-- 33manderoit la même purification par 33 l'efprit de nitre que pour les mortiers 33 de fer. Enfin les porphyres mêmes 33 u étant pas tout-à-fait auiïî durs que 33 l'agate, ne font pas exempts de foup- 33 çon. On efl: obligé de s'en tenir aux 33 trois efpeces de mortiers dont on 33 vient de parler. On commence par 33 concaiîér le verre doucement & à 33 très-petits coups, de peur de caiTer 33 le mortier que l'on aura couvert au- 33paravant, & lorfque le verre eft en 33 poudre affez fine , on le triture dans 33 le mortier d'agate : on paiTe enfuite 33 la poudre - par un tamis très ferré, 33 & on la garde pour s'en fervir. 33 II faut que le borax foit calciné 33 avant d'être mêlé avec le falpêtre , 33 fans quoi il fe gonfleroit au feu au 33 point de faire répandre hors du creufet S3 la plus grande partie de la compofi- 33tion ; mais cette calcination exige 33 une attention particufiere. Il faut, 33 après avoir concaiTé grofliérement le » borax, le mettre dans le fond d'un 33 creufet qui puifle en contenir au moins pour la Peinture en Émail. 35 fix 2$. fois davantage ; on met ce creufet 33 fur des cendres chaudes, & l'on range 33 tout autour des charbons ardents, 33 éloignés du creufet environ de deux 33 ou trois pouces ; auiîi-tôt que le feu 33 agit iiir le borax ; il commence à fon- 33 dre & à fe gonfler extraordinaire- 33 ment. Si le feu efl: bien égal tout 33 autour du creufet, il ne faut toucher point 33 y Jufqu'à ce que le bruit qu'il 33 fait en fe calcinant, foit abfolument 33 cefle ; alors on retire le creufet, & il eft 33 facile avec un couteau d'en détacher 33 le borax qui eft très-fpongieux, très- 33 léger & fort blanc. Si l'on donnoit, 33 fur-tout dans le commencement, un- 33 feu trop vif 5 le borax fe vitrifieroit, 33 & on l'ôteroit difticllement du creufet 33 auquel il refteroit attaché. 33 II n'y a point de préparation à faire 33 au falpêtre ; il faut feulement avoir 33 attention de le choifir bien 33 fans purifié,. quoi la compofition pourroit 33 donner un verre de couleur verdâtre .» 33 ce qu'il faut éviter avec foin. Le fal- 33 pêtre cryftallifé en petites colonnes 33 tranfparentes eft le plus pur & celui 33 qui donne le plus beau verre. TjR'AiTé DES COULEUR^' DOSE S. Poudre du verre de tuyaux de barome-^ Borax calciné, ... ;. ,2 gros 12'grains» Nitre ou falpêtre pu- rijié • • • * yr''i^' ••4^'"^^ grains, 33 II faut commencer par bien mêler 33 le falpêtre ó¿ le borax dans un mor- 33 tier de porcelaine ou de verre, avec 33 un pilon de la même matière. On y 33 met enfuite la poudre de verre , & 33 l'on triture bien le tout enfemble avec 33le pilon pendant plus d'une bonne 33 heure ; on laiiTe repofer ce mélange 33 dans le mortier-au moins pendant iz 33 heures ; après quoi on le met dans un 33 bon creufet d'Allemagne qui en puiife 33 contenir trois fois autant , & dont 33 l'intérieur a été frotté auparavant avec 33 le doigt & un peu du blanc de ces 33 pains que l'on fait à Rouen ; cela 33 empêche la compoiition de percer le 33 creufet. On a du charbon allumé dans 33 une cheminée ordinaire , on place le 33 creufet couvert au milieu après en avoir TOUR LA Peinture en Émail. >3 avoir écarté les charbons 2^ » on » proche rap- peu à peu les charbons du 33 creufet , & on le découvre. Cette 33 opération ne fauroit fe faire 33 lentement & trop par degrés. Les Verriers 33 appellent cela friter la 33 ce qui eft compoiition , proprement la 33 toutes les matières purifier de 33 brûlées d'être , dont fufceptibles la fumée >3 le pourroit verre. Toutes gâter les fo-is l'oni 33 rapproche que les charbons du il creufet >3 faut avoir foin de , le bien couvrir 33 , parce que s'il y tomboit la moindre >3 parcelle de charbon , le verre 33 enfumé feroit & gâté, Lorfque l'on voit 33la compoiition que commence à 33 on met le couvercle rougir, fur le 33 & on l'environne creufet, de charbons ardents 33 on entretient ; le feu ainfi 33 viron en- deux heures pendant , 33 la matière après lefquelies ayant bouillonné & fes fait 33 tous gonflements, fe trouve raflife 33 au fond du creufet ; on laiife le feu éteindre 33 , & lorfque le creufet eft 53 on voit la froid, 33paroît compoiition au fond opaque & d'un qui très- 33 foncé. On rouge couvre le creufet ap l'envoie & on pour être placé fous ^artkh le fout C* Traité des Couleurs 33 où l'on cuit la porcelaine, dans l'en- 33 droit le plus expofé à la vivacité du 33 feu, pendant tout le temps que la 33 porcelaine eft à cuire. On ne lute 33 point le creufet avec fon couvercle , 33 parce que l'on a remarqué que le lut 33 venant à fe vitrifier de bonne heure , 33 couloir quelquefois dans le creufet, 33 & gâtoit la compofition. 33 On doit fe fervir de creufets d'Al- 33 lemagne , parce qu'ils tiennent mieux 33 le verre en fonte ; il y en a cep en- 33 dant au travers defquels le verre paife 33 lorfqu'il eft en fufion ; on s'en apper- 33 çoit aifément, lorfqu'après avoir ex- 33 pofé le creufet au feu pour friter la 33 compofition , comme on vient de le 33 dire , on reconnoît les fels qui fe font 33 mis en fonte, & qui fe font voir au 33 dehors du creufet, au point que même 33 quelquefois il s'y attache de la cendre ; 33 alors on nettoie bien le creufet par 39 dehors & on le fait entrer dans un , 33 fécond creufet, de façon que le creufet 33 dans lequel eft la compofition , ne 33 touche pas le fond de celui dans lequel 33 on l'a emboîté ;par ce moyen le verre »qui paÇera au travers du premier pour la Peinture en Émail, 27 33 creufet fe trouvera rafíemblé tout 33 entier dans le fécond creufet. ^utre Fondant général. 33 Comme il peut arriver que l'on 33 ne fe trouve point à des portée d'avoir 33 tuyaux de barometres.ou que fon 33 ne veuille pas bazarder les 33 autres efpeces de d'employer verres roit qu'on 33 leur fubftituer pour- , faute de favoir 33 précifément les matières qui font 33 entrées dans leur & la 33 quantité compofîtion de fels qu'il leur faudroit 33 ajouter pour les rendre fuiîbles au 33 degré que l'on fouhaite ; il 33 beaucoup plus sûr paroît de faire le verre 33 avec les matières premieres ; il eft 33 vrai que cette maniere de faire le fon- 33 dant, demande la atten- 33 tion plus dans grande la manipulation, & qu'elle 33 ne peut être portée à la 33 qu'après pluiîeurs perfeâion même opérations fur la 33 compoiition, 33 La matière dont on 33 doit être compofe ce verre un fable très - ( celui blanc 33 de Nevers eft le meilleur ; î3 on le fait calciner ) fous le four d'une Ci| 2S Traité des Couleurs 35 Fayancerie , après l'avoir lavé à plu- 33 fieurs eaux ; fi l'on craint de n'avoir 33 pas un aiTez beau fable, on peut y 33 mbftituer des pierres à fuiil noires, 33 que l'on réduit en poudre blanche, en 33 les éteignant après les avoir fait rougir 33 au feu^ dans de l'eau froide, à pluiieurs 33 reprifes jufqu'à ce qu'elles devien- , 33 nent friables. Cette poudre que l'on 33 mêle avec du borax calciné , du fal- 33 pêtre & un peu d'arfenic, fait un 33 beau cryftal bien compaéle de très- .33 brillant. 33 Le grand point eft de ne mettre ?3 dans la compoiition que la quantité 33 de borax & de falpêtre néceifaire 33 pour diifoudre le fable 8>c le vitrifier : 33 lorfqu'on en met plus qu'il ne faut , 33 l'excédent s'attache aux parois du creu- . 33 fet, qui étant fouvent dame matière ?3 mêlée de fer, fait un verre de cou- ?3 leur verte & dur qui fe mêlant avec , 33 celui de la compoiition , la gâte en- 33 tiérement. On voit par-là qu'il eft 33 impoíïible de faire à la premiere opé- 33 ration un verre auiïi pur & auiïi facile 33 à fondre que le doit être celui dont .?3 on a befoin pour mêler avec les çou- íoun la Peinture en Ématl. 3> leurs dans la Peinture en Émail. 33 II faut donc commencer par faire ?3 un verre très-pur & très-net, en ne 33 mettant que la quantité de borax Sc 33 de falpêtre néceiîaire pour vitrifier le 33 fable. Lorfque ce verre eil fait 33 comme il fe trouve trop difficile à 33 fondre , on le retire du creufet après 33 l'avoir caiTé, on en ôte avec grand 33 foin ce qui pourroit s'y être attaché 33 de la matière du creufet. On écrafe 33 ce verre dans un mortier , comme on 33 l'a dit de celui des tuyaux de baro-' 33 metres ; on le fait paiTer au tamis, Sc 33 on le remet au feu de nouveau, eii 33 y ajoutant du borax & du falpêtre, 33 & en obfervant du refte les mêmeS 33 précautions dont on a parlé. Si ce 33 verre ne fe trouvoit point encore 33 aire2 fufible, on le remettroit au feu 33 en y ajoutant de nouveau du borax 33 & du falpêtre, mais en moindre quan- 33 tité, C iij. 50 Traité des Couleurs PREMIERE COMPOSITION. Doses. Salle de Nevers cal" ciné gros» Salpêtre très-purifié. . 5 gros. Borax calciné 2 gros 2^ grains» Arfenic 8 grains, 33 II faut commencer par bien broyer 33 le fable dans un mortier d'agate. On 33 triture avec le pilon le falpêtre & le 33 borax enfemble dans un mortier de 33 verre ou de porcelaine , après quoi ÍD on y mêle l'arfenic & le fable ; on 33 continue de triturer le tout enfemble 33 au moins pendant une heure ; on laiiïe 33 repofer la compoiition dans le mor- 33 tier pendant un jour ; on la met dans 33 un creufet dont le dedans a été frotté 33 de blanc j on met le creufet au feu 33 pour friter la compoiition ; & enfin 33 on le place après cela fous le four 33 d'une Manufacture de Porcelaine , le 33 tout en obfervant les précautions que 30 l'on a prefcrites pour le fondant fait 33 avec les tuyaux de baromètres. La 33 feule différence qui fe trouve entre pour la Peinture en Émail. 31 bsces deux opérations , ceft qu'après M avoir frité lar compoíition du fondant de tuyaux de baròmetres » on a dit 35 qu'elle étoit d'un rouge foncé , & que' 33 celle-ci en fortant d'être fritée , fe 33 trouvera prefque blanche , n'ayant 33 qu'une très-légere teinture de rouge , 33 parce qu'il n'entre point de manga- 33 nefe dans cette derniere compoíition, 33 & qu'il s'en trouve dans la compo- 33 iition avec laquelle on fait le verre 33 de tuyaux de baròmetres. 33 Cette compoíition , après avoir 33 eu fuffifamment de feu, donne un 33 beau cryftal , très-net & très-brillant, 33 qui pourroit même fervir à faire de 33 belles pierres de couleur, ii l'onavoit 33 ajouté dans la compoíition un peu 33 des chaux tirées des métaux , fuivant 33 la couleur qu'on auròit deíiré ; mais 33 comme il fe trouve trop dur à fondre 03 pour l'Émail, il faut caiïèr le creufet, 33 ôter avec le plus grand fcrupule tout 33 ce qui fe pourroit trouver des parties 33 du creufet attachées au verre, le piler 33 enfuîte dans un mortier de porce- 33 laine ou d'agate , le tamifer & en- 33 former la compoíition fuivante. Civ ^2 Traité des Couleurs SECONDE COMPOSITION, D g s e s, Foudre du cryfiai ci- dejjus 4 Salpêtre gros. très-purifié. .2 JBorax gros grains, calciné..,,,. ¿-i figrosf^ grains, w On prendra exadement les mêmes » précautions pour la manipulation de 33 cette compofition , que celles o> l'on que a prefcrites pour le fondant 3D fe fait qui avec le verre des de 33 de baròmetres tuyaux ; & lorfque le creufet 33 aura été fous le four d'une Manu- >3 faéfure de Porcelaine, pendant tout 33 le temps de la cuiiTon de la 33 laine porce- , on aura un beau verre bien 33 compade & très-brillant, quoiqu'un 33 peu jaunâtre , qui fe parfond dans le 33 même temps que celui qui eil fait 33 avec les tuyaux de baròmetres , & 33 qui a même un peu plus d'éclat & de 33 vivacité. Chacune de ces 33 produit opérations ordinairement 6 gros de fon- 33 dant tout épluché , rien lorsqu'il n'en a 33 paffé au travers du creufet. 33 Pour bien éplucher le fondant., íour lâ Peinture ïn Émail. 53, 53 c'eft-à-dire, pour ôter du verre toutes 33 les petites parties du creufet qui pour- 33 roient y être reftées attachées ; après 33 avoir cailé le creufet, on viiite chacun 33 des morceaux du verre , & avec la 33 panne d'un marteau on fait fauter ce 33 qui eft refté du creufet, Lorfque les 33 morceaux font trop gros , pour que 33 cela fe faiTe aifément, on les cafte 33 en pluiieurs autres & avec de , pe- 33 tites pinces on égrifé ce qui pourroit 33 fe trouver de mal-propre. 11 faut ainfî 33 pafter tous les morceaux en revue, 33 & n'en pas mettre un feul qui puifle 33 être tant foit peu foupçonné. 33 Toutes ces opérations font en 33 petites dofes, parce que l'on a re- 33 marqué qu'en les faifant en beaucoup 33 plus grandes dofes , la compofition 33 étoit fujette à pafter au travers du 33 creufet. Il faut auftî faire attention 33 que il l'on n'obferve pas fcrupuleu- 33 fement toutes Tes manœuvres indi- 33 quées, ou fi l'on ne travaille pas avec 33 la plus grande propreté , on ne doit 33 pas être furpris de trouver des réfuî- 33 tats tous différents ne ,, Se de pas 33 réuftir 33 54 Traité des Couleurs REMARQUES, On s'eft apperçu que le fondant, vient qui d'être décrit, broyé , tamifé , & gardé en cet état pendant deux ou trois ans , s'étoit altéré, & que le poli ou le luifant des couleurs n'étoit auiîi plus parfait ; cela pofé , il faut n'en broyer qu'une petite quantité à la fois, ou bien il faut paiTer un d'eau fécondé peu fur le fondant broyé que l'on foupçonne ; c'eil-à-dire, le laiifer fé- journer quelque temps dans de l'eau mêlée avec un peu d'efprit de nitre ou d'eau-forte , on lavera enfuite ce fon- dant broyé dans pluiieurs eaux, & on le fera fécher ; par cette opération il reprendra toutes les qualités qu'il avoit auparavant. Au refte, cet inconvénient ne doit point paroître étonnant, puif- qu'il arrive auiîr à l'Émail blanc dont on fait les fonds ; les Émailleurs s'en délivrent en prenant les l'on précautions que vient de rapporter. Tous les Chymiftes tombent d'accord que c'eft un fluide qui eft le la principe ou caufe des couleurs ils convien- nent en même-temps que ce fluide eft tovk la Peinture en Émail, 35* fi fubftil , qu'il penetre tous les corps, ÒC qu'il eft l'ame & l'agent de tous les phénomènes de la nature. Les uns le regardant comme le principe du feu, l'ont appellé {implement la matière in- flammable ; d'autres l'ont nommé le foufre principe ; enfin Stahl lui a donné le nom de phlogijlique , qui a été adopté par tous ceux qui l'on fuivi. Le plilo- giftique n'ayant aucune couleur par lui- même, & étant toujours intrinféquement de même nature, ne peut occafionner tant de variétés de couleurs dans les corps, qu'autant qu'il y rencontre une bafe à laquelle il s'unit en plus ou moins grande quantité. C'eft cette bafe, dont la nature n'eft pas encore bien connue,- que quelques Chymiftes ont appellée la terre mercurielle ou la troifieme terre de Becher. M. Lehmann, dans fes (Eu- vres traduites en François, Tome II,. page pp 5 dit qu'elle fert de moyen d'union entre la terre vitreiîîble & le phlogiftique. C'eft donc à la quantité du phlogiftique , à* la nature de cette bafe & à la façon dont il y eft combiné » qu'il faut attribuer la variété des cou- leurs. Cela pofé, fi le phlogiftique eft ^'6 Traité des Couleurs légèrement combiné , il produit certai- nés couleurs , s'il l'eft plus fortement ou en plus grande quantité , il en duit pro- d'autres. Les chaux de féremment plomb dif- colorées, fuivant les diffé- rents degrés de feu qu'elles ont fouiFerts, ne laiiTent rien à defirer fur la vérité de ce que l'on avance ici. On chaffer peut le phlogiffique d'un corps , pourvu que ce foit à feu ouvert, parce qu'alors il fe diiîîpe dans l'air ; la caL cination des métaux en eft la preuve ; on peut faire paffer le phlogiftique d'un corps dans un autre , ce foit pourvu que à feu clos. La convèrfion du fer en acier ne peut s'expliquer qu'en ad- mettant ce principe ; mais il faut faire attention que le eft chaíïe phlogiftique qui d'un corps, entraîne fouvent avec lui quelque chofe de la fubftance du corps dont il eft chaífé. C'eft le fen- riment de M. Lehmann , qui dit dans l'Ouvrage que l'on vient de citer, Tome il , page 86 i que le feulement phlogiftique non- fe ûiiîîpe trèVaifément, mais encore que dans un feu violent il en- traîne des portions des deux autres principes avec lui : c'eft ce qui fait que ^ouR la Peinture en Émail. 37 (dans les réductions des métaux, il y a toujours une certaine quantité de la chaux du métal, qui ne peut fe ré- duire. Tous ces procédés font fi connus des Chymiftes , que l'on ne croit pas devoir les leur remettre devant les yeux, II y a cependant des cas où il faut le contaét immédiat du corps, dont le phlogiftique fort, pour opérer l'effet que l'on defire. Les mines ne prennent la forme métallique , qu'autant qu'elles font touchées par les charbons enflam- més, & l'opération de l'efprit volatil du vitriol ne réuifit qu'autant que la cornue qu'on y employe eft fêlée , & admet par cette fente immédiatement le phlogiftique du charbon ; il paroît donc qu'il faut trois chofes pour faire un verre coloré. 1°, Une fubftance qui mette la ma^ tiere vitrifiable en fufion. 2^, Une fubftance qui fe vitrifiant avec elle , foit de nature à retenir le phlogiftique. 3®, Une fubftance qui fourniife le phlogiftique , & dans laquelle il foit affez fixe pour n'être pas diifipé par le feu , avant que le ver^e foit en fonte. 38 Traité des Couleurs Ce qui arrive dans les procédés qüe l'on vient de donner, pour faire les deux efpeces de fondants ci - deiïlis » paroît conforme à ces principes ; la couleur rouge foncée que prend la com- pofition dans le procédé du premier fondant , a été produite par le phlo- giftique du nitre , qui venant à péné- trer le verre des tuyaux de baròmetres en fufion , y demeure fixé par la man- ganefe , qui avoit été employée dans la premiere origine de ce verre. Dans le procédé du fécond fondant où il n'entre point de manganefe, cette couleur rouge ne paroît point 5 parce que le plilogiftique du nitre ne trou- vant point de matière qui le fixe, paiîe tout au travers de la compofition, & fe diiïîpe par la force du feu. Ce n'eft point la manganefe feule qui a produit cette couleur foncée, puifqu'il n'en pa- roilToit aucune dans le verre des tuyaux de baròmetres, & que cette couleur lorfqu'elle a paru, s'eft diifipée à mefure qu'elle eft reftée plus long-temps expo- fée au feu, au point qu'il n'en demeure aucune trace dans le verre , lorfque le feu a été aifez long & aíïe^ violent. pour là Peinture en Émail. 35) La manganefe cependant continue de refterdansle verre , puifqueii l'on vient à le remettre au feu avec du nitre, la couleur rouge foncée reparoît de nou- veau, parce que la manganefe , à qui la force du feu avoir enlevé le phlo- giftique du nitre , en étant débarraiTée, fe trouve par ce moyen en état d'ar- rêter encore le phlogiftique que lui fournit le nouveau nitre. D'où, l'on voit que dans ce procédé c'eft le borax qui a mis le verre en fuiion ; que c'eft la manganefe qui a retenu le phlogifti- que qui a coloré le verre , & que c'eft le nitre qui a fourni lé phlogiftique. On a fait entrer l'arfenic dans la compofition du fécond fondant à la place de la manganefe, non-feulement parce qu'il eft lui-même un fondant, mais encore parce qu'étant extrêmement volatil, il entraîne avec lui, en fe fu- blimant, les fubftances qui auroient pu donner de la couleur au verre , ce qui lui donne plus de netteté & de bril- lant. Il faut cependant prendre garde que la dofe n'en foit pas trop forte ; parce que dans ce cas il nuiroit à la tranfparence du verre , & le rendroit laiteux. Traité des Couleurs Après avoir vu les raifons qui ont engagé à retrancher abfolument de la compoiîtion du fondant toutes les pré- parations de plomb , on pourroit de- mandex pourquoi on ne le bannit pas auiîî de la compoiition de l'Émail blanc, dans laquelle ces préparations entrent. Ne doit-on pas craindre que les cou- leurs qu'on applique par deiliis , ne ré- vivifient le plomb , & ne fe trouvent par-là noircies & gâtées ? Il eft certain que cela ne manqueroit pas d'arriver s'il n'entroit que du plomb dans la com- pofition de l'Émail blanc i mais il faut faire attention que le plomb y eft com- biné avec l'étain; tout le monde fait combien la chaux de ce dernier métal eft difficile à révivifier, quelque feu qu'on lui donne , quand on ne l'a pas mêlée, avec des matières graifes , parce qu'il n'y a qu'elles qui puiifent rendre à l'étain le phlogiftique qu'il a perdu. C 'eft donc l'étain qui empêche dans la compoiition de l'Émail blanc, que le plomb ne foit auili fufceptible d'être révivifié, qu'il le feroit fans cette corn- binaifon. Le fondant fait dans la Peinture en Émaii / pour la Peinture en.émail. 41 Émail le même eiFet que l'huile, la gomme , ou la colle font dans les autres Peintures ; lorfqu il entre en fufion, il fert de lien entre les petites molécu- lés de la couleur , ôc il les attache en même-temps à lafurface de l'Émail blanc, & vitrifie les couleurs avec lui ; il fuit de-là que l'on ne doit point fe flatter de pouvoir employer les fubftances dont le feu enleveroit la couleur avant que le fondant lui-même fût entré en fufion , comme celles qui font tirées des végétaux , &c. Mais comme il fe trouve des fubftances qui fe vitrifient avec le fondant plus ou moins facilement , on eft obligé d'obferver fur chaque cou- leur la quantité de fondant qui lui eft néceíTaire pour la faire entrer dans une parfaite vitrification. Si l'on met trop peu de fondant, la couleur refte bien attachée fur l'Émail blanc ; mais le fon- dant n'étant point en aÎTez grande quan- tité pour la pénétrer & la vitrifier , elle refte terne & fans aucun luifant. Si l'on met trop de fondant, non-feu- lement l'on affoiblit la couleur, mais elle s'étend & s'imbibe dans l'Émail blancales contours ne font point exaéls Partk I, D 42 traité des Couleurs & terminés, & les traits déliés devien- nent tout-à-fait impoilîbles j parce qu'ils ne reftent point tels que le Peintre les a faits. Il faut donc avoir grand foin de bien examiner les petits eiTais que l'on fait de chaque couleur, afin.de favoir il l'on doit diminuer ou augmenter la quantité du fondant ; on en jugera aifé- ment par les remarques que l'on vient de faire. Il pourroit cependant arriver qu'une couleur exigeroit une trop grande quantité de fondant, pour que la Pein- ture eût le luifant qu'elle doit avoir. On a éprouvé que lorfqu'on mettoit avec une couleur plus de fept fois fon poids de fondant, elle étoit difficile à employer , parce qu'alors la couleur ne coule point facilement au pinceau, l'on retombe prefque dans l'incon- vénient dont on a parlé, lorfque l'on peint avec du verre : dans ce cas il n'y a d'autre parti à prendre que d'abandonner cette couleur , & de fe retourner d'un autre côté. Il refte cependant un moyen, mais dont il ne faut fe fervir que dans la derniere néceffité, S'il arrivoit qu'après FOUR LA PjEINTÜRE ENÉMAÍL. 45 l'ouvrage fini, on vînt à s'appercevoir que quelque couleur n'eût pas pris le luifant que doit avoir l'ouvrage total, on pourroit y remédier par le moyen du fondant que l'on broyeroit pendant long-temps fur l'agate avec de l'eau fim- pie , & que l'on appliqueroit avec le pinceau, uniquement fur l'endroit qui n'a pas pris le luifant ; fi après que l'ouvrage eft fee, on le met à parfondre de nouveau , l'endroit qui n'étoit pas luifant , fe trouvera rétabli. Le fondant bien broyé avec l'eau , fera une cou- leur blanche qu'il faut avoir attention de coucher avec la pointe du pinceau, & fi claire , qu'elle ne forme fur la couleur que l'on veut rendre luifante,. qu'un petit nuage prefque impercep- tibie. On en a dit alTez fur le fondant : il faut préfentement parler des couleurs avec lefquelles on le mêle. On va les traiter féparément, en commençant par le blanc,comme la plus utile pour former avec chaque couleur les différentes" nuan- ces ou teintes, dont le Peintrepeut avoir befoin. Dîj 44 Traité des Couleurs CHAPITRE III. Le Blanc, SI les Peintres en Émail d'aujourd'hui ne fe fervent point de blanc dans leurs ouvrages , ce n'eft pas qu'il ne leur foit extrêmement néceflaire ; la difficulté d'en avoir de beau, jointe à celle de pouvoir l'employer avec facilité , les a déterminés à s'en paifer ; pour y fup- pléer , ils ont pris le parti de ne pein- dre que fur des fonds blancs, & de fe fervir du fond , en l'épargnant, pour produire les blancs & les clairs dont ils peuvent avoir befoin. On fera peut-être furpris de ce qu'ils nont pas cherché à employer pour leurs blancs la même matière dont ils fe fervent pour les fonds , c'eft-à-dire, l'Émail blanc ; mais il faut faire atten- tion que l'Émail eft un verre , & que l'on a vu qu'il étoit impoflible de peiiU- dre Amplement aVec un verre. D'un autre côté , il ne faut pas que la cou- leur porte d'épaiiTeur fur le fond, ce ipour la Peinture en Émail. 45 qui ne manqueroit pas d'arriver ii l'on fe fervoit d'Émail blanc. Là difficulté étoit de ménager le fond pour faire pa- roître le blanc dans les petites parties où il étoit abfolument indifpenfâble de le voir pur par exemple , dans une tête, les deux petits points blancs qui doivent être fur la prunelle dans les yeux, devenoient impoffibles à ména- ger par leur extrême petiteife. C'eft ce" qui a quelquefois obligé des Pein- tres à ne mettre ces points blancs dans les yeux de leurs portraits , qu'après qu'ils étoient entièrement finis pour cela ils choifiifoient dans de l'Émail écrafé deux petits grains qu'ils colloient avec de la gomme , & ils les faifoient enfuite légèrement parfondre pour leur donner de la rondeur & les attacher.' Lorfqu'on étoit aifez heureux pour avoir une couleur foncée & folide, on n'avoit aucun moyen pour l'éclaircir 8c en faire une fuite de nuances diiFé- rentes ; fi par malheur cette couleur devenoit plus foncée au feu 8î ne fe trouvoit plus d'accord , il n'y avoit point d'efpérance de pouvoir raccom- moder ce défaut. Si une couleur fe trou- 45 Traité des Couleurs voit dégradée par le feu, on ne pou-* voit y remédier en mettant une autre couleur par deiTus » puifque cette der- niere iaiiToit toujours appercevoir les défauts de celle qui étoit par deifous ; les reflets & les coups de lumière qui donnent de la rondeur & de la vérité aux objets, étoient toujours mal exé- cutés. Des couleurs qui s'étendent trop & s'imbibent dans les fonds ; des fentes & des œillets qui furvenoient dans les feux ; tout contribuoit à défoler un Artifle qui voyoit perdre ou devenir défeéèueux en moins de deux minutes, un ouvrage qui lui avoit coûté quel- quefois plufleurs mois de travail. On ofe aiTurer que le blanc , dont on va donner la compoiîtion, remédie à tous ces inconvénients , & que par fon moyen le Peintre en Émail pourra compoier une palette de couleurs avec autant d'étendue & de fecilité qu'un Peintre à l'huile , puifqu'il fe mêle éga- lement bien avec tonteé les couleurs, fans leur donner aucune épaiifeur ; il leur donne même de la force, & les met en état de foutenir tous les feux fans fe dégrader. On n'eft point obligé pour la Peinture en Émail. 47 de ménager aucunes parties des fonds , & l'on peint large ; ce qui fait que la Peinture paroît mieux empâtée & plus moëlleufe. Ce blanc s'emploie très- facilement ; ainiî on peut.par fon moyen, rehauiïer les couleurs & donner des coups de lumières 011 le Peintre en a befoin. S'il arrive que quelques-unes des couleurs n'ayent pas réulli , on peut peindre par deiïiis & raccommoder l'ouvrage fans que les couleurs qui font deiTous , puiifent nuire. Si en paiïànt l'ouvrage au feu, il arrive qu'il fe faiTe un œillet ou quelque fente , on perce l'œillet avec un diamant , on remplit le trou avec le blanc mêlé de la couleur qui convient , on fait parfondre , & on peint deiTus comme s'il n'étoit rien arrivé : on raccommode de même les fentes. Lorfqu'on doute de la qualité de l'Émail, dont on s'eft fervi pour faire le fond, on peut avant de peindre, mettre une couche de blanc fur toute la piece, & la faire parfondre enfuite fous la moufle ; on Îent aifément que les couleurs deviennent alors plus ana- logues au fond & fotit moins , fujettes à foulFrir de changement. D'ailleurs, 48 Traité des Couleurs ù le fond avoit quelques taches, cette manoeuvre empêcheroit que les couleuis puiïènt en être gâtées. Puifqu'au moyen du blanc on eft le maître d'étendre les nuances des cou- leurs autant qu'on le delire, il paroît qu'à la rigueur, fur^tout lorfqu'on peint en camayeux , on pourroit finir un ouvrage en ne le faifant paiTer qu'une fois au feu ; ce qui feroit un grand avantage, principalement pour la Pein ture fur la porcelaine. Entre tous les métaux, dont les dif- folutions donnent des précipités blancs, l'étain paroît le plus propre à fournir le blanc dont on a befoin. On tire des précipités blancs du plomb & du bif- muth qui fe vitrifient aifément ; mais la moindre fubftance étrangère eft ca- pable de les réduire , c'eft-à-dire , de leur reftituer leur forme métallique. Il n'en eft pas ainfi de l'étain dont la chaux fupporte un très-grand feu fans fe révivifier ; d'ailleurs , cette chaux fc' mêle aifément avec le verre en fti- iion qu'elle rend opaque, blanc & facile à mettre en fonte ; elle a auftî l'avan- îage d'entrer pour beaucoup dans la compofition à potfR la Peinture en Émail. compoiîtion de TÉmail 4^ blanc, fur le- <]uei on peint, ce qui rend le blanc -qu'on en tire , plus & analogue au plus fond, propre à 11 s'y n'eft joindre. donc plus queftion trouver que de un moyen pour calciner de façon rétain, que la chaux en foit extrê- mement blanche. Parmi tous les diffé- rents procédés que l'on a parvenir à eiîayés ce but, il pour n'y en a qui ait mieux réuiïî point nation que la calcí- de l'étain par le fel eft marin. eíTentiel Il que les chaux que l'on métalliques emploie dans la Peinture Email en , foient délivrées d'acide autant qu'il .eft polîible ; celui du fel eft plus aifé marin à chaifer que celui du triol vi- 5 & même que celui du d'un nitre ; autre côté , le fel marin contient •une bafe alkaline , très-facile à mettre en fuiion, &, fa rendre propre par nature à le verre l'extrême opaque & blanc divifion dans par laquelle elle eft. AVERTISSEMENT. cc Le choix de l'étain eft >î à caufe de la variation important que l'on PmU trouve I, E * 50 Traité drs Couleurs dans les différents alliages que les Potiers d'étain y mêlent. S'il étoit 33 poiïible d'en trouver oii il n'y en 33 eût point du tout, ce feroit, fans 33 contredit, le meilleur i mais comme 33 il eif très-difficile de faire venir celui 33 que l'on connoît en Angleterre, fous 33 le nom d'étain vierge on a , pris le 33 parti ide fe fervir de celui que les Po- tiers d'étain appellent Vétain neuf ou 33 :>>V¿taín à-Qux qu'ils vendent trente- , ,33 deux fols la livre. 33 Pour le fel marin, le plus blanc 33 eft le meilleur î on le prend de t'efpece 33 de celui que l'on met fur les petits 33 pots de beurre qui viennent de Bre- Í» tagne. Il eft encore mieux, pour le 33 purger de toutes les faletés qui pour- 33 rorent s'y rencontrer, de le faire dif- 33 foudre en verfant de l'eau delî'us ; 33 on filtre cette eau en la faifant paiTer -?3 au travers d'un papier gris. On la met fur le feu d^s un vafe de terre ?3 33 ou de porcelaine bien propre , jufqu'à 33 ce que l'eau s'étant évaporée fur le 33 feu, laiiTe le fel à fee, qui par ce moyen 33 fe trouve très-blanc : on met ce fel ,.33 dans un creufet qui n'ait point en- pour la Peinture en Émail, 35 core fervi, que l'on couvre ; & on 35 tient au feu jufqu'à ce qu iP ne fe asfaiTe plus de craquement ou de dé- 93 crépitation. D 0 S E S. ^ Etain doux,............... i o sros, 7 / / oci prepare................ 2gros. On commence par mettre un creu- 33 fet à rougir dans le feu, après l'avoir 33 couvert, de peur qu'il ne tombe de- 33 dans du charbon ou de la cendre ; -33 lorfque le creufet- eft roiige, on y 33 met l'étain, on le recouvre , & on 33 le laiiTe ainfi , jufquà ce qiie l'on juge 33 que l'étain fdit non-feulement fondu, 33 mais même qu'il foit rouge ; alors on 33^met dans le creufet, fans le retirer du .33 feu , le-double du poids de l'étain , de fel marin préparé comme il a été h:> dit. Oh remue avec une fer dont baguette de -33 5 on a fait chauffer le bout, 33 jufqu au fond du creufet, afin de bien 33 mêler enfemble l'étain fondu & le fel. 33 On recouvre le creufet que l'on con- tinué à tenir bîèn entouré de char- 33- bons- ardents J ' on le découvre par E ij ^2 Traité ces Couleurs 3>,intervalles pour remuer avec la ba- 35 guette de fer , dorit le bout eft propre ,3» & chauffé. Lorfqu.e le boi^t de cette 33 baguette commence à blanchir, ç eû 33 une marque que la calcination eft bien 33 avancée : on continue cette manœu-^ 33 yre pendant près d'une heure après osquoi óñ'retiré'lé■ cfeufét du feu. * 33 Oii écfa'fé là màtiefè qu'on a tirée -33 du creufet, dans un mortier de verre 33 ou de porcelaine', & on la met dans .33 une capfule , qui n'eft .qu'un teftbii 334es petits pots de grès, dans lefquels 33 on apporte le beurre dé Bretagne. 33 On met cette capfule au milieu des 33 charbons ardents , en prenant bien 33 garde qu'il n'en tombe dedans , 3c 33 on la couvre d'une moufle ouverte 33 par les deux bouts. La moufle eft .33 unejpetite arcade de terre à creufét , 33 qui empêche le charbon de tomber 33 dans la capfule. On met d'abord peu 33 de chai;bons ardents fur la moufle , 33 & on augmente enfuite le feu par 33 degrés , jufqug ce que la moufle loit 33 couverte par deiTus , par devant & 33 par derrière de charbons ardents. On 33 continue le feu de cette ||açon peur rour ea Peinture en Émáil. ^f M dant trois bonnes heures j après quoi- » l'on dégage- la moufle du charbon qui 33 eft autour , on la leve &■ on retire 33 enfuite avec des pincettês la capfule- 33 du feu. 33 On trouve la matière aifez dure 33 & un peu attachée à la capfule ; on 33 la fait tomber avec la lame d'un cou-' 33 teau dans un mortier de verre ou de 33 porcelaine , & on la broie bien long-- 30 temps avec un pilon de la même- 33 matière. - . 33Lorfque la matière eft rédüite en 33 poudre , on la met dans un- grand 30 vafe de verre ou de cryftal, & on- 33 verfe delïus de feau filtrée très-chaude, 33 jufqu a ce que l'eau furpafle la matière 33 de deux ou trois doigts. Alors on 30 agite fortement cfette eau ¡avec une- 33 lame de verre ou de cryftal, & tout 33 de fuite on verfe l'eau en penchant 33 doucement lë vàfe , & prenant garde 33 de ne pas verfer ce qui fe trouve au- 33 fond : on remet de nouvelle eau- 33 chaude fur la matière qui eft reftée 33 au fond, qu'on agite & qu'on reverfe- 33 enfuite , comme on a fait la premiere 33 fois. On continue cette rrianœuvre- Eiij; 5*4 Traité pes Couleurs 33 tant que Ton voit que l'eau chaude 33 que l'on a remife , devient blanche ; 30 on garde ce qui eft demeuré au fond, 30 & qui ne teint prefque plus l'eau. En 30 broyant ce refte fur une agate ou fur une glace,. & reverfant de l'eau 30 deiTus comme on a déjà fait, on en- 30 tireroit encore, un blanc ; mais qui 30 n'étant pas de la même fineiTe & de la 30 même beauté que l'autre , ne pourroit 30 fervir que dans les mélanges des cou- 30 leurs. 30 On laiiïè repofer toutes ces eaux 30 blanches dans le vafe où on les a" 30 verfées: enfemble , jufqu'à ce que la 33 matière blanche qui les teint, fe foit 30 précipitée au fond, Se que l'eau fom 30 devenue claire ; on veriè doucement 30 cette,eau claire , & on remet de nou-^ 39 velle' eau chaude fur la matière qui: 30 eft reftéei au fond ; on continue'à 30 changer cette >eau lorfqu'elle eft de- 30 venue claire, & à en remettre de nou-: 30 velle., jufqu'à .ce: que l'on juge que 30 les eaux ont entièrement emporté 33 l'acide du fel. Ordinairement fur trois 30 gros de matière fur laquelle on a mis 0? un demi-feptier d'eau, il fuiEt d'avoir pour la Peinturé en Émail. ^ J Si renouvelle cette eau à cinq ou fix ^3 reprifes, 33 On tranfporte enfiiite le blanc 33 dans un grand pot de terre bien ver- 33 niiTé, contenant au moins deux pin-^ 33 tes ; on achevé de l'emplir d'eau 33 filtrée, & on la fait bouillir à gros 33 bouillons pendant deux heures , en 33 remettant de nouvelle eau chaude à 33 la place de celle qui s'évapore. Plus 33 ce pot contiendra d'eau , & mieux 33 l'opération réuifira. On ôte le pot du 33 feu, & on laiiTe repofer l'eau pendant 33 plufieurs heures ; après quoi on panche 33 doucement le pot , & l'on décante 33 l'eau tant qu elle fe trouve claire ; 33 on verfe le refte dans un gobelet de 33 verre , qu on achevé de remplir d'eau 33 fraîche ; on vuide cette eau lorfqu'elle 33 eft claire , ôc on verfe le blanc dans 33 une foucoupe ou dans une taiTe à 33 café. Un jour après , lorfque le blane 33 eft tout-à-fait dépofé au fond , on 33 applique dans l'eau qui le fumage 33 une meche de coton que l'on a im- 33 bibée d'eau auparavant , & dont le 33 bout qui pend hors de la taffe, eft 33 plus long que c^lui qui eft dedans» Eiv '^6 TkAIT¿ des CoULEl̂ rs 33 L'eau s'écoule ainíi à blanc peu peu, & le 33 refte à fee. On couvre la taiTe 33 avec un papier pour fiere empêcher la pouf- 33 d'y pénétrer , & on laiife fécher 33 le blanc ainíi tout-à-fait ; ou l'on 33 eft preíïe ^ on met la taiTe fur la cen- 33 dre chaude. Cette poudre broyée fur 33 une agate avec un peu d'eau & trois 33 fois fon poids du fondant, donne un 33 très-beau blanc, 33 On a vu qu'après qu'on a lavé, au 33 fortir de la moufle, à la pluiieurs eaux,: 33 matière dont on tire le blanc, il 33 en reftoit au fond du vafe une qui partie: 33 ne teignoit plus l'eau, qu'on 33 pellera le ap- marc i fi la calcination n'a 33 pas été aifez forte , ce marc reftera 33 d'un gris brun , & dans ce cas il ne 33 peut être d'aucun ufage. Si la calci- 33 nation a été aifez forte , le marc fera 33 d'un gris blanc ; dans ce cas , il faut 33 le broyer fur une agate ou fur une- 33 glace , en l'humetftant de temps en: 33 temps avec un peu d'eau ; fi on le 33 broyé aifez long-temps , il devient 33 très-blanc ; on le lave enfuite à 33 fleurs plu- eaux, & on le fait bouillir dans^ 33 un grand pot, comme on a fait le-. T pour LA Peinture en Ématl. 5'7 53 premier blanc , dont il différé aflez 53 peu pour la bonté & la beauté. Ce 53 blanc pourroit être employé dans la 53 Peinture en huile , avec laquelle if 33 fe mêle très-bien. Il ne feroit fujet 33 à aucun des défauts du blanc de 33 plomb , qui par la fuite du temps 33 noircit les couleurs, & les fait changer 33 de ton. 33 Si l'on a employé un gros d'etain M avec 2, gros de fel , on trouvera que 30 le tout pefera 3 7 gros après là cal- 33 cination ; ce qui donne { gros d'aug"- 33 mentation. Après toutes les purifica- 33 tions par l'eau, on aura 7 gros 32* 33 grains pour le blanc fin , prêt à être 33 employé. 33 Ce qui refte ou ce qui ne s'eft 33 point détaché dans les lotions, & qu'on 33 appelle le marc , après avoir été broyé" 33 & purifié comme le premier blanc , 33 pefera ^6 grains ; le tout pefant i 33 gros 3 2 grains il , y aura par confé- 33 quent 32 grains de la bafe du fef 33 marin , qui fe trouvent unis à la chaux 33 de l'étain , puifque l'on n'avoit em- 3a ployé qu'un gros d'étain. É 58 Traití des Couleurs OBSERVATIONS. w On manquera l'opération ci-deiïlis, fl l'on n'a pas eu foin d'employer l'é- 33 tain le plus pur & le plus fin que 33 l'on puiiTe trouver chez les marchands. 33 Si dans la calcination il eft tombé 33 quelque peu de charbon ou de cen- 33 dre dans le creufet ou dans la cap- 33 fuie. 33 Si le charbon dont on s'eft fervi, 33 n'a pas été parfaitement allumé avant 3D de s'en fervir. 33 Si la calcination n'a pas été aiTez 33 vive & aifez longue. 33 Si l'on n'a pas verfé de l'eau fur 33 la matière auilî-tôt après la derniere 33 calcination & fi on lui a laifie le 33 le temps de prendre l'humidité da 33 l'air. 33 Enfin , fi en dernier lieu on n'a 33 pas fait bouillir le blanc dans une aifez 33 grande quantité d'eau , & aifez long- 33 temps. 33 On ne fauroit trop recommander, 33 fur-tout dans cette opération , la 33 grande propreté qu'il faut pouifer juf- 33^u au fcrupule. pour la Peinture en Émail, RE M A R(l U E S. Puisque les opérations fur lefquelles la Peinture en Émail eil; fondée , con-r iîilent principalement à réduire les mé- taux en chaux pour en compofer les couleurs, il eft à propos d'examiner les différents moyens que les Chymiftes peuvent mettre en pratique pour y par- venir. On peut les réduire à deux : favoir , la voie humide & la voie feche» Par la voie humide après avoir fait , diffoudre le métal dans les diffolvants ou menftrues qui lui font propres , on cherche à en féparer les fels qui ont produit la diifolution ; il paroît que ^ pour en venir à bout, on pourroit fim- plement après avoir fait , évaporer la diffolution jufqu'à parfaite ficcité , & auparavant quelle eût pu reprendre de l'humidité de l'air , mettre le réfidu dans une capfule ou teffon depot de grès, pour le porter tout de fuite fous une moufle , que l'on entoure de char- bons allumés, en les approchant peu à peu, par degrés , jufqu'au point d'en couvrir la moufle. On prétend par ce moyen enlever les acides par la force; Traité des Couleurs du feu & en délivrer la chaux du mé- tal j que l'on edulcore enfuite à plufieurs eaux , pour emporter ce y être qui refté. pourroit On a à prouver que cette manceu- vre eft défeâueufe à Quelquefois plufieurs égards. les fels diiTolvant qui compofent le & qui reftent du joints à la métal chau3^ après que la diifolution a été pouifée à ficcité, iè mettent en fufion par la force du feu avec la chaux du métal. Si dans ce cas on tente de les enlever par Tedulcoration , la diftblu-' tion fe remet dans ion état ,• & l'onn'eft premier pas plus avancé qu'au com- mencement : cela arrive dans les travaux que l'on fait fur le cuivre. Souvent une portion des acides refte fi fortement attachée aux parties métalliques, & les pénétré de façon que le feu le violent plus ne peut Ten cela féparer totalement ; arrive (fur-tout lorfque la diiFo- lution aété faite par l'acide quelquefois dans vitriolique), les diffolutions faites par l'acide du nitre ; le feu néceiTaire pour enlever l'acide ayant en même- temps enlevé tout le Ik. chaux phlogiftique de métallique, cette chaux-fe vi-- Toun la Peinture en Émail, ,6i trifie ou fe fond très-mal avec le verye .qui lui fert de fondant, & lvants , & l'extrême divifion dans laquelle il. Fij. L 68 TrAité des Couleurs peut être mis, le rendant fufceptibfa d'être tranfporté dans les petits canaux des végétaux ; s'il eil vrai que ce foit lui qui y produife toutes les différentes couleurs que nous y appercevons, on doit tout attendre dans la Peinture en Émail des propriétés d'un métal, qui par les différentes combinaifons où. il peut entrer , peut produire une auiîi grande variété de couleurs. Le rouge écarlate que produit le fa- fran de mars, etoit fur-tout de la plus grande importance pour les Peintres en Émail. Cette couleur, dont le jaune paroît être la bafe , étoit abfolument néceffaire dans les carnations, fur-tout dans celles des jeunes perfonnes. La chofe ne paroiildit pas difficile ; la cal- cination.du vitriol de,mars, celle de la couperofe verte , òc toutes les prépa- rations de fafrans de mars , décrites dansr l'art de la, Vjerrerie de Kunckel, four- niifoient abondamment du plus beau rouge & de fort aifé à employer au pinceau. Mais malgré toutes les édul- cotations que l'on-avoir pu faire à ces couleurs, & les différents fondants qu'on, y avoir approprié3 , elles étoient. enle-. poük ea Peinture en Émail. 6(^: véès par le feu au moment qu'elles corn-- mençqient à parfondre il ne reftoit' fur l'Émail, à la place où elles avoient été appliquées , .que quelques traces fales & informes. If falloir donc, lorfqu'on vouloir conferver ces couleurs, fe ré- foudre à les retirer du feu avant fuiTent qu'elles tout-à-fait parfondues , & avant qu'elles euiTent pris le luifant. Les fon- dants dans lefquels if entre du plomb, paroiiToient plus propres à les fixer j mais on étoit privé par-là de l'avan- tage de pouvoir en faire des mélanges avec les autres couleurs. Ces inconvénients ont paru fi grands aux Peintres en Émail , que Petitot depuis , qui poifédoit l'art de les em- ployer , il. ne s'en trouve prefque aucun qui ait ofé s'en fervir. Ils ont mieux aimé employer le pourpre , qui eft ime couleur fine ,, dans leurs carnations , au rifque de les faire paroître violettes que de s'expofer à perdre leur travail, en fe fervant des fafrans. de mars. On fent bien que ces Peintres, en renon- çant aux rouges tirés du fer : , étoient dans l'impoiîîbilité de pouvoir repré- feAtet exaélement ce que nous appeL- 70 Traité des Couleurs Ions écarlate ou la couleur de feu. Oh* fe trouvoit auffi. privé de pluOeurs autres couleurs que l'on tire du fer, 8c qui font de la plus grande utilité dans la Peinture en Émail, comme des bruns, des couleurs de bois, des olives, des noirs , &c. AVERTISSEMENT. cc On appellera ici les couleurs que » l'on tire du fer, des fafrans de mars M parmi tous ceux dont on va donner ï> la préparation , il n'y en a aucun qui 35 ne foit de la plus grande fixité, & qui 35 ne fe mele très-bien avec toutes les 33 autres couleurs. 55 Prenez de la limaille de fer très- 35 épurée, comme celle que Ton vend 33 aux Apothicaires ou aux Médecins ; 35 ou pour être plus ailuré de la pureté 33 du fer, prenez des clous des plus 33 petits qui fe faifent en fer, que l'on 33 nomme clous d'épingles ; ou pour 35 mieux faire encore, prenez un paquet 33 d'aiguilles très-fines que vous paiTerez 35 au feu pour les détremper. 33 Mettez environ deux gros de ce- S'Ter dans un. gobelet de verre ; verfez pour la Peinture en Émail, 7T de 1'eau deiïlis, jufqu'à ce qu'elle cou" 33 vre le fer de la hauteur d'un bon^ 33 pouce. 33 Verfez dans Îe gobelet de l'huile 33 de vitriol ordinaire, peu à peu, en 33 remuant Je gobelet de temps en temps, » jufqu'à ce que vous apperceviez du 33 mouvement dans le fer qui eft au 33 fond& qu'il s'en détache un grand 33 nombre de petites parties qui mon- 33 tent à la furface de l'eau en bouil- 30 lonnant. 33 Mettez tout ce qui eft dans le go^ 33 belet, en l'agitant, de peur qu'il ne' 33refte rien au fond , dans un vafe de 33 terre verniflee, qui puiiTe fupporter 33 le feu , & le laiiTez fur la cendre 53 chaude pendant cinq ou iix heures. 33 Verfez dans le vafe au moins le 33 double d'eau chaude , de celle qui s'y 33 trouvera ; entourez alors le vafe de 33 charbons allumés, jufqu'à ce que l'eau. 33 jette un bouillon. ; : 33 Retirez le vafe du feu & le laiifez 33 refroidir. Remarquez qu'il faut qu'il 33 Ibit reûé au fond du vafe une petite 33 portion du fer qui n'ait pas été diilbute ; 33 li cela jfétoit pas;, vous feriez obligé 72- Teaité des Couleurs 33 d'y ajouter un peu de fer , & de faire^ 33 bouiHir le tout de nouveau,- 33 PaiTez la liqueur dans un papier- 33 gris ployé en double & ajufté en filtre 33 dans un entonnoir de verre. 33 Mettez l'eau qui aura paiTé au tra- 33 vers du filtre de papier gris , dans le 33 même vafe de terre verniiTée, où vous 33 l'aviez mife d'abord ; ( la porcelaine 33 de la Chine feroit ce qu'il y auroit de 33 meilleur ),& entretenez de la braife 33 chaude deflbus & tout autour , juf- 33 qu'à ce que l'eau étant très-diminuée , 33 vous apperceviez qu'il commence à 33 fe former des cryftaux au fond & tout 33 autour des bords du vafe. 33 Retirez alors le vafe du feu & le 33 laiiTez , fans y toucher, dans un lieu 33 frais , pendant 24. heures ; fi vous ap- 33 percevez que les cryftaux ne foient 33, pas formés , faites encore évaporer 33 un peu: en remettant le vafe fur la 33 cendre chaude, & laiiTez repofer de 33 nouveau pendant 24 heures. 33 Vous trouverez dans le vafe un fel 33í en cryftaux verds 8>c une efpece d'ocre 3,3 jaune au- fond. CkolfiiTez parmi les ?3 ^cryftaux les. plus purs Ôc ■ les plus verds y. pour la Peinture en Émail, 73: 35 verds ; mettez-les fur une feuille de 35 papier gris à iécher dans un lieu qui 35 ne foit point humide, 33 Lorfque ces cryftaux auront perdu 33 la plus grande partie de leur humi- 33 dité, mettez-les dans un vafe de verre 33 ou de porcelaine placé fur une étuve 33 ou fur des cendres chaudes ; ayez 33 foin de les remuer de temps en temps, 33 afin qu'ils ne s'attachent point au fond 33 du vafe : ils perdront peu à peu leur 33 couleur verte, & fe mettront en une 33 poudre qui deviendra plus blanche à 33 mefure qu'elle fera plus feche. 33 Mettez cette poudre blanche fur un 33 teiTon ou fragment de ces petits pots 33 de grèi dans lefquels on apporte le 33 beurre de Bretagne , placé fous une 33 moufle dans le feu ; fi vous n'avez 33 pas de moufle , vous pouvez vous 33 fervir à fa place d'un autre teflon de 33 pot de grès : il fera bon, pourvu qu'il 33 foit aflez grand pour empêcher la 33 cendre èc le charbon de tomber dans 33 la poudre blanche ; entourez la moufle 33 d'abord d'un très-petit feu ; augmentez 33 enfuite un peu le feu en mettant quel- 33 ques charbons allumés fuj: la moufle j la Partk If G 74^ Traité des Couleurs 3i poudre blanche commencera par de- 33 venir jaune ; enfuite elle prendra une 33 couleur orangée , & finira par deve- 33 venir d'un beau rouge. 3D Retirez alors la capfule , ou, pour 33 mieux dire le teiTon du feu ; la , pou- 3D dre paroîtra noire en fortant du feu ; 3D mais lorfqu'elle fera froide , elle fera 33 très-rouge. 3D Mettez cette poudre dans un grand 3D gobelet de verre ; verfez deiTus de 3D l'eau tiede très - - propre ; laiiTez là 33 repofer jufqu'à ce que vous voïez 33 la poudre rouge toute entiere au 3D fond & l'eau , qui lui fumage de- 33 venue claire. 3D Vuidez cette eau claire ^n incli- 3D nant doucement le vafe, jufqu'à ce 33 que la poudre qui eft au fond, foit 33 prête à en fortir ; remettez de nou- 3D velle eau chaude ; réitérez cette ma- 3D nœuvre cinq ou fix fois , jufqu'à ce 3D que vous voïez qu'il refte un peu 3D de poudre rouge fur la furface de l'eau, quoiqu'elle paroifte dans le refte 3D 3i) très-claire ; vuideZ alors l'eau pour 3D la derniere fois ; brouillez ce qui refte î3 au fond, & le renverfez brufquement pour la Peinture en Émail. 7j » dans une taiTe de porcelaine, 33 LaiiTez repofer le tout, jufqu'à ce 33 que vous voïez que l'eau qui fur- 33 nage la poudre , foit claire. Tenez 33 la taiTe un peu panchée , & mettez- 33 y un bout de meche de coton que 33 vous aurez auparavant fait dans tremper 33 de l'eau ; ajuftez votre meche 33 de façon que le bout le plus court 33 trempe dans l'eau de la taife , & le 33 plus long pende au-dehors ; par ce 33 moyen toute l'eau s'écoulera goutte 33 à goutte, & la poudre rouge reftera 33 à fee ; on peut même, pour s'aifurer 33 que la poudre eft parfaitement feche , 33 placer la taiTe fur les cendres chaudes, 33 Ce fafran de mars feroit volatil , 33 il on l'employoit tel qu'il eft. Mais 33 pour le rendre fixe, prenez-en la 33 quantité que vous voudrez, mêlez-la 33 avec le double de fon poids de fel 33 marin bien blanc , que vous aurez 33 auparavant fait rougir dans un creu- ■ 33 fet couvert ; triturez long-temps ces 33 deux matières enfemble dans un mor- 33 tier de verre ou de porcelaine, avec 33 un pilon de même matière. Mettez 33 ce mélange au feu dans un creufec 7^ Traité des Couleurs 33 que vous couvrirez ou dans un teiTon 33 de grès fous une moufle pendant 2. 35 heures , en commençant par un petit 33 feu, & en finiflànt par couvrir & 33 entourer la moufle de tous côtés avec 33 des charbons allumés. 33 On retire la matière du feu ; on 33 Ja laiife refroidir, on la triture dans 33^-même mortier dont on s'efl: fervi 33"f|^remiere fois ; on la met dans ^33 m^^and gobelet de fayance, qui ait 33 un bec pour verfer plus aifément ; 33 on verfe deflus de l'eau chaude que 33 l'on agite avec une lame de verre ; 33 on décante ou l'on vuide tout de 33 fuite ce que l'eau emporte ; on con- 33 tinue de verfer de nouvelle eau chaude 33 fur ce qui efl; refté au fond de , l'agiter 33 avec la lame de verre , & de décanter 3D l'eau qui fe trouve teinte de la cou- 33 leur , jufqu'à ce que l'on voie qu'elle 33 n'en prenne plus, alors on peut né- 33 gliger ce qui refte au fond du go- 3D belet. DD Toutes les eaux qui ont entraîné 33 de la couleur ayant été décantées 3D dans un grand gobelet de verre , on n les y laiïe repofer jufqu'à ce qu'elles îour la Peinture en Émail. 77 55 paroiiTent tout-à-fait claires, & que 03 la couleur foit entièrement dépofée 33 au fond ; on décante alors cette eau 33 claire, & on en met de nouvelle fur 33 le réiîdu ; on réitéré cette manœuvre 33 cinq ou fix fois ; on verfe le réfidu 33 dans une taÎTe de porcelaine ; on l'y 33 laiiTe répofer, & on en retire l'eau par 33 une meche de coton, comme on l'a 33 dit ci-deiïus, 33 Lorfque ce fafran de mars eft fee, 33 on en trouve, à très - peu de chofe 33 près, la même quantité & de la même 33 couleur que celle qu'il avoit avant 33 de l'avoir calciné avec le fel marin, 33 avec la différence qu'après cette der- 33 niere calcination il n'eft plus volatil, 33 qu'employé avec trois fois fon 33 poids de notre fondant, il prend un 33 beau luifant, reftant fixe à tous les 33 feux ; ce qui fait qu'on peut le cou- 33 cher fur l'Émail au premier feu comme 33 au dernier. On peut auiîî hardiment 33 le mêler avec toutes les autres cou- 33 leurs, fans craindre qu'il en gâte 33 aucune. 33 II eft abfolument effentiel , lorf- 33 qu'on a fait la derniere calcination G iij 78 Traité des Couleurs 33 avec le fel marin, & lorfqu on a verfë 33 de reau chaude pardeiTus dans un go- 33 belet, d'agiter cette eau avec une lame 33 de verre, comme on l'a dit , pour 33 ne prendre que la couleur qui fe laiile .30 entraîner par l'eau ; parce qu'on eil 33 aiTuré par ce moyen de n'avoir que 33 le fafran de mars, qui a été véritable- ,33 ment diiTout ; fans cela on feroit 33 fujet à trouver de petits -points noirs ?3 dans la couleur , qui ne viennent 33 uniquement que des petites parties de 33 fer qui n'auroient point été diiToutes. 33 On peut encore tirer de très-beau P3 fafran de mars du^ réiidu de la diftil- 33 lation du vitriol ; on en trouve à ,33 vendre chez les Apothicaires , fous 33 le nom de Colcothar de vitriol ; on 33 fait calciner ce colcothar à très-grand 33 feu dans un teiTon de pot de grès , 33 fous une moufle ; on le met enfuite 33 dans un grand gobelet de fayance ; 33 on verfe de l'eau chaude pardeifus ; 33 on agite le tout avec une lame de 33 verre ; on verfe tout de fuite l'eau 33 qui eft colorée dans un autre vafe ; 33 on continue de mettre de nouvelles 33 eaux chaudes fur le colcothar, & de íoür la Peinturé en Émail. 7p 33 les décanter jufqu à ce qu elles ne fe tou- 33 teignent plus ; on laiiTe repofer 33 tes ces eaux teintes , & lorfqu elles 33 font claires, on les décante ; on remet 33 de nouvelle eau chaude fur le fafran 33 de mars qui efi refté au fond du vafe, 33 que l'on vuide lorfqu'elle efl: devenue claire on réitéré cinq ou fix fois 33 ; 33 cette derniere manœuvre ; on fait 33 fécher le fafran de mars comme il a 33 été dit ci-deiïus, & on le fait calciner 33 avec deux fois fon poids de fel marin, » en fuivant pour le refte la manipula- 33 tion qui a été indiquée. 33 H faut feulement avoir attention de ne pas pouifer à un trop grand 33 feu la calcination des fafrans de mars 33 avec le fel marin, lorfqu'on veut avoir 33 de beau rouge. 33 Puifque la calcination des mars avec 33 le fel marin les rend fixes fur l'Émail, 33 & qu'ils confervent, après cette cal- cination, à peu de chofe près, la cou- 33 33 leur qu'ils avoient avant , on peut 33 en conclure qu'il n'eft pas difficile 33 d'avoir des fafrans de mars fixes de 33 différentes teintes, comme on va le 33 voir dans les deux exemples fuivants. G iv $0 Traité des Couleurs, Brun maron. 35 Prenez du vitriol de mars ordi- 35 naire ; faites-le fécher peu à peu fur 35 un petit feu dans un teiTou ; 35 enfuite le feu poulTez jufqu'à le faire ; 35 lavez rougir ce fafran de mars à pluiieurs 3D eaux, & après que vous l'aurez fait 33 fécher, mettez-le avec le double de 33 fon poids de fel marin dans un mor- 33 tier ; triturez bien le tout enfemble 33 pendant long-temps ; expofez enfuite 33 au feu ce mélange dans un teflTon de 33 grès fous une moufle , en donnant 33 d'abord un petit feu , & finiflant 33 couvrir par la moufle de charbons ar- 33 dents pendant deux heures. Retirez 33 la matière du feu , & la mettez en 33 poudre très-fine dans un mortier ; 33 lavez-la dans un gobelet pour ne 3D prendre que ce que l'eau vuidez emportera.; 33 cette eau lorfqu'elle fera claire 33 & verfez , fur la matière d'autre eau 3*3 chaude que vous changerez à reprifes plufieurs 33 ; ôtez l'eau tout-à-fait , & 33 faites fécher le fafran de mars qui fera 33 d'un brun tirant fur le café , & très- >3 fixe en fuivant les précautions déjà ÍOUK LA PjEiNTURE EN ÉMÁIL. Bi 33 indiquées dans le premier procédés Brun très-foncé, 33 Prenez de la limaille de fer épu- 33 rée 5 telle que les Médecins & les 33 Apothicaires ont coutume de l'em- 33 ployer j mettez-la dans un mortier 33 avec le double de fon poids de fel 33 marin qui ait été auparavant rougi 33 dans un creufet couvert j triturez ce 33 mélange avec le pilon pendant très- 33 long-temps ; plus la trituration fera 33 longue mieux l'opération réuiîîra ; 5 33 expofez le mélange à un petit feu 33 dans un teiïbn de grès, fous une mou- 33 fle , pendant deux heures, en com- 33 mençant par un petit feu^, & finiiTant 33 par un feu très-fort ; retirez la ma- 33 tiere du feu ; triturez-la dans un mor- 33 tier pour la réduire en poudre très- 39 fine ; mettez-la dans un gobelet, & 33 verfez de l'eau chaude pardeflus ; 33 agitez le tout avec une lame de verre , 33 & fur-tout, ayez grande attention , en 33 vuidant cette eau de ne , prendre de 33 la matière que ce qui fera entraîné 33 par l'eau ; continuez tant que l'eau -33 fera teinte ; laiiTez dépofer toutes ces S2 Traité des Couleurs w eaux; lavez ce qui fe fera dépofé à >3 iieurs plu- autres eaux ; & lorfque vous 33 jugerez le dépôt aiTez le purifié, faites- 33 fécher, en fuivant dans tout la 33 manipulation indiquée dans le 33 procédé. premier Vous aurez un fafran de 33 mars fixe , d'une couleur très - brune 33 & très-foncée. 33 On peut être aiTuré de réuiîîr à fixer 33 tous les différents fafrans de mars dans 33 la Peinture fur l'Émail, Ton pourvu que 33 ait eu la précaution de les faire 33 calciner avec le double de leur de fel poids 33 marin ; & en leur le ajoutant alors 33 triple de leur poids de notre fon- 33 dant, ils donneront des couleurs très- 33 fixes, très-luifantes & très-durables 33 à tous les feux 33» REMARQUES. On a eu lieu de fafran conjedurer que le de mars n'étoit volatilifé le feu dans par la Peinture en Émail, la raifon que par qu'il contenoit encore une portion de l'acide vitriolique, pouvoit puifqu'on parvenir à le fixer de plus en plus, à mefure qu'on préfentoit à cet acide une fubilance qui pût le faifir en four la Peinture en Émail. Sj le dégageant du fer ; ainiî, fi l'on ajou- toit au fafran de mars un fondant qui rontînt du plomb , ce verre étant at- taquable par l'acide vitriolique , l'addi- tion de ce fondant fixoit iin peu le mars ; mais lorfqu'on joignoit au fàfran de mars un fondant de verre fait avec du fpath-fufible, que les acides diiïbl- vent avec facilité, alors le mars reftoit tout-à-fait fixe. Ces phénomènes me conduifirent .à penfer que les édulco- rations ne pouvant délivrer le fafran de mars de cette portion d'acide il , falloit employer le même moyen dont on fe fert pour l'enlever du tartre vi- triolé, c'eft-à-dire, occafionner une nouvelle combinaifon ; c'efi: ce que l'on fait en calcinant le fafran de mars avec le fel marin j dans cette combinaifon l'acide vitriolique s'unit à la bafe du fel marin , dont il a chaiTé l'acide par le feu de la calcination , & forme un nouveau fel qu'on peut enlever enfuite par l'édulcoration ; d'ailleurs , la bafe du fel marin étant très-fufible, ce qui en refte attaché au fafran de mars, fert de moyen d'union entre le fafran de rnars & le fondant pour les combiner & les faire entrer en fufion. Traité des Couleurs Le fafran de mars, avant d'avoir été calciné avec le fel marin , étoit enlevé par le feii au moment où le fondant îe mettoit en fuiîon, parce que le fon- dant ayant plus d'affinité avec l'Émail du fond qu'avec le fafran de mars à caufe , de l'acide vitriolique contenu dans ce dernier , s'attachoit à l'Émail du fond, & laiifoit enlever le fafran de mars le feu par , comme il étoit facile de s'en convaincre par les traces fales & infor- mes qui reftoient fur le fond , au luifant du jointes fondant cevoit. qu'on y apper- Après toutes les tion de opérations, la la bafe por- du fel marin attachée qui refte au fafran de mars , eff: d'une très-grande utilité pour procurer la fu- iîon , vu que dans les a faites fur épreuves qu'on les fafrans de mars tra- vailles avec les alkalis, & même avec l'alun calciné , on a bien obtenu des mars fixes au feu ; mais ils avoient l'inconvénient d'exiger plus de huit fois leur poids de fondant, avant de le luifant convenable prendre , avoit lorfqu'on les parfondus^ C'efl; ce qui a fait rejetter ces mars pour la Peinture en Émail. 8 ^ à caufe ( comme on l'a expliqué ) de la difficulté qu'ils avoient à couler au pinceau, occaiîonnée par la trop grande quantité de fondant qu'on étoit obligé de leur joindre. Il paroîtra peut-être furprenant que Ton fe foit fervi du fel marin pour fixer les mars, tandis que les Chymiftes prétendent que fon acide a la propriété de volatilifer les métaux ; mais M. Rouelle , dont les lumières fupérieures font con- nues , aiïure dans le 123® procédé de fes Leçons Chymiques fur le regne minéral, qu'il n'a pas cette propriété à l'égard des métaux folaires , d¿ nom- mément à l'égard du fer. Pour être pleinement aiTuré que la fixation des mars dépendoit de la com- binaifon de l'acide vitriolique avec la bafe du fel marin, on a mis en diftil- lation trois parties de vitriol de mars , avec une partie de fel miarin ; la diftil- lation ayant été pouifée auiîi loin qu'il étoit poflîble, on en a fait rougir le caput-mortuum ; on l'a enfuite beaucoup edulcoré avec de l'eau chaude, & l'on en a retiré un fafran de mars très-fixe, qui a donné fur l'Émail un aifez beau Traité des Couleurs rouge , lorfqu il n'a pas été calciné à un trop grand feu, fans qu'il ait été befoin, pour fixer ce mars, de le faire calciner, comme tous les autres, avec le fel marin. Ce mars devient brun fi on le tient trop long-temps expofé à un grand feu ; il paroît même que dans cet état , il perd un peu de fa fixité. On a fait une autre opération qui montre combien la pureté du vitriol de mars efl; néceiTaire pour en tirer de beau rouge. Après avoir tiré d'un mélange de trois livres d'efprit-de-vin , & d'une livre de bonne huile de vitriol blanche concentrée , pour faire la liqueur ano- dine d'Hoífman ; favoir , l'efprit-de- vin, l'éther , l'efprit fulfureux & l'huile douce de vitriol ; on a verfé i pintes -d'eau dans la cornue fur la matière noire qui étoit reftée après la diftilla- tion ; on a laiifé le tout en digeftion fans feu dans la cornue pendant trois mois ; alors on a filtré la liqueur , & l'on a mis cet efprit de vitriol dans des bouteilles qui doivent être de très- excellent verre , autrement la liqueur pour la Peinture en Émail. 87 ronge les bouteilles au point d'y faire des trous de tous côtés, & de réduire le verre en une efpece de poudre talc- queufe & féléniteufe, comme il eft ar- rivé. On a pris du fer de fonte, vulgai- rement appellé de la fonte blanche. En. frappant fur une. enclume à grands coups de marteau fur les bords de la caiîure de ces morceaux de fer de fonte, on eft venu à bout d'en déta- cher des grains plus ou moins gros , qu'on a mis dans de petits gobelets de verre qui n'ont qu'un pouce de hauteur. On a verié de l'eiprit de vitriol, dont on vient de parler , fur ces petits mor- ceaux de fer de fonte, jufqu'à ce qu'ils en aient été couverts à peu près de la hauteur d'une ligne ; on a couvert chacun de ces petits gobelets d'un petit morceau de verre , & on les a mis dans une étuve. L'efprit de vitriol a diftbut le fer avec une forte odeur dliépar j & lorfque la diiTolution a commencé d'être à fee , le vitriol qui s'eft formé, a monté le long des parois du verre , a foulevé le couvercle , Ôc eft venu retomber par SS Traité des Couleurs "dehors ; on a eu foin de racler ce vi- triol à mefiire qu'il s'étoit formé , en fe fervant d'un morceau de verre. Lorf- que le fond du gobelet eft devenu trop fee , & qu'il ne s'eft plus formé de vi- triol, on l'a humeéèé en verfant par- deiTus de nouvel efprit de vitriol, qui a formé de nouveau vitriol ; enfin, avec du temps & de la patience , on eft venu à bout d'en ramaiTer une certaine quantité. Ce vitriol ne contient que le fer qui eft abfolument diiTout &. fort léger ; il eft blanc avec une très-petite teinte de verd. En le gardant long - temps dans un endroit fee ou dans une étuve, il prend de lui-même une couleur d'un rouge orangé ; fi on l'expofe alors au feu dans une capfule ou fur "un teflon de pot de grès, fous une moufle , en moins d'une demi-heure de calcination, on a un fafran de mars du plus beau rouge de la plus grande finefle, que. l'on doit prendre foin de bien édulco- rer à plufieurs eaux. Si l'on vouloit peindre fur l'Émail avec ce fafran de mars, fans autre préparation que celle d'y joindi'e trois fois fon poids de notre fondant, tour là Peinture en Émail. Sp fondant il fe trouveroit très-volatil ; mais il devient très-fixe, & ne perd rien de fa belle couleur après qu'on l'a cal- ciné avec deux fois fon poids de fel marin bien purifié. Quoique ce fafran de mars foit aiTu- rément le plus beau de tous, on n'a pas jugé à propos d'en mettre le pro- cédé dans l'article qui regarde les Ar- tifies j de peur de les embarraifer par fa longueur Ôc fa difficulté. On n'a pas voulu parler non plus dans le même article par la même raifon , du fel de mars de Riviere , quoiqu'en le faifant rougir, en l'édulcorant & en le trair- tant enfuite avec le fel marin, comme les autres fafrans de mars, on en puifle tirer une aifez belle couleur , & très- fixe fur l'Émail. On a penfé auifi qu'il étoit inutile d'y parler du fel fufible d'urine, que l'on peut employer avec fuccès à la place du fel marin, à caufe de la difficulté d'en avoir de bon, quoi- que les fafrans de mars que l'on calcine avec le fel fufible d'urine, ioient auifi fixes, & pour le moins auifi beaux que ceux que l'on travaille avec le fel ma- rin. Partie L H po Tháité des Couleurs I I —————1 I iiiiBwiM—r>- CHAPITRE V. Les Pourpres & les autres Couleurs tirées de POr, JLjes anciens Alchymiftes n'ont pas ignoré que l'on pouvoir tirer une cou- leur rouge de l'or ; leurs livres font remplis de fiatteufes efpérances que leur faifoit concevoir cette couleur , à qui ils donnent les noms pompeux du lion rouge , du manteau royal , de i'ame pourpre de Vor, &c. Glauber, dans la 4.^ Partie du Traité De Profperitate Germanice, & Kunckel ^ dans le 26® Chap, du Laboratorium Chymicum , font la defcription de la précipitation d'une dilTolution d'or en rouge par le moyen de l'étain : Caiïîus a cependant paife pour l'auteur de ce procédé, puifqu'on lui a donné le nom de précipitation de CaJJîus, Il eft vrai que dans fon petit Traité De Aura, p. loy, cet Auteur donne la maniere de pré- cipiter l'or en rouge ; mais quoique pour la Peinture en Émail. le nom d'étain doux , réuiïît allez bien : 33 il faut commencer par le réduire en -33 lames auiîî minces qu'il eil poflible, 33 en le battant entre deux feuilles de 33 papier fur une enclume avec un mar- 33 teau. Si l'on veut s'épargner la de peine 33 mettre l'étain en lames , on peut 33 fe fervir des feuilles d'étain dont les 33 Miroitiers étament leurs glaces. Il 33 faut auifi mettre l'or en lames très- 33 minces , en le battant entre des feuilles 33 de papier fur une enclume avec un *33 marteau ; cela donne la facilité d'en 33 couper des morceaux,& de n'en mettre 33 à chaque fois que la quantité que l'on 33 veut dans la diflblution. On fait dif- 33 foudre l'or dans l'eau régale que l'on 94 Traité des Couleurs 33 trouve toute faite chez ceux qui ven-« 33 dent de fefprit de nitre & de l'efprit 33 de fel. On peut auiîî en faire foi-même j 33 en mettant une partie de fel ammo- 33 niac fur quatre parties d'efprit de nitre j 33 on met l'efprit de nitre dans un vafe 33 fur les cendres chaudes ; on y ajoute 30 peu à peu le fel ammoniac par petits 33 morceaux ; on attend pour en mettre , 33 de nouveau, que ceux qu'on a mis 33 foient entièrement diifouts. 33 On met l'eau régale fur les cendres 33 chaudes, & on laiiTe tomber dedans 33 l'or par petits morceaux. Lorfque cet 33 or eft diftbut, on a foin d'en remettre 33 de nouveau jufqu'à ce qu'il en refte 33 au fond du vafe qui ne veuille plus 33 fe diftbudre. On peut même porter 33 au nez la diflblution ; & lorfqu'elle 33 n'a prefque plus d'odeur acide , on 33 eft aífuré qu'elle eft à fon point. 33 11 y a encore une autre façon de 33 faire une eau régale dans laquelle on , 33 peut faire diiToudre l'or. On prend 33 de bon efprit de fel que l'on met 33 dans un gobelet de verre ; on met 33 dedans de petites lames d'or très-min- 33 ces 5 on ajoute enfuite dans ce go- four la Peinture en Émail, py 35 belet de l'efprit de nitre goutté à 35 goutte , en obfervant au travers du 35 gobelet le moment où l'or commence 35 à être attaqué ; ce qui fe voit lorf- 35 qu'il monte dans la liqueur de petites 35 bulles qui partent de l'or ; ordinal- 35 rement il faut très-peu d'efprit de nitre 33 pour produire cet effet. Alors on 35 ceife d'ajouter de l'efprit de nitre , & 33 on fer contente de mettre dans la li- 35 queur de nouvelles lames d'or à la 35 place de celles qui auront été diifoutesj 35 ce que l'on continue de faire jufqu'à 35 ce qu'il en refte au fond du vafe qui 35 ne fe diifolvent plus. On fe fert auiîî 35 de cette diifolution d'or, parce qu'elle 35 donne quelquefois des couleurs d'une 35 nuance différente de celles que pro- 35 duit la premiere eau régale dont on 35 a parlé d'abord. 35 La dilïbîution de l'étain demande 35 une attention beaucoup plus grande , 35 parce que tout le fuccès de la pré- 35 cipitation de l'or en rouge dépend 35 de la façon dont elle eft combinée 35 avec l'eau , qu'on doit néceiïàiremenc 35 y rnêler , afin d'aifoiblir le diffolvant 35 de façon que la diifolution fe faife ^'6 Traité des Couleurs 73 lentement & fans ébullition. 33 On fera l'eau régale propre à cette 33 opération , err mêlant enfemble cinq 33 parties ( en poids ) de bon efprit de 33 nitre avec une .partie de bon efprit 33 de fel. On prendra plein le quart 33 d'un demi-poilTon "de cette eau régale 33 ( cette mefure fe vend chez les Po- 33 tiers d'étain ) , qu'on verfera dans 33 une bouteille de verre ; on ajoutera 33 à cette eau régale une double, ou, ii 33 l'on veut 5 une triple quantité dans la 33 même mefure d'eau de riviere filtrée. 33 On mettra dans ce mélange une petite 33 feuille d'étain battu mince à peu près 33 comme du papier ; ou, pour abréger, 33 on prendra un petit morceau de ces 33 feuilles d'étain que l'on vend chez 33 les Miroitiers , qui s'en fervent à 33 étamer les glaces ; on en prendra en- 33 vîron ce qu'il en faudroit pour cou- 33 vrir une piece de vingt - quatre fols. 33 Cet étaiii commencera par devenir 33 noir ; enfuite il fe mettra en pieces , 33 ôc finira par fe diifoudre avec le temps. 33 II fe dépofera une petite poudre 33 noire au fond de la bouteille. Vingt- 33 quatre heures après, on mettra dans 33 îa pour la Peinture en Émail, ■yo la liqueur py une nouvelle feuille d'étain 3D comme la premiere ,• ce que l'on con- 3D tinuera toutes les vingt-quatre heures 3D pendant fix jours. 3D Après ce temps la liqueur prendra 3D une petite teinte jaunâtre ; alors on 3D , la fera paiTer au travers d'un 3D gris papier plié en entonnoir , dans lequel 3D auparavant on aura fait paifer de afin l'eau, 3D de mouiller le papier ; on fépa- 3D rera par ce la noire 3D reftée moyen poudre au fond de la bouteille , ÔC dd lorfqu'elle fera féparée de la la liqueur , DD on remettra dans cette bouteille DD après l'avoir bien lavée. On laiifera re- 3D pofer cette liqueur pendant deux ou 3D trois jours , après quoi elle fera en 3D état d'être employée. 3D On peut encore faire une autre 3D efpece d'eau régale , qui ne fera moins bonne pas 33 que la premiere pour: 3D cette opération, en faifant diiToudre 3D une partie de fel ammoniac bien 3D rifié dans pu- quatre parties nitre. d'efprit de 33 Il faut mettre le fel ammoniac 33 par petites parties dans nitre, l'efprit de 3D & tenir la bouteille débouchée 33 fur les cendres chaudes , Partie jufqu'à ce. L I * 5)8 Traité des Couleurs 33 que la diiTolutioii entiere du fel am- 33 moniac foit achevée. Pour purifier 33 le fel ammoniac, il faut le faire dif- 33 foudre dans une grande quantité d'eau 33 chaude , filtrer l'eau, ôc la faire éva- 33 porer doucement fur le feu dans 33 un vafe de terre , jufqu'à ce que le 33 fel ammoniac devienne fee ; alors il 33 faut remuer le fel avec un bâton, de 33 peur qu'il ne s'attache au vaiifeau. 33 On procede avec cette eau régale 33 en fuivant les mêmes proportions à 33 l'égard de l'eau & de l'étain, que l'on 33 a obfervées dans la premiere ; avec 33 la différence que dans celle - ci on 33 continue à mettre des feuilles d'étain 33 toutes les vingt-quatre heures pendant 30 huit jours , au lieu que l'on n'en a 33 mis que pendant fix jours dans l'eau 33 régale précédente. 33 On peut aulîî faire une troifieme 33 efpece de compofition qui aura la , 33 même vertu de précipiter l'or en 33 rouge, en mettant dans l'eau régale 59 faite avec l'efprit de nitre & l'efprit 33 de fel, deux fois autant ( en mefures ) 33 d'efprit de vin que l'on a mis d'eau p .régale. On y ajoute toutes les vingt- pour la Peinture en Émail, pp 3j quatre heures des feuilles d'étain , 33 comme on a fait dans les - 33 iitions compo précédentes ; mais dans celle- 33 ci il ne faut mettre de l'étain que 33 pendant cinq jours , pour qu'elle fe 33 trouve portée à fon point ; alors on 33 la fait pafler par un papier gris , &c. 33 II faut remarquer que les deux pre- 33 mieres de ces compoiitions, excepté 33 la derniere dans laquelle on a fait 33 entrer de l'efprit-de-vin, perdent la 33 propriété qu'elles ont de précipiter 33 l'or en rouge après un certain temps, 33 c'eft-à-dire, au bout de trois femaines 33 ou d'un mois , fuivant qu'il fait plus 33 ou moins chaud ; mais lorfqu'on s'en 33 apperçoit, il fuffit, pour la leur ren- 33 dre entièrement, de mettre dedans 33 la même quantité d'étain en feuilles 33 que l'on en avoit mife la premiere fois, 33 & vingt-quatre heures après la corn- 33 poiîtion fe trouve avoir repris la vertu 33 d'opérer la précipitation rouge : ce 33 qui peut fe réitérer autant de fois 33 que l'on s'appercevra que la compo- 33 fition l'aura perdue. 33 II peut arriver que la 33 tion compoiî- mêlée avec la diifolution d'or ^ loo Traité des Couleurs 33 produife une couleur bleue au lieu 33 d'une rouge ; ce qui eft une marque 33 que cette compofition commence à 33 perdre de fa vertu ; on eft alors sûr 33 de la lui rendre toute entiere par 3D l'addition d'une nouvelle feuille d'é- 33 tain .comme on vient de le dire, , 33 H faut encore obferver qu'en ne 33 mettant que deux mefures d'eau fur 3D une mefure dè l'eau régale qu'on a 33 donnée la premiere, la compofition, 33 quoique très-claire quand elle eft finie, 33 commence quelques jours après à 33 paroître trouble & devient enfin , 33 opaque j mais dans cet état elle n'en 33 eft pas moins bonne à précipiter l'or 33 en rouge ; on s'apperçoit même au 33 bout de quelque - temps que cette 33 compofition s'éclaircit peu .à peu , & 33 redevient tranfparente comme elle 33 l'étoit, fans plus redevenir opaque lorf 3D qu'on eft obligé de mettre dedans 33 un nouvel étain : celle dans laquelle 33 on a employé trois mefures d'eau 33 contre une mefure d'eau régale, n'eft 33 pas fi fujette à devenir trouble. ■ 33 Lorfqu'on croit que la diiTolution . V d'étain eft en état de prodtiirç fon îour lâ Peinture en Émail, iot 03 effet, on met un demi-poiiTon d'eau 30 de riviere bien claire & bien filtrée 30 dans un gobelet de verre très-propre ; 33 on prend un tuyau de baròmetre 33 aífez gros , dont une des extrémités 33 a été mife en pointe , & l'autre ar- 33 rondie par le moyen du chalumeau 33 d'un Émailleur ; on trempe ce tuyau 33 par la pointe dans la diiTolution d'or, 33 à une hauteur que l'on a foin de 33 remarquer ; & tout de fuite on le 33 tranfporte dans l'eau que l'on a mife 33 dans le gobelet ; on l'agite un peu , 33 afin qu'il y dépofe ce qu'il a emporté 33 avec lui de la diifolution d'or. On 33 retourne enfuite le tube, & on le - 33 trempe par l'extrémité arrondie dans 33 la diiToluiion d'étain, en l'enfonçant 33 dedans au moins à la même profon-' 33 deur que l'on a enfoneé la pointe dans 33 la diifolution d'or ; on tranfporte 33 tout de fuite ce tube dans l'eau du 33 gobelet dans laquelle on a déjà mis 33 de la diifolution d'or ; on agite 33 un peu l'eau, afin de lui communi-- 30 quer ce que le tuyau a emporté 33 de diifolution d'étain ; on nettoie le w tube, & lorfqu'on voit que la liqueur liij 102 Traité des Couleurs 33 devient rouge, on remet encore de 33 même deux fois autant de diiTolution 33 d'étain avec le tube que fon en a 33 mis la premiere fois. 33 C'eft alors que la liqueur fe teint 33 d'une très-belle couleur rouge foncée 33 comme du gros vin ; on la verfe dans 33 un grand vafe de verre ou de cryftal ; 33 on recommence à faire la même tein- 33 ture dans le petit gobelet, après l'avoir 33 bien nettoyé , qu'on verfe enfuite 33 avec l'autre dans le grand vafe lorf- 33 qu'on la croit allez rouge. On con- 33 tinue cette manoeuvre jufqu'à ce que 33 l'on juge que l'on ait une fuffifante 33 quantité de couleur dans le grand 33 vafe. 33 On lailTe repofer le tout pendant 33 vingt-quatre heures. Lorfqu'on voit 33 la couleur rouge bien dépofée au 33 fond , & l'eau qui la fumage bien 33 claire ; on incline doucement le vafe 33 pour en retirer cette eau ; ce que 33 l'on continue jufqu'à ce que l'on voie 33 que la couleur rouge eft prête à fortir 33 avec l'eau ; alors on celle de verfer, 33 Se l'on remplit le vafe avec de nou- 33 velle eau qu'on lailfe repofer, jufqu'à pour la Peinture en Émail, lo^ ce que la couleur foit précipitée, & 35 que l'eau qui lui fumage foit claire ; 33 alors on recommence à vuider cette 33 eau comme on a fait la premiere 33 fois, ôi on en remet île nouvelle à 33 la place. Pourvu que le vafe foit aifez 33 grand , il fuffit de faire cette ma- 33 nœuvre trois ou quatre fois. 33 On n'a point marqué la grandeür 33 du vafe ni la quantité de l'eau dans 33 cette opération ; il fuffit d'avertir 33 en général que ce lavage de la coù- 33 leur doit fe faire avec une aÎfez grande 33 quantité d'eau, & que l'on n'a point 33 remarqué qu'après la première- pré- 33 cipitation faite , un peu plus ou lih 33 peu moins d'eau employée pour laver 33 le précipité, changeât rien à fa cou- 33 leur. 33 Lorfqu'on croira la couleur bien 33 lavée par la quantité d'eau qu'on aura 33 fait paffer pardeiîus , on décantera 33 l'eau jufqu'à ce que la couleur foit 33 prête à fortir ; on remuera bien le 3.3 vafe 5 & on verfera la couleur & 33 l'eau reliante dans une talle de por- 33 laine : on l'y lailfera repofer pendant 33 un jour , après quoi on mettra dedans Î04 Traité des Couleurs 33 une meche compofée 4e de pluiîeurs fiîs 33 coton , que Ton aura bien auparavant 33 trempée dans de i'eau ; on la meche ajuftera 33 de façon que le bout le 33 plus court, entre dans la furface de 33 la liqueur , tandis que le bout le plus 33 long doit pendre au dehors de la taiTe ; 33 par ce moyen toute l'eau s'écoulera , 3D & la couleur reliera au fond de la 33 taiTe femblable à une efpece de gelée ■ 33 de grofeilles rouges : alors on enle- .33 vera la meche , & on laiiTera fécher 3"3 à l'ombre la couleur, qui diminuera 33 prodigieufement de volume » èc pa^ 33 roîtra comme une poudre noirâtre , ?3 lorfqu'elle fera tout-à-fait féchée» 33 On fera tomber cette poudre avec 33 un couteau , fur une agate , fur •3 laquelle on la ramaiTera en un •3 petit tas. On prendra de l'eau avec 33 le bout du doigt, que l'on fecouera 33 fur la couleur ; & lorfqu'elle en fera 33 bien humeélée , on la broyera avec 33 une molette pendant humeélant long-temps, en 33 la couleur lorfqu'elle vient 33 à fe trop fécher. On la laiifera enfuite 33 fécher à l'ombre ; & lorfque la cour- 33 leur fera parfaitement feche , on k FOUR la Peinture en Émail, tof «ramaiTera avec un couteau à couleurs, «Il eft aifé de varier la nuance de »ces pourpres ; on vient de donner la •5 manipulation qui fait ordinairement 05 les plus beaux. Si l'on met une plus 95 grande quantité de diftblution d'étain, >5 les pourpres qui en viendront feront 05 d'un violet foncé. Il eft poiîible aufli 95 de produire des pourpres bruns ; cela 05 dépend fouvent de la pureté de l'or 05 ôt de l'étain que l'on aura employés 05 dans les diifolutions. 05 Si l'on veut avoir un pourpre ti- 95 rant fur-le noir » on mettra fur un oodemi-poiflon d'eau de la diíïòlution ^ 05 d'or, jufqu'à ce que l'eau commence sdÈ prendre une petite couleur jaune 05très-légere ; on fufpendra dans cette 95eau, avec un fil, un petit morceau 05 d'antimoine jovial, fait avec trois par- o» ties d'étain, & deux parties de régule 05 d'antimoine ( on trouve cet antimoine « jovial chez les Apotiquaires ), On laif- 95 fera pendant douze ou treize jours 95 ce morceau fufpendu dans la liqueur , 05 ayant foin de l'eiTuyer de temps en 05 temps légèrement, afin que la diifo- oolution d'or puiiTe mordre deifus ; après (io6 Traité des Couleurs £»quoI on retirera le morceau d'antir 33 moine ; on verfera la liqueur ôc la 33 poudre qui fera précipitée au fond , 33 dans un plus grand vafe, qu'on rem- «plira d'eau. Lorfque la tout-à-fait poudre fera 33 tombée au fond , & 33 l'eau que qui lui fumage , fe trouvera 33 claire, on décantera cette eau claire, 33 & l'on en mettra d'autre à la place, 03 à pluiieurs , on achèvera a>le reprifes refte de l'opération , en fuivant ce 33 que l'on vient de dire «Chacune pour les autres. de ces poudrés , fix fois broyée 33 avec fon poids du fondant 3» général, produit fur l'Émail des 33pres de différentes pour- nuances, 8¿ très- osfolides. 33 On auroit pu faire ces tout d'un précipitations 33 coup, en plus employant une 33 grande quantité d'eau , Ôc à pro- 33 portion plus de diflblution d'or , & 33 plus de diiTolution d'étain ; mais cela 33 auroit été embarraifant pour des Ar^ 33tifies qui ne font point accoutumés »à mefurer ou à pefer des diiTolvants ; 33 il fulfit d'avertir ceux qui voudront 33 prendre ce parti , qu'il faut mettre 33 plus de trois fois autant ( en mefures) pouk la Peinture en Émail. 107 »> de diiTolution d'étain, que de diiTolu- a>tion d'or 33. REMARQUES. Tous les Chymiftes conviennent que le phlogiftique eft le principe des cou- leurs ; quoique ce phlogiftique foit en général le même , cependant lorfqu'il eft chaíTé d'un corps fortir , il en peut accompagné de quelques-unes des fub- ftances qui compofoient ce corps ; de il eft poílible qu'en s'infinuant dans un autre corps , il y porte quelques-unes des fubftances dont il s'étoit chargé. Il paroîtroit même que c'eft par cette méchanique qu'il produit différentes couleurs , puifque enfin on ne peut pas dire que le phlogiftique ^qui , par la flamme pénétre la chaux de , plomb , ne foit pas accompagné de fubftances différentes de celui qui pénétre la même chaux de plomb fans flamme ; puifque le premier produit dans la chaux de plomb la couleur rouge & fait du , minium, ce que ne fait pas le phlo- giftique fans flamme. Le phlogiftique, qui fait prendre la couleur rouge au verre de Venife , 'ïo8 Traité des Couleurs que l'on préfente à l'entrée d'un à four- neau la flamme des branches de bou- lean, pénétre ce verre chargé de ftances fub-- difiFérentes de celles avec lef- quelles il le pénétre avec la d'une flamme matière différente ; le dans premier puifque cas il rougit le verre , ce qu'il ne fait pas dans l'autre cas. la Litogéognojîe de Voyez M, Pott , Tom, I , p. Pluiîeurs Chymiftes font gner le accompa- d'une terre Becher phlogiflique que appelle mercurielle ou fa iîeme troi- terre, & ils difent que la terre mercurielle peut être fans mais le phlogiflique, que fixe phlogiflique ne peut être dans un corps fans la terre mer- curielle.^ £n partant du principe que le giflique efl phlo- la caufe des efl couleurs, on forcé de conclure la condition que premiere requife, fans laquelle la cipitation de pré- l'or en ne point rouge peut s'opérer, efl la confervation du phlogiflique de l'étain mis en diifolu- tion : il efl aifé de le expérience prouver par une reftât très-fimple. Afin qu'il ne aucun foupçon de mélange dans TOVR LA PEINTUKE EN ÉMAIL. IO^ l'étain, on s'eft fervi d'étain vierge d'An- gleterre qui eft en forme de , gouttes ; & qu'il eft défendu, fous des peines très-féveres, de tranfporter hors du pays, parce qu'il eft exempt d'alliage» On a fait calciner cet étain avec le double de fon poids de fel marin, en fuivant en tout la méthode indiquée au Chapitre dans lequel on a traité du blanc ; on a mis en digeftion la cliaux d'étain qu'on en a retirée , qui pefoit 3 3 grains, dans du vinaigre diftillé, fur des cendres chaudes , pendant douze heures ; on a enfuite fait bouillir le tout enfemble pendant une demi- heure ; on a laifle repofer la liqueur, & on l'a filtrée ; on en a verfé en aiTez grande quantité dans de'l'eau, dans laquelle on avoit mis la même quantité de diiToIution d'or, qui a été marquée dans les opérations précédentes ; il ne s'eft formé ni couleur rouge, ni pré- cipité. On a voulu s'aiTurer fî le vinaigre avoit diifout de la chaux d'étain : pour cela on a mis fur celle qui reftoit, de l'huile de tartre par défaillance ; il s'eft formé dans l'inftant un précipité no Traité des Couleurs blanc & aiTez abondant ; d'ailleurs , on a édulcoré & féché la chaux d'étain qui eft reftée après l'opération , & l'on a trouvé qu'elle ne pefoit plus que 26 grains au lieu de 33. Suppofé qu'il s'en foit perdu i ou 2 grains dans l'é- dulcoration , le vinaigre en a donc dif- fout 5 ou 5 grains, On a mis dans de pareil vinaigre diftillé, des feuilles du même étain vierge d'Angleterre , qu'on avoir eu la précau- tion de faire battre en livret par un Batteur d'or ; on a laiiTé ces feuilles dans le vinaigre pendant vingt-quatre heures ; on a filtré ce vinaigre qui avoir pris avant la filtration une petite teinte laiteufe ; on en a verfé .fur l'eau, dans laquelle on avoir mis un peu de diiTolution d'or à l'ordinaire ; auiîî-tôt la liqueur eft devenue d'un beau rouge, & il s'eft fait un précipité de même couleur. On a obfervé les mêmes manipula- tions que ci-deÎTus , en fe fervant du refte de la chaux du même étain qui avoir palTé par le vinaigre, avec cette feule différence, qu'au lieu de vinaigre diftillé, on employé de l'efprit de vi- pour la Peinture en Émail.ut triol, & on a eu exadement tous les mêmes produits dans tous les points. Il eft aifé de voir que la raifon de cette différence vient de la chaux d'é- tain qui a perdu fon phlogiftique, au lieu que l'étain en feuille a confervé tout le iien. C'eft donc à tâcher de confer- ver le phlogiftique de l'étain dans la diifolution qu'il faut s'appliquer , 8c lorfqu'on y parvient, on eft sûr de ne jamais manquer la précipitation de l'or en, rouge. Ce n'eft que le phlogiftique de l'é- tain confervé que l'on a trouvé, lorf- qu'on a employé deux mefures d'efprit- de-vin à la place de deux mefures d'eau , contre une mefure d'eau régale , pour diffoudre l'étain ; vu que l'efprit-de- vin eft , comme on fait, très-chargé de de phlogiftique , ce qui fait qu'il con- ferve très-long-temps celui qui eft dans l'étain. C'eft par cette raifon que l'on fait de très-beau précipité pourpre, en met- tant des feuilles d'étain telles qu'on les trouve dans des livrets chez les Doreurs, dans une bonne quantité de diffolution d'alun ; fi on filtre cette liqueur après ÏI2 TkaiTé des Couleurs que les feuilles d'étain y auront féjourné huit ou dix jours, & qu'on y mette enfuite de la diiTolution d'or. On a vu dans les opérations pré- cédentes, que l'on avoit preferit de mettre deux ou trois mefures d'eau , contre une mefure d'eau régale , pour faire la compoiition ; c'eft afin que la diiTolution de l'étain fe faiTe très-lente- ment, fans aucune ébullition ou eiFer- Yefcence , parce que ce mouvement occaiîonneroit la dilîîpation du phlo- giilique de l'étain, & alors la diiTolu- tion ne produiroit point la précipitation de ror en rouge. On a vu que la compoiition faite ; comme on vient de le dire , perdoit avec le temps , fa vertu d'opérer la pré- cipitation de l'or en rouge ; cela arrive , parce que, quelque précaution que Ton prenne pour tenir la bouteille qui la contient bien bouchée, le phlogiftique de l'étain s'évapore du diiTolvant, même au travers des pores du verre ; mais on a vu auiH qu'on lui rendoit toute fa vertu , en y faifant diiToudre de nouvel étain , qui lui redonnoit de nouveau clu phlogiftique, pour remplacer celui qu'elle V ■ pour. la Peinture en Émail. 113 qu'elle avoit perdu par l'évaporation. On ne peut s'empêcher à cette occa- iion, de faire une remarque en faveur des Teinturiers qui, fe fervant de diiTo- lutions d'étain dans la teinture écarlate , les jettent lorfqu'elles ont perdu par le temps leur vertu , tandis qu'en y re- mettant diífoudre de nouveau un peu d'étain , ils la leur rendroient toute entiere. On les exhorte même à eiïàyer dans les teintures l'effet des compoiî- tions dont on a parlé, qui ne perdent que très-diiEcilement leur vertu , ôc fur-tout celles dans lefquelles il entre, au lieu d'eau, de l'efprit-de-vin ou celle de la diifolution d'alun. Ils auroient de plus 5 un moyen facile Se certain de s'aflurer iî leur compoiition efl: encore bonne , en eiïayant de précipiter en rouge par fon moyen, une diifolution d'or étendue dans de l'eau ; ôc ils n'em- ploieroient que celles en qui ils trou- veroient cette vertu, bien aifurés qu'elles ne manqueroient jamais de produire leur effet. La précipitation par le morceau d'an- tlmoine jovial qu'on fufpend dans la diifolution d'or j donne une couleur Partie L K 1Í4 Thaité des Couleurs prefque noire ; parce que le plilogiítí- que de l'étain ne fe joint à l'or qu'après avoir participé du phlogiftique de l'an- timoine & c'eft la combinaifon de ces , deux phlogiftiques qui produit cette couleur. Il n'eft pas douteux par les précau- tions que l'on a prifes, en faiiant les diiTolutions d'étain, qu'il n'y foit dans le plus grand état de diviiion ; on con- çoit en même-temps que plus les parties de l'étain approcheront de la divifion dans laquelle fe trouvent celles de l'or, plus elles feront propres à fe joindre & à opérer la précipitation ; on ne peut cependant pas dire que ce foit pour cette raifon que la dilTolution d'étain préci- pite l'or, vu que quand cette diifolu- tion a perdu fon phlogiftique , elle paife comme un nuage blanc au travers de la diflblution d'or fans en entraîner , la moindre partie; & qu'en y mettant de nouvel étain à diiToudre, on lui re- donne du phlogiftique qui lui rend la premiere vertu. Après avoir prouvé par plufieurs ex- périences que la préfence duphlogifti- que de l'étain dans fa diiîblution, étoit pour la Peinture en Émail, i i 5 abfolument néceiTaire pour produire la précipitation de l'or , on peut ajouter que cette précipitation eft encore ap- puyée fur la grande affinité de l'or , pour le phlogiftique de l'étain ; il n'en faut point d'autres preuves que ce qu'en rapportent les Orfevres. Ils difent tous qu'une très-petite portion d'étain qui fe trouveroit par malheur dans le foyer de leur forge , feroit capable, ii elle étoit fondue, de rendre par fa vapeur , une grande quantité d'or qui feroit en fonte dans le voiiînage, aigre & callant. Cramer en parle de même dans fes Éléments de Docimaftique , tom. i , p. 144 , tra- duôt, Franç. Qu'eft-ce que c'eft que la vapeur de l'étain , finon fon phlogifti- que ? On dira peut-être que c'eft un effet de l'arfenic contenu dans l'étain, fuivant les Expériences de M. MargralF: mais ce f^timent n'eft pas encore bien conftaté chez M. MargralF, lui-même, qui n'a point réuffi à en produire dans fes dernieres Expériences, quoique ce fût fon deífein ; & d'ailleurs, n'ya-t-il que l'arfenic qui ait la propriété de ren- dre l'or aigre & caffant ? Tous les Chymiftes. conviennent que Kij fîi'^ Tkàité des Couleurs l'or ne peut point être décompofé, parce qu'on ne peut point lui ôter fon phlogiftique ; cependant dans cette opé- ration il perd fon éclat métallique , 8c paroît fous la forme d'une poudre rouge. Puifqu'on ne peut ôter à l'or aucunes de fes parties conilituantes il eft na- , turel de penfer que toutes les fois qu'on le fait paroître décompofé, c'eft tou- jours en lui joignant quelques fubftances étrangères , plutôt qu'en lui enlevant aucunes des iîennes. Stahl eft de ce fentiment dans fon Ouvrage , intitulé : Fund. Chem. rat. p. 1S2, §. 26, lorf- qu'il dit : De omnibus ha5imus di5lís auri îra5îationihus illud unanimiter concludunt omnes Chymici Artifices ex illis aurum ejfèntialiter non refolvi pojfe. Licet enim varias Schematifmos coloris, tenuitatis^ confifientice hifcemodis acquirat , hcec amnia dependent non à partium auri , feparatione ; fed à variorum Heterogéneo- rum aura fuperinduóíorum agglutina- îione : hœc fi à tali aura iterum fepa- rentur , illud omnes priores ajfeEliones iterum exhihet. C'eft donc ici le phlogiftique de l'é- tain joint à quelques-unes des fubftances pour la Peinture en Émail. 117 de Î'étain ( &ce fera, fi l'on veut, la terre mercurielle ) qui s'attachent à l'or, le font paroître décompofé,& luifontper- dre ion éclat métallique. Cependant I 'étain n'a pas feul ce privilege ; les diiTolutions d'argent, de mercure , de bifmuth 5 de zinc , &c. mêlées avec des diiTolutions d'or , donnent auiîi des pré- cipités qui, employés avec le fondaiït fur l'Émail , produifent des couleurs plus on moins brunes ou violettes ; mais comme elles ont quelque chofe de faux & de terreux , on ne juge pas né- ceiïàire d'en donner ici la defcription. Orfchall, dans fon Sol Jîm Vejîe, ÔC plufieurs autres Alchymiftes, fefont van- tés de faire des verres rouges & des rubis, en fe fervant du mélanged'une diiTolution d'or avec une diiTolution d'étain , mifes en fufion avec de la frite ; mais remar- quez que Ton n'a réuifi qu'autant que l'on a employé ces diiTolutions fans édulcorer le précipité, & que toutes les fois qu'on a employé le précipité pourpre bien édulcoré , on a toujours eu un verre opaque d'un vilain rouge brun , di fur la furface duquel une partie de Tor étoit réduite en petites parcelles t îi8 Tkatté des Couleurs avec leur éclat métallique. Mais il faut fe fouvenir que l'on a fait voir au Cha- pitre des fondants que l'on pouvoit faire ces verres rouges , fans que l'or y fût employé , & que cette couleur rouge venoit particulièrement du nitre qui en- troit dans la compoiition du verre. On a vu auiïi qu'il falloir trois cho- fes pour porter la couleur dans le verre. I Une fubftance qui mît la matière vitrifiable en fufíon. 2°, Une fubftance qui fe vitrifiant avec elle fût de nature à retenir le , phlogiftique. 5°, Une fubftance qui fournît le phlo- giftique, & dans laquelle il fût aifez fixe pour n'être pas diiïipé par le fen, avant que le verre fût en fonte. II faut de même , dans la réducftion des métaux, un fel ou fondant qui mette la chaux du métal dans un état de fufion, & une autre fubftance qui tienne en elle-même le phlogiftique aiTez forte- ment, pour ne le lâcher que dans ce temps, & rétablir le métal, fans quoi la combinaifon ne fe feroit point. On voit dans l'ancienne maniere de pour la Peinture en Émail, iip peindre le verr.e , décrite dans Van de la Verrerie de Kunckel, p. 3 2p , qu'on délayoit les couleurs avec de l'eau, dans laquelle on avoit fait diilbudre du borax; qu'on appliquoit les couleurs fur un côté du verre ; qu'on flratifioit ce verre avec de la chaux vive, & qu'on mettoit le tout à calciner dans le feu. On peut aifément voir que dans cette opération le borax met la furface du verre en fuiîon , pendant que le phlogiftique de la chaux joint à celui du métal, porte la couleur dans le verre. Que peut iî- gnifier la grande attention que l'on re- commande de ceiTer le feu précifément dans un temps marqué ? iînon qu'en le continuant plus long temps il , diflîpe- roit le phogiftique qui doit porter la couleur dans le verre , 8c que par-là la Peinture feroit gâtée. Pour réfoudre la queftion pourquoi l'or donne la couleur pourpré il fau- , droit en même -temps dire pourquoi le cuivre donne une couleur verte , le co- bait une couleur bleue, 8cc. Il eft certain que la couleur pourpre eft en quelque façon propre à l'or, toutes les fois qu'on le rend mifcible 120 Traité des Couleurs avec le verre en fonte ; ce n'eft pas qu'il ne donne auflî d'autres couleurs, eomme des noirs des bruns & des vio- , lets ; mais en examinant de près ces couleurs, on leur trouve toujours une teinte de pourpre plus ou moins forte. Tous les précipités d'or par les al- kalis fixes qui font jaunes ou blanchâ- tres, prennent une couleur bleue ou rougeâtre lorfqu'on les réverbere fous une moufle ; mais toutes ces couleurs tirent davantage fur le pourpre lorf- qu'elles font parfondues fur l'ËmaiL CHAPITRE VI, touR I.A Peinture en Émail, 121: CHAPITRE VL Les Couleurs Bleues, PARMI le peu de font reftés fur procédés qui nous la Peinture en Émail on trouve des , auteurs dent rie tirer qui recomman- la couleur bleue de l'ar- gent ; il faut imaginer que celui ont employé, n'étoit qu'ils cuivre, point de & qu'il exempt n'en avoit aflez été purifié point , vu que dans toutes les opérations que l'on a faites avec gent totalement l'ar- délivré du n'a cuivre, on jamais pu obtenir jaune, très-fixe qu'une couleur à la vérité d'un , mais ton faux fale, , & qui n'eft quand on pas que l'on l'emploie.D'autres jaune ont voulu employât l'outremer mais cette couleur ; eft tirée du qui eft fouvent lapis lazuli, une puifqu'elle pierre calcaire eft « attaquable les acides par conféquent fa par ; couleur peut être portée em- par le feu, .au point lorfqu'il eft néceffaire pouffé pour ; ce c'eft que Partiel'expérience parfondre a toujours confirmé I, L * 122 Traité des Couleurs toutes les fois qu'on a voulu s'en fervir. Le lapis lazuli, comme M. MargraiF l'a prouvé, tient fa couleur bleue du fer ; cette couleur il eft vrai , réiîfte , à un feu médiocre, & aux extinéftons 3 dant un mois ou fix femaines en ex- 33 pofant le fel alternativement fur les 33 cendres chaudes , & enfuite à l'air ÍP froid ; pendant ce temps on s'apper- 33 çoit que Texhalaifon des vapeurs ni- 33 treufes fe fait moins fentir à chaque 33 fois qu'on expofe le fel à la chaleur, 33 & qu'à la fin on n'en fent prefque 33 plus du tout en portant la taiTe fous 33 le nez. On s'apperçoit aulîî que l'hu- 03 midité & la couleur cramoifie revien- 33 nent au fel plus lentement à l'air 33 froid. 33 Par cette manœuvre réitérée on 33 vient à bout d'arrêter la couleur dans 33 la bafe du fel marin de façon qu'elle 1^2 TfiAiTé des Couleurs w qu'elle peutfoutenir l'édulcoration fans 53 qu'elle fe mêle avec l'eau : ce quelle 53 n'auroit pas manqué de faire fi fon 53 avoir voulu tenter l'édulcoration auiîî- 53 tôt après les premieres deifications, 53 Pour être aifiiré que ce fel eft par- 33 venu au point defiré, on d'en peut eiîayeï 35 mettre, au fortir du feu, un 53 dans peu unpetit gobelet de voit cryftal ; fi l'on 53 qu'après avoir verfé doucement 33 de l'eau deifiis, de façon qu'elle ne 53 fumage le fel que de trois ou quatre 53 lignes, & l'avoir laiflee pendant une 33 demi-heure, le fel devient rouge fans 53 qu'il communique aucune couleur 53 à l'eau , on eft aíTuré que le fel eft 33 en état de donner la couleur bleue 53 fixe. Si au contraire l'eau fe 33 de la charge couleur rouge , il faut continuer 53 d'expofer encore le fel fur les cendres 53 & à l'air froid alternativement 33 dant pen- quelque temps. 53 Lorfque par l'eiTai, dont on vient 53 de parler, on s'eft aiTuré que le fel 53 peut fupporter l'édulcoration , iàns 35 que la couleur Îe mêle avec l'eau ; 55 peu de temps après que le fel eft w retiré de deflus les cendres chaudesy four la Peinture en Êmail. 135 jp on verfe doucement de l'eau pardeiTus, de façon qu'elle fumage au fel d'en- 3p viron un pouce ; au bout d'un quart w d'heure, on décante cette eau pour •j en remettre autant de nouvelle ; on 33 reitere cette manœuvre quatre ou cinq 33 fois j ëc le fel qui étoit bleu devient 33 rouge. 33 II arrive très-fouvent qu'en faifanç 3Í chauffer fécher ce fel rouge, comme 33 on vient de le dire , il ne reprend 3^ que très-peu l'humidité de l'air j alors 33 il faut verfer fur ce fel à peu près 33 la même quantité d'eau qu'on y avoit 33 mis d'abord, & remettre de nouvel 33 efprit de nitre , peu à peu, jufqu'à 33 ce qu'on voie que la diifolution fe 33 refait de nouveau ; iorfque tout le fel 33 eft diífout , on décante l'eau qui a 33 repris la couleur rouge ; on jette ce 33 qui s'eft dépofé au fond, 3c l'on re- 33 commence l'évaporation, & à mettre 33 le fel en grains, comme on a fait ci- 33 deifus, en obfervant que ce fel qui 33 devient bleu, ait encore paftablement 33 d'humidité lorfqu'on le retire du feu. 33 Le fel devient rouge auiïi-tôt qu'il 9» çft refroidi. Vingt-quatre heures après. 134 TRAixé des Couleurs 33 on remet la taiTe de porcelaine qui 33 le contient , fur des cendres très- 30 chaudes ; alors le fel devient bleu 33 à mefure qu'il fent la chaleur : on 33 prend garde qu'il ne s'attache au fond 33 de la taiTe, en le remuant avec une 33 lame de verre , à mefure qu'on le 33 fait chauffer. On continue à remettre 33 ce fel fur le feu à différentes reprifes, 33 comme on a fait la premiere fois ; on 33 le laiffe enfuite quelque temps fans 33 toucher y ; on en prend après un 33 elïài petit qu'on -met dans un gobelet de 33 verre : on verfe un peu d'eau par- 33 deffus ; & lorfqu'on voit que cette 33 eau ne prend point la couleur rouge, 33 ce qui marque qu'elle n'eft point en- 33 levée au fel , on décante cette eau, 33 & on en verfe de nouvelle, feulement 33 de l'épaiffeur d'un ou deux pouces au- 33 deffus du fel ; on réitéré cette opéra- 33 tion trois ou quatre fois ; on décante 33 enfuite toute l'eau ; on fait fécher la 33 couleur, qui efl: très-rouge, fur les cen- 33 dres chaudes ; on finit par la mettre 33 fur un teffbn de porcelaine qui ait le 33 le moins d'épaiffeur poflible ; on fait 33 une place au milieu des charbons ar- pour la Peinture en Émail, i 3 / •35 dents , de façon que ces charbons 33 foient tout autour & plus élevés que r> le teiTon fur lequel la couleur eft 3» placée fans cependant que le teiïbn , 33 puiife rougir ; dans un inftant la couleur 33 rouge ie change en une belle cou- 33 leur bleue , qui ne redevient plus 33 rouge, à moins qu'on ne la garde 33 long-temps ; 8c alors on lui rend la 33 couleur en l'expofant de nouveau dans 33 les charbons ardents , comme on a 39 déjà fait. Cette couleur employée fur 33 l'Émail avec trois fois fon poids du 33 fondant général, fait un très-beau bleu, 33 très-fondant & fort facile à employer. 33 On ne peut pas diiîîmuler que ce 33 bleu ne perde beaucoup de fa cou- 33 leur lorfqu'on le broie fur l'agate avec 33 le fondant & de l'eau, comme on a 33 coutume de faire aux autres couleurs 5 33 mais il y a plufieurs façons de remé- 33 dier à cet inconvénient ; on peut 33 faire diflfoudre dans un peu d'eau de 33 l'indigo ou du bleu de PruiTe, 8c en fe- 33 couant un peu de cette eau bleue avec 33 le bout du doigt fur la couleur mêlée 33 avec le fondant, afin de les broyer •3 enfemble, la couleur paroîtra, en l'em- î'^6 Traité des Couleurs as ployant, d'un bleu auiîi fort & auiîî 30 approchant de celui qu elle aura, être après- 33 parfondue , qu'on iîrer pourra le de- 33 ; ces bleus qu'on fe ajoute à l'eau, 33 brûlant au feu, ne font aucun tort 31 au fond de la couleur bleue du co- 33 bait, parce qu'ils font brûlés avant 33 que le cobalt & le fondant foient en •3 fonte, 33 II y a encore un autre donner moyen de 33 un grand éclat à ces bleus : 33 c'eft de mettre avec le fondant & le 33 cobalt 5 partie égaie ou même jufqu'à 33 deux fois autant que l'on a mis de 33 cobalt , d'un très-beau bleu d'azur 33 que l'on vend à Paris fous le nom de 33 bleu d'argent , quoiqu'il n'en foit 33 tiré, mais du pas cobalt dont il n'eft qu'une 35 préparation faite avec plus de foin ; 33 cet azur fe vend à Paris un écu le 33 gros. Il faut feulement avoir attention 33 , d'ajouter un poids égal de fondant au 33 poids que l'on a mis de cet azur , 33 indépendamment des trois parties de 33 fondant que l'on a déjà mis vis-à-vis 33 d'une partie de cobalt. Ce préfente à mélange 33 l'emploi une couleur bleue 93 fuffifante j il fond très-bien à tous les 33 feux ; íour la Peinture en Émail. 137 ti feux , & fait fur l'Émail un bleu auifi 35 brillant que le plus bel outremer. 33 Si l'on s'apperçoit que le bleu de 53 cobalt vienne à rougir en le gardant, 33 c'eft une preuve qu'il contient encore 33 trop d'acide nitreux ; dans ce cas on 33 le remet dans l'eau , comme on a déjà 33 fait on change l'eau deux ou trois 33 fois ; & après l'avoir fait fécher, on 33 l'expofe de nouveau fur un telTon dans 33 les charbons ardents 33. Remarques fur le bleu tiré du cobalt. Il n'étoit pas difficile de tirer du cobalt la matière qui donne la couleur bleue dans la vitrification ; les bleus de fmalt ou d'azur font très-communs & très-faciles à faire; mais il falloir ici non-feulement tirer du cobalt la matière qui donne le bleu , mais encore qu'elle eût cette couleur bleue ,.fans quelle fût entrée en vitrification , afin que le Peintre ne pût pas s'y tromper & en fentît les effets. Il falloir en même-temps que la couleur pût s'employer avec fa- cilité, & qu'elle fe mit aifément en fufion; ces deux qualités ne fe trouvoient point dans le bleu d'azur ; on ne pou- Partie J, M 23s Traité des Couleurs voit l'employer aifément, parce que ce n'eft qu'une vitrification, & qu'on ne peut peindre avec du verre , quelque peine que l'on ait prife à le broyer. La quantité de fondant qu'on tentoit d'y ajouter , pouvoir le rendre plus fufible ; mais ce n'étoit toujours que du verre qu'on y mettoit de plus, qui d'ailleurs n'ayant point de couleur lui-même, diminuoit prodigieufement la couleur bleue de l'azur. La couleur bleue que fournit le cobalt, qui eil fi belle & fi fine quand une fois elle eft entrée en vitrification, eft très-volatile ; & il eft facile de la perdre avant qu'elle y foit entrée. Henckeljiora Saturn. traduB. Franç. p. ^06 , dit que lorfqu'on vitrifie du cobalt, on a quelque- fois du noir au lieu du bleu, & même que h couleur difparoît tout-à-fait fi l'on calcine trop la mine. 11 eft donc néceflaire qu'il foit refté un peu d'arfenic dans la mine après qu'elle a été calcinée» Lorfque la mine eft calcinée à ce.points on la mêle avec de l'alkali fixe & de la matière vitrifiable , pour , en mettant le tout en fonte , en tirer un verre bleu dont on fait l'azur 5 il paroît que dans y pour la Peinture en Émail, cette opération, il faut que l'alkali fixe fe foit mis en fufion avant que le feu ait été aifez fort pour enlever la terre qui, jointe à larfenic qui refte, fournit la couleur bleue ; il faut donc que cette terre ait une grande affinité avec l'alkali fixe , puifque le feu néceflaijre à la vitrification de toute la compofition , ne l'enleve plus , & que l'alkali fixe qui lui fert de moyen d'union avec la matière vitrifiable , la porte dans cette matière en même-temps qu'il la met en fufion. En fuivant ce raifonnement, il paroît qu'il faudroit employer l'alkali fixe pour avoir la couleur bleue du cobalt ; mais il efl: néceifaire que cette couleur foit feche pour pouvoir être employée ; & l 'alkali fixe eft non-feulement lufcep tibie de l'humidité de l'air^mais fi l'on tentoit de l'édulcorer j il s'en iroit tout entier dans l'édulcoration, & il n'en refteroit rien d'attaché au cobalt qui pût dévelop- per fa couleur bleue ; il falloit donc trouver moyen de joindre la couleur donnée par le cobalt à une bafe que l'eau ne pût point diifoudre, & emporter par les édulcorations j le fel marin â 140 Traité des Couleurs paru d'autant plus propre- à remplir ces conditions , que perfonne n'ignoré que fa bafe eft alkaline ; & d'ailleurs , qu'en fe joignant aux autres acides lorfqu'elle en trouve , elle forme des^mixtes, qui par-là deviennent beaucoup plus fuiîbles. On va voir cependant qu'il eft abfolu- ment néceiTaire qu'après les différentes diffolutions, evaporations, ècc, que l'on eft obligé de faire pour parvenir à la couleur defirée , il refte encore un peu d'acide'nitreux dans la couleur. Si après avoir diiïbut du cobalt par l'acide du. nitre, avoir évaporé la dif- folution à iiccité , l'avoir édulcorée , on met fur ce réfidu de l'acide du fel marin , la diffolution qui fe fera fera verte , parce que ce cobalt ne contient plus d'acide nitreux ; puifque fi l'on ajoute tant foit peu d'acide du nitre fur î'efprit de fel, il fe fait une eau régale qui rend la diffolution rouge ; & comme on a vu dans les manipulations pré- cédentes que pour avoir une couleur bleue dans le réfidu, il falloir qu'il fût rouge quand, en dernier lieu,on l'expofe au feu au milieu des charbons ardents ; il faut donc que dans ce temps-là il POUR LA PjEiNTÜRE EN ÉMAIL. I4Î' y refte encore un peu d'acide nitreux pour que le phlogiftique des charbons puiiTe lui donner la couleur bleue. C'eft fur ce principe que l'on fe fonde ; lorfque par malheur on a pouiTé l'évaporation de l'acide nitreux trop loin, on voit que là couleur du réfidu ne devient pas bleue dans les charbons ardents ; on en eft quitte alors pour mettre de nouveau de l'efprit de nitre & de l'eau fur ce réfidu, jufqu'à ce qu'il foit entièrement diiTout, &ilfautrecommen- cer l'évaporation & les deifications de la matière j. comme on a fait la premiere fois y en fuivant ce qui eft décrit dans les manipulations ; il faut même moins de temps & de deifications dans cette fécondé opération que dans la premiere, pour amener le réfidu au point où il doit être ; c'eft-à-dire , pour ne fe point diiïbudre dans l'eau dans laquelle on l'édulcore , & pour prendre la couleur bleue dans les charbons ardents.■ On a vu qu'il falloir employer des déifications de la couleur à différentes reprifes & pendant long-temps , afin de chaffer toujours à chaque déification ,un peu de l'acide nitreux qui eft en î^2 Traité des Couleurs trop grande quantité , & que l'acide de l'air, qui eft l'acide vitriolique, s'in- iînuât un peu dans la couleur à chaque fois, ôc la réduifït par ce moyen au point de n'être plus emportée par l'eau dont on fe fert pour l'édulcorer. On voit que c'eft le phlogiftique fourni par les charbons ardents , qui change la couleur rouge du réiidu en bleu ; mais le phlogiftique des charbons n'eft arrêté dans le cobalt qu'autant que le cobalt conferve fa chaleur ; cette couleur fe diftipe à mefure que le cobalt fe refroidit, au point de redevenir rouge comme il étoit avant d'avoir été mis au feu ; il faut donc , dans le réfidu xouge du cobalt, une fubftance qui y fixe le phlogiftique des charbons ar- dents n l'on veut qu'il garde la cou- , leur bleue ; c'eft ce qu'on obtient par l'acide vitriolique répandu dans l'air, lorfqu'on eft venu à bout d'y en fixer une certaine quantité par les différentes deifications par la raifon que cet acide , eft très-avide du phlogiftique, & qu'il le lâche difficilement quand il l'a une fois faifî. C'eft par cette raifon que pour faire four la Peinture en Émail, i4j du fmalt ou de l'azur , on préféré la potaiTe aux autres alkalis fixes, parce qu'elle contient un peu d'acide vitrio- lique. Si l'on ne met qu'une petite quan- tité de fel marin dans la diiTolution du cobalt qui donne du rouge, on aura par la deification un réfidu rouge , à qui la chaleur ne donnera point la cou- leur bleue ; mais fi l'on ajoute une diiTo- lution de fel marin, la couleur bleue paroîtra dans la deification ; ce qui prouve bien que cette couleur bleue eft due à la jufte combinaifon de l'acide nitreux avec l'acide marin, couleur qui ne s'y trouve enfin fixée que par ce que l'air a fourni d'acide vitriolique , qui y arrête le phlogiftique donné par les charbons ardents, au milieu defquels on expofe la matière en dernier lieu. Observation de VEditeur, Malgré les détails où notre Auteur vient d'entrer fur le bleu que l'on tire du cobalt , il refte encore bien des chofes à defirer fur cet article ; & nous favons que M, de Montamy fe promet- toit de faire une fuite d'expériences f44 Traité des Couleurs pour conilater la vraie nature du cobalt ,' qui fait aujourd'hui un fujet de difpute entre les Chymiftes ; les uns le regardent comme un demi-métal, & fe fondent fur le régule que l'on en obtient; d'autres regardent ce régule comme une corn- binaifon particulière du- fer avec l'ar- fenic. Quelques expériences faites-par de très-habiles Chymiiles , femblent confirmer également ces deux fenti- ments. M. Rouelle, dont les talents font connus de toute l'Europe , perfifte à regarder le cobalt comme un demi- métal particulier, vu que ce célebre Chymifté a tiré ce qu'on appelle le régule du cobalt , du fmalt même ou de cette matière vitrifiée & pulvérifée d'une couleur bleue qui nous vient de Saxe ; d'un autre côté , M. Henckel nous apprend qu'en faifant réverbérer le tiers d'une drachme de limaille de fer pendant un quart-d'heure , il lui fit prendre une couleur d'un violet foncé; & qu'ayant mêlé .cette limaille rêver- bérée avec un quart de drachme de cailloux blanc pulvérifé & de fel alkali le plus pur , & ayant placé ce mélange dans un çreufet bien luté ^ expofé à un rour la Peinture en Émail. un feu violent, il 14j eut un verre de la leur cou- bleue d'pn faphir. En fuppofant cette comme expérience,vraie, on ne il petit glieres en paroît douter, que la propriété de donner au verre une couleur bleue , au fer, & feroit appartient de foupçonner la ce métal dans préfence ce qu'on le régule de cobalt,qui appelle n'eft çombinaifon peut-être intime qu'une du fer avec l'arfenic; au point de faturation ; ce leur rend union qui très-forte , & réiilfer à l'adion du capable de feu jufqu'à un tain cer- point. . Une autre de femble expérience Henckel confirmer cette idée : il qu'en mêlant dit une partie d'arfenic avec , quatre parties de - limaille d'acier faifant , ; & en réverbérer ce trois jours mélange & trois pendant nuits, en commen- çant par un feu très-doux, on obtient une matière propre à colorer le verre en bleu. Cette été expérience de Henckel a réitérée par M. de qui plaça le creufet, Montamy, contenant fon mê- lange fous le four où l'on cuit la celaine de S. Cloud por- ; mais le paiTa au travers du mélange creufet Partie qui avoit L N, ^ ri4^ TRAITÉ DES CoüLEVRS peut-êtte quelque défaut ; depuis, cette expérience n'a point été réitérée, comme il eût été à defirer. S'il étoit permis dè hasarder ici une conjeéèure que l'an a .communiquée à M, de Montamy, mais qu'il n'a pu vé- rifier, on croiroit qu'en rnelant la li- maille de fei avec l'arfenic , dont il faudroit tâtonner les dofes, & en la traitant de la même maniere que M. de Montamy a fait avec le fel marin , c'eft-à-dire, en mettant une certaine quantité de fer très-divifé il , comme Teft par l'opération qui donne le fer ou fafran de mars ou l'iEthiops mar- tial ( voyez la fécondé Partie) ; ce fer ainfi divifé Ôc mêlé par la trituration d'arfenic avec un quart de ¿du poids , Se renfermé dans un fragment de canon de fufil bien Inté, & expofé quelque temps au feu des charbons , formeroit peut-être une combinaifon intime avec lui, Se donneroit une fubftance fem- blable.à celle qu'on appelle régule de cobalt, Se comme elle à faire propre de la couleur bleue. Cette méthode auroit, en cas de îéuifite, de grands avantages, vùqu elle pour xa Peinture en Émail, i épargneroit l'embarras 47 de fe de bon cobalt, procurer ce qui n'eft pas fort aifé ; d'ailleurs , elle mettroit à de faire du fafre portée en tout , le pays Chymifte, dans puifque fon laboratoire, imi- teroit ce que la nature fait en Saxe ou en Efpagne dans l'intérieur de la terre. On ofe croire que cette conjec- ture mérite au moins d'être vérifiée à pluiieurs reprifes avant que d'être jettée. Les expériences que M. Cadet a faites fur le cobalt, prouvent que lé régule de cobalt eft l'arfenic combiné avec une fubftance métallique, puifque ce régule , pouiTé au feu pendant tempsfinit long- par s'évaporer tout-à-fait, en répandant un odeur d'ail. Voye^ les Mémoires de VAcadémie Sciences, Royale des année 176^0, dans les Mémoires Etrangers. M. d'Arcet ayant mis du cobalt fur une piece de porcelaine de pour lui donner eiTayer une couleur bleue , fut très-furpris de voir qu'une la cuiiTon partie, après , étoit devenue d'un brun foncé, ce qui annonce du fer , tandis que le refte étoit devenu bleu. Nij 1^8 Traité des Couleurs D'un autre côté , M. Margraff a prouvé que la couleur bleue qui fe trouve dans le lapis lazuli , étoit uni- quement due au fer, non au cuivre , comme on l'avoit cru jufqu'ici. Peut- j être que cette couleur bleue auroit plus de fixité , ôc ne difparoîtroit point dans le feu fi le fer, qui la , produit, (étoit intimement combiné avec l'arfe- 1 nie ' comme on a lieu de le , préfumer & de voir lî par - là il reprendroit la propriété de colorer le^ verre en bleu» 11 fe propofoit auiîi de joindre de l'arfenic & du fel marin à de l'Émail des quatre feux, pour voir s'il devien- droit plus bleu. Mais la mort eft venu, interrompre le cours de íes expérien- ces. ï>ouR la Peinture en Émail, ï CHAPITRE VII. La Couleur Jaune, ÇjELLE que l'on peut employer fur l'Émail, fe f^it à l'aide de l'étain fui- miné fur le plomb. Voici comment on peut faire cette opération. On met à fondre dans une cap fuie , à grand feu , trois parties de plomb ; & lorfqu'il eft fondu , on y joint une partie d'étain qui fe réduit à la furface du plomb en une poudre jaune , que l'on peut retirer à mefure qu'elle fe forme. On pourra faire réverbérer cette poudre jaune enfuite on mêlera & triturera , cette chaux d'étain avec du fel marin bien pur ; on l'expofera au feu fous line moufle comme on a fait , pour les fafrans de rnars ; & après l'avoir traitée de la même maniere que ces fafrans, on pourra la joindre avec le fondant général , & s'en fervir pour- peindre fur l'Émail. Niv '1^2 'Traité des Couleur^ Autre maniere. On prend un cr^ufet l'an met au milieu que des charbons & eft ; chaud, lorfquiî on y jette deux nitre quand parties de ; ce fei eft bien fondu, on y joint quatre le parties d'étain ; on feu & il refte pouiTe j une chaux l'on faire jaunâtre, que peut réverbérer , & en- fuite laver dans un grand nombre d'eaux pour l'édulcorer ; après on l'appliquer quoi fur l'Émail pourra après l'avoir mêlée avec le fondant général. Autre, L'étain s'enflamme avec le foufre j comme fait le plomb : on doit faire cette opération dans un creufet bien couvert. Par ce moyen l'étain fe con- vertit en une chaux, qui, calcinée for- tement , prend une couleur brune fem- blable à celle de la terre à d'ombre, qui peu peu devient On édulcorer jaunâtre. peut cette chaux , & la traiter de la maniere accoutumée fur l'Émail pour peindre , en lui dant. joignant le fon- pòur la Peinture en Émail, i/f N'. Ce Chapitre n'eft point auiïî détaillé que les précédents , parce qu'on a été obligé de le fuppléer d'après des notes trouvées dans les papiers de M. de Montamy ; au refte, il y a lieu de foupçonner qu'il faifoit encore ufage du jaune de Naples fur lequel on trou- vera des remarques dans la IF Partie ; il paroît vraifemblable que cette fub- ftance , traitée comme les fafrans de mars , & mêlée avec le fondant , doit donner du jaune fur l'Émail, T aH 254 Traité des Couleurs CHAPITRE VII L De la Couleur Verte, Défauts de celle qu'on tire du Cuivre, Il n'eil pas difficile de tirer la cou- leur verte du cuivre ; ce métal efi: at- taqué par tous les diiTolvants quelcon- ques 3 foit acides , foit alkalis ; les huiles & les graiiïès mêmes le diííòlvent à caufe de l'acide qu'elles contienennt ; toutes ces diiTolutions font vertes , excepté celles qui ont été faites par les alkalis volatils qui font d'un très-beau bleu , mais qui deviennent vertes lorfqu'on les a fait évaporer, c'eû-à-dire, aulfi- tôt que le feu en a chaiTé l'alkali vo- latil ; mais la facilité qu'on a de dif- fondre le cuivre, eft auiïî caufe de la difficulté que l'on rencontre non-feu- îement à le précipiter , mais encore de la difficulté bien plus grande que Ton a pour édulcorer le précipité quand on eft une fois parvenu à le faire. On fait que le précipité participe toujours un peu des fels qui ont conftî*- pour la Peinture en Émail, i ^ ^ tué le diiTolvant ; ces fels fe diíToIvent de nouveau dans l'eau que l'on emploie pour l'édulcoration , & remettent le précipité en diiTolution dans cette eau. Avant de chercher à édulcorer le précipité, on a la précaution de l'ex- pofer au feu fous une moufle ; pour peu qu'on l'y laiiTe le feu brûle le , cuivre & le précipité devient noir , comme l'œs uftum : il efl: vrai que dans cet état il fouffre l'édulcoration fans fe mêler avec l'eau ; mais le verd qu'il donne fur l'Émail, tire fur le noir ; & quand même il donneroit un beau verd , il ne rempliroit pas notre objet , qui coniifte à n'employer que les matières qui ont une couleur approchante de celle que la fonte leur donnera fur l'Émail. On a vu que l'on ne pouvoit em- ployer dans la Peinture fur l'Émail, que les fubftances qui étoient abfolument délivrées des fels ; ces fels étant des diiïolvants, on ne peut en dégager le cuivre que de deux façons, ou en fai- fant réverbérer la matière, afin que les diflblvants en foient enlevés par la force du feu ; Ôc dans ce. cas la matiexe de- 1^6 Traité dès Coulèurs verte devient noire ; ou les éduî- corations, par & dans ce cas, l'eau n'en- levant les fels qu'en les diiTolvant, cette eau chargée de fels , remet le cuivre en diiîolution. D'un autre côté, le cui- vre ne donne une couleur verte tant qu'il eft qu'au- en diftblution ; 0¿:"il ne la donne au verre raifon. que par cette même Dans la fait du précipitation que l'on cuivre diiTout par l'efprit de nitre, en mettant un morceau de fer dans la diflolution , le cuivre qui eft de cette diftblution, précipité qui eft verte, n'a plus cette couleur, & reprend fa cou- leur métallique qui eft rouge ; que l'efprit de parce nitre lâche le cuivre pour attaquer le fer avec il a d'affinité lequel plus ; & alors le cuivre fon diftblvant, dégagé de reprend fa couleur na- turelle. Les cryftaux de verdet étant de toutes les opérations que l'on peut faire fur le cuivre , celle qui contient la grande quantité plus du métal en couleur verte fous une forme feche ? troient être paroi- ce de que l'on mieux. peut employer Le cuivre fe diftbut dans tous les pour la Peinture en Émail. 157 i^iiTolvants minéraux ou végétaux , par- eonféquent dans tous les fels acides, alkalis ou neutres , de même que par la voie feche dans les verres. Il prend toujours une couleur verte ou bleue dans toutes ces diiTolutions ; c eft-à- dire, verte fi la diiTolution eft par des acides: bleue, fi elle a été faite pardea alkalis volatils ; & verd bleuâtre , fi c'eft par des fels neutres ; il ne perd que peu ou point de fon phlogiftique par la diftblution différent en cela de , fieurs autres métaux qui le perdent tout entier ; cela eft caufe que les précipi- tés que l'on en fait, non-feulement font folubles dans les acides , mais même dans l'eau commune. Lorfqu on expofe ces précipités au feu jufqu'à un certain point, ils deviennent noirs, & alors on les edulcore très-bien avec de l'eau, fans quftls s'y mêlent i mais ils reftent noirs. Ainfi il arrive deux chofesjorfqu'on édulcore le précipité verd du cuivre ; ou les fels qui rendoient le cuivre verd, fe remettent en diiTolution dans l'eau, & y remettent aufli le cuivre ( ce que l'on apperçoit par l'eau qui devient yerte ) ; ou fi le cuivre ne fe remet ïj8 Traité des Couleurs pas en diiTolution dans l'eau de l'édul- coration, il ceiTe de refter verd à me- fure que l'eau en ôte les devient fels, & re- rouge , ce qui eft fa couleur naturelle. C'eft ici que M. de refté Montamy en eft fur cette couleur verte ; ce en dit, fuffit qu'il pour montrer les incon- vénients qu'il a dans y d'employer le cuivre la Peinture en Émail ; ainiî travailler pour avec plus de faire sûreté, il faut la couleur verte en mêlant les jaunes Se les bleus en différentes portions pro- : on pourra encore les cir éclair- en y joignant du blanc ou rendre , les plus foncés en bruns des , fuivant y joignant les différentes nuances que l'on voudra fe En procurer* général, comme les différentes couleurs, dont l'Auteur donne la paration dans le pré- cours de cet ont l'avantage de Ouvrage, inconvénient, pouvoir fe mêler fans c'eft aux Peintres à cher cher- les différents mélanges & dofes peuvent convenir qui aux différents qu'ils voudront objets vira repréfenter ; le blanc fer- toujours à les rendre brun claires à ; le les rendre plus plus obfcures. Quel- pour la Peinture en Émail, i •ques fafrans de mars d'un beau rouge vif ou d'écarlate , mêlés avec du bleu, don- neront du cramoiiî ; les mêmes fafrans de mars mêlés avec du blanc , donne- , ront des couleurs de chair. Les fafrans de mars les plus jaunes le , mêlés avec blanc, pourront donner des jaunes clairs ; en un mot, le Peintre en Émail, à vo- lonté pourra fe former une , palette avec autant de facilité que le Peintre en huile. N^. Toutes les couleurs qui font propres à être employées fur l'Émail, peuvent auiTi être employées fur la por- celaine ; il ne s'agit que de propor- tionner la quantité du fondant à la fo- lidité de la pâte dont eft compofée la porcelaine fur laquelle on voudra pein- dre. Fin de la premiere Fartiei ^ - . . T. lï&Mt ^^ • : . . Ihi t eiif?ûi> íí^íy^.ücj ..qb- iqoîtjn ^i2r:iic.b - a«^|i #> :í9Tü ;:'.vm ^ ^îfrn .sb i-f.Sù ?^<â- .'ànúD é) zw^'moo gi-b iffoi ci ;r^ar, lípíMi T-:.' ^ - : T/i/ ii ^ t lîhTîâ îr^':^'ffô &i S^4 tîna ï^qî:|à^û^~.;oa ^ àqiui i,i-r'-^i oí ?qp, àà' '»5vp, ' --t. ^ '• : , n;pîrn:3' ' -p- ru!--.^''#ÍMíí^V''-;fÇ^ * . is¿i¿ í -·uí J = -„i5íT~oÚ2i^. ;^gwq §^4íSC| ^ iri -p;'; " "■% .5 á¿t? JÍ;¿1Í 1Í , l"?^fneíjg 4 ^i ^5'£|_^4 pb fúhii' úQ síísáml V . ^;^îf¥ --Íuí^lil i6i MÉMOIRE SUR LA PORCELAINE. í^uoiQUE le nombre des manufac- tures de porcelaines fë foit Tort aótuellement multiplié , & chacune manufactures que de ces férentes emploie des matières dif- dont elle fait regarde myftere., & qu elle comme un fecret qui lui eil particulier , on la peut réduire porcelaine cependant en général à deux ef- peces : favoir , la & fous porcelaine des Indes, ce nom on fe celle fait à la Chine comprend qui & conde ay : la fe- efpece Japon être laine peut d'Europe appellée ; & fous porce- ce nom on prend com- toutes les différentes manufadu- res qui s'en font établies en Partie IL Europe; O ï62 Mémoires ou plutôt d'un vafe , eft par-là plus ac- célérée dans une de fes parties que dans les autres, & le vafe fe trouve nécef- fairement déformé* Cet accident eft fî SUR DIFFÉRENTS SüJETS. 16^ ©ídinaire, que Ton ne manque jamais d'ajufter aux gobelets avant que de , íes expofer au four , un couvercle qui embradant extérieurement le cercle du gobelet le contient dans fa rondeur. j Comme ce couvercle doit être de la- même pâte que le gobelet, & qu'il ne fert qu'une fois cela fait une , partie de la matière en pure perte ; on eft obligé de mettre des fupports aux pieces où il fe trouve des parties détachées qui avancent pour les ôter après la cuiiTon. Il ne doit donc pas paroître étonnant que l'on trouve dans cette porcelaine un auiïi, grand aombre de: pieces défeâueiifes & déformées, & qu'il fe trouve beaucoup de morceaux qu'il ne foit pas poffible d'exécuter. On voit par Îa cailùre de cette por- ceîaine, qui eft liftè comme celle du verre, & point grainée , que ce n eft, à proprement parler, qu'un verre renda opaque par une terre graiTe. La porcelaine de Saxe mérite ce- pendant une exception parmi les por- celaines d'Europe. On foupçonne qu'elle eft compofée d'une terre graire,mêlee avec du fpath fuiible calciné. On peut Oiv i68 Mémoires voir dans la Lithogéognofie de M; Potfi avec quelle , facilité le fpath fuiible triiie vi-' toutes les terres avec on le mêle il n'a lefquelles ; donc plus été dans la cher porcelaine de queftion- 5axe que de cher- la dofe de fpath fuiible à ne produire propre cation que la demi-vitrifi- qui conftitue la cette dofe , & s'étant porcelaine trouvée petite celle beaucoup de plus que la fritte qu'on eit obligé d'employer vis-à-vis de la grailh terre dans les autres rope, dont porcelaines d'Eu- on vient de & leurs d'ail- plus facile parler, à fe lier , il Téfulté en eft une pâte plus facile à 1er, travail- & fujette à moins d'accidents. En un mot , dans les porcelaines à la terre grafte fritte, mêlée avec la fritte , fait une porcelaine , quand on faiiît la tiere à ma- moitié vitrifiée ; & dans la celaine de Saxe le por- , mis lion en fu- 5 vitrifie f^th la terre graiTe , & fair une porcelaine lorfqu'on n'a mis la quantité néceflaire que de vitrifier la fpath pour terre à moitié. Il faut graiTe convenir de que la Saxe eft fort porcelaine au deiTus de les toutes autres porçelaines d'Europe , dont SUR DIFFÉRENTS SuJETS. t6^ la fritte fait la pliis grande partie de la Gompoiition > eile fe vitrifie beau- coup plus difficilement , puifque l'on peut faire fondre un gobefet de porce- laine à fritte dans un gobelet de por- celaine de Saxe , fans que ce dernier en foit endommagé ; comme il n'entre point de fels dans ' fa compofition , comme dans celle de la fritte, le pailage à l'entiere vitrification eft beaucoup plus difficile & plus long que dans la porcelaine à fritte , dont la* facilité des fels à fe mettre en fufion fait un- paiTage plus prompt de là demi-vitri- fication à la vitrification entiere. Par conféquent les ' pieces qui auront" plus d'épaiffeur, fe trouveront fuffifam- ment cuites, fans que les pieces plus minces ayent paiTé à la vitrification ; &: les ouvrages dans lefquels il fe trouve des endroits minces , & d'autres plus épais, ne feront point déformés : ce qui rend cette porcelaine moins fujette à produire des pieces de rebut, & plus propre à exécuter des ouvrages déli- cats que la porcelaine à fritte. On a expofé de la porcelaine de Saxe à côté de la porcelaine de laGhine- 17^ Mémoires du mondedes matières qui, fi elles ne font pas abfolument femblables à celles dont on a fait la les dans Indes porcelaine , leur font aiïez qu'on foit analogues , pour certain d'en faire une qui aura les mêmes qualités , & fera pour le moins auiïi belle. Le Petuntfé & le Kaolin font deux les matières dont on fe fert faire la porcelaine pour des Indes. Le tuntfé eft pe- une avoir pierre qui paroît d'abord beaucoup de reiTemblance avec plufieurs des donnons pierres, le auxquelles nous nom de grès dans ce ■ mais qui, quand pays-ci, on vient à en la examiner nature de près, fe trouve fort diiFé- rente. Le grès frappé avec l'acier, donne beaucoup d'étincelles ; celle-ci donne n'en prefque point, ni fans de peine ; deux beaucoup morceaux de l'un grès frottés contre l'autre ne laiflfent trace de lamiere; point de deux morceaux de tuntfé frottés pe- l'un pendant quelque contre l'autre dans temps- lailTent fobfcurité une trace de lumière rique phofpho- , à peu prés comme deux mor-- ceaux de fpath fuiible frottés de la: même maniere. Le grès mis en poudre-,; SUR DIFFÉRENTS SujETS. I73: .aÎTemblé dans un petit tas , humedé & expofé dans une fayancerie , ne fait point corps, & refte friable fie petuntfé, traité de la même maniere , fe lie &: prend un commencement de fuiîon : le grain du petuntfé paroît plus fin Se plus lié que celui du grés ; de façon qu'il repréfente une efpece d'argille fpathique pétrifiée. Si vous joignez à ces qualités celle de n'être diiToluble dans aucun acide, pas même après avoir paiïe au feu , vous ferez aííiiré d'avoir un véritable petuntfé. Le kaolin eft une terre blanche rem- plie de morceaux plus on moins gros d'un fable vitrifiable , & parfemé d'une grande quantité de paillettes brillantes qui font un véritable talc ; elle paroît être un détritus d'un de ces grains talc- queux & brillants, dans lequel la terre i)lanche qui lie les grains de fable auroit abondé en très-grande quantité. Comme, fuivant la manipulation des Chinois, on jette le kaolin tel qu il eft dans des cuves pleines d'eau, & qu'a- près l'avoir un peu laiifé repofer, on ■ne prend que l'eau qui fumage , on voit aifément que le fable vitrifiable refte .au fond , & que par conféquent 174 Mémoires il n'entre point dans le kaolin préparé, qui ne refte compofé que de la terre blanche de du talc ; l'un & l'autre paroît indiiToluble dans les acides ; il eft dif- ficile de croire , comme quelqu'un l'a avancé , que la terre blanche ne foit que le tafc plus ajfïiné î quelque foin que l'on prenne à broyer le talc avec de l'eau , il ne produira jamais une ma- tiere gluante comme la terre blanche ; il faut donc regarder cette terre blanche comme une véritable argille , dont le gluten eft néceíTaire pour lier le pe- tuntfé qui n'en a point, Se rendre la pâte fufceptible d'être travaillée. Il eft vrai que dans le kaolin en pain tout préparé pour le mêler avec le petuntfé, tel que les Chinois le travaillent, on voit encore beaucoup de paillettes talc- queufes ; mais on doit fe fouvenir que dans les Expériences de la Lithogéogno- fie de M. Poth , ce mélange du talc avec l'argille , & la pierre vitrifiabîe , en accéléré la fufion. Lorfque les Chinois veulent faire une porcelaine plus blanche de cieuie, plus pré- ils fubftituent à la place du kaolin une terre blanche qu'ils nomment hoa- ché i elle s'appelle hoa, parce qu'elle SUR DIFFÉRENTS SuJETS. 17^ «ft glutineufe , & qu elle approche en quelque forte du favon. Par la defcrip- tion qu'en donne le P. d'Entrecolles , & par celle qu'on trouve dans Ig ma- nufcrit d'un Médecin Chinois , qui eft entre les mains de M. de Juiïieu, on ne peut pas douter que le hoa-ché des Chinois ne foit la même terre décrite dans l'Hiftoire Naturelle de Pline ; cîans le Traité des Pierres de Théophrafte ; dans Mathiole fur Diofcoride, & dans le Métallothéca de Mercati , fous le nom de terre cimolée ainii , appellée , parce que les anciens qui la tiroient de rifle de Cimole dans l'Archipel, d'où ils la faifoient venir principalement pour dégraiiTer leurs étoiFes , ne con- noiíToient point encore l'ufage du favon. Cette terre qui n'eft attaquable par aucun acide , eft une argille très- blanche & très-pure ; expofée feule fous le four d'une Fayancerie , elle commence une fufion telle qu'on pourroit en faire des vafes ; il faut la féparer d'une tetre rouge de la même efpece , que Pline appelle Cimolia pur- purafcens , qui fe trouve toujours dans fon voifinage , & de quelques parties l'j·S Mémoires jaunâtres qui fe trouvent mêlées avec elle i plus elle eJft feche , plus elle devient blanche ; elle contient très- peu de fable ; lorfqu'elle eft bien feche & qu'on la met dans de l'eau, elle y fait un petit fîfflement approchant de celui de la chaux. Lorfqu'eUe eft feche, elle s'attache très-fortement à la langue, ■ & elle emporte parfaitement les taches de deiTus les étoffes , lorfqu'après l'a- voir délayée dans de l'eau, & appliquée, on vient à frotter J'étoffe lorfqu'elle eft feche. Voilà tous les caraéleres aux- quels on peut la reconnoitre ; on peut ajouter qu'il s'en trouve en France en plus d'un endroit. On emploie cette- terre à la place du kaolin , en la joignant avec le pe- tuntfé ; fa préparation eft bien décrite dans la relation du P. d'Entrecolles î il ne preferit pas exadement les dofes, parce que cette terre étant très-gluante, on eft le maître d'en mettre moins, & la pâte fe travaille toujours très-aifé- ment ; on croit cependant que la dofe à parties égales eft celle qui réufïît le mieux. Pour ce qui regarde les manipula- tions SUR DIFFÉRENTS SuJETS. Ï77' tlons (i[ue les Chinois emploient pour former une pâte , foit du petuntfé ou du kaolin, foit du petuntfé & du hoa- clié, ou terre cimoiée ; toutes celles qui font décrites dans les Lettres du Pere' d'Entrecolies, font très - vraies & fort exaétes, iî Ton en excepte ce que le P. d'Entrecolies dit de la crème qu'il prétend fe former fur la furface de l'eau, dans laquelle on a délayé les matières ; il eft certain qu'il ne fe forme point de crème fur la furface de cette eau qui ait une épaiiTeur très-apparente. Le P. d'Entrecolies voyant que les ouvriers ne prenoient que la furface de cette eau , aconjeéluré l'exiftence delà crème fans avoir bien examiné. Cette opé- ration ne fe fait que pour avoir les parties les plus fubtiles de chaque ma- tieres qui n'ayant pas encore eu le temps, à caufe de leur extrême fineiTe, de fe précipiter au fond, fe trouvent fouté- nues par l'eau qui eft à- la furface. Ce que dit enfuite le P. d'Entrecolies, confirme cette opinion. Il aiTure que les ouvriers, après avoir enlevé la pre- miere furface de l'eau agitent la ma- , tiere avec une pelle de fer 5 pour re- Partie IL P Ï78 Mémoires prendre un moment après la furface de l'eau, comme ils avoient fait la pre- miere fois. Comment pourroit-on ima- giner qu'une matière de cette efpece qui n'eft point diifoluble dans l'eau, peut reproduire la fécondé fois une crème à fa furface ? Il faut même avoir attention, après avoir agité la matière & l'eau , de ne pas attendre trop long-temps à prendre la furface de l'eau, fans quoi on auroit rien ou prefque rien. Pour ce qui efl: de ce qu'il dit de conferver les pains que l'on a fait avec le mélange des matières long-temps humides avant d'en former les vafes, cela paroît de la plus grande utilité ; l'eau dont cette pâte eft abreu- vée, fe putréfie avec le temps, & con- tribue par-là à affiner & à mieux dif- pofer les matières à fe joindre. C'eft par cette raifon que l'on re- commande de conferver les pains for- més avec la pâte, dans des caves hu- mides, & mèrrie de les couvrir de lin- ges fur lefquels on jette un peu d'eau de temps en temps ; au bout de quel- ques femaines, la putréfaéHon s'y ap- perçoit au point de rendre la pâte d'un verd bleuâtre. SUR DIFFÉRENTS SujETS. I Ce qui paroît de plus embarraCTant, e'eft que le P. d'Entrecolles fait en- tendre dans fes Lettres , que la porce- laine des Chinois ne va au four qu'une feule fois , ôc que l'on met l'Émail, autrement dit la couverte , fur des vafes à crudj& avant qu'ils aient eu la moindre cui^n 5 rien ne paroît ii extraordinaire que cette manoeuvre ; comment peut- on imaginer que des pieces aufli gran- des que celles que l'on fait à la Chine , puiflent être trempées toutes entières dans une compoiition qui doit avoir la coniiftance d'une purée ? Car il ne faut pas s'y tromper ; pour que la cou- verte foit bien unie , il faut abfolu- ment que la piece foit trempée dans la compoiition qui doit former la cou- verte ou que cette compoiition foit , verfée fur la piece. Lorfque l'on a voulu fe fervir du pinceau pour mettre la cou- verte , comme cela eft arrivé fur des Magots de la Chine , dont on vouloit laiiTer pluiieurs parties fans couverte , il a été très-facile d'y diftinguer les par- ties du pinceau, & la couverte n'y a jamais paru bien vive. La méchanique de ce que dit le P. Pi) fî8o Mémoires d'Entrecolles du pied des taiTes que l'on laiiTe maiîif , & qu'on ne met fur le tour pour le creufer qu'après avoir donné le vernis ou la couverte en dedans & en dehors , & l'avoir laiflée fécher , paroît auiïl difficile à expliquer. On fent bien que les Chinois, en laiilant le pied des talles maiîif, fe fervent, de ce pied pour coller avec de la pâte les talTes fur le tour, toutes les fois quel- les changent de mains. Mais comment une talTe, lorfqu'elle eiî: vernie & feche , peut-elle être alfez alfujettie fur le tour , pour que l'on puilTe en creufer le pied avec un outil, fans que les points de contaâ: qui aíTujettiíTent la talfe en dé- rangent le vernis ? Il paroît cependant confiant dans plu- iieurs autres endroits de la relation du P. d'Entrecolles, que le vernis eil mis fur la porcelaine avant la cuiffon, puif- qu'il y eft dit qu'on a fait pour l'Em- pereur des ouvrages fi fins & fi délicats, qu'on étoit obligé de fouffler le vernis deiTus , parce qu'il n'avoit pas été pof- Cble de les plonger dedans fans s'expofer à les rompre , & qu'on les mettoit fur du coton 5 il eft certain que, quelque SUR DIFFÉRENTS SüJETS. í8í minces que fuíTent ces , on n'auroit ouvrages pas été expofé à cette crainte s'ils avoient eu une Le premiere cuiíTon, même Auteur parlant d'une de porcelaines efpece colorées qui fe vendent à meilleur compte , dit qu'on fait cuire eelles-là fans qu'elles aient été vemiiTées, par .conféqùent toutes blanches y 6c n'ayant aucun luftre. Il les ajoute colore qu'on après la cuiiTon en les géant dans pion- un vafe où la couleur eit préparée , & qaon les remet de nou- veau au fourneau, mais dans un endroit où le feu a moins d'aélivité , qu'un parce grand feu anéantiroit les cou- leurs» Puifque le P. d'Entrecolles fait une diftinélion de cette efpece de laine porce- avec l'autre , il en faut conclure qu'il a bien vu que les Chinois met- toient leur vernis fur la porcelaine avant qu'elle eût été cuite , & que tout fe trouvoit achevé au fourneau par une feule 6c même cuiiTon ; ii la ordinaire des porcelaine Chinois avoit eu befoin d'aller deux fois au feu , il n'auroit pas manqué de le dire, comme il l'a fait au fujet de cette derniere-ci. ïS2 M émoires Quant à la difficulté de donner ïè vernis aux grandes pieces , on voit que les Chinois ont donné plus d'épaiiTeur , à proportion de la grandeur, à leurs vafes & lors qu'ils ont vouludonner ; que le vernis à des vafes qu'ils avoient tenu très-minces , ils ont , fuivant le P. d'Entrecolles, eu la précautioij de donner deux couches , attendant pour donner la fécondé , que la premiere fût feche ; le befoin des deux couches fup- pofe dans ce cas le vernis étoit que trop liquide pour qu'une feule pût être fuffifante ; ce qui prouve que le vernis trop épais expofe les pieces minces à fe caiTer quand on le leur a donné, & que par conféquent ces pieces n'avoient point été cuites. Pour ce qui eft de l'inconvénient de toucher aux pieces déjà vernies , il pa- roît le vernis que l'on peut moins gâter lorfqu'il a été donné à une piece qui n'a point été cuite, que lorfqu'il a été applique fur une piece quia eu fa cuiilbn ; dans le premier cas le vernis pénétre un peu dans la furface de la piece, & dans l'autre , il n'y pénétre point du à tout, ce qui le rend plus facile êtr& SÜR DIFFÉRENTS SujETS. IS enlevé 5? ; il paroît donc confiant les Chinois que donnent le vernis à leur celaine por- avant qu'elle ait paiTé au feu des fourneaux , ce qui la rend à meil- leur marché , puifqu'il eu coûte de moins le bois qu'on cuiffon de employeroit à la la couverte. Mais comment cette porcelaine peut-elle fouiFrir d'être plongée dans le vernis fans Il faut fe rompre ? fouvenir que le P. d'Entre- colles dit que le premier ouvrier forme fa taiTe fur fa roue en élevant le mor- ceau de pâte deiliné à la faire, comme nous le pratiquons : que cette taiTe à un fécond paiïe ouvrier qui l'affied fur fa bafe , c'ejft-à-dire , qu'il forme fon de la pied groiTeur qu'il doit avoir , fans ce- pendant le creufer , afin que ce mallîf pied ferve à attacher fur le tour la taiTe avec la pâte ; lorfque la taffe paiTe aux autres ouvriers, le troifieme ou- vrier reçoit alors la taiïe , & là met fur fon moule qui eft une efpece de tour, il la preffe fur ce moule également de tous les côtés : il faut que ce foit le moule & la preflion que l'on fait de la pâte par fon moyen , qui contribue à rendre les parois de la taife affez fortes pourj M É M Ô I H E s lòrfqu elle eft feche , réíifter à l'impreí- ííon qü'y caufe le vernis : d'ailleurs on commence à donner le vernis dans le dedans de la taiTe & on le laiiTe , fécher avant que de le donner en dehors; la couche du vernis de dedans étant feche , fait une épaiiTeur de plus qui donne de la force à la taíTe pour fup- porter la couche du dehors. La méchanique du creufement du pied après que la taiTe a eu entière- ment fon vernis ,* paroît auiïî difficile à imaginer ; cela ne peut pas s'exécuter . renverfant la taiTe fur le tour : corn- en ment aiTujettir la tafiè fans y gâter le vernis ; & comment préferver le ver- nis de la pouffiere que le travail de fou- til y répandroit ? Il eft" plus vraifem- blable d'imaginer que le pied fe creufe en tenant la taife dans fa iîtuation na- turelle collée fur le tour par un mor- , ceau de pâte qui éleve le pied, & donne moyen de le creufer en deiTous avec un outil crochu. Puifqu'on connoît en Europe des matières de la même qualité que celles dont les Chinois font leur porcelaine, on connoîtra auffi celles qui font dé- crites SUR DIFFÉRENTS SujETS, iSj' erites par le P. d'Entrecoiles , pour en faire le vernis : il n'y a qu'une ma- tiere que les CEinois nomment duché- kao , qui pourroit embarraiTer ; mais on trouve ce minéral que les uns ont cru mal-à-propos être du borax , & les autres^de l'alun , très-bien décrit dans le manufcrit du Médecin Chinois, que M. de Juiîîeu a entre les mains , & qu'on a déjà cité. Le Médecin Chi- nois dit que le ché-kao eft blanc & brillant, qu'il eft friable , & que quand on le fait pafter par le feu , il fe réduit aifément en un fel blanc , fin & bril- lant , mais qui tient un peu du verre, & où. l'on remarque des petites lignes longues & fines comme des filets dé foie ; il ajoute qu'il fe trouve en mor- ceaux avec des raies droites , & des efpeces de côtes blanches & dures comme des dents de cheval ; quand on le frappe , il fe rompt aifément en divers pieces, mais en travers. Il a dif- férentes lames qui fe féparent facile- ment , Se qui font brillantes, mais ce brillant fe perd à la calcination. Il y en a de parfaitement femblable aux environs de Touloufe ; Se comme Partie IL Q * 18^ mémoires on a vu que ce n'eft qu'un beau gyps, il y a lieu de croire que l'on pourroit employer pour le même effet avec fuccès tous les gyps tranfparents. Ce minéral calciné fert à rendre le vernis des Chinois plus épais ; & conjointe- ment avec la chaux , il fert aufïi à le rendre un peu opaque ôc blanc , fans que le feu le mette en fufion. Car en regardant le pied de toutes les porce- laines de la Chine , dont on a ôté le vernis, pour quelles ne s'attachaifent point par-là dans la cuiifon , il n'y. a perfonne qui ne voie clairement que la couverte de la porcelaine de la Chine doit être un peu opaque & blanche , pQur cacher entièrement à la vue la terre qui n'eft pas de la premiere blan- cheur. On a cependant grand foin, lorfque les ouvrages ont été peints fur le crud, comme les bleus, de ne point prendre la couverte aifez opaque pour qu'on ne puiffe pas voir les couleurs au travers. Il ne faut point que l'on faife cuire la porcelaine tout-à-fait avant que de la mettre en couverte il feroit même , beaucoup mieux de lui donner la cou* SUR DIEFÉRENNS SujETS. verte à crud. Mais I87 comme les qui n'ont pieces pas fujettes beaucoup d'épaifleur font à caiTer dans la lorfqu'on les plonge couverte , on peut faire ces pieces au four paiîer , & les en auiîî-tôt retirer qu'elles ont été rougies ; on donne {implement enfuite deux fois vingt-quatre heures de cuiffon pâte pour la & la couverte. Cette couverte des Chinois eil ana- logue à leur pâte, puifque le qui en eft petuntfé une des principales matières » y entre pour ; il ainfi beaucoup a, dire , de n'y différence pour que dans la vi- trification, qui, au moyen du fel la de fougere , fe fait dans la couverte n'eft , Ôc point dans le corps de la laine 5 comme elle eft porce' la appliquée avant que porcelaine foit cuite, elle en pénétré un peu la furface ; & la étant cuiffon la même , elle s'y trouve plus parfaitement jointe que fi elle avoit mife été après une premiere cuiíïbn de la porcelaine : la différence eft aifée à percevoir lorfqu'on ap- examine avec une loupe la caffure des Chine, porcelaines de la & celle des d'Eu- rope. Il faut porcelaines fur-tout fe bien garder de Qij fï 88 Mémoires chercher à employer une couverte qui ait déjà été vitrifiée, II faut regarder comme un principe, que la vitrification de la couverte doit fe faire fur la piece même ; il efl: aifé de faire une corn- pofitioii de verre opaque & très-blanc. Mais quelque foin que i'an fe donne pour broyer ce verre , il ne s'étendra jamais auiïî bien , & ne fe joindra point auflî intimement à la porcelaine , qu'une compofition qui formera la vitrification opaque & blanche fur la porcelaine même. On n'emploie ordinairement fur les porcelaines à fritte que l'on fait en Europe , que des couvertes faites avec une compofition qui a déjà été vitri- fiée ; il n'eft pas étonnant qu'elles y réuififlent la pâte dont elles font corn- , pofées contenant le ^ de fritte, qui eft la matière du verre, fe trouve tout-à- fait analogue avec ces couvertes, & s'y joint très-bien, au lieu que la pâte de la porcelaine de la Chine eft trop éloi- gnée de la vitrification pour fe joindre à une matière qui n'eft purement qu'un verre. L'expérience s'eft trouvée con? forme à ce raifonnement toutes les fois SUR DIFFÉRENTS SüJETS. l8^ qu'on a voulu tenter de mettre les cou-» vertes d'Europe fur la porcelaine faite à la maniere des Chinois. On a vu que les degrés de bonté de pâte d'une porcelaine devoir fe me- furer à la difficulté que l'on rencontroit à la faire paifer à l'entiere vitrification j on en doit conclure que celle que l'on fait aux Indes, doit l'emporter fur toutes celles d'Europe, puifque l'on peut faire fondre un gobelet de porcelaine à fritte dans un gobelet de Saxe , & celui-ci dans un gobelet de porcelaine des Indes. Il eil vrai que la porcelaine des Indes- demande un beaucoup plus grand de- gré de feu pour être portée à fon en- tiere cuiiTon que les autres porcelaines ; mais comme on n'efi: obligé de l'y mettre qu'une feule fois, il n'en coûte pas plus de bois pour la cuire, que pour la por- celaine d'Europe que l'on met deux fois au feu. Au relie, iî l'on veut fe donner la- peine d'étudier & de fuivre les mani- pulations décrites par le P. d'Entre- colles j. on eii aiTuré de faire de la por- celaine qui aura les mêmes qualités que celle que l'on fait dans les Indes , 8s Ipo MéMOlRES fe pourra donner à meilleur compte que toutes celles que Ton fait en Eu- rope. On croit cependant qu'il ne fe- roit pas inutile de faire attention à l'eau que l'on emploie dans les iations. Le manipu- P. d'Entrecolles dit que les mêmes ouvriers qui la font à King-te^» tching, n'en ont pas pu faire de reille à pa- Péking > il attribue ce fuccès manque de à la différence des eaux, & il pourroit bien avoir raifon. On a vu qu'il falloir garder la liquide dant pâte pen- un certain temps après l'avoir faite , & qu'il s'y paiîbit une fermen- tation ; tout le monde fait que la dif- férence des eaux produit des effets fin- guliers lorfqu'il s'agit de fermentation , comme il eft aifé de le voir dans la biere, les teintures , &c. Pour ce qui eft des l'on peintures que applique fur la porcelaine après qu'elle eft faite, je crois que l'on fe peut paffer de prendre les Chinois pour modeles ; leurs couleurs font affez mé- diocres & en très-petit nombre ; la cérufe , ou quelqu'autre préparation de plomb leur fert toujours de fondant. jLe plomb fe révivifie , c'eft-à-dire> SUR DIFFÉRENTS SuJETS. ipt reprend fa forme métallique fort aifé* ment ; alors il noircit èc gâte les cou- leurs : ces couleurs s'étendent , & font des traits qui ne font ni déliés, ni ter- minés. On voit bien que je ne parle ici que des couleurs qui fe mettent fur la porcelaine après qu'elle a reçu fon vernis & fa cuiiTon entiere ; car pour celle que les Chinois mettent fur le crud, en mettant le vernis par defllis, il eft impolïible d'en former des deiTeins tant foit peu correéis. On croit donc qu'il vaut mieux aban- donner tout-à-fait les couleurs dont fe fervent les Chinois , pour y fubftituer celles que l'on emploie pour peindre fur l'Émail. Comme ces couleurs font expofées à fupporter un feu très-fort, on ne peut y employer que les ma- tieres dont la couleur ne peut être en- levée par la force du feu ; il faut donc renoncer à toutes les couleurs tirées des végétaux & des animaux , pour s'en tenir uniquement à celles que peuvent fournir les terres & les pierres, qui con- fervent leur couleur après la calcination ; mais comme celles-ci ne font colorées Qiv ■1 p 2 Mémoires que par le moyen des métaux , la chaux des métaux, ou ce qui eft la même chofe, les métaux privés de leur giftique phlo- par la calcination, fourniíTent la feuîe matière que Ton puiiTe employer avec fuccès ; d'autant plus que les terres & les pierres donnent leurs toujours des coiv plus ternes & plus (aies , à caufe de la grande quantité de terre contiennent. qu'elles On trouvera ces manipulations dér crites fort au long dans mon Traité de la Peinture en Émail. On peut être aíTuré que toutes les couleurs qui réulHíTent dans cette peinture , réuiïiront ment bien égale- dans celle de la porcelaine ; on y verra que l'on emploie cipes de pour prin^- ne point fe fervir de couleurs déjà vitrifiées, comme les verres colo- rés, les pains d'émaux , &c. & que l'on exclut pareillement toutes les fitions. où compo- il entre du plomb r les raifons que l'on y rapporte pour bannir ces couleurs de la peinture en émail, fub- fiftent également pour les exclure de la peinture fur la porcelaine ; on y verra que l'étain donne les blancs pour éclair- cir & íehauíTer toutes les autres couleurs. îj SUR DIFFÉRENTS SuJETS. ip'J qnc l'or donne les pourpres, les gris de lin, les violets & les bruns ; & que l'on tire du fer les vermillions, les mar- rons, les olives & les bruns ; que le cobalt fournit les bleus & les gris i que le jaune de Naples donne le jaune, & que le mélange du blanc & du rouge fait les couleurs de rofe ; que le me- lange du bleu, du rouge & du jaune , fait toutes les trois couleurs. On voit par- là que l'on eft en état de peindre fur la porcelaine avec une palette garnie d'un aufli grand nombre de couleurs que celles d'un peintre à l'huile. Il y a cependant une-remarque eiTen- tielle à faire qui apporte une efpece de différence, entre la peinture fur la porcelaine Se la peinture fur l'émail. Pour tranfporter la couleur des métaux , ou plutôt celle de leurs chaux fur l'émail, on eft obligé dé joindre à la chaux de ces métaux un verre , qu'on appelle fondant, qui par fa fuiîon vitrifie les couleurs & les fait pénétrer dans Té- mail. Pour que les couleurs puiffent pénétrer dans l'émail fur lequel on peint, on fent qu'il néceffaire que l'émail corn- menee à entrer en fufion lorfque ip iP4 Mémoires cojáéurs y font déjà , parce que les couleursrefteroient de relief fur l'émail, s'il n'entroit point en fonte î il faut donc qu'il fe trouve une proportion dans la facilité à fondre entre l'émail fur lequel on peint, & le fondant que l'on mêle avec les couleurs. On voit aifément que la, même pro- portion dans la facilité à fondre, doit le trouver entre la couverte de la celaine por- fur laquelle on & le fon- dant peint, qu'on aura mêlé avec les couleurs ; & la couverte de la porcelaine étant beaucoup plus difficile à mettre en fujfîon qué l'émail , on doit dans employer les couleurs à peindre fur la por- celaine , un fondant moins facile beaucoup à mettre en fufion , que dans celles à peindre en émail ; ce qui dé- pend d'employer moins de de falpêtre & borax dans la compofition du fon- dant. Comme on ne doit point em- ployer de plomb dans la du compofition fondant, il eft plus facile d'en faire un qui foit dur à fondre, que de faire celui qui eft propre à la peinture en émail, à caufe de la quantité des fels qu'on eft obligé de mettre dans ce der- SUR DIFFÉRENTS SujETS. nier, qui , à moins que ce verre ne foit bien fait, s'y font fentir, & gâtent les couleurs. ■ La principale qualité du verre qui fervira de fondant, eft d'être blanc , & qu'il ne foit point entré de préparation de plomb dans fa compoiition , comme la cérufe, le minium , la litharge , &c. Pour ce qui eft du plus au moins de facilité qu'il doit avoir à entrer en fu- lion , il faut qu'elle foit proportionnée à celle de la couverte de la porcelaine, c'eft-à-dire que la couverte ne foit , point aÎTez dure à fondre , pour que la fufion du verre qui fert de fondant, n'entraîne pas la fienne dans les endroits où les couleurs font appliquées, On peut donc eifayer de fe fervir des verres blancs de différents degrés de fuiîbilité, pour s'arrêter à celui qui fe trouvera convenir au degré de fufibilité de la couverte. Le verre dont on fait les tuyaux des baròmetres, eft le plus facile à mettre en fufion ; celui des. glaces vient après , & enfuite celui des cryftaux de Boheme , &c. On ne doit point craindre que la force du feu néceiTaire pour mettre ces t^6 Mémoires verres en fonte emporte les couleurs ; cel» les dont on vient de parler font toutes fi- xes, & y relieront : il n'y a que les cou- leurs tirées du fer , dont jufqu'à préfent l'ufagè a été très-difficile à caufe de leur volatilité au feu ; mais il fera aifé de voir dans le Traité de la Peinture en Émail, qu'en tenant les fafrans de mars expofés au grand feu pendant deux heures, avec le double de leur poids de fel marin, & les edulcorants enfuite, on les rend tout auiïi fixes que toutes les autres couleurs. La proportion du fondant à mettre avec íes chaux des métaux, eft la même que celle de la Peinture en Émailc'eft- à-dire, prefque toujours en poids trois parties du fondant fur une partie de couleur ; iî l'on s'apperçoit que quel- qu'une de ces couleurs ne de prît pas la forte le luifant qu'elle doit avoir ^ on en feroit quitte pour ajouter quel- ques parties de fondant de plus ; par exemple , les couleurs tirées de l'or exigent jufqu'à fix parties de fondant. Ces couleurs s'emploient facilement au pinceau avec la gomme ou l'huile eiTentielle de Lavande , avec la précau- tion,íÍròns'eft fervi d'huile eifentiellede SUR DIFFÉRENTS SuJETS. Ip7 Lavande , d'expofer les pieces peintes à un très-petit feu , jufqu'à ce que l'huile foit totalement évaporée, avant de les enfourner. Ou ne parlera point des couleurs qui fe mettent fous la couverte ; quant à celles que l'on place fur le crud, ve- nant à s'emboire, on ne peut former avec elles aucun deifein correét. Elles ne feroient donc propres qu'à employer à faire des fonds d'une feule couleur, & en ce cas ü vaut mieux mêler la chaux des métaux avec la matière de la couverte, & tremper les vafes de- dans. Il réfulte de tout ce que l'on vient de dire, que les porcelaines dans lef- quelles on emploie la fritte, font les plus mauvaifes de toutes, & qu'on ne. doit jamais chercher à en faire fur ce principe : par conféquent qu'il ne faut employer aucuns fels pour mettre en fufion les matières qui doivent com- pofer la porcelaine. Que le fpath fufible eft le principal agent pour la liaifon des terres que l'on doit employer dans la porcelaine puifque le petuntfé eft une pierre corn- ipg Mémoires pofée de fpath, d'argille Se de fable, qui jointe à une terre ondueufe, fait la porcelaine de la Chine î & que celle de Saxe eft compofée fur les mêmes principes, avec cette différence feule- ment que le petuntfé eft déjà compo- fé d'une partie de ces matières par la nature , & que dans la porcelaine de Saxe on eft obligé de la faire des mêmes différentes matières féparées que l'on raffemble ; ce qui fait voir que les com- binaifons faites par la nature même,font fupérieures à celles qui font faites par la main des hommes. Quant à ce que l'on appelle l'émail ou la couverte , il ne falloir jamais chercher à la faire avec une vitrifica- tion toute faite, mais il falloit que la vitrification ne fe fît que fur la porce- laine même ; que l'on n'employât jamais de métaux comme les préparations de plomb ou d'étain dans la couverte ; on a vu qu'il entroit du fpath dans celle de la Chine , puifqu'il y entroit du petuntfé, qui eft une pierre fpathique ; qu'il y avoit toute apparence que le fpath en- troit aufîî pour beaucoup dans la cou- verte de la porcelaine de Saxe, & même, X SUR DIFFÉRENTS SujETS. ipp pour davantage que dans la de porcelaine la Chine , puifque la force du feu ne la faifoit pas couler comme celle de la Chine. Pour ce qui regarde les couleurs, on a vu qu'il ne falloir jamais employer des verres'colorés tout faits, & fur-tout ceux dans lefquels le plomb étoit entré , les pains d'émaux, &c ; mais que la vitrification des couleurs fe fît fur la couverte en la pénétrant. 2o0 Mémoires MÉMOIRE Sur le Stuc, î j e ftuc ou le marbre faâice eft une compoiîtion dont le plâtre fait toute la bafe. La dureté qu'on fait lui don- ner, les différentes couleurs que l'on y mêle 5 & le poli dont il eft íufceptible le rendent propre à repréfenter pref- que au naturel les marbres les plus pré- cieux. La dureté que le plâtre peut acqué- rir étant la qualité la plus eiTentielle à cet art , c'eft aufli la premiere à la- quelle les ouvriers doivent s'appliquer. Elle dépend abfolument du degré de la calcination que l'on doit donner au plâtre ; & comme la pierre qui le pro- duit eft fufceptible de quelques petites différences dans fa qualité intrinfeque , fuivant les différents pays où elle fe rencontre, il faut tâtonner & étudier le degré de calcination qu'il faut lui donner, pour que le plâtre qui en vien- SUR DIFFÉRENTS SujETS. 201 dra, prenne le plus de dureté grand degré qu'il eft poíïible ; on ne donner ici de peut notions fur cette méthode qu'en ce qui regarde le plâtre de Paris ce fera ; l'affaire des ouvriers de calciner d'effayer plus ou moins les gypfeufes des pierres autres pays, afin de trou- ver le plus grand degré de dureté où l'on puiffe porter le duiront. plâtre qu'elles pro- On caffe les pierres à plâtre de Paris avec des marteaux , en morceaux à peu près gros comme un petit œuf, ou comme une groiïe noix. On enfourne ces morceaux dans un four que l'on fait chauffer, comme fi l'on vouloir cuire du y pain ; on bouche l'ouverture du four. Quelques bouche temps après on dé- le four pour en tirer un ou deux petits morceaux de l'on caffe plâtre que avec un marteau ; fi l'on perçoit que la s'ap- calcination a qu'au pénétré juf- centre du petit morceau, de façon cependant qu'on y remarque encore quelques points brillants, c'eft une mar- que que la calcination eft à fon de perfeélion point , & alors on retire du four promptement tout le Fank plâtre IL par B Ù.02 Mémoires le moyen du rabie. Si dans la caÎTure on remarquoit beaucoup de brillants, ou qu'on n'en remarquât point du tout ^ ce feroit une preuve dans le premier cas que la pierre ne feroit point aflez , calcinée ; dans le fécond cas qu'elle le feroit trop. Quoique le plâtre devienne très-dur lorfqu'il efl: calciné à fon point, la fur- face fe trouve cependant remplie d'une infinité de pores, & les grains font trop faciles à s'en détacher pour qu'il puiiïe prendre le poli comrne le marbre. C'eft pour remédier à cet inconvénient, que l'on prend le parti de détremper le plâtre avec de l'eau dans laquelle on fait diifoudre de la colle , qui rempliffant les pores , & attachant les grains les uns aux autres, permet que , pour ainfi dire, on puilTe uier & emporter la moitié de chaque grain, ce qui forme le poli. Cette colle eft ordinairement de la colle de Flandre ; il y en a qui y me- lent de la colle de poiiïbn , même de la gomme arabique. C'eft avec cette eau chaude collée,que l'on détrempe le plâtre ; mais comme le peu de iblidité du plâtre, fur-tout lorfqu'il n'eft point SUR DIFFÉRENTS SujETS. 20^ appuyé y demande qu'on donne une certaine épaiiTeur aux ouvrages; pour diminuer la dépenfe, on fait le corps de l'ouvrage ou le noyau avec du plâtre ordinaire , & on le couvre avec la compofition de plâtre dont on vient de parler , en lui donnant une ligne & demie ou deux lignes d'épaiiîeur. Lorfque l'ouvrage eft fuffifamment fee , on travaille à le polir , à peu de près la même façon que le véritable mar- bre. On emploie ordinairement une ef- pece de pierre qui eft aífez difficile trouver. C'eft une forte de cos ou pierre à aiguifer , qui a des grains plus fins que ceux du grès , & qui ne fe détachent pas iî facilement de la pierre ; la pierre de ponce peut aufli y fervir. On frotte l'ouvrage avec la pierre d'une main, & on tient de l'autre une éponge im- bibée d'eau, avec laquelle on nettoie continuellement l'endroit que l'on vient de frotter , afin d'ôter par le lavage à chaque inftant ce qui a été emporté de la furface de l'ouvrage ; pour cet effet , il faut laver l'éponge de temps en temps, & la tenir toujours remplie d'eau fraîche, Rij 204 Mémoires On frotte enfuite avec un tampon linge , de l'eau , de la craie ou du tri- poli. On fubilitue à cçla du charbon de faule , broyé & paÎTé très-fin ^ ou même des morceaux de charbons en:- tiers, pour mieux atteindre le fond des moulures, en employant toujours l'eau avec l'éponge qui en eft imbibée. On finit par frotter l'ouvrage avec un mor- ceau de chapeau imbibé d'huile & de tripoli en poudre très-fine ; Òc enfin avec le morceau de chapeau imbibé d'huile feule. ' Lorfqu'on veut un fond de couleur, il fuffit de délayer la couleur dans de l'eau de colle, avant de s'en fervir à délayer le plâtre. Il femble qu'on pourroit ajufter les pierres à polir, dont on vient de parler, à des morceaux de bois faits en façon de varlopes ou d'autres outils de Me- nuifier ; les furfaces de l'ouvrage en feroient mieux dreifées , & les moulures plus exaéles ; mais il faut fe fouvenir de laver toujours à mefure que l'on frotte. Lorfqu'on veut imiter un marbre queh çonque , on détrempe avec l'eau collée SUR DIFFÉRENTS SujETS. cliaude , dans 20^ différents petits pots, les couleurs qui fe rencontrent dans ce marbre ; on délaye avec chacune de ces couleurs un peu de plâtre ; on fait une galette à peu près grande comme la main- , de chaque couleur ; on met toutes ces galettes alternativement l'une fur l'autre, en mettant celles dont la cou- leur eft dominante en bre plus grand nom- ou plus épaiffes. On tourne fur le côté ces galettes qui étoient fur le arrangées plat ; on les coupe par tran- ches dans cette lîtuation , & on les étend enfuite promptement fur le de l'ouvrage, noyau où on les applatit. C'eft par ce moyen que l'on vient à bout de repréfenter le deffein bizare des différentes couleurs dont les mar- bres font pénétrés. Si l'on veut imiter les marbres qu'on appelle des breches, on met dans la compofition de ces lettes, ga- lorfqu'on les étend fur le des noyau, morceaux de différentes de plâtre groffeurs délayé avec la couleur de la breche ; & ces morceaux venant à être Ialpplatis,repxéfentent très-bien la breche. faut remarquer que. dans toutes ces- opérations l'eau çoUée doit être un peu o.o6 Mémoires chaude, fans quoi le plâtre prendroit trop vite , & ne donneroit pas le temps de manœuvrer» Si c'eil fur un fond de couleur que l'on veut repréfenter des objets, comme des forets , des payfages des rochers , j ou même des vafes, des fruits & des fleurs , il faut les defliner fur du papier, piquer enfuite les contours des figures du deifein, les appliquer fur le fond, après qu'il aura été prefque achevé de polir, & les poncer avec une poudre d'une couleur différente du fond, c'eft- à-dire, du noir fi le fond eft blanc, & du blanc fi le fond eft noir. On arrête enfuite tous les contours mar- qués par le poncif, en les traçant plus profondément avec la pointe d'une alêne dont fe fervent les Cordonniers ; après quoi, avec plufieurs alênes dont on aura rompu les pointes; poûr, en les aiguifant fur une meule en former de , petits cifeaux , on enlevera propre- ment toute la partie du fond qui fe trouve renfermée dans les contours du deifein qui eft tracé ; ce qui formera fur le fond des cavités à peu près d'une demi-ligne de profondeur. SUR DIFFÉRENTS SuJETS. 207 Lorfque tout ce qui eft contenu dans l'intérieur des contours du deiTein , fera ainiî champlevé ; on aura plufieurs pe- tits pots ou gobelets , dans lefquels on tiendra fur du fable ou de la cendre chaude de l'eau collée, dans laquelle on aura délayé différentes couleurs j on mettra un peu de plâtre dans la paume de la main, que l'on colorera plus ou moins , en y mêlant plus ou mains de cette eau colorée ; on remuera bien le tout fur la paume de la main avec un couteau à couleurs dont les peintres fe fervent, jufqu'à ce que l'on s'apperçoive qu'il commence à prendre un peu de confiftance ; alors on en prendra avec le couteau la quantité que l'on jugera à propos, que l'on placera dans un côté de l'intérieur du creux de la f^ure que l'on veut repréfenter, en preflant avec le couteau , & unifiant par deifus, la partie du plâtre coloré que l'on vient de mettre & qui touche les contours de la figure. On détrempera enfuite promptement dans la main un autre plâtre coloré > mais d'une nuance plus claire, qu'on placera dans le même creux , à côté ¿oS , Mémoires de celui qu'on vient de mettre ; on aura quatre ou cinq aiguilles enfoncées pa- rallélement par la tête au bout d'un petit bâton, comme les dents d'un pei- gne , avec lefquelles on muelera un peu la derniere couleur avec celle qu'on a pofée la premiere, afin que l'on n'ap- perçoive pas le paflage d'une nuance à l'autre , &c que la dégradation en foit obfervée ; on continuera à pofer ainfi des nuances plus claires du côté de la lumiere , jufqu'à ce que le creux de la figure que l'on veut repréfenter, foit exaftement rempli. Après on applatira légèrement le tout avec le couteau, & on le laiiTera fécher. Si ron s'apperçoit, après avoir poli, que les nuances ne foient pas bien ob- fervées dans quelque endroit, on pourra, avec une pointe , faire des hachures dans cet endroit , & faire entrer de- dans un plâtre coloré plus en brun & fort liquide ; il faut que ces hachures foient aiTez profondes pour ne pouvoir être tout-à-fait emportées par le poli qu'on fera obligé de donner fur tout l'ouvrage. On fe fert de cette derniere inancieuvïe pour découper les feuilles des SUR DIFFÉRENTS SUJETS. des arbres & celles des 20p &c. En plantes , général les figures indéterminées, comme les ruines, les rochers, les ca- vernes, &c. réuífiíTent toujours beau- coup mieux dans cette dre façon de j que des pein- figures qui demandent de l'exaélitude dans les nuances, & de la correélion dans le deiTein. On polit les peintures de la même façon qu'on l'a dit pour les fonds ; & fi l'on fe s'apperçoit en foit formé poliiïànt, qu'il quelques les petits trous , on remplit avec du très-clair plâtre délayé avec de l'eau collée , & de la même couleur. Il eft même d'ufage , avant d'employer l'huile pour le de paifer teinte poli, une générale de coloré & d'eau plâtre collée très-claire , fur toute la furface , pour boucher tous les petits trous. Il faut choifir pour toutes ces rations le meilleur opé- plâtre & le plus fin celui ; qui eft mériter tranfparent paroît devoir la préférence. Pour les couleurs, toutes celles Von emploie dans que la à fref- gae , y font peinture Comme propres. il doit Pitrrie paroître II. fingulier que S * 210 Mémoires dans cette façon de peindre , on ait preferit de fe fervir de la paume de la main pour palette, en voici la raifon. Lorfqu'on détrempe le plâtre avec l'eau de colle colorée, on eft obligé de mettre une certaine quantité d'eau qui s'écouleroit ii on la mettoit fur une palette ; au lieu que l'on forme un creux dans la main qui la contient, & qu'en écendant les doigts à mefure que le plâtre vient à reprendre , cette fin- guliere palette, qui étoit creufe d'abord, devient plate quand il le faut. On pour- roit ajouter à cela que la chaleur de la main empêche le plâtre de prendre trop vite. SUR DIFFÉRENTS SujETS. 121 MEMOIRE Sur les Pierres gravées faSlices, o ICI la faire des manipulation ufitëe prend pierres pour du faélices. blanc gravées On qui fe Épiciers trouve chez les Droguiftes en appellent blanc gros pains , qu'ils ou de on l'humeéle d'Efpagne Rouen, avec de pétrit Teau» & on le pour le former en peu près de la coniîftance gâteau , à la mie de fe trouve pain que frais entre les doigts lorfqu'on la pétrit ; on humedé emplit de ce blanc un anneau trois de fer de lignes deux ou qui & du conviendt 'épaiiTeur , à diàmetre la mouler iî pierre l'on ; l'on que veut ne veut ger des faire for- anneaux de pas fer qui fe trouvent exprès , ceux tout féaux fait dans font les ci- j foin de très-propres ; on n'a be- que les en lime. On détacher avec la dans emplit de cette lequel pâte l'anneau on la preiTe avec le doigt ; ziz Mémoires on met enfuite deiïus une couche de tripoli en poudre feche , au moins aiïèz fuffire au relief que l'on veut tirer. pour On fe fert pour cela d'un couteau à couleur, pareil à ceux des Peintres ; on preiTe légèrement le tripoli avec le & on met deiïus, du côté couteau ; de la gravure la , pierre que l'on veut mouler ^ fur laquelle on appuie forte- ment avec le pouce^ ou pour mieux faire tel encore, avec un morceau de bois que le manche d'un outil. Il eil eifentiel alors de foulever un tout de fuite, la pierre par un coin peu, enchâiîee avec la pointe d'une aiguille dans un petit manche de bois ; & après la l'avoir laiiïee encore un inftant, on fera fauter totalement de deiTus fon empreinte avec la pointe de l'aiguille, ou on l'en détachera en prenant le moule avec les deux doigts , èc en le ren- verfant brufquement. Il faut beaucoup d'adreiTe & d'ufage pour bien faire cette derniere opération. Si la pierre ne refte pas affezlong-temps furie moule après avoir appuyé deiïus , & qu'on vienne à l'en faire fauter avant que l'humidité de la pâte du blanc d'Ef- SUR DIFFÉRENTS SujETS. pagne ait atteint la furface du tripoli, le renverfement de la pierre caufera du dérangement dans rempreinte;iî la pierre refte trop long-temps fur le moule après avoir appuyé deiTus, l'humidité de la pâte du blanc d'Efpagne gagne tout-à- fait les creux de la gravure , dans lef- quels il refte infailliblement des parties de tripoli. II faut donc, pour réuflir, que le renverfement de la pierre fe faiTe dans le moment où l'humidité de la pâte du blanc d'Efpagne vient d'at- teindre la furface du tripoli qui touche à toute la furface de la gravure de la pierre que l'on veut mouler. Si l'on ne faiftt pas ce moment, on manque une infinité d'empreintes ; il y a même des pierres que la profondeur de la gravure rend fi difficiles à cet égard, qu'on eft obligé, après les avoir imprimées fur le tripoli, de- les laiiTer en cet état jufqu'à ce que le tout foit parfaitement fee, avant que de tenter de féparer la pierre de l'empreinte : quoique cette pratique foit plus sûre, il faut cependant convenir qu'elle ne laiiTe pas l'empreinte auffi parfaite que l'autre quand elle eft bien exécutée. S iij 5T4 Mémoires Le choix du tripoli eil encore une chofe de la derniere importance. M, Homberg, dans le Mémoire qu'il a donné parmi ceux de l'Académie des Sciences, en J712 , veut que l'on fe ferve de tripoli de Venife , qui eft ordinairement jaune ; mais il s'en trouve en France de rougeâtre qui fait le même effet. Il faut feulement le choiiîr tendre & doux au toucher comme du velours, en rejettant tout celui qui feroit dur, & qui contiendroit du fable. Il ne faut pas tenter d'enôter le fable par les lava- ges j on en ôteroit en même-temps une onduoiité qui fait que lorfqu'on le fes preife, parties fe Joignent & fe collent cnfemble , & par ce moyen en font une furface auflî polie que celle du corps avec lequel on le preife. H faut donc fe contenter, après avoir pailé le tri- poli par un tamis de foie très-fin,de le broyer encore dans un mortier de verre ou de porcelaine, avec un pilon de verre , fans le mouiller. Le renverfement de la pierre que l'on vient d'imprimer , étant fait , il faut en confîdérer atttentivement la gravure , pour voir s'il n'y feroit pas rçfté queb» SUR DIFFÉRENTS SüJÉTS. ûljT ques petites parties du tripoli ; dans lequel cas, comme ces parties manque» roient à l'empreinte, il faut recommen- cer l'operation en remettant de nouveau bla:nc d'Efpagne dans l'anneau, & de nouveau tripoli delTus. Lorfque l'on eft content de l'em- preinte on la met fécher , 5 & quand elle eft parfaitement feche, on peut, avec un canif, égalifer un peu le tri- poli qui déborde l'empreinte, en pre- nant bien garde qu'il n en tombe pas fur l'empreinte. Lorfqu'on fera aiTuré que l'empreinte eft bien faite, & le moule bien fee , on choifîra le morceau de verre ou de compoiîtion fur lequel on veut tirer l'empreinte ; plus les verres feront durs à fondre , plus le poli de l'empreinte fera beau. On taillera le morceau de verre de la grandeur convenable en fégrugeant avec des petites pinces, & on le pofera fur le moule , enforte que le verre ne touche en aucun endroit la figure imprimée , qu'il pourroit gâter par fon poids. On aura un petit fourneau pareil à ceux dont fe fervent les Peintres en S iv !21S M ¿MOIRES émail ; fous lequel il aura une moufle y ; on aura eu foin de ce fourneau de remplir charbons de bois, de façon que la' moufle en foit environ- née deflus, deflbus, & par fes côtés. Lorfque le charbon fera bien al- lumé , ôc la moufle très-rouge , on mettra le moule , garni du morceau de verre fur lequel on veut tirer l'em- preinte, fur une plaque de tôle , ôc on l'approchera ainiî par degrés de l'en- trée de la moufle, au fond de le laquelle on portera tout-à-fait lorfqu'on le Jugera aiTez chaud pour que la chaleur faiTe grande ne pas caifer le morceau de verre ; on bouchera alors l'entrée de la moufle avec un gros charbon rouge, de façon cependant qu'il fe trouve un petit intervalle par ou puiffe obferver lequel le verre. Lorfque le verre paroîtra luifant j & que fes an- gles commenceront à s'émoufler , on retirera d'une main avec des la plaque de tôle pincettes , & avec l'autre fur le bord main, même du fourneau , fans perdre de temps , on preiTera fortement le verre avec un morceau de fer plat que l'on aura tenu chaud, SUR DIFFÉRENTS SuJETS. 217 L 'impreiïîon étant finie , on laiiTera le tout à l'entrée du fourneau , afin que le verre refroidiiTe par degrés, fans quoi il feroit fujet à cafler. Si l'on veut copier en creux une pierre qui eil en relief, ou en relief une pierre qui eft en creux , il faut en prendre une empreinte exaéle avec de la cire d'Efpagne, ou avec du fou- fre fondu avec un peu de minium. Il faut abattre avec un canif 3c une lime ce qui aura débordé l'empreinte, 3c on fe fervira de cette empreinte de cire d'Efpagne ou de foufre, pour imprimer fur le tripoli. Comme par le procédé que l'on vient de donner, on voit que l'on ne peut avoir que des pierres d'une couleur, on va donner cekii qu'il faut fuivre pour imiter les variétés 3c les différents ac- cidents que l'on a dans les camées. Les agate-onyx dont on forme les camées , étant compofées de couches de différentes couleurs, 3c n'étant point tranfparentes , on a pris, pour les imi- ter, des morceaux du verre coloré dont on fe fervoit pour faire les vitres des Églifes ; on a rendu ces verres opa- atS Mémoires ques en les ftratifiant dans un cieufet avec de la chaux éteinte à l'air , du plâ- tre ou du blanc d'Efpagne, c'eft-à-dire, en mettant alternativement un lit de chaux ou de plâtre , & un lit de verre ; en expofant ce creufet au feu augmenté par degrés pendant trois heures , & finiiTant par un feu aflfez fort, ces verres deviennent opaques en confervant leurs couleurs ; & ceux qui n'en avoient point deviennent d'un blanc de lait comme l'émail ou la porcelaine. Si le feu a été bien ménagé dans le commencement, & qu'on ne l'ait point pouiTé trop fort fur la fin, ces verres opaques font encore fufceptibles d'en- trer en fonte à un plus grand feu ; on peut donc fonder les uns fur les autres ceux de différentes couleurs , & par ce moyen imiter les lits de différentes cou- leurs que l'on rencontre dans les agate- onyx. On rencontre même dans les vi- traux peints des anciennes Églifes, des morceaux de verre dans lefquels la couleur n'a pénétré qu'à la moitié de leur épaiifeur ; les pourpres ou cou- leur de vinaigre font tous dans cé cas , ainfi que plufieurs bleus ; lorfque ces SUR DIFFÉRENTS SujETS. 2Ip verres font devenus opaques, ainii qu'on l'a dit, la partie qui n'a point été pé^ nétrée de la couleur, fe trouve blan» che , & forme avec celle qui étoit co- loriée deux lits dijfférents, comme on. en voit dans les agate-onyx ; lorfqu'on ne veut point fonder enfemble des verres de différentes couleurs, il faut travail- 1er fur ceux-là. Avant que de fe fervir de ces verres qui ont des couches de différentes couleurs : il faut les faire paffer fur la roue du lapidaire , & man- ger de la furface blanche qui eft def- tinée à repréfenter les figures du relief du camée , jufqu'à ce qu'elle foit réduite à une épaiffeur plus mince , s'il eft pof- fible , qu'une feuille de papier. On pofe ce verre du côté de la fur- face blanche que l'on a rendue fi mince fur le modele dans lequel eft l'empreinte de la gravure qu'on veut imiter ; on le fait chauffer dans la moufle, & on l'imprime de la maniere que l'on a dit ci-devant. Les verres que l'on a rendus opaques en fuivant le procédé ci-deffus, étant alors fufceptibles d'être travaillés au touret, on y applique la pierre dont 220 mémoires on vient de parler ; & avec les mcmes outils dont on fe fert pour la gravure en pierres fines , on enleve aifément tout le blanc du champ qui déborde le relief, & les figures paroiiTent alors ifolées fur uri champ d'une couleur différente comme dans les camées. Si l'on ne vouloit imiter qu'une fim- pie tête, qui ne fût pas trop difficile à chantourner , on pourroit fe con- tenter, après avoir moulé cette tête , de l'imprimer enfuite fur un morceau de verre opaque blanc. On feroit enfuite paffer ce verre imprimé fur la roue du lapidaire, Se on l'uferoit par derrière avec de l'é- mail & de l'eau, jufqu'à ce que toute la partie qui fait un champ à la tête, fe trouvât détruite, & qu'il ne refiat abfolument que le relief. S'il fe trouve après cette opération qu'il foit encore demeuré quelque petite partie du champ, on l'enleve avec la lime ou avec la pointe des cifeaux -, on applique cette tête ainfi découpée avec foin fur un mor- ceau de verre opaque d'une couleur différente ; on l'y colle avec de la gomme ; & quand elle y eft bien adhérente , on SUR DIFFÉRENTS SüJETS. 221 pofe le verre du côté de la tête fur un moule garni de tripoli, & on l'y preiTe comme iî on l'y vouloir mou- 1er ; mais au lieu de l'en retirer, comme on fait quand on prend une empreinte , on laiiTe fécher le moule toujours cou- vert de fon morceau de verre ; & lorf- qu'il eft fee, on l'enfourne fous la mou- fie , & on le prefle avec la fpatule de de fer lorfqu'il eft en fufton , ainiî qu'il a été expliqué ci-devant. La gomme qui attachoit la tête fur le fond, fe brûle ; ainiî les deux morceaux de verre, celui qui forme le relief, & celui qui lui doit fervir de champ, n'étant plus féparés , s'miiiTent étroitement en fe fondant, fans qu'on puiiTe craindre que dans cette fonte le relief puiife fouiFrir la moindre altération , puifque le tri- poli, en l'enveloppant de toutes parts, lui fert comme d'une chape, & ne lui permet pas de s'écarter. Si l'on vouloir que quelques parties du relief, comme les cheveux , fuifent d'une couleur dif- férente, il fuifit d'y mettre au bout d'un tube de verre un atome d'une diifolution d'argent par l'efprit de nitre, êc faire enfuite chauffer la pierre fous 222 Mémoires la moufle , jufqu'à ce qu'elle foit très- chaude fans rougir. II faut feulement prendre garde que la vapeur de l'efprit de nitre ne colore le refte de la figure. Les verres tirés des anciens vitraux peints des Eglifes , font ce qu'il y a de meilleur pour faire ces efpeces de ca- mées : il eíl vrai qu'ils ont befoin d'un très-grand feu pour les mettre en fonte y quand ils ont été rendus opaques comme on l'a dit ; mais ils prennent un très-beau poli, & ne font pas plus fufceptibles d'être rayés que les vérita- bles agates. sur DIFFÉRENTS SujETS. 22^ M É M OIRE Sur la maniere d^oter les Tableaux de dejjus leur vieille toile 5 de les remettre fur une neuve ^ ù' de raccommoder les endroits enlevés ou gâtés. Il faut commencer par ôter le ta- bleau de fon cadre , & l'attacher en- fuite fur une table extrêmement unie, le côté de la peinture en deflus , en prenant bien garde qu'il foit bien tendu, & ne faÎTe aucuns plis. Après cette pré- paration, vous donnerez fur tout votre tableau une couche de colle forte, fur laquelle vous appliquerez à mefure des feuilles de grand papier blanc, le plus fort que vous pourez trouver ; & vous aurez foin, avec une molette à broyer les couleurs, de bien preifer, & éten- dre votre papier , afin qu'il ne faife aucun pli 5 & qu'il s'attache bien éga- lement par-tout à la peinture. Laiilez fécher le tout, après quoi vous déclou- ¿624 Mémoires rez le tableau, & le retournerez, la peinture en deiTous & la toile en def- fus, fans l'attacher ; pour lors vous aurez une éponge , que vous mouille- rez dans de l'eau tiede , avec laquelle vous imbiberez petit à petit toute la toile, eiïàyant de temps en temps fur les bords , ii la toile ne commence pas à s'enlever & à quitter la peinture. Alors vous détacherez avec foin tout le long d'un des côtés du tableau, & replierez ee qui fera détaché, comme pour le rouler , parce qu'enfuite en pouííànt doucement avec les deux mains, toute la toile fe détachera en roulant. Cela fait avec votre éponge & de l'eau , vous laverez bien le derrière de la peinture , jufqu'à ce que toute l'an- cienne colle, ou à peu près, en foit en- levée ; vous obferverez dans cette opé- ration que cette éponge ne foit jamais trop remplie d'eau , parce qu'il pourroit en couler par deiïbus la peinture, qui détacheroit la colle qui tient le papier que vous avez mis d'abord. Tout cela fait avec foin , vous donnerez une cou- che de votre colle, ou de l'apprêt or- dinaire dont on fe fert pour apprêter les SUR DIFFÉRENTS SujETS. les 22^ toiles fur lefquelles on peint , fur l'envers de votre peinture ainiî bien nettoyée ; & fur le champ vous y éten- dre2 une toile neuve, que vous aurez foin de laiiTer plus grande qu'il ne faut, afin de pouvoir la clouer par les bords, pour l'étendre de façon qu'elle ne faiTe aucun pli; après quoi avec votre mo- lette vous preiferez légèrement en frot- tant pour faire prendre la toile égale- ment par-tout,ôc vous la laiiferez fécher ; enfuite vous donnerez par deifus la toile •une fécondé couche de colle par partie & petit à petit, ayant foin , à mefure que vous coucherez une partie , de la frotter ôc étendre avec votre molette, pour faire entrer la colle dans la toile, & même dans la peinture , & pour écra- fer les fils de la toile ; le tableau étant fee , vous le détacherez de deifus la table , & le reclouerez fur fon cadre ; après quoi, avec une éponge & de l'eau tiede vous imbiberez bien vos papiers pour les ôter ; après qu'ils feront ôtés, vous laverez bien pour enlever toute la coUe & nettoyer toute la peinture ; enfuite vous donnerez fur le tableau une couche d'huile de uoix toute pure 5 Partie II, T T ■226 Mémoires &: le laiíTerez fécher pour mettre en- fuite le blanc d'œuf. REMARQUES. Lorsque les tableaux que l'on veut changer de toiles fe trouvent écaillés, crevaiTés, ou avoir des ampoules, il faut avoir foin, fur les endroits défeélueux, de coller des feuilles de papier l'une fur l'autre pour foutenir ces endroits, & les empêcher de fe fendre davantage, ou de fe déchirer dans l'opération ; & après avoir remis la toile neuve ,-on rajuftera ces défauts de la maniere fui- vante. Ceux que l'on change de toile fe trouvent raccommodés par l'opéra- tion même ; mais iî la toile eil: bonne, & qu'on ne veuille pas la changer, on fait ce qui fuit. Il faut, avec un pinceau, mettre de la colle forte tiede fur les ampoules , cnfuite percer des petits trous avec une épingle dans lefdits ampoules, & tâcher que la colle les pénétre de façon à pailhr delTous. Il faut après cela eiTuyer légé- rement ladite colle autre , & avec un pinceau paiTer fur les ampoules feule- ment un peu d'huile de lin ; après quoi É SUR DIFFÉRENTS SuJETS. 227 on aura un -fer chaud , fur lequel on paiTera une éponge ou linge mouillé , jufqu à ce qu'il ne frémiiTe plus ( crainte qu'il ne fût trop chaud ) ; alors on pouf- fera ledit fer fur les ampoules, ce qui les rattachera à la toile , & ôtera tout-à- fait. Il faut cependant remarquer qu'après avoir ôté ces ampoules , il eft néceífaire de mettre par derrière une fécondé toile pour maintenir l'ancienne, & empêcher que les ampoules ne viennent à fe for-' mer de nouveau ; en voici la maniere. Il faut mettre d'abord fur l'ancienne toile une couche de colle forte tout le long des bords le long du cadre , Se rien dans le milieu ; après quoi on ap- pliquera la fécondé toile qu'on fera prendre en paifant la rnolette légère- ment deifus ; on clouera enfuite le ta- bleau fur la table, & on couchera de la colle par parties, que l'on preifera & étendra avec la molette , comme pour changer les tableaux de toile. Pour raccommoder les crevaiTes &: les endroits écaillés tant aux tableaux changés de toile qu'aux aiitres, il faut prendre de la terre glaife en poudre j Tij í¿2S M émoires & de la terre d'ombre , délayer enfuite ces deux matières avec de l'huile de noix , de façon qu'elles forment comme une pâte : on y ajoute, ii l'on veut, un peu d'huile graiTe pour faire fécher plus vite ; on prend enfuite de cette pâte avec le couteau à mêler les couleurs, & on l'infinue dans les crevaiTes & dans les endroits écaillés, eiTuyant bien ce qui peut s'attacher fur les bords & hors des trous ; cette pâte étant bien feche, on donne fur tout le tableau une couche d'huile de noix bien pure ; & lorfqu'elle eft feche, on fait fur la palette les tein- tes des couleurs juftes aux endroits où fe trouvent les crevaiTes, & on les ap- pliqué avec le couteau ou avec le pinceau. Pour faire revivre les couleurs des tableaux , ôter tout le noir, & les ren- dre comme neufs , il faut mettre par derrière la toile une couche de la com- pofition fuivante. Prenez deux livres de graiiTe de rognon de bœuf, deux livres d'huile de noix , une livre de cérufe broyée à l'huile de noix, une demi-livre de terre jaune, auiîi à l'huile de noix, une SUR DIFFÉRENTS SUJETS. 22^ once ; faites fondre votre graiiïe dans un pot j Se lorfqu'elle fera tout-à-fait fondue, mêlez-y l'huile de noix, enfuite la cérufe la terre jaune ; vous re- muerez enfuite le tout avec un bâton pour faire mêler toutes les drogues ; vous emploierez cette compofition tiede. Pour les tableaux fur cuivre , pre- nez du maftic fait avec de la terre glaife & de la terre d'ombre délayée à l'huile de noix ; rempliifez-en les en- droits écaillés ; après quoi vous pren- drez du fublimé corroiif, que vous ferez diifoudre dans une quantité fuffifante d'eau ; vous l'appliquerez deiïùs, & le laiiïèrez fécher ; au bout de quelques heures vous le laverez bien avec de l'eau pure ; & s'il n'eft pas encore bien dé- graiifé , vous recommencerez ; on peut auflî fe fervir de cette eau de fublimé fur les tableaux fur bois & fur toile. Pour ôter le vieux vernis des tableaux^ il fuffit de les frotter avec le bout des doigts, & les eíïiiyer enfuite avec un linge mouillé. 230 Mémoires MÉMOIRE Sur la maniere de retirer POr employé fur les bois dorés à colles, T perfônnes occupées du gouver- nement, ont toujours regardé comme objets fort intéreiTants & dignes de toute leur attention, les moyens qui pouvoient procurer dans un État la plus grande quantité d'or. C'eft fur ce principe & fur la crainte d'en diminuer l'efpece que font fondées toutes ces défenfes que l'on a fait autre- fois d'en employer dans les étoffes &; d'en porter fur les habits ; ces raifons paroiifent avoir ceifé depuis que l'on a trouvé le fecret de retirer cet or prefque entier. Il n'en eft pas de même de celui que l'on emploie à dorer les bois ; perfonne ne fe met en peine d'y travailler, ou s'il y a quelqu'un qui y travaille, il faut qu'il n'y trouve pas un profit hon- SUR DIFFÉRENTS SuJETS. 251 nête , puifque l'on voit tous les jours brûler des vieux bois dorés, fans que perfonne fe préfente pour s'y oppofer. Lorfque j'ai demandé pourquoi on pa- roiifoit négliger cet objet, on m'a tou- jours répondu qu'après y avoir travaillé, on avoir trouvé que les frais néceifaires pour parvenir à cette opération, fur- paiToient la fomme que produifoit l'or qui en étoit retiré. Le deiîr de mlnf- truire du fait , & la commodité de commencer mes épreuves fur des mor- ceaux de vieux lambris dorés ^que l'on tiroir du Palais Royal que l'on donnoit pour être brûlés m'ont déterminé à , employer le procédé fuivant, par le- quel on verra qu'un ouvrier , d^ns l'ef- pace d'une heure peut enlever des , bois dorés pour plus de vingt fols d'or. Pour n'être point trompé fur cet article , j'ai voulu faire moi-même le travail , afin de mieux juger des difficultés qu'on pourroit y rencontrer , & eftimer le temps qu'il feroit néceifaire d'y em- ployer. Tout le monde fait que pour dorer le bois 5 on commence par lui donner plufieurs couches de blanc, fur lefquelles '232 M émoires on met une couché jaune compofée d'ochre commune, & fur celle-ci une derniere couche que l'on appelle l'af- iiette , dans laquelle il entre du bol d'Arménie , de la fanguine, de la mine de plomb, du favon ou de l'huile d'o- live, &c. C'eft fur cette derniere cou- che, après l'avoir mouillée avec de l'eau, que l'on applique la feuille d'or , par deiïb us laquelle on fait encore paiîer , dans le moment de l'application , de nouvelle eau qui, venant à s'écouler, donne occafion à la predion de l'air fur la feuille, de par cette méchanique l'attache fortement fur l'aiïiette. II paroiiîbit fimple de racler avec des outils cette compoiîtion fur laquelle l'or eft attaché, pour l'en féparer en- fuite 5 mais cette opération auroit été longue & pénible ; d'ailleurs, la corn- poiîtion étant épaiffe , auroit produit un grand volume de matière pour peu d'or, & on auroit eu par conféquent plus de peine à fen féparer. Cela m'a fait penfer que l'on pourroit réuiïir en faifant tremper la dorure dans une liqueur qui, venant à amollir l'af- iiette de l'or, donneroit par ce moyen la \ SUR DIFFÉRENTS SujETS. ïa facilité de 233 l'emporter avec des brofles. L'eau chaude dans laquelle on auroit fait diilbudre un alkali, comme de la foude, de la potaiTe, &c , auroit pu pr^uire cet effet ; mais quoique ces mmeres ne foient pas d'un grand j'ai prix, cru devoir écarter tout ce voit qui diminuer pou- le produit de tioR, l'opéra- J'ai mis le bois doré dant tremper pen- un quart-d'heure dans un vaifleau grand plein d'eau, que j'entretenois prefque bouillante, d'où dans l'ayant tranf- porté un autre vaiifeau qui con- tenoit auiîî de l'eau chaude , mais en petite quantité ; dès les de broÎTe premiers coups que j'ai donnés fur l'or , j'ai vu que je l'emportois facilement , & qu'il reftoit dans l'eau dans j'avois foin laquelle de tremper fouvent la broflè. Je fuis parvenu ainiî à enlever l'or de deiTus une affez grande quantité de bois doré fur lequel les couches de blanc reftoient toutes entières, n'y la couche ayant que que l'on appelle l'aiïiette, dont une partie étant enlevée en même-temps que l'or , fe trouvoit mêlée avec lui dans l'eau ; après que j'ai eu travaillé Fartk IL V * t ^34 Mémoires de cette façon pendant environ huit heures , j'ai fait évaporer l'eau jufqu'à iîccité dans un vaiffeaude terre verniflée. J'ai détaché la matière qui eft reftée au fond de ce vaiiTeau ; & après l'hoir pilée dans un mortier , je l'ai mife rans le feu fous une moufle , afin de brûlet par ce moyen la colle 6¿: les parties huileufes qui, fe trouvant dans la ma- tiere , auroient pu empêcher le mercure de s'attacher à l'or. Lorfque j'ai vu la matière rouge , & que j'ai cru qu'il ne reftoit plus rien à brûler , je l'ai retirée du feu ; & étant encore aiTez chaude pour avoir de la peine à y foufifrir le doigt, je l'ai mife dans un mortier de porcelaine, dans lequel il y avoit une demi-livre de mercure bien pur. J'ai tri- turé le tout enfemble avec le pilon pen- dant une heure; après quoi j'ai verfé très- peu d'eau fraîche defïus, & j'ai continué la trituration pendant plufîeurs heures. Lorfque j'ai cru que le mercure avoit pu fe charger de l'or, j'ai verfé fur le tout beaucoup d'eau fraîche pour bien laver le mercure , que* j'ai paile enfuite par la peau de chamois, dans laquelle l'ai trouvé 2 l gros 14 grains d'or & L SUR DIFFÉRENTS SuJETS. de 235' mercure ; &c après avoir fait éva- porer le mercure, il eft refté demi-gros 15 grains de chaux d'or qui dans l'eiïài ; s'eft trouvé perdre ^ à la fonte , & ^ au départ, ce qui donne cette chaux d'or à 23 carats. Voyant que cette opération réuiîîf-. foit 5 je l'ai recommencée dans le deiTein de favoir le profit fur lequel on pouvoit compter. Pour cet effet j'ai travaillé pendant deux heures, Ôt la poudre féchée après l'évaporation de l'eau, a pefé 4 gros, La même poudre , après avoir été réverbérée fous la moufle dans le feu, a pefé 2 gros.34 grains. Après la trituration, il eft refté dans la peau de chamois y 6 grains d'or amal- gamé avec le mercure. Après l'évaporation du mercure, il eft refté 16 grains de chaux d'or, qui s'eft trouvée , comme la précédente, à 23 carats. Ilréfulte de cette opération que cha- que grain de cet or valant trois fols, un ouvrier peut tirer par heure pour 24 fols d'or de deifus le bois doré. Je fens bien qu'il faut ajouter à ce temps celiu 2^6 M émoires qui eft nécelFaire pour triturer le mer- cure avec la pouiliere, jutqu à ce que l'amalgaine de l'or foit tout-à-fait forrñé, èc j'y ai .employé fix heures ; mais on doit confidérer qu'il ne faut également que 6 heures pour amalgamer 3 o livres de la même matière dans les moulins qui font deftinés à cet ufage ; ainfi le temps de l'amalgame des deux gros & demi doit être compté pour peu chofe. On peut faire le même raifonnement fur le temps néceflaire pour faire éva- porer le mercure , puifque dans une heure on en peut faire évaporer cent livres. Il eft queftion d'examiner les frais ; ceux du mercure font très-peu de chofe, puifque celui qui a paiTé par la peau de chamois , & celui que l'on a retiré de l'amalgame de l'or en diftillant dans une cornue, peuvent fervir, fans preft que aucun déchet, comme auparavant, à former un nouvel amalgame. Les frais font donc prefqu'entiére- ment bornés au feu qui eft néceíïàire à faire chaufter l'eau & la faire évaporer ; car pour le feu néceíïàire à la diftil- lation du mercure , il eft important de SUR DIFFÉRENTS SujETS. ^37 remarquer qu'il doit être très - petit ^ afin que l'or ne rougiiTe pas t-out-à-fait, ce qui fuiîit pour en chaiTer le mer-' cure. On a trouvé que l'on tiroit par heure pour vingt-quatre fols d'or j en pre- nant quatre fols par heure pour le temps & les frais fufdits, il refiera par heur© vingt fols tout frais faits. Un Doreur a efiimé qu'il avoit fallu employer cinq livrets d'or potir doret le bois que j'ai dédoré pendant deux heures. Chaque livret pefe depuis 6 jufqu'à 8 grains ; en prenant au plus fort, cela fait 40 grains d'or qui ont été employés. On a vu que j'en ai retiré grains; il s'en faut donc 24 grains que je n'aie tout retiré ; il efi vrai que par l'épreuve que j'en ai faite , la pouifiere , dont j'ai tiré les 16 grains d'or » en contenoit en- core un peu. Pour découvrir donc à quoi m'en tenir , & favoir quelle quantité d'or il étoit pofiible de tirer de cette opéra- tion , j'ai travaillé de nouveau à dédo- rer des morceaux de bois, en fuivant la même méthode que j'avois employée. 2^8 M émoires La poudre que j'en ai tirée , après avoir été rougie au feu, a pefé 61 gros 17 grains : je ne pouvois mieux m'adreiTer pour travailler à tirer exaélement tout l'or qui étoit contenu dans cette pou- dre , qu'à M. Rouelle qui a bien voulu s'en charger & dont je vais rapporter le procédé tel qu'il a eu la bonté de l'exécuter. Pour cet effet, il a commencé à par- tager la poudre en deux parties éga- les 5 fur 3 gros 26 grains & demi qui faifoient la moitié de toute la poudre, il a employé 4 onces de litharge , ôc l'addition d'une demi-once de plomb, L'écuelle a malheureufement cane dans l'opération 3 & s'étant fait une perte, il n'a pu retirer les 27 grains d'or de cette moitié de poudre. M. Rouelle a donc recommencé l'o- pération fur les 3 gros 26 grains & demi de poudre qui reftoient 3 mais comme il avoir remarqué que les matières qui avoient pu fe détacher de l'aiïîette de la dorure retardoient la vitrification, il a pris le parti, pour s'en débarraffer, de verfer deffus 3 onces de vinaigre diftillé 3 il s'eft fait une effervefcence SUR DIFFÉRENTS SuJÉTS. 2^9 aÎTez vive , & après une digeftion de deux-heures, & avoir décanté la liqueur qui furnageoit, il a remis encore à deux reprifes la même quantité de vinaigre diftillé. Il a trouvé que la poudre qui reftoit, après avoir été fécnée , pefoit 2 7 gros 6 grains ; il s'étoit donc dif- fout I demi-gros 20 grains de l'affiette de la dorure. Sur les 2 j gros 6 grains reliant , M. Rouelle a mis q. ~ onces de litharge , & une demi-once de plomb dans le fond du creufet, en obfervant de placer le mélange par deiTus le plomb. Il à mis le crëufet dans la boéte de la forge, & l'a fait chauffer peu à peu en aug- mentant jufqu'au feu de fufion. Après avoir tenu le mélange dans une fonte parfaite pendant 12 à ly minutes le creufet ayant été réfroidi & caifé, il s'eft trouvé un culot de ploiiib du poids de 12 gros. Ce culot de plomb a été mis fur une écuelle à vitrifier au fourneau de coupelle, il s'eft trouvé environ une once de plomb vitrifié. L'écuelle réfroi- die & cafiée, le culot de plomb reftant a pefé q. ~ gros ; & après que ce eu- !240 Mémoires lot a été paflTé à la coupelle , il efí: reflé un bouton d'or du poids de 32 grains. On conçoit aifément que l'augmenta- tion de y grains qui fe trouvent dans cette fécondé opération , vient de ce qu'il n'y a pas eu de perte. M. Rouelle ayant, par ce procédé , exaélement tiré tout l'or qui fe trou- voit contenu dans la foit poudre qui pe- avant l'opération 3 gros 2.6 grains 6 demi ; on peut en conclure à peu près celui qui eft refté dans la dre pou- que j'ai travaillée avec le mercure , qui pefoit 2 gros 3 4 grains après avoir été rougie au feu, & dont j'ai tiré 16 grains d'or. En fuppofant donc que cette poudre contenoit une quantité d'or proportionnée à celle fur laquelle M. Rouelle a travaillé, on trouvera qu'elle contenoit 23 grains & demi d'or au lieu de 16 ^ & qu'il en eft demeuré 7 grains & demi dgns la eft poudre qui reftée après la trituration avec le mercure. En fuivant le calcul que j'ai fait fur cela, on. voit que dans le cas où l'on eût tiré tout l'or contenu dans cette poudre , un ouvrier auroit ; au lieu de SUR DIFFÉRENTS SuJETS. 2^1 •vingt-quatre fols , gagné trente-cinq fols par heure , & en mettant cinq fols pour les frais, on trouvera trente fols par heure pour le gain de l'ouvrier; la quantité d'or qui avoit été em- ployée à cette occaiion , ayant été ( comme on l'a vu ) eftimée à 40 grains, on voit qu'il eft poiîible de retirer plus de la moitié de l'or qui avoit été originairement employé. 11 eft à propos de remaquer que par le procédé dont M. Rouelle s'eft fervi , il a véritablement tiré 3 2 grains d'or , valant quatre livres feize fols ; mais les frais de l'opération ayant monté à trois livres douze fols, il ne reftoit que vingt - quatre fols pour payer la peine des ouvriers ; ce qui ne feroit pas fufftfant , quoique dans un travail fuivi & en grand par la vitrification , les frais puiTent être mcnndres. Il vaut beaucoup mieux fe fervir de la mé- thode que j'ai employée en triturant avec le mercure la poudre qui contient l'or, ce qui produit un gain raifon- nable , fur-tout en fe fervant des mou- lins dont les gens chargés du départ à la Monnoie ont coutume de faire ufage 242 Mémoires pour retirer l'or qui s'eil infinué dans les creufets , au lieu que je n'ai fait mon opération que dans un mortier de porcelaine avec un pilon de la même matière. Je penfe auiïi qu'il feroit utile d'ajouter à la matière à triturer une certaine portion de fable bien lavé, qui aideroit au mercure à mieux pé- nétrer la poudre qui par la fineiTe grande dont elle eft , ne lui donne facilement pas entrée : il refteroit à favoir la quantité de mercure que l'on doit employer. Cramer, dans fa DocimaÎîe, la fixe à quatre fois le poids de la ma- tiere à triturer. On pourroit par cette méthode retirer , à peu de chofe près tout l'or contenu dans la n'ofe poudre : je pas dire qu'on le retireroit en entier , parce que m'étant fait donner la matière qui^ après avoir été triturée , reftoit rebutée & abandonnée de par les gens la Monnoie, comme ne con- tenant plus d'or, j'ai trouvé par une ma- nipulation qui m'eft particulière, contenoit qu'elle en encore, quoiqu'en très- petite quantité. M ÍUR DIFFÉRENTS SujETS. 2^3 REMARQUES Sur le Verre hlanc des Glaces ou des Miroirs, X-iE verre fe fait avec des matières de la nature du quartz ou de l'agate , telles que des pierres à fufil, du fable , &c ; ces matières qu'on appelle vitri- Jiables font feu avec le , briquet , & ne font point attaquables par les acr- des ; on mêle ces matières avec des fels qu'on appelle fondants, & le tout expofé à un feu violent , occafionne la vitrification. On peut auflî faire du verre avec des matières qui font attaquables par les acides & qu'on nomme , calcaires, comme la craie, la chaux, 8tc. en les mêlant avec une quantité fuffifante de fondant, & en les expofant au feu. Si l'on n'a point mis allez de fon- dant pour opérer la vitrification parfaire dans le procédé du verre fait avec les matières vitrifiables, & dans celui du ¿44 Mémoires verre fait avec les matières calcaires> les réfultats feront différents, en ce que celui des matières vitrifîables fera opa- que & friable ; & celui des matières calcaires fera opaque , mais compaéto èc lié. Il efl; donc à propos de faire entrer dans la compofîtion du verre un de peu matières calcaires pour lui donner plus de liaifon, & le rendre plus com- paéfe. L'on a prétendu que les matières calcaires que l'on faifoit entrer dans la compofîtion , blanchiffoient le verre j il efl vrai que les terres calcaires co- lorées blanchiffent au feu : ce que ne font pas les terres vitrifîables, Il fau- droit donc conclure delà que les ma- tieres calcaires rendent volatils les mé- taux qui les colorent , & contribuent par-là à en délivrer aufïî les matières vitrifîables. Il efl certain que les matières calcai- res mifes dans la compofîtion du verre en trop grande quantité, le rendent opa- que Bc d'un blanc laiteux ; l'on donc peut en conclure que fî elles n'avoient pas été mifes en trop grande quantité. SUR DIFFÉRENTS SuJETS. qu'elles fuiTent entrées en vitrification parfaite, elles euiTent produit un verre blanc. Si l'on pouvoir être aiïuré de bannir entièrement les matières fur-tout métalliques, ôc les parties des fubftances ferrugineufes qui entrent dans la tion compofi- du verre , il eff trés-sûr que auro.it l'oq un verre abfolument blanc ; mais outre la difficulté prefque infurmonta- ble de parvenir à ce point, le verre de cette blancheur n'auroit - il pas le coup d'œil d'un glaçon , & réfléchiroit- il auiïi bien les objets que nos glaces, lorfqu'on l'auroit mis au teint d'un côté ? Il y a bien de l'apparence que non , puifqu'une furface opaque & blanche bien polie , ne rend pas les objets avec la même vérité qu'une furface opaque & noire de la même nature, & à qui l'on a donné le même poli. Il fera aifé de s'en convaincre par deux planches y dont une fera vernie en blanc , & l'au- tare en noire. Une furface 'd'argent blan- chie par des orfevres , ne point les repréfente objets qu'on lui préfente, & cette même furface les repréfente lori^ q^ueles orfevres l'ont brunie. Une glace 2^6 Mémoires derrière laquelle on a collé un carton blanc 5 rend confufément les objets, au lieu que la même glace derrière la- quelle on aura collé un carton noir, les rendra très-diftindement. On met au fond de la monture des diamants une couleur noire pour les faire paroître plus beaux. Voici la gradation fuivant la- quelle les couleurs derrière une glace font paroître les objets plus diftinds : le blanc, le jaune le rouge, le bleu , , le verd, le noir. Une compoiition dont on auroit exac- tement dégagé toutes les matières mé- tabiques donneroit un verre qui ne , communiqueroit aucunes couleurs au teint que l'on mettroit derrière. La re- préfentation de l'objet fe feroit donc dans cette glace uniquement fur le teint qui eft derrière, dont la blancheur em- pêcheroit que l'objet ne parût bien terminé comme on vient de le voir , ; il faut donc conclure qu'il eft abfolu- ment néceiTaire de former dans les gla- ces un noir tranfparent qui tempere la blancheur du teint, & qui rende par ce moyen les objets plus diftinds. Tous les jouailliers connoiifent cette SUR DIEFÉRENNS SuJETS. 247 pratique fans en favoir les raifons, lorf- qu'ils difent qu'une pierre tranfparente ne prend, pas bien la feuille quails mettent dejfous , ou lorfqu ils donnent un cou- leur à cette feuille. 11 paroîtroit donc d'après ces prin- cipes qu'il feroit inutile de prendre tant de peine à purger les compoiîtions dont on fait les glaces, des matières métalli- ques qui donnent de la couleur au verre ; mais que tout l'art doit coniîfter à faire enforte que le bleu, le rouge & le jaune entrent dans la dans compoiîtion de ce verre des dofes qui puiiTent y former le noir, qui étant une deftruârion de couleurs , n'y en laiiTe appercevoir au- cune j & tempérant en même - temps la blancheur du teint, laiííè apperce- voir diftindiement les objets. Il faut donc commencer par eiïàyer quelle eft la couleur du verre dont on veut faire les glaces. S'il arrive ( ce qui eft très-rare & très-difficile ) que le verre foit parfaitement blanc , & qu'il n'ait aucune couleur, il faudra mettre dans la compoiîtion de ce verre du bleu , du rouge & du jaune dans la proportion que l'on, donne à ces trois couleurs ¡2^8 Mémoires pour compofer la plus belle couleur noire dans la peinture en émail ; cette pro- portion eft 3 parties de bleu, 3 parties de rouge & 2 parties de jaune. Si le verre, dont on veut faire les glaces , fe trouve jaune , il faudra , en eftimant le jaune comme 2 parties, met- tre dans la compofition 3 parties de bleu & 3 parties de rouge. Si l'eflai du verre fe trouve bleu ; en eftimant ce bleu comme 3 parties , il faudra mettre dans la compofition 3 parties de rouge & 2 parties de jaune. Si l'eiTai du verre fe trouve rouge, en eftimant le rouge comme 3 parties , il faudra mettre dans la compofition 3 parties de bleu 8c 2 parties de jaune. Si le verre d'eííai eft verd , cette couleur étant compofée de jaune & de bleu, il faudra voir laquelle de ces deux couleurs domine le plus dans la couleur verte du verre , pour en ajouter un peu de celle qui y eft en moindre quan- tité , de façon qu'il fe trouve toujours dans la compofition 3 parties de bleu , 3 parties de rouge & 2 parties de jaune. Si le verre d'eiTai eft pourpre , cette couleur étant compofée de bleu & de rouge 9 SUR, DIFFÉRENTS SuJETS. rouge, on verra laquelle de ces deux couleurs y domine pour en ajouter de l'autre avec du jaune , de façon qu'il fe trouve toujours 3 parties de bleu , 3 parties de rouge & 2 parties de jaune. Dans les calculs que l'on vient de faire, on a pris le nombre 8 pour un entier , parce que l'on met ordinaire- ment 8 onces de manganefe fur 100 livres de cqmpoiition. On a coutume de mettre du bleu d'émail dans la corn- poiîtion des glaces, parce que ce bleu fe joignant à la couleur verte qui eft déjà dans le verre , y forme un verd plus noir que celui qui y étoit, & que plus on approche de former du noir dans le verre , moins ce verre paroît avoir de couleur, & rend les objets plus diftinc- tement. Mais par ce moyen on ne dé- truit jamais abfolument la couleur verte, & le verre en conferve toujours une teinte. D'ailleurs, on a vu que le verd noir mis fous une glace , réuíftíToit mieux après le noir, à réfléchir diftinc- tement les objets. Cette théorie paroît confirmée par l'effet que produit la manganefe que les verriers font entxeï dans la corn- Partk II, X sjo Mémoires poíítion des verres qu'ils veulent déli- vrer des couleurs qui s'y trouvent. Lorfque la manganefe eft mife dans la compofition du verre en trop grande quantité elle y produit une couleur , pourpre ; mais la couleur pourpre eft un mélange du rouge & du bleu ; c'eft donc du rouge & du bleu que l'on met dans le verre, en y mettant de la man- ganefe ; ce bleu & ce rouge fe me- lant avec le jaune qui étoit déjà dans le verre, y òccafionnent un noir, c'eft- à-dire , une deftruélion de couleurs. En fuivant les principes que l'on a pofé ci-defliis la , on voit que manga- nefe ne peut pleinement détruire la couleur du verre que dans le cas où. il feroit d'un verd jaunâtre ou iîmple- ment jaune ; d'ailleurs , la manganefe eft volatile, s'il eft vrai, comme M. Dantic dit dans fon Mémoire, p^ 37, que la couleur verte reparoijfoit dans le verre aujjî-tôt que la couleur rouge de la manganefe avoit été dijfipée (par le feu) , & qu'il n'avoit jamais vu que le verre y eut rien gagné.^ien ne prouve mieux la préfente Théorie que cette remarque de M, Dantic , par laquelle SUR DIFFÉRENTS SuJETs. on voit que la manganefe ne détruit pas la couleur qui eil dans le verre, mais ne fait que la mafquer , en y pro- duifant le noir , au moyen du mélange des 3 couleurs ; on ne doit pas être furpris que la manganefe ne foit pas adoptée par tous les verriers, puifqu'ap- pliquée fur l'émail, elle y fait une cou- leur très-vilaine & très-graveleufe. Le même M .Dantic a éprouvé l'utilité d'iniînuer la couleur rouge dans le verre , puifqu'il dit, p. 40 de fon Mé- moire, que Vonpouvait blanchir le verre, Ji,au lieu de mangpnefe, on mettait dans la compojition , du verre pilé très-rouge. Il paroît qu'il en a fait l'épreuve , mais qu'il n'en a pas connu la raifon , puif- qu'il ne l'a pas ailigriéè. Le même Auteur ? p« 37 (In même Mémoire , a dit, qiCiï lui pàroijfoit na- turel de penfer que la comhinaifon des trois couleurs Jîmples, bleue , rouge jaune produifoit le blanc dans le verre» Il auroit vudé principe, s'il avoit dit que c'étoit parce qu'elle y produifoit le noir. La preuve que M. Dantic ne con- noiífoit pas le véritable principe , fe Xij '2^2 Mémoires trouve dans un Mémoire imprimé qu'il a fait contre les aiTociés de la ma- nufaâure des glaces de S. Gobain , dans lequel il s'écrie à Tinjuñice ^ p. 6^4*, fur ce qu'on blâmoit les glaces de fa compofition de ce qu'elles étoient trop tranfparentes & trop blanches. Il eft aifé de voir, fuivant les principes que l'on a établis , que ces glaces de- voient avoir le défaut de moins bien prendre le teint, & de rendre par con- îequent les objets moins diftinéîément ; & que la plainte des Aifociés étoit fon- dée fans qu'ils en puiïènt apporter d'au- tre raifon que l'épreuve de la chofe. On voit que l'on auroit remédié à ce défaut , en faifant entrer dans cette compofition les trois couleurs, du bleu, du rouge & du jaune qui, fans y ajouter de couleur, auroient donné au verre ce qui lui manquoit pour biein prendre le teint, & pour repréfenter diftinde- ment les objets. Il n'eft pas difficile de voir que les glaces de Venife font beaucoup plus noires que les nôtres, & cette couleur ne leur pouvant venir que par la com- binaifon du bleu, du rouge & du jaune^ SUR DIFFÉRENTS SujETS. 2^^ il faut examiner fi l'épaiiTeur qu'elles ont de plus que les nôtres , efl; néceiTaire à leur perfedfion 5 & comme on fera maître,par la dijfférente combinaifon des^ 3 couleurs, de donner au verre la teinte de noir qu'on voudra , il faut chercher celle qui fera la plus avantageufe, pro- portion gardée à l'épaiifeur de la glace. Une glace derrière laquelle on a mis du blanc , repréfente les objets confu- fément, parce que les rayons du blanc, qui font en grande quantité, fe mêlant avec ceux de l'objet qui efl: repréfenté dans la glace, font une confufion dans l'œil pareille à celle qui y feroit occa- fionnée, fi l'on regardoit un portrait fur lequel on auroit mis un nuagê blanc. Il en doit être de même de toutes les autres couleurs que l'on pourroit mettre derrière une glace. Moins elles appro- cheront du blanc, & moins elles réflé- chiront de rayons qui, en fe mêlant dans l'œil avec ceux de réfledion que l'objet y renvoie, puiflent occafionner de la confufion dans la repréfentation de cet objet ; on peut donc conclure que de toutes les couleurs, le noir étant celle qui renvoie le moins de rayons 25*4 Mémoires qui lui foient propres , cette couleur ne porte point de confufion parmi les les rayons de l'objet qui font réfléchis ^, ■ ^dans l'œil ; & par conféquent que l'ob- jet doit être vu dans cette glace avec la plus grande vérité & la plus grande précifion. Les couleurs qui peuvent fe trouver dans l'intérieur des glaces , fe faifant fentir fur la matière opaque qui efl: derrière il paroît tout naturel de leur , appliquer les mêmes raifonnements que l'on vient de faire. En un mot , les rayons de l'objet qu on préfente à la glace ne font que réfléchis, au lieu que ceux de la corn leur ou de la matière opaque que l'on met derrière , font dired;s. On ne fauroit donc avoir trop d'attention à faire en- forte que les rayons direfts foient nuls, pour ne point faire de tort aux rayons réfléchis de l'image qui fe peint dans l'œil. Dans les miroirs anciens que l'on garde dans les cabinets par curioiîté, le verre dont ils font faits efl: enduit de noir par derrière , parce que Ton n'avoit pas encore trouvé le fecret d'y SUR DIFFÉRENTS SuJETS. SJj* appliquer le vif argent & l'étain. D'après ces principes, pour avoir de belles glaces , &c qui prennent bien le teint, il faut faire une compoiition à l'ordinaire , fans y mettre ni manganefe ni bleu d'émail ; & lorfque cette corn- poíition fera bien frittée, bien mêlée & prête à mettre dans les pots, il faut en détacher 2 livres ou plus , pour mettre au four dans un creufet. Il faut tâcher de donner à ce verre le même affinage que l'on donne à celui des grands pots , tirer enfuite des lames de ce verre, ou le couler pour en bien examiner la couleur : il feroit même mieux qu'on le coulât en lui donnant l'épaiiïèur dont on a coutume de faire les glaces ; on verra mieux par-là quelle fera fa couleur. On gardera ce verre d'effai î on prendra une pareille quan- tité de fritte à laquelle on ajoutera une certaine quantité de bleu, ou de rouge ou de jaune, ou des trois couleurs bleu , jaune & rouge , fuivant les couleurs que l'on aura remarquées dans le pre- mier verre d'eÎTai, & les principes que l'on a vus ci-deffiis, afin d'occafionner la couleur noire dans le verre , le tout wmmmm 2^6 M émoires dans la proportion de 8 onces fur lOO livres de compoiîtion. On fera affiner ce verre comme l'on a fait le preiiiier, & on le coulera de la même épaiifeur. On comparera le fécond verre d'eiïai au premier, & s'il n'eft pas de la cou- leur que l'on defire, on verra facilement dans quelle dofe des trois couleurs on aura manqué ; on la reéfifiera dans un troifieme eiTai, jufqu'à ce que l'on fort parvenu à donner au verre d'eifai le point de la couleur que l'on fouhaite, & on fera le même mélange & dans les mêmes proportions que dans la fritte qui doit faire l'opération en grand. S'il arrivoit que les couleurs que l'on a mêlées dans la fritte pour faire les eiTais en petit, ne produiíiífent pas le même effet dans l'affinage de verre en grand, on pourroit avec la couleur rouge faire un verre rouge ; de même avec la couleur jaune faire im verre jaune ; mettre ces verres en poudre très-fine féparément ; & en les combinant fui- vant les principes que l'on a indiqués , avec le bleu d'émail, qui n'eft qu'un verre bleu mis en poudre, chercher à détruire toute couleur dans le verre , en SUR DIFFÉRENTS SUJETS. en produifant ^57 y le noir Il des tranfparent. y a corps les tranfparents de toutes couleurs ; il y a donc des tranfparents blancs corps Se noirs. Mais un corps tranfparent ne feroit s'il réfléchiflbit pas viiîble ne quelques pourroit donc rayons ; on conclure que les des parties corps tranfparents blancs qui réflé- chiilent la lumière, effet produifent le même que les parties des blancs, corps & les opaques que parties des tranfparents noirs corps qui réfléchiffent la lumière , font le même effet que les parties des corps opaques noirs. Or les corps opaques noirs réfléchiffent moins •de lumière que les donc corps opaques .blancs; les corps tranfparents noirs ré- fiéchiffent moins de lumîere que les corps tranfparents blancs ; donc en pofant le fup- corps matière tranfparent blanc d'une homogene à celle d'un tranfparent noir , il paffe corps de de lumière plus rayons au travers du premier qu'au travers du fécond ; il faudroit donc en conclure que les verres de lunet- tes d'un verre tranfparent noir feroient préférables à ceux d'un verre tranf- parent blanc. Partie II. Y* 258 Mémoires Ce n^eft point la fufface de la glace qui réfléchit robjet qui y efl: repréfenté ; cette réflexion fe fait fur le teint qui efl; derrière la glace ; mais on convien- dra en même-temps que l'amalgame d'é- tain & de vif -argent qui forment le teint, tirant fur le blanc c'eft fur une , furface blanche que fe fait la réflexion qui repréfente l'objet ; or a , on vu ci-deiliis que c'eft la furface blanche qui repréfente l'objet moins diftinde- ment ; parce qu'il faut diftinguer deux efpeces de rayons j ceux qui font pro- pres à la furface , & qui font qu'elle eft blanche & ceux , qui partant de l'objet qu'on lui préfente , vont y pein- dre cet objet c'eft le mélange de ces deux efpeces de rayons qui fait la con- fuiîon dans l'œil, & l'empêche de voir l'objet bien diftinéiement. Imaginons préfentement une glace pofée fur cette furface blanche fur la- quelle fe fait la réflexion de l'objet , c eft-à-dire, une glace au teint ; fi cette glace a une couleur elle - par même > elle la communiquera au teint, qui fera alors une furface d'un blanc jaunâtre, fi la glace efl: jaune ; d'un bleu verdâ- SUR DIFFÉRENTS SuJETS. tre , il la glace eft verte ; d'un blanc bleuâtre, iî la glace eft bleue. Il vous fera aifé, 'en partant de ces principes, de favoir quelle eft la cou- leur de la glace la plus avantageufe pour repréfenter l'objet avec la grande plus netteté : pour cela vous n'avez qu'à prendre des papiers vernis de diffé- rentes couleurs, comme verds jaunes, rouges, ou bleus , & en les mettant al·^ ternativement derrière le même mor- ceau de glace , il fera facile de voir que les papiers qui de la approchent le couleur plus foncée, étant ceux repréfentent qui l'objet le plus diftinde- ment, vous devez en conclure la couleur de que votre glace qui foncera le plus la furface blanche, qui eft le fera la teint, meilleure ; c'eft ce qui fait le bleu d'émail que qu'on met dans les y formant glaces, un verd noir, eft le meil- leur jufqu'à préfent. M É MO î R E S REMARQUES Sur le Jaune de Naples* rrs A OUT le monde convient que lé jaune de Naples eíl une efpece de pierre jaune qu'on tire de la terre aux envi- dont il r-ons .de Naples. Cette pierxe, y a des efpeces d'un jaune plus ou moins foncé,, ¡eft très - poreufe & ne paroît compofée que des .grains d'une efpece de fable jaune, médiocrement liés les uns aux autres, puifqu'on les écrafe facilement avec le pilon. Cette matière ne change point de couleur au feu, & n'eft fufceptible d'être diiïbute dans aucun des acides. Le pays d'où elle vient f^it aifément foupçonner qu'elle doit être la produélion d'un voL can. Le P. Maria, dans la defcription qu'il a donnée des matières produi- tes par le Véfuve ^ chap. 5 , p. 5)4, & fuiv. parle d'une matière que l'on tire de l'intérieur du Véilive qu'il ap- pelle il folfo frujîato ( un foufre ufé ou SUR DIFFÉRENTS SuJETS. 201 épuifé ) qui a beaucoup de rappori avec le jaune de Napies. Suivant le même Auteur , toutes les pierres for- ties des volcans font fpôngieufes , là lave même perd de ion poids par le temps ; on peut d'autant mieux croire que le jaune de Naples eft" une produc- tion de cette nature que les fels que Ton trouve- fur les laves, prennent la couleur jaune au feu; & les volcans étant très-abondants en fer ^ on peut regarder le jaune de Naples comme" un fafran de mars , travaillé d'abord par un volcan , & perfedionné dans fa couleur jaune par le féjour qu'il a fait dans la terre ; ou comme des ma- tieres ferrugineufes à demi - vitrifiées par la chaleur du volcan , & dont la vitrification imparfaite s'eil enfuite dé- compofée par le féjour que ces ma- tieres ont fait dans la terre. Ces pierres ne contiennent aucun foufre >.puifqu'elles n'en donnent aucune odeur lorfqu'on les expofe au feu ; la quantité de petits trous dont ces pierres font remplies, & la facilité avec laquelle on les pulvérife , font des marques cer- taines de la perte qu'elles ont faites des 252 Mémoires matières qui les rendoient plus corn- paâes, ou qui leur donnoient de la liaifon. Il eft certain que la pierre fria- ble dans laquelle le jaune de Naples fe trouve, femble annoncer une décom- poiîtion. M. Pott prétend que le jaune de Naples contient quelques portions de chaux d'étain. Cependant on ne peut en retirer la moindre partie de ce mé- tal. Cette fubftance a la propriété de blanchir le verre beaucoup mieux que la manganèfe , & de lui ôter parfaite- ment fa verdeur ; il faut pour cela mêler une partie de jaune de Naples fur cent parties de fritte. Au premier coup d'ceil on feroit tenté de croire que cette expérience prouve que le jaune de Naples ne contient point de fer i cependant fi Ton réduit cette fub- ftance en poudre , en verfant deiTus un peu d'efprit de vitriol, & en mettant le tout à digérer fur des cendres chau- des ; fi l'on filtre la diiîblution après l'avoir étendue d'eau , en y verfant goutte à goutte un peu d'alkali fulfuré, on voit fe précipiter un très-beau bleu dePruiTej qui eft un figne indubitable de la préfence du fer, sur différents Sujets. 2.6^ L^ochre d'Italie, qui eft d'un très- beau jaune devient d'un très - , beau rouge par la calcination ; quand cette fubftance a cette couleurfî on la tri-- ture avec le double de fon poids de fel marin , & qu'on expofe le itiêlange qui eft rouge au grand feu dans une capfule , le fer fe révivifie fous la forme de petits globules , & la- terre refte d'un jaune pâle. Xiv 26^ Mémoires OBSERVATIONS " Sur la Manganèje,- Si l'on prend un verre très-blanc & très-tranfparent ,, dans la compofition duquel la manganèfe foit entrée ; qu'on pile ce verre dans un mortier d'agate ave un pilon de m^ême matière ; qu'on, tamife ce verre bien fin ; qu'on y mêle enfuite du nitre en poudre , & qu'a- près avoir bien trituré le mélange, ort l'expofe dans un creufet iimplement cou- vertde peur que les charbons n'y tombent ; qu'on fafle un bon feu de charbon autour de ce creufet ; on verra cette compofition, à mefure qu'elle fe fondra ¡ devenir d'un rouge obfcur, & ce rouge s'éclaircira & deviendra plus traniparent, à mefure que le feu fera continué plus long-temps ; & même fi l'on tient la compofition fous le four d'une fayancerie pendant la cuifibn de la fayance, cette couleur rouge fe trou- vera tout-à-fait diUipée^ SIÎR DIFFÉRENTS SujETS. Si î'on fait la même opération que ci-deiTus fur un morceau de verre blanc r dans la compofition duquel la manga- nèfe ne foit point entrée , le verre fe fondra & ne prendra aucune cou- leur rouge j on ne peut donc pas dire que la manganèfe avoit blanchi ce verre , parce qu'en- s'évaporant elle avoit emporté les parties qui coloroient ce verre. Cette expérience a déjà été faite par Chriftophe Grummet , dont la diflertation fe trouve dans la tra- duéèion Françoife de ¥art de la ver- r.erie de Kunckel, p. $$2. On voit aifément par cette expé- rience, qui a été répétée un grand nom- bre de fois,, toujours avec le même ré- fultat 5 que la manganèfe n'avoit point rendu blanc le. verre que l'on a employé, en s'évaporant & en emportant avec elle ce. qui coloroit le verre , puifqua la couleur rouge fe. retrouve dans ce- ce verre lorfqu'on le fond pour la fe- conde fois avec du nitre. D'un autre côté, il efi: confiant par l'expérience des verriers, que fi l'on tient trop long-temps en fufion un verre- dans la compofitLon duquel la manga- 266 M émoires nèfe eft entrée j que ce verre qui au-- roit été bleuâtre fans • la manganèfe reprend cette même couleur après être devenu blanc ; ce qui a fait dire encore aux verriers que le trop long feu avoir fait évaporer la manganèfe» Il feroit à dejirer d'ejfayer un morceau de ce verre , ^ de le fondre de nou- veau avec du nitre, pour voir Jî dam cet état le nitre lui donneroit une cou- leur rouge au commencement de la fonte lorfqu^on le remet en fufion. Quoique tous les Auteurs aient pré- tendu que la manganèfe contenoit du fer , M. Pott a donné une dilTertation fur la manganèfe , qu'on trouve dans le troiiîeme volume de la traduélion Françoife de fes (Euvres, p. 523 , à la fin de laquelle il conclut que les- anciens préjugés fur la nature ferrugi- neufe de ce minéral font entièrement détruits. Voici cependant une expérience qui pourroit prouver le contraire ; on a mis de l'efprit de vitriol fur de la man- ganèfe en poudre ; on a laiiTé digérer le tout fur les cendres chaudes ; on fa étendu dans de l'eau que fon a SUR DIFFÉRENTS SuJETS. 2^7 filtrée ; on a enfuite verfé dans cette eau deTalkali fulfuré goutte à goutte, &il s'eft précipité un beau bleu de PruiTe: en aiTez grande quantités On voit par cette expérience que fi ron prétend que c'eft le fer qui fait le bleu de PruiTe , on ne peut pas nier que la manganèfe n'en contienne ; ce- pendant ce minéral ne donne point la couleur verte au verre ce que fait le fer ; il paroît au contraire la détruire, ou tout au moins la mafquer. Soient deux prifmes creux dont l'un foit rempli d'un liqueur rouge , & Tau- tre d'une liqueur bleue : fi on les adapte l'un fur l'autre, les deux liqueurs pa- roîtront noires , parce que le prifme rouge n'admettant que les rayons rou- ges, ces rayons ne peuvent paifer au travers du prifme bleu qui n'admet que les rayons bleus ; ces deux couleurs jointes enfemble ne doivent donc for- mer aucune couleur, & le tout doit paroître noir.. Il fuffit donc dans les corps tranfi- parents dont , on. veut détruire la coUr- leur, d'interpofer en un corps un autre corps auifi tranfparentqui contienne ¿óS M émoires une des trois couleurs férente primitives, dir-- de celle qu'on veut détruire. Lorfqu'on met de la le manganèfe dans verre , on introduit une couleur rouge dans le verre , & c'eft comme ÍÏ l'on interpofoit à un corps tranfpa- rent coloré , un autre corps tranfpa- rent chargé d'une couleur primitive rouge. Le même raifonnnernent a lieu à l'égard du jaune,. ^ur mfférents sujets.' 20^ LETTRE A M. ROUX, Auteur du Journal de Médecine, fur une nouvelle maniere de pré'- parer le Jafran de mars,- MiVJLo ns ieu r, Les différentes opérations que j'ai eu occaiion de faire fur le fer, en travail- lant à un petit ouvrage fur les couleurs, de la peinture en émail, que j'efpere donner bientôt au public , m'ont fait découvrir une méthode très - fimple & très-facile, pour préparer un fafran de mars noir , de la plus grande divifibi- lité , en même-temps tres-attirable par raimant. On fait que le fafran de mars, connu fous le nom ólmhiops mar- îial , fait par la trituration de la limaille de fer dans l'eau , à la maniere de M. Lemery , eft celui que l'on emploie, avec le plus dç fuccès ? dans la Médecine* 272 M émoires tlnuez à entretenir le feu , & à tenir le canon bien couvert de charbons ar- dents , pendant l'eipace de quatre heu- res ; retirez-le alors & le^ laiiTez refroi- dir ; lorfque le canon fera froid, caiTez le lut à coups de marteau ; & après l'avoir débouché, faites-en fortir avec une petite verge de fer, le mars que vous trouverez par grumeaux noirs ; écrafez-Je , & le broyez dans un mor- tier de fer ; lorfqu'il fera réduit en pou- dremettez-le dans un vaiiTeau de verre ou de terre verniiTée j verfez pardeiTus de l'eau très-chaude ; agitez l'eau avec une fpatule , & décantez-la tout de fuite dans un vafe beaucoup plus grand, en prenant garde de ne pas laiiTer paiTer ce qui s'eft dépofé au fond ; verfez de nouvelle eau chaude fur ce réfidu ; dé- cantez-la comme la premiere ; conti- nuez cette manœuvre jufqu'à ce que l'eau ne paroifle plus colorée ; fi l'on veut tout avoir , on peut broyer le .réfidu , & le retirer de même, par des lotions répétées,parce qu'il ne doitpref- que rien relier , fi la calcination eft bien faite. On laifie dépofer le fafran de mars qui SUR DIFFÉRENTS SujETS. 273 qui a paiTé par le flottage , ce qui efl: l'affaire de vingt-quatre heures ; on dé- cante enfuite l'eau qui efl; devenue claire on verfe , à différentes repri- fes, de nouvelle eau chaude fur ce qui s'eft dépofé au fond ; on la décante lorfqu'elle efl- claire ; & quand on juge que le fafraïF de mars efl: dégagé de fels 5 autant'qu'il efl: ppflîble, c'eft-à- dire , lorfque l'eau qu'on en retire efl:- parfaitement inflpide , on le verfe dans quelque vaiffeau de verre ou de porce- laine ; on achevé d'en ôter l'eau-avec une meche de coton, & on le laifle fécher,. On peut employer avec le même- fuccès j le colcothar ou réfidu de la dif» tillation du fel marin par le vitriol de- niar? j on le mettra dans le canon- de fuiîl , ,tel qu'il efl: j fans qu'il foit né- ceffaire de lui faire fubir aucune pré— paration-, ni d'y ajouter de fel marins, parce que la bafe alkaline de ce feli qui lui efl: reftée unie dans la. diftilla-r- tion , produit lé même effet»- On pourroit aufli faire ufage pour" le même, objet, du r-éiidu de la diftil- îation du, nitre , par l'intermede du vl— / Emis. IJh Z- ¿74 M émoires triol de mars , efn le mêlant avec le fel marin , & en procédant comme pour le colcothar de vitriol ; mais le fafran de mars , qu'on obtient par ce moyen , paroît plus dur & plus ter- reuxj fans doute à caufe de ce qui a a pu y refter de la bafe du nitre. On a eiTayé de traiter, fuivant la même méthode de la limaille de fer pur ; on l'a triturée dans ua mortier avec le triple de fon poids de fel ma- fin , ôt on l'a mife dans le canon de fufil ; mais on a trouvé que cinq heures de feu n'en ont réduit qu'une partie en fafran de mars", le refte n'a pas pu paiTer par les lotions ; ce fafran de. mars qui étoit d'abord très-noir & affezr attirable par. l'aimant, a perdu dans la . fuite prefque tout fon phlogiftiqu%. If cil vrai qu'en l'expofant dans un têt, fous une moufle il , a repris fon phlo- giilique, eft redevenu auiïî attirable par l'aimant qu'auparavant , ^-quoiqu'il, ait pris une petite nuance rougeâtre,, On réuftîroit également dans cette opé— ration en fe fervant d'un, creufet bien,, , couvert bien luté , au lieu d'un canon, de fufil î mais l'aifujettiiTeraent qu'il íait- SUR DIFFÉRENTS SuJETS. 27^ droit avoir pour tenir fon creufet tou- jours couvert de charbons ardents , & les gerfures qui peuvent fe faire au lut, ce qui rendroit le fafran de mars rou- geâtre , on fait préférer le canon de fuiîl qui ne demande aucune attention. J'ai comparé ce fafran de mars avec foethiops martial de M.. Lémery , que j'ai fait acheter chez M. Laplanche , Apothicaire ; je les ai trouvés égale- ment attirables par l'aimant ; mais j'ai remarqué que mon fafran de mars étoit plus'noir & dans un plus grand état de divifion ; car lorfque que j'ai voulu, broyer l'oethiops martial de Lémery fur une agate , avec de l'eau, j'ai fenti fous la molette , des parties dures Se groffieres , qu'il n'a pas été poiïîble d'é- erafer tandis que mon fafran de mars: , broyé, fans qu'on fente rien de rude; fous la molette.- Mon fafran de mars dijffere. encore • de l'oethiops martial de Lémery , en ce - qu'il ne perd pas fon phlogiftique comme lui : en voici la preuve ; fai mis de • l'oethiops martial dans un têt , fous une? moufle ; je l'y ai tenu à. un feu mé- dioere: pendant deux. Heures au bout" 2r¡6 Mémoires duquel temps je l'ai retiré rouge comme de très-beau colcotliar , & n'étant attirabie plus par l'aimant ; j'ai mis de merae fur un têt , dans une moufle , du fa- fran de mars préparé fuivant la mé- thode que je propofe j,je expofé l'y ai laifle, au feu le plus violent, trois heures pendant ; je f'ai retiré , à la vérité d'aune , couleur moins noire , & tirant plus fur le rouge., mais tout auflî atti- ïable par l'aimant qu'il l'étoit aupara- ,vant. C'efl: à cette marque fur-tout j, qu'on pourra reconnoitre l'oethiops mar- tial fait, fuivant la méthode de & le fafran de Lémery,, mars préparé, fuivant, la mienne. Le fafran de mars que fe jè diiïbut dans propofe tous les acides, tant mi- néraux que végétaux., & leur donne, une belle couleur jaune, auflî bien celui de que- Lémery , avec cette différence.- que celui de Lémery n'étant ii pas dans un grand, état de diviiîon fait un d'effervefcence peUi avec l'efprit de nitre,, au lieu que. le mien efl: diiTout cet- acide, par fans qu'on en puiiTe remarquer : aucune. Ce procédé fait voir que le fer quh SUR DIFFÉRENTS StlJETS. eft celui de tous les métaux qui perd le plus aifément fou phlogiftique, peut^ être, par différents traitementsamené au point de ne plus- per-dre , qu'avec beaucoup de difficulté , le phlogiftique qu'on lui aura donné ,_à la place de celui qu'il avoit; ,puifque l'on voit ici" un fer qui ayant perdu fon phlogiftique, étoit devenu fafran de mars, reprendre en- fuite un nouveau phlogiftique , qu'un feu affez violent ne peut plus lui en- fever^ J'ai l'honneur d'être, &c;. 278 M émoires VERN I s Poiír lès yafes y Figures & autresí Ouvrages en -plâtre, 3Prenez 4 gros du. plus bcau. favon 4 gros de la plus belle cire blanche^. Mettez une pinte d'eau dans un vaiiïèau. neuf ôc verniffé.- RatiiTez dans cette eau le favon &r la cire. Tenez le tout fur des cendres chaudes, jufqu à ce que le favon & la cire foient bien fondus. Alors trempez-y votre morceau de- plâtre que vous tiendrez fufpendu par des iils^- Soutenez-le un moment dans ce mélange... Un quarî-d'heure après retrempez-le de^ rechef. Cinq ou fix jours après l'immer- fîon, lorfque le vernis fera fee, frottez légèrement votre piece avec une moufle- line, dont vous aurez enveloppé un de vos doigts. Ce vernis ne fait aucune "épaiiTeur, & conferve la blancheur au. plâtre... SUR DIFFÉRENTS SuJETS, Syp; tttV? ADDITION Au Traité des Couleurs pour la Peinture en EmaiL POUR rendre cet ouvrage pliis com- plet, on a cru devoir joindre ici quel- ques fecrets relatifs à la peinture em émail & à, la porcelaine , qui ont été trouvés dans les papiers de. M. de Mon- tamy ; comme ils étoient copiés de fa propre main, il y a lieu de croire qu'ií¡ comptoit en faire ufage». Jidanîere de faire une couleur d'urr Jaune citron avec fArgent y tirée des 'Mémoires de tAcadémie des Sciences de Berlin y année 174^ ^ pag» 60, ■Gn fait diiToudre une demi-once d'ar^ gent le plus pur & le plus dégagé de.; cuivre qu'il eft poifible'*. dans une quan— tité' fuíEíante d'efprit de. nitre; très-puzr 28a M émoires' jufqu'au point de la faturation. Oh- diÎTout dans quatre parties d eau diftil- lée une once du fel d'urine qui fait la bafe du phofphore. ;, on fait tomber goutte à goutre la diiTolution dans l'ef- prit de nitre qui a diiTout l'argent etendu- avec quatre parties d'eau- ; on conti- nue à laiiFer tomber la diiTolution de fel d'urine, jufqu'à ce qu'il ne fc pré- cipite plus rien : par ce moyen Torn obtient im précipité de la plus belle couleur dé citron» Cette couleur^ dont la découverte" eft due à.M. Marggraf, pourroit, felon toute apparence être employée avec iuccès fur l'émail 8¿ là porcelaine , en^ l'édulcorant foigneufement , & en la- feifant calciner avant de l'appliquer, M.aniere à'obtenir teJet d'urine dont on . vient de -parler^- Il faut amaiTer une grande quantité- d'urine de perfonnes faines, & préfé- rer celle de ceux qui boivent commu- nément de la biere_ y on l'expofera à une chaleur modérée pour la faire, en- en putjcéfaélion ? après quoi on laî fera;. sur différents sujets. 28 e fera bouillir lentement dans des vafes de terre verniflés, jufqu à ce que l'u- rine prenne la confiftance d'un iirop, que l'on mettra au frais pour cryftal- lifer. Au bout d'un mois , ou même plutôt en hyver , on aura des cryftaux que l'on diflbudra dans de l'eau chaude bien pure que l'on filtrera toute chaude ; par ce moyen l'on aura de nouveaux cryftaux 5 on réitérera cette dépura- tion jufqu'à ce que les cryftaux foient parfaitement blancs & dégagés d'odeur : 120 pintes d'urine donnent 3 ou 4 on- ces de ce fel, qui eft celui qui cryftal- life le premier. Maniere d'appliquer de ÎOr fur. l'Email ou la Porcelaine, Prenez un gros d'or pur battu bien mince , ou bien d'or en feuilles. Mettez cet or dans un creufet que l'on pla- cera dans le feu pour le faire bien rougir, fans pourtant que l'or entre en fufion. On mettra pareillement dans un autre creufet une once de mercure très-pur ou révivifié du cinnabre, mais on ne fera que le chauffer ; quand l'or fers Partie II, A a * 282 Mémoires bien rouge, on verfera pardeiTus le mer- cure chauiFé ; on remuera bien le mê- lange avec une baguette de fer ; & lorf- qu'il commence à s'élever en fumée , on jettera promptement ce mélange dans un vaiifeau de terre verniifé de rempli d'eau. Lorfque le mélange fe fera épaiiïi , on décantera l'eau , Se l'on paiTera le mélange au travers d'un chamois pour en féparer le mercure ; la matière qui refiera dans le chamois fera mife dans un vafe verniíTé ôc plat, ou bien dans une foucoiipe de porce- celaine que l'on placera fur un feu doux, cependant aiTez fort pour évaporer le mercure ; par ce moyen l'or réduit en une poudre très-fine ; refiera fur la fou- coupe. Quand on voudra dorer une piece d'émail ou de porcelaine , on mêlera de cet or en poudre avec un peu de borax bien pur , & d'eau gommée, ôc à l'aide d'un pinceau , on tracera les li- gnes ou les figures que l'on voudra. Lorfque le tout fera féché, on paiTera la piece au feu , qui n'aura qu'autant de force qu'il en faut pour fondre lé- gérement la furface de la peinture en SUR DtFRÉRENTS SuJETS. 283 émail ou la couverte de la porcelaine j & pour lors on éteindra le feu. En fortant du fourneau, l'or fera noirâtre ; mais pour lui rendre fon éclat , on n'aura qu'à frotter les endroits dorés avec un peu de potée ou d'émeril.' FIN. 0. Aaij APPROBATION. J 'a i lu par ordr2e 8de 4Monfeigneur le .Vice-Chancelier le Manufcrit qui a pour titre : Traité de la Peinture en émail, avec la maniere de préparer les Couleurs^ auquel on a joint un Mémoire fur le tra- vail de la Porcelaine y plujîeurs autres Obfervations Ct' Expériences utiles : Ou- vrage pofthume de M. de Montamy dans lequel je n'ai rien trouvé qui n'en faiTe deiirer l'impreilion. A Paris ce 20 Juin 116^. B E L L E Y. ÍRIVILEGE DU RO I. LOUIS j par la grace de Dieu, Roi de France & de Navarre : A nos amés & féaux Confeiilers les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Prévôt de Pa- ris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenants Ci- vils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra. Salut , Notre amé le Sieur Djderot Nous a fait expofer qu'il deiîrerôît faire imprimer, & donner au Public un Ouvrage qui a pour titre : 28^ Traité des Couleurt & de la Peinture en Email lui par feu M. de Montamy, s'il Nous plaifoit ce né- accorder nos Lettres de Privilege pour ceflaires. A ces causes voulant favorable- , ment traiter l'Expofant Nous lui avons , per- mis & permettons par ces Préfentes, de fair© imprimer ledit Ouvrage autant de fois que , ferriblera, de le faire vendre & débiter bon lui par tout notre Royaume pendant le temps de du quinze années coniécutives, à compter jour de la date des Préfentes, Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires & autres perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles fuient, d'en introduire d'impreffion étrangère dans au- cun lieu de notre obéilTance ; comme auifi d'im- primer ou faire imprimer, vendre, faire ven- dre, débiter ni contrefaire ledit Ouvrage, ni d'en faire aucun Extrait, fous quelque prétexte ce puiffe être, ians la permiilion expreffe que & par écrit dudit Expofant ou de ceux qui au- des ront droit de lui, à peine de confifcation exemplaires contrefaits, de trois mille livres d'amende contre chacun des contrevenants, dont un tiers à Nous , un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris, & l'autre tiers audit expofant, ou à celui qui aura droit de lui, & de tous dépens , dommages & intérêts. A la charge que ces fur Préfentes feronr enregiftrées tout au long le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris dans trois mois de la date d'icelles ; que l'impreffion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs , eti bon papier & beaux caraderes, conformément feuille imprimée, attachée pour modele à la fous le contre-fcel des Préfentes,* que l'Impé- trant fe conformera en tout aux Règlements de la Librairie, & notamment à celui du lo Avril 17x5 ; qu'avant de l'expcfer en vente , le Ma^ nufcrit qui aura fervi de dudit copie à Ouvrage rimpreflion , fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier Chance- lier de t rance le Sieur de Lamoignon, & qu'il fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Bibliothèque publique , un dans celle de notre Château du Louvre , un dans celle dudit Sieur de Lamoignon , & un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier, Vice-Chan- celier & Garde des Sceaux de France le Sieur de Maupeou : le tout à peine de nullité des Préfentes ; du contenu defquelles vous man- dons & enjoignons de faire jouir ledit & fes Expofant ayans caufes pleinement & Îàns fouiFrir paiiîblement, qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la des Pré- fentes, copie qui fera imprimée tout au long au cora- mencement ou à la fin dudit Ouvrage, foit te- nue pour duement lignifiée, & eollationnées qu'aux copies par l'un de nos amés & féaux Confeillers Secretaires, foi foit à ajoutée comme l'original : commandons au premier notre Huiiïier ou Sergent fur ce requis de faire l'exécution pour d'icelles tous Aftes requis & nécef- faires , fans demander autre , & nonobftant permiiTion clameur de Haro, Charte Nor- mande , & Lettres à ce contraire. Car tel efir notre plaiiîr. Donné à Compiegne le jour du feptie- me mois d'Août l'an de grace mil fept cent foixante-cinq , & de notre Regne le cin- quantieme. Par le Roi en fon Confeil. Signé, LE BEGUE, Î04* Traité des Couleurs four la Peinture en Émail , ro;f 33 une meche compofée (je plufîeurs fiîs •ïramaifera avec un couteau à couleurs. 33 de coton , que l'on aura auparavant 93 II efl aifé de bien varier la nuance de 33 trempée dans de l'eau ; on la *3 ; on vient de donner la 33 meche ajuftera ces de façon pourpres que le bout le »3 manipulation qui fait ordinairement 33 plus court, entre dans la furface de la osles plus beaux. Si l'on met une plus 33 liqueur , tandis que le bout le 03 de diifolution d'étain', 33 long doit plus pendre quantité au dehors grande de la taiTe ; osles pourpres qui en viendront feront 33 par ce moyen toute l'eau s'écoulera, 03 d'un violet foncé. Il eft poflible aufti ^33 & la couleur reliera au fond de la des bruns ; cela 33 taiTe »3 de femblable à produire pourpres une de de la de l'or .33 de efpece gelée 03 fouvent grofeilles dépend pureté rouges : alors on enle- 03 & de l'étain l'on aura .33 vera la employés meche que , & on laiiTera fécher 03 diifolutions. 3'3 à dans les l'ombre la couleur, qui diminuera 03 Si l'on veut avoir un ti- 3.» f ' pourpre