L'EDUCATlOHi LASClEMCEí MATiUELLEi lETLOUTlLi PARIS ERNEST FLAMMARION, ÉDITEUR, 26, RUE RACINE ;jr ' LEGADO CARMEN i GIL CONDESAde VILARDAGA MCMLXVI "''it,' A"i Dentelles et Guipures Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays y compris la Suède, la Norvège et le Danemark. EXEMPLE DE COL EN POINT COLBERT. JEAN-BAPTISTE COLBERT. 1619 1685 Fondateur de l'industrie dentellière en France. AUGUSTE LEFÉBURE Dentelles et Guipures ANCIENNES ET MODERNES IMITATIONS OU COPIES Variété des Genres et des Points 52 PORTRAITS DOCUMENTAIRES 249 ÉCHANTILLONS DE DENTELLES, COLLERETTES, FRAISES, MANCHETTES, RABATS,.ETC. PARIS ÉDOUARD ROUVEYRE, ÉDITEUR 76, Rue de Seine, 76 CE VOLUME EST PRÉCÉDÉ D'UN SOMMAIRE ANALYTIQUE. IL EST TERMINÉ PAR UNE NOMENCLATURE DE PLANCHES OU FIGURES ET PAR UNE TABLE GÉNÉRALE Les dentelles reproduites sous les numéros : 68, 106, 133, 134, 135, 136, 137, 159, 161, 167, 168, 169, 170, 173, 174, 176, 177, 203, 204, 205 ont été exécutées sous la direction de M. Lefébure. POUR LA DIRECTION ET LA RÉDACTION DE LA BIBLIOTHÈQUE DES ARTS APPLIQUÉS AUX MÉTIERS S'ADRESSER A M. ROUVEYRE, RUE DE SEINE, 76, PARIS Fig. 2. — Dentellières aux fuseaux. (xviii= siècle.) CHAPITRES ET SOMMAIRES (les numéros indiquent la pagination) La dentelle. Définition de la dentelle, 17. — Sa différence avec la bro- derie, 17. — L'art dans sa fabrication, 17. — Les différents genres de dentelles, 18. — La dentelle à l'aiguille, 19. — Sa fabrication, 19. — Les divisions du travail de la dentelle à l'aiguille, 20. — Les diverses dentelles à l'aiguille, 20. — La dentelle aux fuseaux, son exécution, 20. — Les diverses den- telles aux fuseaux, 21. — Les guipures, 21. — La dentelle au crochet, sa fabrication, 22. Origine de la dentelle. Son origine remonte au xv siècle, 25. — Venise est la pre- mière ville où sa fabrication ait été organisée, 25. — L'ori- gine de la dentelle aux fuseaux est obscure, 25. — Les den- telles aux fuseaux sont contemporaines des premières dentelles à l'aiguille, 24. — Le luxe des dentelles aux .xvi% xvii°, xviiF et xix° siècles, 25. — La dentelle prend place dans les costumes de cour, 25. — Elle sert aussi bien aux hommes qu'aux femmes, 25. — Coquetterie du roi Henri 111, 25, — La mode sous Henri lY, 20. — Extension considérable de la mode 8 DENTELLES ET GUIPURES. des dentelles, 2G. — Les points d'Argentan et d'Alençon, 20. — La dentelle dans les toilettes de déshabillé, 26. — Les dentelles employées dans les hautes coiffures, 20. — Les dentelles employées à l'ornement des baignoires et des lava- bos, 27. — Elles servent à la décoration des églises et des chapelles particulières, ainsi qulà l'ornement des rochets d'évéques, 27. — Ces dentelles ont souvent été vendues à des brocanteurs, 27. — Orgueil des femmes à posséder les plus belles parures de dentelles, 28. —Les goûts d'une Parisienne en 1782, 28. — Les manchettes de jour et de nuit, 28. — Un aperçu des prix de quelques dentelles, 29. — Son emploi comme garniture de lits de parade, 29. — La dentelle dans les corbeilles de mariage. — Une toilette de Mme du Barry, 50. — Déclin de l'industrie des dentelles aux derniers jours de la monarchie, 50. — Emploi de plus en plus restreint de la dentelle, 31. — La dentelle s'industrialise, 52. — Contre- coup de la Révolution sur l'industrie dentellière, 52. — Le goût commence à reparaître sous le Directoire, 52. — Le trousseau de la duchesse d'Abrantès, 55. — Avec le Consulat et l'Empire le luxe des dentelles reprend, 55. — Napoléon protège les fabric{ues d'Alençon et de Chantilly, 54. — Les dentelles deviennent obligatoires dans les costumes de Cour, 54. — La Princesse Pauline et l'Empereur, 55.— L'Empereur achète pour la corbeille de noce de Marie-Louise 81 199 francs de dentelles, 55. — Crise sur les manufactures de dentelles de 1815 à 1817 et invention du tulle à la mécanique, 55. — Les Américaines sauvent parleur goût l'industrie dentellière, 50. — Nouvelle période de prospérité jusqu'à la fin du se- cond empire, 56. — Triomphe des dentelles Chantilly, 50. — Sa fabrication, 50. — L'impératrice Eugénie protectrice de l'industrie des dentelles, 57. — Usage d'offrir des dentelles dans les corbeilles de mariage, 57. — Concurrence de la machine, 57. Le luxe des dentelles. Portraits historiques, 40 à 92. Des efforts faits en frange pour encourager l'industrie de la dentelle au commencement du xx° siècle. L'industrie de la dentelle procure des occupations lucra- tives à de nombreuses ouvrières, 94. — Elle est favorable à CHAPITRES ET SOMMAIRES. 9 la santé, 94. — C'est une industrie morale, 94. — Le Parle- ment français vote un projet de loi destiné au relèvement de cette industrie, 94. — L'initiative en est due à MM. Engerand, Flandin et Vigoureux, députés et à M. Charles Dupuy, séna- teur, 94. — Rapport de M. Flandin, 95. — Fn 1860, 50 000 dentellières dans le Calvados, 95. — Aisance et prospérité pour les campagnes, 95. — La concurrence des machines cause de la crise de cette industrie, 95. — Le nombre des dentellières diminue chaque jour, 96. — Cette défection se pro- duit au moment où la' dentelle revient à la mode, 96. — Mme la Présidente de la République témoigne à M. Lefébure tout l'intérêt qu'elle porte à cette industrie, 97. — Les grandes dames d'Angleterre, d'Autriche, d'Italie, de Suède prennent sous leur patronage la dentelle à la main, 97. — Intérêt social à ne pas laisser perdre une telle industrie, 98. — La dentelle constituait pour les vieilles femmes un gagne-pain, 98. — La dépopulation des campagnes et la crise de la den- telle, 98. — La question de l'apprentissage, 99. — La loi sur l'enseignement obligatoire et la dentelle, 99. — L'appren- tissage de la dentelle est possible à l'école, 100. — Subven- tion du Conseil général aux maîtresses, 101. — L'apprentis- sage est long, il dure 4 ou 5 ans, 101. — Conclusions du rapport de M. Flandin, 102. — Amendement présenté par M. Fngerand pour solliciter l'appui du gouvernement en faveur de la dentelle, 105. — Les nouvelles générations sont déshabituées de ce métier, 104. — Cette situation préoccupe le Ministère du Commerce, 105.— Demande au ministre de l'Instruction publique pour faciliter l'apprentissage scolaire de la dentelle, 105. — Réponse du ministre du Commerce et de l'Industrie à M. Fngerand, 106. — L'amendement de M. Fn- gerand retiré et repris sous forme de proposition de loi, 107. — M. Vigouroux, rapporteur, 107. — Ses arguments, 107. — Inconvénients de l'émigration des femmes, 108. — Exemple donné par la Suède qui forme une Société pour la renais- sanee de l'industrie de la dentelle, 108. — Les dames de l'aristocratie hongroise et autrichienne suivent le même exemple, 109. —C'est en Angleterre que ces œuvres ont pris le plus d'extension, 110. — La vicomtesse Duncannon fait travailler les jeunes villageoises à la confection des broderies, 110. — La duchesse de Devonshire fait faire par des paysan- nés irlandaises les ornements d'un costume de bal costumé, 110. — Ouverture d'une école dentellière à Moscou, 111. — 10 DEXTKLLES ET GUIPUJíES. Nous devons suivre les pays étrangers dans cette voie, ITI. — Indications pour la fabrication des dentelles, 1 P2 et Ho.— La fabrication de la dentelle à la main s'adapte aux occupa- tions rurales, 115.— De vieilles femmes s'y adonnent encore, 114. — La crise dentellière est une des causes du dépeuplement des campagnes, 114. — Les lois scolaires ne s'opposent pas à l'apprentissage à l'école, 117. — Organisation de cours pro- fessionnels, 117. — Les écoles professionnelles organisées en Autriche, 118. — La reine Victoria intervient pour défendre la dentelle à la main menacée pai' la concurrence des machi- nés, 118. — Propositions diverses, 119. — Résumé et propo- sition de loi, 120,121. — Arguments de M. Charles Dupuy au Sénat, 121 à 125. — Vœux des conseils généraux, 124, 125. — Expérience poursuivie à Bailleul, 127. — Lettre du Directeur de l'Enseignement technique, 127. — Lettre du Directeur de l'Enseignement primaire, 129. — Organisation de l'appren- tissage à l'école, 150. — Cours et ateliers créés dans les centres dentelliers, 151. — Conclusions du rapport de M. Charles Dupuy, 155. — Le Sénat adopte la loi, 155. — M. Engerand demande la constitution, par les femmes du monde, d'un Comité de patronage de la dentelle, 154. Les dentelles italiennes Venise, berceau de la dentelle, 155.— Légende sur l'origine de la dentelle aux fuseaux dans ce pays, 155. — Merveilles produites à Venise par l'aiguille, 156.— Une garniture payée par Louis XIV, 150. — Colère des représentants de la Répu- hlique de Venise quand ils s'aperçoivent que leurs ouvrières vont exercer leur métier en France, 156. — Décret rendu par le Sénat, 156 et 157.— Le luxe dans la République de Venise, 157.— Le point de Venise, sa réputation, 157. — Sur l'initia- tive de Colbert, les dentelles d'Alençon et d'Argentan enlè- vent le sceptre de la mode à l'Italie, 158. — Au xviF siècle, l'art reste stationnaire, 158. — Les dentelles fabriquées à Gênes et à Milan, 159. — Les Italiens visent à copier les dessins anciens et à donner à leurs dentelles l'aspect des vieilles, dentelles, 140. — Modèles de dentelles italiennes, 140 à 156. Les dentelles delges Réputation des dentelles de Belgique, 157. — A la Révo- lution, beaucoup d'ouvrières françaises ont émigré en Belgique, 157.— Concurrence faite à la France, 157. — Nom- CHAPITRES ET SOMMAIRES. Il breuses écoles dentellières existant en Belgique, 158.— Points à l'aiguille, 158. — Les Applications, les \'alenciennes, les Malines et les dentelles de Grammont, 159. — Les Applica- tions d'Angleterre, leur fabrication, 159. — Le tulle à réseaux, 159. Le réseau de la Valenciennes, 160. — Concurrence de la — machine qui copie la Valenciennes au point de tromper les personnes les plus expertes, 160. — La dentelle Malines, sa fabrication, 161. Le i)oint de Paris, genre de Malines, ainsi — nommé 'cà l'origine il fut fabriqué au faubourg Saint- parce qu Antoine, 161. — Les dentelles de Bruges, les Duchesses, les Binches et Trianon classées sous le nom général de dentelles — ou guipures des Flandres, 162. — Leur emploi, 162. Les — dessins des dentelles belges fournis par la France, 162. IModèles de dentelles belges, 162 à 188. Les dextelles anglaises Dentelle à l'aiguille dans le genre des dentelles de Venise, 189. — Dentelles aux fuseaux connues sous le nom de dentelle Honiton, 189.—Le point d'Irlande, 189. —La France est arrivée à le très bien fabriquer, 189.— Un Jésuite apporte des modèles de dentelles de Venise en Irlande, 189. — Le point d'Angleterre est fabriqué en Belgique, 190. — On croit que cette dentelle a été inventée en Angleterre, 190. — Sous Charles V, des navires en transportaient de grandes quantités de Flandre en Angleterre, 190. — Origine probable de son nom, 190. —Modèles de dentelles anglaises, 190 à 196. Dentelles espagnoles, alle.mandes, autrichiennes, suédoises et russes. Dentelles du Paraguay. La fabrication espagnole, 197. — La fabrication aile- mande, 197. — L'Autriche réorganise la fabrication des den- telles aux fuseaux et à l'aiguille, 198. — En Russie des comités de dames patronnent la fabrication des dentelles, 198. — Dentelles faites au Paraguay, 198. — Modèles de dentelles de ces divers pays, 198 à 208. Dentelles françaises. Principaux centres de production. Sous quels noms les dentelles françaises sont connues, 209. — Dentelles françaises à l'aiguille, 209. — Les broderies sur 12 DENTELLES ET GUIPURES. filet et les points d'Irlande, 210. — Quels sont les principaux centres de production, 210. Dextelles du Calvados. Origine de la dentelle en Calvados, 211. — Saint Vincent de Paul organise des travaux manuels pour les enfants, 212. — Résistance des corporations industrielles, 212. — Colbert obtient de Louis XIV de restreindre les privilèges trop exclu- sifs des corporations, 212. — Les Hôtel-Dieu et hôpitaux transformés et autorisés à faire travailler les enfants, 213. — Des religieuses apprennent aux petites filles la fabrication de la dentelle, 213. — Dans toute la Normandie un mouvement analogue se produit, 215. — La dentelle aux fuseaux fabri- quée seule à l'origine, 216. — En 1855, M. Lefébure fait commencer la dentelle à l'aiguille comme à Alençon et à Ve- nise, 217. — Le chanoine de Missy fonde un ouvroir de den- telles, 218. — Catastrophe arrivée à la manufacture du Petit- Bureau, 219. — Reconstruction du bâtiment, 219. — Les ma- gistrats municipaux de Bayeux offrent au premier de l'an une paire de manchettes en dentelles de fil à l'Intendant de la Généralité de Caen, 219. — Invention du point de raccroc, 220. — Marie-Antoinette donne la vogue à une espèce de fichus, 220. — A l'approche de la Révolution les manufac- tures de dentelles sont moins prospères, 221. — Pétition au Comité révolutionnaire en faveur de la sœur Hue et de ses compagnes, 223. — Suppression de l'école et de la manufac- ture, 223. — Après huit ans d'interruption, le Bureau de Bien- faisance obtient de rappeler la sœur Hue et la réinstalle à son école, 224. — Deux ans après. Napoléon et Marie-Louise font leur entrée à Bayeux, 224. — Dix-huit jeunes ouvrières présentent à S. M. l'Impératrice une corbeille ornée de den- telles contenant un voile et une très belle robe d'enfant, 224. — Les Chantilly sont exécutés dans le Calvados, 225. — Les Chantilly noirs et blancs, 225. — Prédilection de Mme de Maintenon pour les Chantilly, 226. — Le Point Colbert et le Point de France, 226. — Modèles de- dentelles du Calva- dos, 226 à 238. Dentelles de l'Orne. Alençon premier centre en France de la fabrication des dentelles à l'aiguille, 239. — Colbert choisit cette ville pour la fondation d'une compagnie chargée d'exploiter la fabri- CHAPITRES ET SOMMAIRES. 15 cation des dentelles, 259. — A Argentan, une dame Raffy fonde la première compagnie, 240. — Secret de la fabrication du fond bride perdu pendant la Révolution, 240. — Un hasard fait retrouver, en 1875, des fragments de parchemins sur lesquels étaient dessinées et commencées des dentelles d'Argentan, 240. — Les points d'Alençon et d'Argentan, 241. — Modèles de dentelles de l'Orne, 242 à 262. Dentelles de la Haute-Loire. L'Auvergne et le Velay produisent les premières dentelles aux fuseaux, 265. — Les passements, 265. — Les dentelles Las Pointas, 265. — Les guipures aux fuseaux exécutées dans la Haute-Loire, 264. — Les guipures du Puy exécutées avec des dessins géométriques, 264. — Modèles de dentelles de la Haute-Loire, 267 à 272. Dentelles de la Haute-Saône. Vogue de la dentelle renaissance, et son prix modeste, 265. — Sa fabrication, 265. — Les broderies sur filet et sur toile rappelant les anciens points coupés, 265. Dentelles des Vosges. Centres de fabrication, 265. — Les voyages de Claude Lor- rain, 245. — Distinction des guipures des Vosges avec celles du Puy, 265. — Leur nom de dentelles arabes, 265. — Pièces remarquables produites pour l'ameublement, 266. — Leurs qualités et leurs prix, 266. — Application d'Angleterre fabri- quée à Mirecourt au milieu du xix' siècle, 266. Les imitations de la dentelle. La fabrication de la dentelle à la machine est le triomphe du simili, 275. — Difficulté de la distinction des dentelles à la machine et à la main, 275. — Qualités de la dentelle véri- table, 274. — Sa rareté, 274. — La difficulté du travail et l'ha- bileté nécessaire à sa production, 274. — Orgueil des femmes à se parer de dentelles de valeur, 274. — Comparaison entre la valeur d'une pierre précieuse et celle d'une dentelle véri- table, 274. — Production restreinte des dentelles véritables, 275. — Découverte de la dentelle à la machine, 275. — Son influence sur la classe ouvrière, 275. — La clientèle sans édu- cation artistique, 276. — Ignorance de la femme du monde dans le discernement des genres de la dentelle, 276. — Le 14 DENTELLES ET GUIPURES. premier métier à dentelle, 'iTü. — L'industrie du tulle uni mécanique, 5270. — Les métiers tirés d'Angleterre, importés à Lyon, 276. — Fondation d'une fabrique à Saint-Pierre-lès- Calais en 1817, 276. — Adaptation, au métier, de l'invention de Jacquart en 1837, 276. — Broderies des dessins de gui- pure avec des fds de coton blanc sur un fond de gaze en laine en soie, 277. — ou Broderies sans fond produisant des effets de points clairs, 277. — Production annuelle des métiers à dentelles, 277. — Faits ayant contribué à établir une confu- sion dans l'esprit du public, 277, 778. — Pillage des noms de dentelles, les fausses attributions, 278. — Distinction pour les reconnaître, 278. — Confusion créée parles fausses appel- lations, 278. — Infériorité, à prix égal, de quelques dentelles, 279. — Modèles de dentelles imitées, 275 à 294. Dentelles véritables et leurs imitations. Distinctions entre les dentelles véritables et leurs imita- tions, 295. — Quelle méthode faut-il suivi'e pour discerner les dentelles, 295. — Effet cherché du dessin des dentelles véritables demandé, tant à la finesse et à la perfection du travail qu'à celui produit par la disposition du dessin, 296. — Répétition des raccords ou motifs dans les dentelles mécaniques, leur rapprochement, 296. — Apprêts durs et cassants des dentelles imitations, 296. — Différence de tou cher très sensible dans les imitations de Valenciennes, de Chantilly ou de Blonde, 296. — Toucher onctueux des den- telles véritables, 296. — Régularité absolue donnée par la machine dentelles mécaniques, 296. — aux Tissus épais et serrés formés dans l'intérieur des fleurs, leur manque de transparence et du modelé des fonds obtenus par l'aiguille — ou les fuseaux, 297. — Différence entre les picots, 297, Distinction entre le métrage de la dentelle imitation et celui de la dentelle véritable, 297. — ,Garantie sur facture obtenue par la mention « Dentelle véritable — », 297. Le clinquant, le vrai et le faux luxe, 300. — Guide et encouragement de la mode par celles qui en sont les initiatrices et les arbitres, 300. — Modèles de dentelles véritables et de dentelles imitation, 295 à 299. La rénovation de la dentelle. Intérêt de premier ordre, pour la France, à entretenir la prospérité de la dentelle, 301. — Supériorité de la fabrication CHAPITRES ET SOMMAIRES. 15 française, 501. — Les modèles français et surtout parisiens, 502. — Rôle prépondérant au point de vue du goût joué, jadis, par les élégantes, 502. — Le rôle de l'État compris par le Parlement, 505. — Éducation artistique des dessinateurs, 505. — Théories mises en pratiques par la Chambre syndicale des dentelles et broderies, 505. — Commission composée de fabricants et de négociants, sous la présidence de M. Laurent Pagés, 505. — Cours et conférences pratiques faits aux éléves, 504. — Ouverture de cours semblables étudiés dans les cen- tres dentelliers, 504. — Maintien de la vieille'et grande répu- tation des belles dentelles françaises, 504. Fig. 5. — Métier à dentelle aux fuseaux employé dans les Flandres, (xviii® siècle.) T I LA DENTELLE I í. ! La dentelle, accessoire ornemental du vêtement, est ! un tissu à points clairs dont le fond et les fleurs ne sont i formés que par le travail de la dentellière. Les instru- f ments employés pour sa fabrication sont l'aiguille ou les I fuseaux. .| La dentelle se distingue essentiellement de la broderie, 1 car celle-ci a besoin d'un fond pour écliafauder et sou- [ tenir les fds; la broderie est une ornementation adhérente j, à l'étoffe qu'elle met en valeur. L'art tient une très grande place dans la fabrication de ' la dentelle; en efí'et la matière premièreF, míêgme l5or.sq—u'elle . ; est de la Dessin plus belle qualité, représente très de chose de Dentelle. peu (xvi= siècle.) en comparaison du talent du dessinateur et de la dextérité de l'ouvrière : ce sont ces deux éléments réunis, efforts in- telligents du crayon secondés parla main habile qui manie l'aiguille ou les fuseaux, qui rendent la dentelle précieuse la dentelle. 2 I i i i - ' rr i 18 DIFFÉRENTS GENRES DE DENTELLES, par elle môme puisqu'elle ne doit pas une partie de sa valeur à l'or, aux diamants, à aucnne matière rare enfin l'on peut estimer en la pesant, comme on le fait que pour les bijoux. Genres de dentelles.* Les genres de dentelles sont classés selon le procédé de leur fabrication : 1° La dentelle à l'aiguille; — 2° La dentelle aux fuseaux; — 5^ La dentelle au crochet. Sous le nom de dentelle Renaissance, on comprend encore un genre de dentelle fait à l'aiguille mais exécuté avec des petits lacets qui forment les contours du dessin. Ces lacets sont réunis entre eux par des jours, des mailles des barrettes. Ce genre ne peut pas être classé dans la ou broderie car il est difficile de prétendre que ces petits lacets constituent un fond plein et n'est pas non plus une dentelle proprement dite obtenue entièrement par l'ai- guillp ou les fuseaux. La dentelle Renaissance tendant cependant à copier de plus ou moins loin les dentelles Fig. 6. — Dentelle Venise, exécutée à l'aiguille, (xvn siècle.) DIFFÉRENTS GENRES DE DENTELLES. I!) entièrement faites à la main et sa confection exigeant un long travail manuel à l'aiguille, il était utile de la signaler parmi les genres de dentelles. Dentelles a l'aiguille. La dentelle à l'aiguille s'exécute sur un papier ou un parchemin où est tracé et piqué un dessin très précis indiquant tous les détails voulus par le dessinateur. L'ouvrière jette des fils de bâti sur ce parchemin en sui- vaut les contours du dessin : ce sont ces premiers fils qui servent de support pour rattacher les points entre eux, destinés à constituer la dentelle. Des motifs ou des fleurs sont ainsi formés. On les réunit ensuite soit par des barrettes, soit par des mailles. On appelle mats les points Irès serrés des ornements par opposition aux jours qui sont les points clairs plus ou moins riches, plus ou moins compliqués qui ornent l'intérieur de ces motifs. Les reliefs sont des broderies qui viennent estomper et buriner les contours des fleurs. Ainsi la dentellière fait un morceau grand comme la Fig . 7. — Point ColbeiT, rnodernc, exécuté à Taiguilie. '20 DIFFÉRENTS GENRES DE DENTELLES, main ; souvent ce morceau, afin de diviser le travail, passe, avant d'être terminé, entre plusieurs ouvrières qui, successivement, exécutent les unes les mats, les autres les jours, les mailles ou les reliefs, chacune apportant à la tâche commune le travail qu'elle sait mieux faire; ensuite les morceaux, détachés du parchemin, sont réunis à d'au- tres morceaux par des points de couture qui se perdent le long des tiges et des ornements du dessin. Toutes les dentelles à l'aiguille sont travaillées en blanc. Les principales sont : Le point d'Alençon. Le point d'Argentan. Le point de Bruxelles (appelé aussi Point à l'Aiguille ou Point Gaze). Le point de Burano. Le point de Rose. Le point Colbert. Le point de Sedan. Le point de France. Le point de Venise. Fig. 8. — Carte piquée pour exécuter une dentelle aux fuseaux. Dentelles aux fuseaux. La dentelle aux fuseaux s'exécute sur un petit métier que l'on appelle coussin ou carreau. Une carte piquée représentant le dessin, et indiquant DIFFÉRENTS GENRES DE DENTELLES. 21 les trous où devront etre successivement placées les épingles qui serviront à retenir l'entre-croisement des fils, est disposée sur ce coussin. Les fils y sont fixés par une première série d'épingles et sont enroulés à l'autre bout sur des fuseaux. C'est en croisant et en recroisant successivement ces fuseaux, en tressant, en nattant et en nouant ces fils, que l'ouvrière arrive à former les mats et les réseaux qui seront le tissus de la dentelle. Le travail des dentelles aux fuseaux est divisé entre les ouvrières qui font chacune soit des morceaux détachés, soit des bandes; on les réunit ensuite par des coutures pour former de larges volants ou de grandes pièces; ce travail exécuté à l'aiguille est appelé point de raccroc. Les dentelles aux fuseaux se font en blanc, en noir et même en couleur et sont exécutées en fil, en coton, en lin, ou en soie; on peut travailler aussi des cordons d'or ou d'argent, du crin, de la paille, de la chenille et même des cheveux. Les principales dentelles aux fuseaux sont : La dentelle Application La dentelle des Flandres. d'Angleterre. Le point de Gênes. Le point d'Angleterre. La cîentelle de Grammont. La dentelle Arabe. La dentelle de Lille. La dentelle de Bayeux ou La dentelle Malines. de Caen. Le point de Milan. La dentelle de Rinches. La dentelle de Mirecourt. La dentelle de Blonde. Le point de Paris. La dentelle de Bruges. La dentelle ,du Puy. La dentelle de Chantilly. La dentelle Trianon. La dentelle de Cluny. La dentelle Valenciennes. La dentelle de Craponne. La dentelle Valenciennes- La dentelle Duchesse. Brabant. On appelle guipures toutes les dentelles dont le fond est formé de barrettes et non de mailles. Beaucoup des '22 DIFFÉRENTS GENRES DE DENTELLES. (lontelles qui viennent d'être énoncées prennent donc éga- lenient dans [ce cas le nom de guipures comme par exemple ; guipure de Cluny, guipure de Bruges, etc. Dentelles a.u crochet. La dentelle au crochet ne se travaille ni sur un parche- min, ni sur une carte; elle se fait en l'air sur le doigt comme le tricot. Le fd se boucle à l'aide du crochet, se croise, se noue el forme, par tous ces enlacements successifs, le tissu de la dentelle. La dentelle au crochet s'appelle point d'Irlande. Fig — . 9. Dentelles d'Irlande exécutées au crochet. Fig. 10. — Point d'Irlande. Fig. H — . Point de Venise, travail à l'aiguille. (xvi= siècle.) ORIGINE DE LA DENTELLE. C'est seulement au xv® siècle que l'on commence à voir, sur les portraits et les costumes, les traces des premières dentelles ; jusqu'à présent on n'en a pas découvert avant celte date, mais, dès le commencement delà Renaissance, la dentelle devient une industrie importante et productive. Venise paraît être la première ville où la fabrication de la dentelle ait été organisée. 11 est vraisemblable que l'art de la dentelle à l'aiguille a succédé aux travaux de brode- ries à points coupés qui se faisaient dans la toile, dès l'antiquité. L'origine des dentelles aux fuseaux est confuse. Quelle femme a eu, la première, l'idée de natter des fils à l'aide des fuseaux? Habitait-elle les Flandres ou les bords de l'Adriatique? Aucun document ne permet de porter un jugement sur ce point depuis longtemps discuté. ^24 ORIGINE DE LA DENTELLE. Ce qui est confirmé par des documents, ou des gra- vures d'un caractère indiscutable, c'est que les premières dentelles aux fuseaux sont contemporaines des premières dentelles à l'aiguille : les deux genres se développent el s'emploient concurremment selon les exigences du cos- tume. Nous allons suivre l'évolution de la mode aux d i fie- rentes époques et voir comment la dentelle a été successi- vement employée. Fig. 12. — Dentelle de Venise exécutée à l'aiguille et destiné à garnir des collerettes, (xvi" siècle.) ll.es personnages de cette dentelle sont en sens inverse de la bordure afin d'ôtre vus droits quand ils étaient placés dans le haut des cols montants.) Fig. i'). — Point de Venise exécuté à l'aiguille, (xvi^-xvii' siècle). Le luxe des dentelles aux xvF , xvii®, xviii® et xix® siècles. La dentelle commence à prendre une large place dans les costumes de la cour, sous Henri IIL On inaugure alors les grandes collerettes à gaudrons ou fraises, ornées en bordure de très.fines guipures ou -passements^ selon l'ex- pression du temps. Les hommes, aussi bien que les femmes, en font usage. Henri HI était tout particulièrement coquet de ses colle- rettes, et la légende raconte qu'il ne dédaignait pas se servir lui-môme du fer, pour réparer le désordre qu'elles avaient subi au j. porter. Les passements italiens et les gui- pures du Puy exécutésaux fuseaux, avec leurs picots ajou- rés, leurs dessins géométriques réguliers, bordaient déli- cieusement ces collerettes et gardaient, malgré l'apprêt raide nécessaire pour les maintenir, toute leur légèreté et leur transparence. J ^2(i LA DENTELLE ANCIENNE ET MODERNE. Vers la fin du règne de Henri IV, les collerettes gaufrées disparurent et la mode vint aux grands cols plats en batiste ou linon et dentelle, qui, montés sur une armature de fil de laiton, se dressaient sur les épaules et s'étalaient en éventail autour de la tête qu'ils encadraient. Mais ce n'est qu'après le règne de Henri IV, que la mode des dentelles prend vraiment une extension considérable; on commence à en orner, non seulement toutes les parties possibles du vêtement, mais aussi toutes les lingeries, les meubles, les tapis de table, les garnitures de rideaux, d'oreillers, de draps de lit, et même les revers des bottes. Sousl'iniluenceprotectricedésonroyalparrain LouisXlV et l'intelligente direction du grand ministre Colbert, en- couragés et secondés par l'entourage de tous les artistes et des grands seigneurs de cette époque glorieuse, les den- telles françaises luttent avec succès contre les dentelles étrangères et prennent un essor incomparable et merveil- leux; on voit inventer, tour à tour, les jabots, les man- chettes, les canons, les bas de chausses, pour lesquels l'emploi des dentelles légères convient admirablement. Voilà l'apparition charmante des points d'Argentan et des points d'Alençon qui se prêtent si bien aux modes de la fin du xvii® siècle. Les femmes se montrent dans leur intérieur avec des toilettes de déshabillé de la plus grande élégance, littéra- lement ensevelies sous des flots de dentelles : pas un mor- ceau de toile ou de batiste, destiné à leur usage ou à servir de garniture aux meubles de leur boudoir ou de leur chambre, qui n'en soit orné. Etagées, en larges plis, les dentelles servent même à édifier les hautes coiffures, qui font fureur. n 11 suffit de parcourir le curieux recueil des costumes de LE LUXE DES DENTELLES. 27 Louis XIV par Bonnard, à la Bibliothèque nationale (ca- binet des Estampes), pour voir quelle place la dentelle tenait, à cette époque, dans tous les costumes. Ici, c'est une grande dame, la princesse de Soubise, en habit de ville, dont la coiffure, en fine Valenciennes, s'élève dans les airs comme un majestueux escalier; le corsage décol- leté, avec bordure en point d'Angleterre plissé, s'allonge en pointe, tandis que le manteau de brocart, orné de riches passementeries, laisse voir par devant une jupe en point de France à l'aiguille; les épaules sont couvertes d'un mantelet à la vieille à double volant d'Angleterre. Là, c'est l'intérieur d'un cabinet de toilette, meublé avec une somptueuse élégance; sur la tablette d'un lavabo, que recouvre une nappe ornée de volants en dentelle à l'aiguille, s'entr'ouvrent coquettement des rideaux de guipure, devant une glace originaire de Venise. Ailleurs, c'est une dame de qualité en toilette de bain, revêtue d'un peignoir tout garni de Valenciennes, debout près d'une baignoire, dont le fond de bain est luxueusement bordé d'un volant de point d'Alençon, retombant tout autour. A cette époque, ce n'était pas seulement pour le monde ^ que l'on faisait de merveilleuses dentelles : c'était aussi pour l'Église, afin d'orner les rochets des évêques ou les riches mobiliers des chapelles particulières et des églises parois- siales. Décorer la maison de Dieu était considéré comme une oeuvre des plus méritoires, et ce sentiment faisait affluer dans les fabriques des églises toutes sortes de richesses. Que sont-elles devenues aujourd'hui? Sans respect pour les donateurs, on a cessé, dans beaucoup d'églises, de faire attention à ces précieuses curiosités; on les a trop souvent livrées, à vil prix, à des brocanteurs; 28 LA DENTELLE ANCIENNE ET MODERNE, ceux-ci ont largement profité de la passion du bibelot, qui semble vouloir tout dominer aujourd'hui, pour les vendre à des collectionneurs. Puissent ces collectionneurs se souvenir de temps à autre que changer l'usage, la desti- nation ou même l'emplacement pour lequel une chose a été faite, est trop souvent un contre-sens artistique! Ce qui a le plus contribué à l'art et à l'encouragement de la dentelle sous Louis XV et sous Louis XVI, c'est l'orgueil que mettaient les femmes de cette époque à posséder les plus belles parures, en les payant le plus cher possible, comme on le fait encore aujourd'hui pour d'autres frivolités, plus en faveur, comme les fourrures, les diamants ou les perles. Ainsi dans l'histoire, la Mode va, passe puis revient souvent incompréhensible dans ses fluctuations, apportant, par la coquetterie et l'élégance de la femme, à telle ou telle industrie plus favorisée par elle, l'irrésistible levier, si on peut s'exprimer ainsi, qui décide de son sort et de sa pros- péri té. Sous Louis XV, les rubans, les miroirs et les dentelles sont trois choses sans lesquelles une Française ne peut vivre. En 1782, Mercier, dans son Tableau de Paris, déclare qu'une Parisienne qui n'a pas dix mille livres de rentes se passe souvent de draps et de serviettes, mais qu'il lui faut des bas de soie et, avant tout, des dentelles. Les manchettes, démesurément grandes, sont devenues l'objet capital de la toilette des hommes et des femmes. On raconte (mais que ne raconte pas la légende, souvent exa- gérée et maligne), que ces fameuses manchettes furent introduites dans la Mode par de jeunes seigneurs fripons qui, voulant filouter au jeu, escamotaient les caries dans leurs vastes plis. Les manchettes de jour sont en point d'Alençon, les manchettes de nuit en Valenciennes. Les LE LUXE DES DENTELLES. 29 valets poudrés eux-même, en portaient et renonçaient paraît-il à manger des plats à la sauce de peur de salir leurs manchettes. Leur prix, et par suite leur finesse et leur beauté, est souvent considérable, comme nous pouvons le constater dans les notes de garde-robe du duc dePenthièvre, en 1738, où nous relevons ces détails : 4 aunes de Point pour collet et manchettes de la chemise de nuit 520 livres. 3 aunes 3/4 dito pour jabot de nuit 247 1.10 s. L'occasion, par excellence, pour les femmes de déployer le luxe de leurs dentelles, était le moment où la jeune mère recevait des visites à ses relevadles. C'était de bon ton et naturel, vu la circonstance de causer peu, mais les visiteuses pouvaient s'extasier à leur aise sur la beauté des dentelles portées parla jeune accouchée; à la sortie de la ruelle, par exemple, son luxe donnait lieu, bien entendu, à de longues critiques et à d'interminables papotages. On vantait alors la garniture du lit eri dentelle, qui était d'un usage général. Les Mémoires du duc de Luynes (1738) nous apprennent que le couvre-pieds en point d'Angleterre de la duchesse, son épouse, coûte environ 30 000 écus. Mme de Créquy, dans ses /Soia'cnirs, mentionne qu'elle a rendu visite à la duchesse douairière de La Ferté, qui l'a reçue dans son lit de parade, dont la garniture des draps en point d'Argentan valait au moins 40 000 écus. En 1759, Madame, fille aînée de Louis XV, épouse l'infant d'Espagne et dépense 025 000 francs pour son trousseau garni de dentelles. Un document, anglais cette fois, constate que le trous- seau de Mlle de Matignon a coûté 100 000 écus. L'écrivain Swinburne qui nous donne ce détail dans son livre Les 50 LA DENTELLE ANCIENNE ET MODERNE. Cours de l'Europe^ ajoute en commentaire « que la dépense que l'on fait en France pour nipper une mariée ferait une jolie dot en Angleterre, et que c'est chose fort commune d'acheter pour 5000 livres de dentelles pour sa corbeille ». A voir le soin et le luxe de détails avec lequel ces difle- rents historiens mentionnent ces documents et énumèrent les factures des dentelles, on se rend compte que la situa- tion d'une femme était estimée au luxe déployé dans les garnitures de son linge et de ses robes. Sous Louis XV, chaque dentelle a une saison déterminée : les points d'Argentan et d'Alençon sont déclarés par la mode dentelles ddiiver, les points d'Angleterre dentelles d'été. Quelques extraits des comptes de Mme du Barry nous donnent une nouvelle idée des dépenses faites pour la den- telle au milieu du xvin® siècle. Une toilette d'Angleterre complète. . . . 8825 francs. Une parure, composée de deux barbes, et 6 rangs de manchettes le tout en Angleterre ' superfîn 8000 fr. Une garniture de peignoir 2432 fr. ' Comment s'étonner après cela qu'une industrie aussi bien patronnée et encouragée par des femmes d'un goût raffiné, sachant à première vue mettre le prix sur les mer- veilles qu'elles étalaient, ait produit des spécimens et des modèles exquis comme ceux que possèdent les grands collectionneurs et dont on a pu admirer plusieurs belles pièces dans la section rétrospective lors de l'exposition universelle à Paris en 1900. Avec les derniers jours de la monarchie, l'industrie si florissante des dentelles touche à son déclin. La Révolution comme toutes les grandes commotions sociales, fut fatale LE LUXE DES DENTELLES. 51 à son commerce, surtout basé sur le luxe. D'ailleurs à partir de cette époque, la femme cesse d'être la grande dame, femme d'élite par sa naissance, son goût, son éducation et son influence ; elle n'est plus reine, elle ne domine plus, elle ne dirige plus, elle n'inspire plus; elle a, en quelque sorte, laissé échapper son sceptre. Sa coquetterie, qui était un gracieux tyran, imposant à tous les lois de l'étiquette et du costume, cette coquetterie intelligente, chercheuse et créatrice qui inspirait les artistes subjugués parses caprices s'incline et se soumet. La femme ne s'habillera plus, ne se coiffera plus elle-même selon l'initiative de son goût et de ses idées, on l'habillera, on la coiffera. Voilà, en effet, qu'apparaissent sur la scène de la Mode, le coiffeur, la modiste, la couturière et le couturier, pour y prendre, chaquejour, une place de plus en plus prépondérante. Leurs noms deviennent célèbres et la trompette de la renommée nous les transmet. C'est le coiffeur Léonard qui, à la fin du règne de Louis XVI coiffait la gracieuse reine Marie-Antoinette et Portait jusqu'au ciel l'audace des coiiTures, comme nous le raconte en vers le chevalier de Boufllers. Ce célèbre coiffeur garnissait les cheveux de toute espèce de choses : de fleurs, de plumes, mais fort peu de dentelles. Léonard n'aimait pas la dentelle, ne la conseillait pas à ses clientes, et, quand un Léonard n'aime pas la dentelle, les ouvrières dentellières, quelque habiles qu'elles soient, doivent attendre de meilleurs jours avec la protection d'un autre coiffeur. Mlle Bertin, la modiste en vogue de la même époque, sup- portait encore les tulles, mais il fallait qu'ils soient garnis de petits semés, de pois ou de mouches imperce¡)tibles 52 LA DENTELLE ANCIENNE ET MODERNE. A cela seul, Mlle Berlin réduit l'art du dessinateur en den- telles : elle les emploie comme de véritables chilíons, souvent très aucun caractère. A'aporeux et très seyants, mais sans Obéissant naturellement à cette impulsion, dès cette époque la dentelle s'industrialise peu à peu, les belles pièces se font rares et le commerce lui fait lourdement sentir : lan- son empire tyrannique du plus gros profit les ceurs de la mode préconisent naturellement l'article d'une vente plus facile et d'un meilleur bénéfice à l'article d'art et de goût, et l'acheteuse indolente et sans initiative l'accepte sans murmure : le nivellement des dentelles suit le nivel- lement des classes de la société. Pendant douze ans d'ailleurs, les manufactures dentel- lières, subissant le contre-coup terrible de la Révolution, restèrent fermées et beaucoup de centres de fabrication ne se relevèrent pas. Sedan, Charleville, Mézières, Dieppe, le Havre cessèrent de produire; Valenciennes essaya de lutter mais n'y put parvenir, vaincue par la concurrence de la Belgique. Cependant, avec le Directoire, le goût des dentelles commence à reparaître : on refait de jolies garnitures; mais la lutte entre la France, la Belgique et l'Italie devient de plus en plus ardente, à mesure que l'on met moins de prix aux dentelles: les salaires en France sont, en effet, plus élevés et les dentelles n'y survivent que grâce à la supério- rité incontestable de leur fabrication, au caractère artis- tique de leurs dessins et à l'habileté invincible des ouvrières françaises. La duchesse d'Abrantès, alors Mme Junot, qui se maria en 1800, nous donne dans ses Mémoires de précieux rensei- gnements en nous décrivant son trousseau : ses mouchoirs de Valen- ses jupons, ses canezous du matin, sont garnis LE LUXE DES DENTELLES. ciennes, de jNIalines ou de point d'Angleterre. Dans sa cor- heille, il y avait des garnitures de robe eu Pointa l'Aiguille ou en Points de Bruxelles et des robes entières en Blonde de soie blanche ou en dentelles noires françaises. « Pour aller à la mairie, j'avais, continue-t-elle, une robe en mous- seline de l'Inde, brodée au plumetis : cette robe était à ([lieue, montante, et avec de longues manches qu'on appe- lait alors amudîs; la fraise était en magnifique Point à l'Aiguille; sur ma tète, j'avais un bonnet en Point de Bruxelles. Au sommet du bonnet, était attachée une petite couronne de fleurs d'oranger, d'où partait un long voile en Point d'Angleterre, qui tombait à mes pieds et dont je pouvais presque m'envelopper. » Avec le premier Consul, et plus tard l'Empereur, le luxe et l'élégance des dentelles se ressentent de la précieuse réaction qui mit la France à la tête de toutes les nations. , Mme Bécamier, dont l'élite de Paris remplissait les salons reprenant les anciens usages du petit lever, recevait ses hôtes, couchée sur un lit doré, sous des rideaux du plus beau Point de Bruxelles dont le dessin était composé de guirlandes de chèvrefeuille, et enveloppée dans un peignoir, garni du plus ravissant Point d'Angleterre. La protection des industries de luxe françaises a été de tout temps un devoir qui a semblé agréable à remplir par ceux qui ont successivement gouverné la France. Ils y étaient d'ailleurs aidés et encouragés partons les Français, et les femmes d'un rang élevé ont toujours apporté plus particulièremenl <à la dentelle l'appui de leur goût et de leur élégance. C'est que la valeur d'une dentelle est surloul représentée parle travail de l'ouvrière : la matière première entre pour fort peu de chose dans le prix de revient. Payer cher une dentelle, c'est donc rémunérer beaucoup de jour- I.A DIONTKLLE. LA DENTELI.E ANCIENNE ET MODEIÍNE. r,í nées de travail de femmes souvent pauvres, et c'est là une jouissance que des femmes riches ajoutent à celle d'etre admirablement parées. Tel est peut-être le secret qui afait , que la dentelle sans a toujours trouvé tant d'appuis, tel est doute celui qui ramène la mode en ce moment vers elle. Napoléon, qui a essayé de conquérir le monde, avait si bien compris que la grandeur et le prestige de la France ne résidaient pas seulement dans la force des armées, qu'il faut d'ailleurs nourrir et entretenir, mais aussi dans la force industrielle et artistique, qui travaille à grossir la fortune publique, s'est efíbrcé, dès le début de son règne, de donner, par le luxe, à sa cour tout le caractère de celle des grands rois : les costumes d'apparat avec leurs superbes broderies d'or, les manteaux de cour, les brillants uni- formes des jeunes généraux, donnent aux fêtes un éclat extraordinaire. Gomme au temps de Louis XIV, les den- telles deviennent obligatoires dans les costumes de cour et, sur l'ordre formel de l'Empereur, les fabriques d'Alençon et de Chantilly sont tout particulièrement protégées et encouragées. Napoléon, d'ailleurs, ne cesse de prouver autour de lui qu'il aime beaucoup la dentelle, qu'il l'admire au point de vue de l'art et qu'il est fier du goût et du talent des fabri- cants français. Mlle Avrillion rapporte, dans ses Mémoires, l'anecdote suivante : la princesse Pauline avait fait à Mme Lesœur, marchande de dentelles de l'impératrice Joséphine, une commande de diverses dentelles s'élevant à oO 000 francs. Quand on apporta ces dentelles à la prin- les cesse, elle ne s'en souciait plus et refusa de prendre. Mme Lesœur, absolument désespérée, en appela à l'impé- ratrice Joséphine; celle-ci se les fit apporter, trouva les Points superbes et crut devoir parler de cette petite affaire LE LUXE DES DENTELLES. 55 à rEinjDereiir. Napoléon voulut aussitôt voir les dentelles, les examina minutieusement et, après les avoir longtemps admirées, s'écria : « Gomme on travaille bien en France! je dois encourager un pareil commerce. Pauline a grand tort de refuser de tels chefs-d'œuvre. Je les achète. » 11 fît venir aussitôt Mme Lesœur, paya la note et distribua tout le lot des dentelles aux dames de la cour. Plus tard, au moment où Napoléon va épouser Marie- Louise, il se plaît à montrer la supériorité des industries artistiques de la France. Il comble de cadeaux tous les princes étrangers, et plus particulièrement, toute la cour d'Autriche, qui devait bientôt après l'abandonner et le trahir. Il veut lui-môme composer la corbeille de noces de la fiancée, dont le rang illustre va lui permettre enfin de traiter de parents et de cousins tous les rois de l'Europe, fù'édéric Masson, dans son livre si curieux Napoléon et les Femmes^ nous raconte que l'empereur achète à cette occasion, pour Marie-Louise, 81 199 francs de dentelles diverses, parmi lesquelles se trouvent un chale d'Alençon de 5200 francs, une robe de -4500 francs et une autre à traîne de 800 francs. En véritable impératrice, Marie-Louise dépense, d'ail- leurs, annuellement 300000 francs par an pour sa toilette et s'efforce, pendant les premières années de son mariage, de collaborer ainsi à la grandeur de la France et à la gloire de son illustre époux. De 1815 à 1817 les manufactures de dentelles se res- sentent cruellement des événements politiques; la crise est encore augmentée par l'invention du tulle à la mécanique, que l'on commence à fabriquer en France. Heureusement, les États-Unis de l'Amérique du Nord ouvrirent, bientôt, une nouvelle voie à l'exportation des .")(i LA DENTELLE ANCIENNE ET MODERNE. dentelles, et les l'emmes américaines sauvèrent, par leur goût raiTiné et le culte qu'elles vouèrent aux belles den- telles, une industrie pour laquelle bien des Françaises elles- mômes semblaient etre devenues presque indifférentes. A partir de 1850, une nouvelle période de prospérité, qui durera jusqu'à la fin du second Empire, favorise la dentelle. Nous assistons alors au triomphe des dentelles aux fuseaux, des Chantilly et des blondes employées en grands morceaux. Pour l'exportation et surtout pour l'Amérique du Sud, où la mode espagnole s'est répandue, on fabrique une quantité énorme de mantilles et écharpes. Beaucoup sont exécutées en blonde de soie, dentelle très soyeuse, très seyante aux cheveux et à la figure, formée de larges motifs fleuris qui se détachent vigou- reusement sur la transparence du réseau. « La fabri- cation de cette dentelle demande beaucoup de soins, dit M. Félix Aubry, l'éminent rapporteur de l'exposition de Londres, en 1851 ; il faut, tout en perfectionnant la fabri- cation, abandonner parfois le goût français pour établir des dessins aux modes de chaque pays; depuis vingt ans, nos fabricants excellent à rendre avec fidélité les indica, tions données par les exportateurs et attirent en France les demandes du monde entier. » Les dentelles légères de Chantilly, de Caen et de Bayeux ne sont pas moins favorisées ; on les emploie beaucoup en volants mais on fait surtout des chales énormes et ces fameuses pointes qui, à l'instar des cachemirs, envelop- pent tout le costume et drapent à la fois le buste, la taille et les bras. Les fabriques à l'aiguille ne sont pas moins prospères. On travaille beaucoup à Alençon et aussi en Belgique, et I.E LUXE DES DENTELLES. "¡ Ton exécute non seulement des vol.-vnts mais aussi de très grandes pièces analogues à celles aux fuseaux. D'ailleurs, tout le second Empire fut certainement très favorable à la mode des dentelles. L'impératrice Eugénie s'était faite la grande protectrice de cette charmante industrie. A son instigation et sur ses commandes, on a fabriqué pour elle des pièces remarquables qui figurèrent aux expositions universelles. Au moment de la naissance du Prince Impérial on a exécuté, à Alençon, unè robe de baptême qui est classée parmi les plus belles pièces faites au milieu du xix® siècle. La guerre de 1870 fut, naturellement, très funeste à la dentelle. Toutefois, lorsque la paix fut assurée, on reprit la fabrication et de 1871 jusqu'à nos jours, on a créé en- core quelques magnifiques dentelles. L'usage charmant d'olfrir des denlelles dans les cor- beilles de mariage s'est conservé et la mode des voiles de mariée, le luxe des rideaux d'ameublement ont permis d'exécuter encore de nos jours de grandes et fort belles pièces. Mais la concurrence de la machine qui se perfeclionne constamment menace de ruiner celle induslrie. Beaucouj) de dames ont abandonné le goût des belles dentelles, et se contentent de garnitures en imitation sans valeur et qui ne visent, par leur profusion, qu'à un efl'et factice. Une crise grave serait à redouter si l'on n'y apportait promptement remède, car les fabricants et beaucoup d'où- vrières se découragent en se voyant abandonnés. Nous allons suivre les elï'orts faits, actuellement, dans le but de conjurer la crise de la dentelle. LE LUXE DES DENTELLES PORTRAITS HISTORIQUES XVP AU XIX" SIÈCLE XVl" SIÈCLE. le IX'XE des deistelles. U FIG. 10. — COL A GAIJDRONS CAUM DE PASSEMEAT. (On désigne par passement les premières guipures au.x fuseau.x.) 48 LE I.rXE DES DE.NTELl.ES. XVI" SIKCMÎ LOCISE-MARGUERITE DE LORRAIXE, PRINCESSE DE CONTI. í Fio. 25. — COL EN PASSEMENT. ^ i ClI.Vr.LOTTE DE MONTMOIiENCI, DlîINEESSE DE COXDÉ. FIG. — COL GARXI D13 PASSL.MLîVT. LA DEXTELLE. 4 w LE I.UXE DES DENTELLES. XVIl'' SIECLE. XVir SIKCLE I.E I -UXE DES DlòNTELI.ES. AMKLIE DE Í^OLMS, PRINCESSE DE NASSAT. I'D;. 2 LA DENTELLE ANCIENNE ET MODERNE, plus en plus dans les programmes la spécialisation con- cordante avec les besoins et les intérêts régionaux; écoles nouvelles d'apprentissage; écoles de commerce et d'in- dustrie. « Il est bien évident que ce sont là autant de cadres préparés, autant de milieux propices à recevoir les cours et ateliers de perfectionnément dont l'industrie dentellière a besoin pour maintenir et développer la supériorité artis- tique qui fait partout rechercher ses produits et qui importe à la fois au bon renom et à l'intérêt de la France. « Or, il n'est pas un des départements dentelliers ou n'existe tel ou tel de ces organismes dont nous venons de parler, dans lesquels il sera très simple de faire à la den- telle à la main la place qu'elle mérite. « L'Au triche-Hongrie nous a précédés dans cette voie, au cours de la crise dentellière qu'elle eût à subir il y a une vingtaine d'années. Où chercha-t-elle le remède au mal? Dans l'enseignement. « Des écoles professionnelles ' fuirent établies sur tous les points de l'Empire et il fut créé à l'Ecole nationale d'art industriel un cours de 'dessin sur dentelles et un atelier modèle pour perfectionner la tech- nique de l'aiguille et du fuseau. Des ouvrières choisies viennent apprendre à la grande école les procédés non- veaux; leurs frais de séjour sont assurés et, quand leur instruction est suffisante, elles retournent dans leurs vil- lages et font profiter les autres du savoir qu'elles ont acquis. Les résultats obtenus ont été magnifiques et la dentelle à la main n'a rien à redouter de la concurrence du produit mécanique ». « Voilà ce que la France doit faire à son tour. « Mais, si votre Commission estime (pi'il est très utile d'ouvrir des cours et ateliers de perfectionnemcnl pour LA DENTELLE EN FRANCE AU NX-' SIÈCLE. 137) les dentellières, elle considère qu'il est un but encore pins important à poursuivre, à savoir de former des dessina- leurs d'art, inventifs et habiles, chargés de fournir à l'in- duslrie dentellière, ce qui lui manque trop et tend chaque jour à lui manquer davantage, des dessins originaux et bien conçus. « En résumé, l'industrie delà dentelle à la main demande et mérite aide et protection; la meilleure manière delà secourir c'est de lui garantir l'apprentissage à l'école pri- maire et à l'école normale, et de lui donner, par les cours supérieurs et les ateliers spéciaux, les moyens de perfec- iionner sa main-d'œuvre et de former les dessinateurs dont elle a un absolu besoin. « Si l'institution des cours et ateliers de perfectionne- ment demande du temps et aussi des pourparlers et une entente entre l'Etat, les départements et communes inté- cessées, les mesures relatives à l'apprentissage dans l'école peuvent être prises dès la rentrée des classes, dans autant d'écoles qi^e le ministre de rinstruction publique, après avis du Conseil départemental, estimera utile d'en dési- gner par le décret prévu à l'article premier. « Convaincu de l'utilité de l'ensemble des mesures pré- vues et de l'heureuse influence qu'elles auront sur la pros- périté d'une industrie digne à tous égards d'aide et d'en- couragement, votre Commission a l'honneur de vous demander de voter la proposition de loi sur laquelle s'est prononcé la Chambre des députés. » Le Sénat a adopté cette loi; mais pour couronner et compléter les efforts et encouragements officiels qui, s'ils peuvent avoir une influence décisive sur la fabrication, sont évidemment impuissants à activer la vente des den- m 154 LA DENTELLE ANCIENNE ET MODEUNE. telles, M. Engerancl, dans une conférence faite au Musée social, émettait Tavis très pratique qu'il conviendrait de constituer en France un comité de patronage de la den- telle, principalement recruté parmi les femmes du monde, seules capables à l'heure actuelle de reconquérir quelque influence sur la direction générale de la mode. Bien convaincues de l'utilité morale et sociale de l'in- dustrie dentellière, ces dames patronnesses feraient en sa faveur, dans leur monde et près des artisans immédiats de la mode, la plus chaleuseuse propagande, prêchant d'exemple en se faisant une règle de ne porter que des dentelles à la main. Pour le choix d'une toilette, elles donneraient des ordres au lieu de solliciter des avis sou- vent intéressés. La dentelle ainsi défendue et protégée redeviendrait vite prospère. Fig . 70. — Point de Venise xvi" siècleî. LES DENTELLES ITALIENNES Venise a été le berceau de la dentelle. Il y court sur l'origine des dentelles aux fuseaux une si jolie légende, que nous ne savons résister au plaisir de la raconter à nos aimables lectrices. Un jeune pécheur de TAdriatique était fiancé à la plus belle fille d'une des îles de la lagune. La jolie fiancée avait fait à son futur un filet de pêche qu'il emporta à la mer, et la première fois qu'il s'en servit, il rapporta du fond des eaux une superbe algue pétrifiée qu'il s'empressa d'offrir à sa bien-aimée. Tout à coup, la guerre éclate et le jeune marin est obligé de partir vers les rives d'Orient. ir,Ü LA DKNTLL.LE ANCIENNE ET MODERNE, l.a pauvre fiancée pleure et passe, foui eu Iressanl les mailles de ses fîlels, des jours entiers à eonlempler la belle algue, qui est son dernier gage d'amour. En regar- dant ses délieates nervures, reliées de fd^res si légères, elle tresse toujours les fils, terminés par de petits plombs (pii pendent autour du filet qu'elle prépare : peu à peu, ses doigts agiles reproduisent avee ces fils le dessin de l'algue. Elle réussit bientôt à la copier et invente ainsi la dentelle aux fuseaux. En môme temps que les fuseaux, l'aiguille produisait aussi des merveilles à Venise. C'était, n'en déplaise aux dames, pour les hommes que l'on travaillait surtout an dél)ut, afin d'orner leurs costumes de cour, ou d'exécuter des aubes ou des rochets pour les prélats. On faisait des cols, des rabats ou des manchettes. L'histoire mentionne que Louis XIY paya une seule garniture plus de 250 écus d'or. Les ouvrières, véritables arlistes, étaient d'ailleurs passionnées pour leur travail; certaines d'entre elles, ne trouvant pas de crins' assez beaux pour mettre sous leurs festons, y employaient, paraît-il, leurs propres cheveux. La colère des représentants de la République de Venise fut terrible quand ils s'aperçurent que des ouvrières allaient exercer leur métier en France. On considéra cet acte comme un véritable crime d'État, et les doges n'hésitèrent pas, pour se venger, à emprisonner les parents de celles qui étaient ainsi parties; on désigna mômes des émissaires ponr les mettre à mort partout où on les rencontrerait, Voici le décret rendu à ce sujet par le Sénat : « Si quelque ouvrier ou artiste transporte son art en pays étranger, au détriment de la République, il lui sera envoyé l'ordre de revenir; s'il n'obéit pas, on mettra en LIÍS DENTELLES ITALIENNES. ir.7 prison ceux qui lui appaiTiennenl de plus près, afin de le déterminer à l'obéissance par l'intéréL qu'il leur porte ; s'il revient, le passé leur sera pardonné, et on lui procurera un établissement à Venise ; si malgré l'emprisonnement de ses parents, ils s'obstine à demeurer chez l'étranger, on chargera quelque émissaire de le tuer, et après sa mort, ses parents seront mis en liberté. » Nos mœurs et celles de l'ancienne République de Venise se sont heureusement adoucies ; la concurrence commer- ciale se développe aujourdhui sans encourir d'autres cha- timents que les tarifs douaniers. Ainsi les moyens de ré- pression changent; la lutte reste la même. L'époque du véritable luxe dans la République de Venise n'est pas, comme on pourrait le croire, le xvii® siècle, mais la lin du xv® siècle et surtout le xvi® siècle, la richesse des patriciens est arrivée à son apogée à cette époque. Nous voyons des artistes du plus haut mérite se vouer à la composition des dessins ou patrons : le neveu de Ti- tien a laissé une collection célèbre en ce genre ; on faisait spécialement des dentelles pour les princesses du sang, pour les dames les plus illustres, pour les reines, et au- jourd'hui les exemplaires de ces curieux ouvrages se payent leur pesant d'or. Le point de Venise a donc dans le monde entier une réputation considérable. Le caractère de cette dentelle consiste dans des reliefs tigurant des ornements pleins ou à jour, modelés avec art et disposés en fleurs fantastiques d'un jet très large dont les épanouissements sont reliés par des brides et des bar- rettes très délicates. Ce genre est un des plus beaux par la somptueuse élégance de ces reliefs qui en font comme une sculpture pleine de velouté. I~S LA DENTELLE ANCIENNE ET MODEUNE. CcpeiiJanl lorsque rintelligcnlc- initiative de Colbert parvint à former des ouvrières, lorsque les grands artis- tes français ne dédaignèrent pas de dessiner les dentelles exécutées à Alençon et à Argentan, le sceptre de la mode échappa à l'Italie. Depuis le milieu du xvir- siècle l'art y resta stationnaire et on peut affirmer que l'on n'y créa plus pour ainsi dire de dessins nouveaux, à l'exception des mauvaises copies de dessins français. Voici pourquoi de nos jours on pent faire, en quelques mots, le plus grand éloge des ouvrières dentellières italiennes et la plus grande critique des fabricants qui les emploient en constatant que ces fabricants sont passés maîtres dans l'art de faire des dentelles neuves, qui ont absolument l'aspect de dentelles anciennes. Est-ce chez eux un parti pris ou cèdent-ils aux désirs de certains intermédiaires, parfois peu scrupuleux, qui n'hé- sitent pas à y ajouter artificiellement quelques trous et beaucoup d'usures? Toujours est-il que les plus experts sont souvent embarrassés. D'un autre côté, cela est certainement la preuve que les ouvrières ont conservé beaucoup des bonnes traditions du passé, mais il est fâcheux de ne pas savoir mieux les diri- ger, car, si le public venait à se fatiguer de ces mala- droites copies, qu'adviendrait-il de l'industrie dentellière italienne? On fait à Venise, dans ses environs, et surtout à Burano, petite île située à quelques kilomètres dans les lagunes, beaucoup de dentelles <à l'aiguille. Il existe là une école dentellière, protégée par la reine, d'où sortent les meil- leures ouvrières. Les principales dentelles fabriquées en Italie sont les points de Venise, guipnres à barrettes picotées et à des- LES DENTELLES ITALIENNES. ir.l) sins ornés d(; ileiirs orncmonlales brodées de très gros reliefs. On appelle Point de Rose une variété du point de Venise à petits mold's très fins snrehargés de très légères rosettes en relief. Les autres dentelles à l'aiguille sont des copies de nos l^oints d'Alençon, d'Argentan ou Points de France, copies très imparfaites, car les ouvrières italiennes n'ont jamais réussi nos mailles hexagonales festonnées, si solides et en même temps si légères et si transparentes. Les jours sont presque toujours monotones, les fabricants italiens s'ingé- niant surtout à industrialiser leur production et à obtenir des résultats économiques en variant le moins possible le travail de leurs ouvrières. Les dentelles italiennes aux fuseaux se font aux environs de Gênes, de Milan, et principalement de Cantu. Ce sont des guipures, caractérisées surtout par le type à rinceaux; les fleurs ornementales sont plates, travaillées en toile serrée, percées de temps à autre de petits trous. Quant, au xviii® siècle, la mode des réseaux envahil tout, on continua les rinceaux fleuris, mais on remplaça les fonds à barrettes par des fonds à mailles régulières, beaucoup moins pittoresques. C'est à tort que l'on a appelé ces dentelles Point de Milan ou Point de Cènes, le mot Point étant ordinairement employé pour désigner des den- telles à l'aiguille, et non des dentelles exécutées aux fu- seaux. On fait également en Italie une assez grande quantité de broderie sur filet. En résumé, quels que soient les travaux exécutés à notre époque et même depuis un siècle soit à Venise, soit à Burano, aux environs de Cènes ou de Milan, les Italiens lio LA DENTELLE ANCIENNE ET MODERNE, lie visenL qu'à copier plus ou moins bien les dessins an- ciens el à donner à leurs dentelles l'aspect de A'ieilles den- telles. 11 est certain que beaucoup de collections sont malheii- reusement composées de ces dentelles italiennes modernes. Les Américains, surtout depuis trente ans, ont acheté une quantité considérable de ces mauvaises copies des beaux modèles anciens et les magasins de curiosités en sont aiiii plement garnis. En;. 71. — Guipure. Point de Gènes, xvir siècle, exécuté auxifuseaux. XVI" SlfccLK. DENTELLES ITALIENNES ] ü (Pondaiil le xvi" siècle, les dessins de Venise sonl cégnliers el oéoméli'i(|ues; les dessins lleuris iiTéguliei's ne comnieneenl à ])ai'aili'e (lu'à la lin dn xvi" cl suidonl an xviP siècle). ]"IG. 72 el 7"). — POINTS DE VENISE EXÉCUTÉS a l'aIGUILLE, Fio. 7i. — poi>!ï DE VENISE EXÉCUTÉ a l'aIGUILLE xvr, xvn"= siècles. DENTELLES ITALIENNES. iir> Kk;. 75. - POINTS DE YICNISE XVT' ET XVII'' SIECLE EXÉCUTÉS A L'AIGUILLE. DENTELLE ITAI>ÍENNE. XVII" SIECLE. 7G. _ POINT DE VENISE XVIl'' SIECLE EXÉCUTÉ A I/AIGUILLE. (Il y a une grande analogie enlrc les Points de Venise du xviu siècle el les Points (àilbert de la nièine époiine). XVII" KT XVITI" SIKCLKS. DENTEÍ.LES ITALIENNES. Fir.. 77 el 7KS. Fio. Sr) ol S(). — POINT? I)K GKNES EXECUTES AUX FUSEAUX. l ;i2 i)i:ntelles italiennes. xvnr sikcle; V , i\ 4" .iJ#. * Fig. 87 el 88. — points de gênes executés aux fuseaux. DENTELLE ITALIENM-:. "^íM T-y:-,y»,ÇR«iÊ «éàVlí^íat^rï^!:^ ú F H ;. 89. — POINT DE MILAN EXÉCUTÉ AUX FUPEAUX. LA DENTELLE. lO-H ir).-!. COIME DE DENTELEE l·líANÇAISE. XVIII'· STF.CLi;. 00. — MAUVAISE COPIE MODEDNE, D'UN DESSIN DE POINT D'ALEXÇON, EXECUTEE EN ITALIE. Fig. ül. — original ru dessin roinx d'alençon, Fig. í)5. — ^'ér¡LabIc réseau. (xviii<= siècle.) LES DENTELLES BELGES. Les donlelles de Belgique ont une très grande reputa- lion et les Flandres ont produit des dentelles aux fuseaux des plus remarquables. Leur fabrication dans ces pays n'a pas eu à subir les crises qui, par suite des événements politiques, ont atteint si gravement à certaines époques la France et ITtalie. Au contraire, au moment de la Révolu- tion française, beaucoup d'ouvrières ont émigré en Bel- gique, dévoilant à nos voisins certains secrets de fabrica- tion qui sont devenus depuis pour eux une source de richesse. La Belgique occupe un très grand nombre d'ouvrières dentellières. Quelques-unes sont d'une grande habileté. A notre époque, ce pays fait à la France, avec cer- laines dentelles bon marché, comme les guipures, une concurrence d'autant plus redoutable que le salaire de- 158 LA DENTELLE ANCIENNE ET MODERNE, mandé par ses ouvrières est moins élevé. Cela lient à ce que la vie y est à meilleur compte, et que l'impôt journa- lier, qui frappe chez nous même des objets de première nécessité, y est moins lourd. Certaines dentelles, comme les Valenciennes, les Malincs, les Applications d'Angleterre, les Points dà l'Aiguille sont })resque exclusivement fabriquées en Belgique. Il est fort regrettable qu'on ne puisse former en France des ouvrières pour exécuter ces divers genres qui sont d'un grand usage. A quoi faut-il attribuer l'insuccès des rares efforts qui ont été tentés dans cette voie à notre époque? La modicité des salaires de nos concurrents est certainement peu encourageante, mais on surmonterait cet obstacle, si l'apprentissage était mieux compris et mieux protégé en France. Des écoles dentellières très nombreuses existent en Bel- gique à côté de chaque classe enfantine; ainsi la tradition ne se perd pas, et l'on maintient chez la femme le goût des travaux d'art à l'aiguille et aux fuseaux. Les communes, en Belgique, entretiennent souvent à leurs frais les mal- tresses d'ouvrages; la reine et beaucoup de châtelaines se sont intéressées à ces écoles. Les principales dentelles belges à l'aiguille sont les Points à l'Aiguille, désignés aussi sous le nom de Points Gaze. Ce sont des dentelles à mailles fines hexagonales, dont les fleurs et les réseaux sont exécutés à l'aiguille comme les Points d'Alençon français. Ils ont avec eux une certaine analogie ; mais ils en diffèrent essentiellement en ce que le réseau n'est pas festonné, que les reliefs des fleurs ne contiennent pas de crins et qu'ils sont exécutés en coton. Ils ont donc une résistance et une solidité beau- coup moins grande, une netteté de dessin bien moins pré- LES DENTELLES BELGES. lo!» cise; par suiLo, leur prix est plus abordable pour Louies les bourses. Néanmoins, les jours en sont souvent très soignés, les fleurs bien nuancées et l'eiTet très séduisant. Le dessin des anciens Points à l'Aiguille est presque toujours ornemental, laissant peu de place aux réseaux, ce qui les fait souvent ressembler à un papier découpé. On est revenu, de nos jours, au style fleuri, aux guirlandes et den- aux semés légers, qui font des Points à l'Aiguille, des telles à la fois riches et légères très appréciées pour les corbeilles de mariage, parce que leur emploi est charmant pour les robes de mariée ou de soirée. Les principales dentelles belges aux fuseaux sont les Applications, les Valenciennes, les Malines, les dentelles de Grammont, toutes les dentelles des Flandres, Bruges, toutes Duchesse, Binches, Trianon, les points de Paris et les guipures blanches analogues à celles faites dans la Haute-Loire. d'Angleterre sont faites avec des fleurs Les Applications exécutées soit aux fuseaux, soit à l'aiguille, appliquées se ensuite un tulle à réseaux. Ce réseau faisait, à sur de l'époque Louis XV, aux fuseaux, en fil de lin partir fin, bandes étroites que l'on réunissait ensuite très par obtenir des largeurs différentes; ces tulles avaient pour souplesse absolue, un moelleux inimitable et une une nuance crème très seyante au teint des femmes; de là est doute la mode, un peu ridicule, de sans tremper les venue dentelles dans du thé ou autre produit analogue qui salit dentelles et ne leur donne qu'une ressem- et abîme les blance très lointaine avec le lin naturel. de faire Il n'y a plus aujourd'hui d'ouvrières capables les derniers spé- ce vrai réseau et ceci explique pourquoi les collec- cimens de ces dentelles sont très appréciés par KiO LA DENTEIA.K ANCIENNE ET MODERNE, lioiineiirs. Le lulle mécanique a remplacé le réseau; les Applications sur lulle ont baissé considérablement de prix mais y ont perdu la plus grande partie de leur charme. Néanmoins on refait maintenant quelques jolis points d'Angleterre sur réseau véritable, mais ce réseau est fait entièrement à l'aiguille et non aux fuseaux. Les Valenciennes n'ont reçu leur appellation définitive qu'au xvni® siècle, car au temps de Colbert le centre de cette manufacture était au Quesnoy. Le reseau de la Va- lenciennes est une maille carrée très régulière, transpa- rente et d'un travail natté fort solide. Les fleurs et le fond sont travaillés aux fuseaux en même temps et du môme fil. Les Valenciennes n'ont aucun relief, aucun feston, ce qui en facilite beaucoup le lavage; elles passent mieux qu'aucune autre dentelle, sous le fer à repasser, et c'est en partie à cette qualité précieuse qu'elles doivent d'être employées surtout à garnir le linge : les élégants désha- billés des duchesses et des marquises du xvni® siècle en étaient ornés de ravissantes. Jusqu'à la Révolution, la ville de Valenciennes a été, après Le Quesnoy, le centre de cette fabrication; la Belgique l'a accaparée aujourd'hui et le commerce de ce genre de dentelles est surtout très actif entre Poperinghe, Courtrai et Gand; Ypres fait les plus fines. Malgré la très grande concurrence de la machine qui a copié la \alenciennes au point de tromper même les per- sonnes les plus expertes, cette fabrication est restée très active en Belgique, parce que cette dentelle appelée sur- tout à garnir du linge supporte admirablement les blan- chissages auxquels la dentelle imitation ne peut résister. On fait aussi en Belgique, depuis une trentaine d'an- nées, des Aalenciennes dites ^*alenciennes Brabanl, dont LES DENTELLES BELGES. 161 le réseau et les fleurs s'excculent séparément. Ce procédé esl plus coûteux, mais il permet de faire des dessins très compliqués ou des grands objets inexécutables par bandes. Les Valenciennes Brabant, plus riches que les Valen- ciennes ordinaires, s'emploient spécialement pour les robes légères. La dentelle de Malines est également une des plus jolies dentelles belges. Elle a toujours eu une réputation mé- ritée : c'est une dentelle très légère, très vaporeuse, dont le mat des fleurs est entouré d'un fil plat un peu brillant qui accentue le dessin et lui donne comme un aspect soyeux. La Malines se l'ail tantôt avec un fond de mailles, tantôt avec un fond très riche appelé point de neige. Les dessins, selon les époques, sont très chargés, cou- vrant presque complètement le fond, ou au contraire très légers, formés seulement de petits semés fleuris. Malheu- reusement on abandonne peu à peu la fabrication de la Malines, car la machine l'a si bien copiée qu'elle lui fait un tort considérable. Le point de Paris est un genre de Malines plus commun exécuté avec, un plus gros fil. Son nom.lui vient de ce que cette dentelle fut jadis fabriquée à Paris au faubourg Saint-Antoine, sous la direction d'une dame Dumont, ori- ginaire de Bruxelles; cette dame était venue comme nour- rice du comte de Marsan, dernier fils du comte d'Har- court, puis s'était établie fabricante de dentelles. Les dentelles de (irammont sont des dentelles noires ou blanches exécutées comme les Chantilly ou les dentelles de Bayeux : leur fabrication, d'un prix un peu moins élevé que les dentelles françaises, est très inférieure comme qualité. Les dentelles de Bruges, les Duchesses, les dentelles L.\ DENTELLE. 1 I 162 LES DENTELLES BELGES. Binches et Trianon, classées sous le nom général de den- telles ou guipures des Flandres, ont eu au xvii® et au xviii® siècle une très grande réputation et peuvent encore, de nos jours, être classées parmi les plus jolies dentelles. Ces dentelles sont faites en deux fois, les fleurs d'abord, ensuite les barrettes ou les réseaux. La division de leur fabrication a permis de faire de très grandes pièces et de très hauts volants. On retrouve des aubes et des rochets de prêtres et d évêques, ainsi que des garnitures d'ameu- blement exécutés dans ces dentelles qui sont d'une beauté rare. Mais aux anciennes époques, et de nos jours encore, les dessins des dentelles ont été surtout fournis aux ouvrières belges par la France : il est incontestable que les belles pièces anciennes ont été souvent dessinées par des artistes français et qu'à notre époque l'exécution des plus jolies dentelles est inspirée par des fabricants fran- çais qui dirigent et font travailler un grand nombre d'où- vrières belges et ont réalisé beaucoup des progrès faits en Belgique. Fig 94. — Col en dentelle de Flandres, (.wiir siècle.) . Fig. 95. — couvne-i.it ex filet. Pío. no. — DEXTEI.LE BINCIIES EXÉCUTÉE AUX FUSEAUX, Fk;. 97. — DENTELLE BINCHES EXECUTEE AUX FUSEAUX. Fig 98 el99. — points de . Flandres exécutés aux fuseaux. XVIír SIÈCLE. DENTELLES BELGES. 167 T ig. lüOellOl.— DENTELLES DE FLANDRES A MAILLES ET BARETTES exécutées aux fuseaux. denteli.es belges (xviii' SIKCí.e) points de fj/andres exécutés aux fuseaux Fig. lüü. — deístelle duchesse executee aux fuseaux. DENTELLE BELGE. XVin' SIÈCLE. Img. 107. — EBAGMENT D'UXE BARBE EN MARINES exécutée aux fuseaux. XVIir SIÈCLE. DENTELLES BET.GES. '^5¡tTfíOit*"i%^j FIO. 108 ol 109. — DENTELLES M.\T.IM:S EXÉCUTÉES AUX FUSEAUX DENTELLES BELGES. xix" siklle. ¡'âïîwîM ^ss¿.y F ig. 110 à 112.— POINTS DE PARIS exécutés aux fuseaux. (Le Point (le Paris après avoir été exécnlc en France n'est, ' qu'en Belgique depuis le xix* siècle.) DENTELLES BELGES POINTS D ANGLETERRE SUR VRAI RESEAU exécutés aux fuseaux. (Le point (l'Ansieterre tire son nom do la vogue cjuc cette dentelle a eue en Angleterre ans xvii' et xviu* siècles.) Fig. 116 el 117. — POINTS D'ANGLETERPE, TRAVAIL AUX FUSEAUX. XVIII' SIÈCLÈ. DENTELLES BELGES. -177 120. — POINTS D ANGLETEURE exécutés aux fuseaux. LA DENTELLE F ig 121. — . FRAGMENT D'UNE BARBE EN POINT D'ANGLETERRE exéculce aux í'useaux. XVII1= SIÈCLE. DENTJCLLi: BELGE Fie., ■122. — BARBE EN POINT D'ANGLETEBBE cxccuLéc aux fuseaux. IS^2 DKXTEi.î.E lîErr.i:. XIX"" SIKCI.E. i FIG. 128. — DENTELLE VALENCIENNES exécutée aux fuseaux. (La ^alencienncs a été l'aliriiiiiéc en France jusqu'à la fin « de dentelle noire, fond Alençon, très grande hauteur, le de l'orne. xvui" siècle. Fig. 194. — point de sed.xn exécuté a l'aiguille. (Sedan était à la fin du xvii' et au commencement du xviu' siècle une succursale des manufactures d'Alençon.) Fig 195. — barbe en point d'argentan. . Travail à l'aiguille. DENTELLE DE L'ORNE X\'in' SIÈCLK '258 dentelles de lorne. xlx" siecle. Fig. 198 el 199. — POINTS d'alençon. (i- empire.) Exécutés à l'aiguille. I Fig. 200. — point d'alençon. Exécuté à l'aiguille. Fig. 20." et 204. — points d'alençon. Exécutés ¿I l'aiguille. 'ilW DENTJÍLLK DE L OliNE, XI.V^ HIKCLE. Fig. 205. — volant en point d 'alencon. Exécuté à l'aiguillo. -í ¥ F ig . 20(5. Passement exécuté au Puv. LA HAUTE-LOIRE. L'Auvergne et le Velay ont produit en France les pre- mières dentelles aux fuseaux. Ce sont d'abord ces gui- pures connues sous le nom de passements, assez sem- blables, comme fabrication et comme dessins, aux passe- ments italiens. Les modèles ont dû être apportés d'Italie par des colporteurs qui, depuis des temps reculés, por- talent des cargaisons de marchandises des montagnes d'Auvergne en Italie et en Espagne. Ces premières den- telles sont encore connues sous le nom de La fi Pointas, .■M m DENTELLES FRANÇAISES, les pointes, parce que leurs dessins formaient des dents très aiguës et servaient, dès le xv« siècle, à garnir les col- lerettes à gaudrons et les coiifures. Le commerce en fut d'abord très considérable, mais lorsque la mode vint aux dentelles plus légères et plus riches, l'Auvergne subit une crise très grave. De tout temps cependant les ouvrières de cette contrée ont montré une grande souplesse et une grande habileté à s'assimiler beaucoup des genres de fabrication usités dans les autres pays. Les guipures aux fuseaux sont les principales dentelles exécutées actuellement dans la Haute-Loire. On les appelle guipures du Puy et guipures de Craponne. Lorsqu'elles sont très communes on les désigne sou- vent sous le nom de Dentelles Torchon ou lorsqu'elles sont très fines, sous celui de Dentelles Cluny. D'où vient ce nom de Cluny? sans doute de ce que des dentelles de ce genre ont été exécutées pour faire des aubes et des rochets pour les moines delà célèbre abbaye. En général les guipures du Puy sont exécutées avec des dessins géométriques réguliers et ne comportent pas de dessins fleuris, mais grâce à leur prix minime elles sont d'une très grande consommation pour la lingerie et l'ameublement. De plus elles peuvent être exécutées en matières très différentes telles que le coton, la soie, le crin, la laine, la paille, l'or ou l'argent. On en fait de blanches, de noires et de couleur. Grâce à cette variation de matière première qui suit la mode et aux prix de revient très réduits, la fabrication de la Haute-Loire a pu lutter contre la concurrence de la machine, car, l'imitation a toujours intérêt à copier les articles chers pour lesquels les écarts de valeur sont considérables plutôt que les articles bon DENTELLES FRANÇAISES. '205 marché doni la machine n'a jamais pn remplacer la soli- dité qui est leur principale qualité. La Haute-Loire est la contrée qui occupe en France, actuellement, le plus grand nombre d'ouvrières. LA HAUTE-SAÔNE. La Haute-Saône occupe un très grand nombre d'où- vrières occupées surtout à faire de la dentelle renaissance qui a une grande vogue à cause de son prix modeste : cette dentelle est faite avec des lacets réunis à l'aiguille par des jours, des barrettes ou des mailles; souvent ces lacets sont appliqués sur un tulle. Ce département produit aussi une assez grande quantité de broderies sur fdet et sur toile rappelant les anciens points coupés. LES VOSGES. La fabrique des Vosges dont le centre est à Mirecourt a une origine qui semble contemporaine de celle de la Haute-Loire. L'histoire rapporte que Claude Lorrain désirant aller en Italie y fut conduit tout jeune en 1014 par un de ses parents, marchand et fabricant de dentelles dans la contrée, qui voyageait pour ses affaires. Les guipures des Vosges se distinguent de celles du Puy en ce que les fleurs sont généralement entourées d'un gros fd ou cordon qui donne à cette dentelle un relief très apprécié pour les dentelles d'ameublement. Leurs dessins qui forment souvent des arabesques leur ont valu, à cause de cela croyons-nous, le nom de dentelles arabes sous lequel on les désigne souvent. A notre époque, le dessin a été beaucoup plus étudié dans les Vosges que dans la Haute-Loire et cette fabrique t '2ÜÜ LE LUXE DES DENTELLES, a produit de grandes pièces pour l'ameublement absolu- ment remarquables qui ont trouvé, en Amérique surtout, de très nombreux amateurs, car cette dentelle est à la fois d'un prix très abordable et en même temps très décora- tive, très résistante et facile à blanchir. Vers le milieu du xix® siècle, on a fait, à Mirecourt, de l'application d'Angleterre assez semblable à celle exécutée en Belgique. Il est fâcheux que cette fabrication soit presque abandonnée. Fig. 207. — Guipure du Puy. (xvu' siècle.) Exécutée aux fuseaux. XIX® SIÈCLE. DENTEI.T.ES DE LA IIAUTE-T.OIRE. FiG. 208 et 200. — COLS EN DENTELLE DU PUY ET DE CRAPONNE. Exécutée aux fuseaux. (Les mots guipures du Puy, de Craiionne, dentelles Torclion, dentelles Cluny désigneni des guipures aux fuseaux, du même genre, plus ou moins lines.) DENTELLES DE LA HAUTE-LOIRE. XIX« SIÈCLE. F iG. 210 à 215. — GUIPURES DU PUY ET DE CRAPONNE. Dentelles Torchon. Exécutées aux fuseaux. XIX' SIÈCLE. DENTELLES DE I.A lIAUTE-I.OiriE. '2(i9 í^jiRjiil*piiàmmssmiA1È MÍÍÉi^^i^kÉKs^^íiiíiÍÉ^ F IG . 210. — GUIPURES FIL, DU PUY. Exécutées aux fuseaux. XIX« SIECLE. DENTELLE DE LA HAUTE-LOIRE. 271 F IG 218. — GUIPURE DU PUY. . Exécutée aux fuseaux.- Fk;. '219. — GUIPURE DU PUY, APPLIQUÉE SUR TULLE. Exécutée aux fuseaux. LES IMITATIONS DE LA DENTELLE La découverte de la fabrication de l'imitation de la den- telle par la machine a été certainement le plus beau triomphe du simili. Peu à peu, le procédé mécanique est arrivé à une ressemblance d'effet presque parfaite qui, à première vue, rend parfois la distinction délicate à faire, surtout pour le public mal renseigné, mal conseillé ou parfois responsable, nous allions dire coupable, d'une ignorance volontaire ou voulue; car, il n'est guère admis- sible de prétendre qu'on puisse être trompé dans ses achats. On porte sciemment des dentelles d'imitation. Comment expliquer que la clientèFle igric.he, '2q2u0i .ne —vise Imilalion du Point d'Alençon. pourtant pas à l'économie, ait accepté sans scrupule les imitations de dentelles véritables et se soit pour ainsi dire désintéressée des belles dentelles alors qu'un fait semblable, fort heureusement, ne se retrouve dans l'his- la dentelle. 18 274 LES IMITATIONS DE LA DENTELLE, loire d'aucune autre industrie de luxe, orfèvrerie ou bijou- terie, qui cependant ont été, certes, aussi bien copiées, aussi bien imitées que la dentelle? ,On montre au doigt, on tourne en ridicule la femme qui se pare de bijoux faux, mais on sourit à la femme entourée de flots de fausses dentelles! Cela fait tant d'eiï'et! Et tout bas, ces dignes filles d'Ève se disent entre elles que porter des imitations n'a guère d'importance, puisque les hommes n'y connaissent ou n'y reconnaissent rien. En dehors du caractère artistique, que le crayon du dessinateur ou la main habile de l'ouvrière imprime à l'œuvre, sans se préoccuper de la qualité, de la solidité ou de la résistance, on a essayé d'oublier, pour la dentelle, que ce qui fait la valeur intrinsèque de toute chose, c'est la rareté, la difficulté du travail, l'habileté nécessaire à la production. Bref, les femmes n'ont plus mis d'orgueil à se parer de dentelles de valeur ; l'orgueil a fait faillite à la dentelle, cet orgueil qui n'a d'excuse que lorsqu'il est le soutien de la production artistique. Un exemple fera facilement comprendre cette pensée et le remède nécessaire. Un bijoutier de mes amis me mon- trait, un jour, un diamant jaune et me le faisait admirer. Croyant que les diamants teintés avaient moins de valeur que les diamants très blancs, je le regardais un peu dédai- gneux. Mais on me fit remarquer que la pierre était d'un jaune vert, couleur absinthe, et comme cette couleur est très rare, paraît-il, elle valait quinze à dix-huit milhi francs. Je fus émerveillé à l'annonce de la somme, et personne ne doutera que la femme riche qui portera ce diamant .saura le mettre en valeur et, au besoin, en indi- quer le prix. LES IMITATIONS DE LA DENTELLE. 275 Pourquoi ne pas faire aux belles dentelles le môme accueil? Leur production assez restreinte les rend presque aussi rares que les diamants absinthe ; elles ont, sur les fourrures des animaux exotiques que l'on paie un prix élevé, l'avantage de représenter un peu d'invention et beaucoup de travail intelligent. La découverte de la dentelle à la machine a répondu à un besoin de la démocratie moderne bouleversée de fond en comble par l'apparition des locomotives et des voies ferrées. Nous avons vu, dans notre siècle, disparaître peu à peu tous les usages et surtout tous les costumes locaux. Le mouvemcnl, commencé par le chapeau venant sup- planter la mantille, le bonnet ou la coiffe, s'est bientôt étendu à tout le costume ; la femme de chambre s'est empressée d'adopter la robe de la maîtresse, la paysanne et la fermière celle de la châtelaine. Ce n'est pas ici la place d'examiner la chose au point de vue moral ; mais, au point de vue de l'art du costume, que n'a-t-on pas perdu ? Ne rions pas des quelques sa- vants, qui gardent précieusement, dans les musées les plus ignorés, au fond de la Bretagne par exemple, les débris de ces ravissants costumes de bure, aux couleurs éclatantes, ornés de dentelles ou de broderies locales, qui, le dimanche, au milieu de la verdure, jetaient des notes si gaies, à la sortie de la vieille église du village. Donc, il a fallu habiller tout le monde en simili riches mondaines : c'est alors que la Dentelle mécanique a trouvé bien vite chez les femmes blanches et même chez les femmes noires du nouveau monde, un nombre incalculable de clientes, ravies de se parer, et dessus et dessous, des pieds à la tête avec beaucoup de dentelles imitation et très peu d'argent. 27(5 LES IMITATIONS DE LA DENTELLE. Ces débouchés considérables s'expliquent facilement auprès de la clientèle sans éducation artistique ou peu fortunée, mais, nous ne craignons pas de le dire, ne s'ex- pliquent plus auprès des femmes du grand monde. N'est-il pas curieux de penser qu'en notre siècle où les notions d'art sont répandues à profusion et enseignées partout, où l'amour des antiquités fait qu'une femme saura à première vue discerner le style d'un ameublement ou d'un objet d'art, cette même femme ne sait faire aucune différence entre une dentelle imitation sans valeur et une dentelle d'art d'un grand prix? Le premier métier à dentelle avait été inventé par un ouvrier bonnetier anglais, du nom de Hammond, qui, à Nottingham, parvint, vers 1768, à faire du tulle uni sur un métier à bas perfectionné. Le résultat fut d'abord assez médiocre; mais, plus tard, en 1809, deux autres ouvriers anglais, Heathcoat et Lurdley, perfectionnèrent complète- ment le métier à bas, prirent un brevet pour ce métier qu'ils appelèrent métier bobin et fondèrent définitivement l'industrie du tulle uni mécanique. Sous Napoléon, malgré la guerre et les entraves com- merciales de toutes sortes existant entre la France et l'An- gleterre, quelques métiers à tulle furent apportés, mor- ceau par morceau, jusqu'à Lyon; puis, en 1817, une fabrique se fonda à Saint-Pierre-lès-Calais, avec des mé- tiers tirés d'Angleterre. Le tulle uni, une fois trouvé, on chercha bientôt à imiter la dentelle, en le brodant à la main et en formant ainsi des dessins avec de gros fils ou de grosses soies passées dans les mailles. C'est seulement en 1857 qu'on adapta au métier l'invention de Jacquart et qu'on put faire en une seule fois des tulles brochés, qui, les dessins de peu à peu arrivèrent à copier presque tous LES IMITATIONS DE LA DENTELLE. 277 dentelles, en employant simultanément plusieurs gros- seurs de fil. La machine à broder a permis aussi grâce à un procédé chimique des plus ingénieux, d'imiter les guipures faites à l'aiguille, où les fleurs sont reliées par de jolies brides à picots. Des brodeurs suisses, spécialement à Saint-Gall, ont eu l'idée de broder des dessins de guipure avec des fils de coton blanc sur un fond de gaze en laine ou en soie. Puis, quand la broderie est faite, on la passe dans un bain alcalin qui détruit les fibres animales, comme la soie ou la laine, sans altérer le coton. La broderie reste alors sans fond produisant des effets de points clairs qui ont permis d'aborder mécaniquement la copie des anciennes guipures de Venise. La Suisse et aussi la Saxe, tirent un très grand profit de l'habile exploi- tation de ce procédé chimique. Les métiers à dentelles produisent annuellement, tant en France, qu'en Angleterre, en Suisse et en Allemagne pour environ 200 millions de marchandises. La ville de Calais vend à elle seule de 50 à 80 millions d'imitations de dentelles; pour faire ce chiffre énorme d'affaires elle ne possède que 1500 à 1800 métiers employant environ sept mille ouvriers ou ouvrières. Quand on pense qu'une pareille consommation faite en dentelle à la main représenterait le gain annuel de 200 à 250000 ouvrières et apporterait l'aisance dans autant de familles, on ne peut vraiment s'empêcher de regretter que tant d'argent destiné seulement au luxe des toilettes ne soit pas dépensé d'une façon plus raisonnée, laissant une plus grande place à l'industrie manuelle. Un des faits qui a certainement contribué à établir une grande confusion dans l'esprit du public, c'est l'emploi que 278 LES IMITATIONS DE LA DENTELLE, l'industrie mécanique a fait de tous les noms des dentelles qui appartiennent en propre à l'industrie manuelle. Ainsi les noms de Chantilly, d'Alençon, de Venise, de Colbert, consacrés par des siècles exclusivement aux den- telles, sont aujourd'hui appliqués au hasard à n'importe quelle marchandise, broderies, draps, rideaux et les couvrent de leur réputation pour la complète ccmfusion de l'acheteur. Ce pillage des noms est absolument entré dans les usages commerciaux et rien ne garantit les dentelles contre cet abus. La première chose à faire serait donc de mettre un peu d'ordre dans les noms des Dentelles si l'on veut les recon- naître, car il ne faut pas oublier qu'il existe entre elles et leurs imitations les mêmes différences qu'entre la gravure et la photogravure, l'or et le doublé, le diamant et la ver- roterie. Les noms sont pourtant leur marque de fabrique, n'ayant pas le poinçon pour les distinguer comme les métaux entre eux. L'emploi de leurs appellations par d'autres articles plus ou moins analogues crée non seulement des confu- sions, mais jette sur elles une défaveur qui leur fait le plus grand tort. Les fabricants de vin de Champagne l'ont compris quand ils se sont ligués pour empêcher les fabricants de vin d'Anjou d'employer le mot Champagne pour désigner leurs vins. Il y eut, à ce propos, un procès et un jugement en faveur des vins de Champagne. La question qui, pour la dentelle, semble à première vue identique et présenter vis-à-vis de la concurrence les mêmes inconvénients et les même droits, est cependant pins com- plexe parce que beaucoup de dentelles portent encore le LES IMITATIONS DE LA DENTELLE. 279 nom de villes où la fabrication a disparu telles que Chan- tilly ou Valenciennes. Ces noms, destinés à indiquer un genre et une qualité de dentelles, appartiennent-ils au domaine public? La différence des prix ne peut môme pas toujours servir de base pour s'y reconnaître, car la Suisse fabrique par exemple mécaniquement des broderies imitant les points de Venise qui se vendent au même prix que des Venise à l'aiguille malgré l'infériorité évidente de leur qualité ; on leur trouve cependant des acheteurs qui ignorent sans doute que l'on fait à la main des dentelles charmantes, à des prix souvent modérés, réunissant les qualités solides et artistiques qu'on peut exiger d'une dentelle. Fig. 221. — Venise moderne. — Copie d'ancien. Fig. 222. — imitation de la dentelle blonde. IMITATIONS DES DENTELLES FRANÇAISES. 281 F IG 225. — IMITATION DE LA DENTELLE CHANTILLY. . imitations des dentelles belges. ^285 F dentelle de bruges. ig. '227. - imitation de la nriTAïIONS DES DENTELEES BELGES W''íSïS^·53«5«' Fig. '228. — imitation du point de paris. FIG. 229. — IMITATION DE LA DENTELLE DUCHESSE. ■288 IMITATIONS DES DENTELLES BEI.GES. MW® F IG. 250. — IMITATION DU POINT DE BRUXELLES. IMITATIONS DES DENTELEES BELGES 289 " [«.■ ■.- •.i iW-' '..'AC"-' iP^à I' IMITATION DE LA DENTELLE MALINES. LA DENTELLE. 290 imitations des dentelles i3elges. SWÎ#^W55^#S.^ÎI#FKE EXECUTEE AUX FUSEAUX. 20!) F IG. 240. — DENTELEE VALENCIENNES VÉRITARLE Exécutée aux l'usoaux. 300 DENTELLES VÉRITABLES ET LEURS IMITATIONS, sera la profusion des dentelles, plus l'eifet produit sera séduisant par la finesse, la richesse, la quantité, souvent peu en rapport avec la situation de celle qui les porte, plus vous aurez de chance de vous trouver en face d'imi- tations, car si vous voyez apparaître une femme d'une condition modeste surchargée de diamants, dont un seul représenterait par sa grosseur une fortune, n'auriez-vous pas des doutes sur l'authenticité de ces pierres? Hélas ! sur le terrain du clinquant, la pente est devenue bien glissante de nos jours, et ce n'est pas sans crainte que nous constatons l'ouverture journalière de nouvelles boutiques, remplies de tout ce qui excite au faux luxe, étincelantes de lumières et toutes resplendissantes de cette électricité qui, à force d'éblouir l'œil, semble donner des feux même aux plus viles matières. Il faut espérer, cependant, qu'en présence de cette lutte du vrai et du faux luxe, de la machine contre la main habile de l'ouvrière, il se trouvera toujours des femmes fortunées qui, par naissance, par goût et par éducation, continueront à comprendre et à encourager l'art de la den- telle et toutes ses subtilités, qui sauront reconnaître, dans l'aiguille ou les fuseaux de la dentellière, l'instrument conduit par la main intelligente et habile, comme le sont le pinceau, le crayon ou le burin par la main pensante et créatrice de l'artiste. Il faut espérer que la Mode, guidée et encouragée par celles qui en sont les initiatrices et les arbitres, continuera à ramener le goût du public vers ces exquis travaux exécutés dans les chaumières de nos vil- lages, près du foyer, par l'épouse ou la mère de famille, ainsi arrachée au contact pernicieux de l'usine. Fig 241. — Dentelle Chantilly, (xviip siècle. . CONCLUSIONS LA RÉNOVATION DE LA DENTELLE La dentelle, malgré les crises diverses que nous venons de signaler malgré la concurrence de la machine, a lutté et résisté partout aussi bien à l'étranger qu'en France. Nous croyons que la France surtout a un intérêt supé- rieur de premier ordre, à entretenir la prospérité de cette industrie qui est liée étroitement à celle de son agricul- ture qu'elle retient les bras dans les parce campagnes et arrête l'exode vers les villes. La supériorité de notre fabrication est incontestable mais elle a besoin d'être défendue contre nos concurrents dont les salaires souvent moins élevés et les qualités infé- rieures ne sont pas toujours compensés par des droits 502 LA RÉNOVATION DE LA DENTELLE, d'entrée très minimes prélevés sur les dentelles étrangères. Nous croyons donc devoir signaler à nos lectrices une des formes du patriotisme qu'elles sont seules capables de mettre en pratique. Nous leur rappellerons d'abord que tous les acheteurs du monde viennent en France, et sur- tout à Paris, prendre leurs modèles, ainsi que toutes les idées neuves de la Mode, car ils reconnaissent que Paris est l'arbitre du bon goût et le prophète de l'élégance. Ce principe étant admis, la Française songe-t-elle quelquefois en faisant ses commandes, que les garnitures qu'elle adopte pour ses robes et ses manteaux deviendront sou- vent celles qui, pendant une période plus ou moins longue, seront seules à la mode et achetées, par conséquent, par l'ancien et le nouveau monde, sans discussion, par ce seul fait qu'elle les aura portées? Vous remplissez souvent. Mesdames, par l'élégance de vos toilettes, sans vous en douter peut-être, le rôle pré- pondérant au point de vue du goût, que jouaient, jadis, à la cour de France, les Diane de Poitiers, les Pompa- dour, les Marie-Antoinette ou les Marie-Louise. Nos belles artistes aussi, si jalouses de défendre par leur talent notre art dramatique, savent-elles, puisque la mode naît sou- vent au théâtre, qu'en étalant aux yeux du public des dentelles, des broderies ou des passementeries d'origine étrangère, elles canalisent, vers les pays qui les pro- duisent, les achats du monde entier, au détriment de notre production nationale? Ce raisonnement peut s'appliquer à toutes les industries de luxe, qu'elles concernent la toilette ou mêmel'ameuble- ment. Si donc, par un patriotisme qui peut s'allier sans peine aux principes de l'élégance, quelques femmes du monde LA RÉNOVATION DE LA DENTELLE. .105 savaient de temps à autre prêter l'appui de leurs grâces aux dentelles írancjaises, si nos couturiers et nos coutii- rières si justement renommés les y encourageaient, qui refuserait de les applaudir? Et les ouvrières, du fond de la Normandie, de l'Auvergne et des Vosges, joyeuses de travailler, demanderaient peut-être, en signe de remer- ciements, la' permission de tresser, à leurs aimables pro- tectrices, des couronnes de roses avec les fleurs des haies. Pour mériter un tel appui, il faut avant tout ne pas lais- ser abaisser la qualité de notre fabrication. Le rôle de l'État a été très bien compris par le Parlement qui a voté la loi de 1905 sur l'apprentissage de la dentelle. L'article premier de cette loi permettra de former dans nos écoles de nouvelles recrues d'ouvrières qui deviendront plus habiles que nulle part ailleurs. Le second article prévoit avec beaucoup de sagesse l'en- couragement de l'éducation artistique des dessinateurs. Il permettra sans doute, par ces cours et des conférences faits par des hommes très autorisés, d'apprendre à tous, ouvrières, fabricants ou acheteurs à distinguer ce qui est vraiment beau, à l'aimer, à le produire, en s'inspirant sans cesse du livre merveilleux de la nature, à écarter enfin de nous tout ce qui choque l'admirable intuition artistique à laquelle a toujours obéi, dans ses œuvres, notre beau pays de France. Déjà la Chambre syndicale des Dentelles et Broderies de Paris, mettant ces théories en pratique, patronne depuis plusieurs années ùne Ecole où des cours spéciaux sont faits aux jeunes gens et aux jeunes filles sur le dessin de la Dentelle el de la Broderie. Une commission composée de fabricants et de négociants, sous la présidence de M. Laurent Pagès, surveille ces cours et organise de temps 304 LA RÉNOVATION DE LA DENTELLE, à autre des conférences pratiques faites aux élèves par l'un ou l'autre des membres de la Chambre syndicale. Cette organisation donne de bons résultats et actuelle- ment l'ouverture de cours semblables est étudiée dans les centres dentelliers en Normandie et dans le départe- ment de la Haute-Loire. Puissent tous ces efforts produire de bons résultats afin de maintenir la vieille et grande réputation des belles dentelles françaises ! Fig. 'iLi. — Point d'Alençon. 1 LA RENOVATION DE LA DENTELLE m^- 'm^m F IG. 243. — ROBE D ENFANT, EN POINT D IRLANDE. LA DENTELLE. 20 i ,í t Fig . 245. — Dentelle de Valenciennes (xix" siècle). TABLE DES PLANCHES OU FIGURES Pages. Fig. 1. Portrait de Colbert (En regard du titre) Fig. 2. Dentellières aux fuseaux (xvni® siècle) 7 Fig. 5. Métier à dentelles employé dans les Flandres .... 45 Fig. 4. Dentellière (xviu° siècle). 16 GENRES DE DENTELLES Fig. 5. Dessin de dentelle (xvi° siècle) 17 Fig. 6. Dentelle Venise, exécutée à l'aiguille (xvi" siècle). . . 18 Fig. 7. Point Colbert, moderne, exécuté à l'aiguille 19 Fig. 8. Carte piquée pour exécuter une dentelle aux fuseaux. 20 Fig. 9. Dentelles d'Irlande, exécutées au crochet 22 Fig. 10. Point d'Irlande 22 ORIGINE DE LA DENTELLE Fig. 11. Point de Venise, travail à l'aiguille (xvr siècle).. . . 23 Fig. 12, Dentelle de Venise, exécutée à l'aiguille et destinée à garnir des collerettes (xvP siècle) . 24 LE LUXE DES DENTELLES Fig. 13. Point de Venise, exécuté à l'aiguille (xvip siècle).. . 25 Fig. 14. Col et canons en passement 38 Fig. 15. Ouvrière dentellière (xvip Siècle) 40 Fig. 16. Col à gaudrons garni de passement . 41 Fig. 17. Collerette à fraises en point de Venise 42 Fig. 18. Col à gaudrons en point de Venise 43 Fig. 19. Col garni de passement 44 Fig. 20. Collerette gaufrée garnie en point de Venise 45 i 308 TABLE DES PLANCHES OU FIGURES. Pages. Fig. 21. Col garni de passement -46 Fig. 22. Col en passement 'i? ^48 Fig. 23. Col en passement Fig. 24. Col garni de passement 49 Fig. 25. Collei-ette garnie de point de Venise 50 Fig. 26. Col garni de guipure de Venise 51 Fig. 27. Col plat garni de point de Venise 52 53 Fig. 28. Col garni de guipure de Venise Fig. 29. Col en point de Venise 54 Fig. 30. Collerette garnie de point de Venise 55 Fig. 51. Collerette gaufrée, garnie de passement 56 Fig. 32. Col et manchettes garnis de guipure de Venise.. . . 57 Fig. 33. Col en broderie à points coupés, garni de point de Venise 58 Fig. 34. Col garni de point de Venise 59 Fig. 35. Col et manchettes en batiste, garnis de point de Venise 60 Fig. 36. Col plat, garni de dentelle de Venise 61 Fig. 37. Col plat, garni de point de Venise • • • 62 63 Fig. 38. Col garni de point de Venise Fig. 39. Col plat, garni de point de Venise 64 Fig. 40. Col plat à dents, garni de point de Venise 65 Flg. 41. Col garni de point Colbert 66 Fig. 42. Col plat et manchettes garnis de passement 67 Fig. 43. Col rabat en point Colbert 68 Fig. 44. Cols et manches garnis de point de Venise 69 Fig. 45. Col à gaudrons 70 46. Col point de Venise 71 Fig. en Fig. 47. Rabat en point Colbert 72 Fig. 48. Col rabat, garni de point Colbert 73 Fig. 49. Col en point Colbert 74 Fig. 50. Col plat, garni de point Colbert 75 Fig. 51. Rabat et manchettes en point de France 76 Fig. 52. Col rabat en point Colbert 77 78 Fig. 53. Rabat en point de France 54. Cravate point de France 79 Fig. en Fig. 55. Jabot et manchettes en point d'Alençon 80 Fig. 56. Jabot et manchettes en point d'Alençon 81 Fig. 57. Corsage garni de point d'Alençon 82 Fig. 58. Col et bonnet en point d'Alençon 83 Fig. 59. Rabat en point d'Alençon 84 Fig. 60. Garniture de corsage en application d'Angleterré. . . 85 Fig. 61. Costume garni de dentelles 86 Fig. 62. Costume garni de dentelles 87 88 Fig. 63. Jabot en point d'Alençon Fig. 64, Rochet garni de dentelle en point de France 89 Fig. 65. Jabot en point d'Alençon 90 TABLE DES PLANCHES OU FIGURES. 309 Pages. Fig. 60. Jabot en point d'Alençon 91 Fig. 67. Métier à dentelle (xvir siècle) O'î LA DENTELLE EN FRANCE AU XX® SIÈCLE Fig. 68. Point Colbert exécuté à Bayeux 95 Fig. 69. Têtière en filet brodé, exécutée dans le Calvados. . 154 LES DENTELLES ITALIENNES Fig. 70. Point de Venise (xvi® siècle) 153 Fig. 71. Guipure. Point de Gênes (xvii® siècle) exécuté aux fuseaux 140 Fig. 72 et 73. Points de Venise exécutés à l'aiguille 141 Fig. 74. Point de Venise exécuté à l'aiguille 142 Fig. 75. Points de Venise (xvi® et xvii® siècles) exécutés à l'ai- guille 143 Fig. 76. Point de Venise (xvii° siècle) exécuté à l'aiguille. . . 144 Fig. 77 et 78. Cols en dentelles de Venise, exécutés à l'ai- guille 145 Fig. 79 et 80. Point de rose italien, travail à l'aiguille 146 Fig. 81. Copie moderne de point d'Alençon ancien 147 Fig. 82. Copie moderne d'un point de Sedan ancien, exécutée en Italie, travail à l'aiguille 148, 149 Fig. 83. Copie moderne d'un point d'Alençon ancien, exécutée en Italie, travail à l'aiguille 148, 149 Fig. 84. Point de Gênes, exécuté aux fuseaux 150 Fig. 85 et 86. Points de Gènes, exécutés aux fuseaux 151 Fig. 87 et 88. Points de Gènes, exécutés aux fuseaux 152 Fig. 89. Point de Milan, exécuté aux fuseaux 153 Fig. 90. Mauvaise copie moderne d'un dessin de point d'Alen- çon, exécutée en Italie. . : . 154 Fig. 91. Original du dessin point d'Alençon 155 Fig. 92. Col en point de Venise (xvn® siècle) 156 LES DENTELLES BELGES Fig. 93. Véritable réseau (xviii® siècle) 157 Fig. 94. Col en dentelle de Flandres (xviii® siècle) 162 Fig. 95. Couvi'e-lit en filet 163 Fig. 96. Dentelle Binches exécutée aux fuseaux 164 Fig. 97. Dentelle Binches exécutée aux fuseaux 165 Fig. 98 et 99. Points de Flandres exécutés aux fuseaux. . . . 166 Fig. 100 et 101. Dentelles de Flandres à mailles et barettes exécutées aux fuseaux 167 Fig. 102 à 104. Points de Flandres exécutés aux fuseaux. 168, 169 Fig. 105. Dentelle duchesse exécutée aux luseaux 170 Fig. 106. Col en point de Flandres exécuté aux fuseaux.. . . 171 Fig. 107. Fragment d'une barbe en malines exécutée aux fu- seaux., 172 510 TABLE DES PLANCHES OU FIGURES. Pages. Fig. 108 et 109. Dentelles malines e.xécutées aux fuseaux. . . 173 Fig. 110 à 112. Points de Paris exécutés aux fuseaux 174 Fig. 115 à 115. Points d'Angleterre sur vrai réseau 175 Fig. Ht) et 117. Points d'Angleterre. Travail aux fuseaux. . . . 170 Fig. 118 à 120. Points d'Angleterre exécutés aux fuseaux. . . 177 Fig. 121. Fragment d'une barbe en point d'Angleterre 178 Fig. 122. Barbe en point d'Angleterre 179 Fig. 125 et 124. Application d'Angleterre sur véritable réseau. 180 Fig. 125 5127. Application d'Angleterre sur tulle à la mécanique. 181 Fig. 128. Dentelle Valenciennes 182 Fig. 129 à 151. Point de Bruxelles ou point à l'aiguille 185 Fig. 152. Col en point à l'aiguille 184, 185 Fig. 155 et 154. Points à l'aiguille ou points gaze, modernes. 180 Fig. 155. Application d'Angleterre sur tulle à la mécanique. . 187 Fig. 150. Point d'Angleterre sur réseau à l'aiguille 187 Fig. 157 et 158. Valenciennes Brabant, pour l'obes 188 LES DENTELLES ANGLAISES Fig. 159. Points d'Irlande (xix'' siècle) exécutés au crochet. . 189 Fig. 140. Dentelle d'Irlande exécutée au crochet 190 Fig. 141 et 142. Dentelles Honiion 191 Fig. 145. Point d'Irlande, crochet moderne 192 Fig. 144. Dentelle Honiton 195 Fig. 145. Point d'Irlande fin 194 Fig. 140. Point d'Irlande gros, h reliefs 195 Fig. 147. Dentelle à l'aiguille 190 LES AUTRES DENTELLES ÉTRANGÈRES Fig. 148. Dentelle allemande (xvip siècle). Suède 197 Fig. 149. Dentelle de fil (xi.x= siècle) 198 Fig. 150. Mac-Ramé 199 Fig. 151. Blonde de fil de Barcelone exécutée aux fuseaux. 200, 201 Fig. 152. Guipure d'or 2ii2 Fig. 155. Guipures découpées en dentelles 205 Fig. 154. Bi'oderie sur tulle et guipure 204 Fig. 154 bis. Broderie sur réseaux et guipures 205 Fig. 155. Guipures exécutées aux fuseaux 200 Fig. 150. Dentelles Nansouty 208 LES DENTELLES FRANÇAISES Fig. 157. Point de France (xvii" siècle) 209 Fig. 158. Dentelle noire de Chantilly 210 Fig. 159. Point flolbert, travail à l'aiguille 211 Fig. 100. Point Colbert 220 Fig. 101. Point Colbert moderne 227 Fig. 102. Dentelle Chantilly 228 Fig. 105 à 105. Dentelles Chantilly blanc, fond chaut . . . . 228 TABLE DES PLANCHES OU FIGURES. 311 Pages. Fig. 166. Dentelles de Bayeux 229 Fig. 167. Volant en Chantilly 230 Fig. 168. Volant en dentelle Chantilly 231 Fig. 169 et 170. Éventails, dentelle de Bayeux 232 Fig. 171. Dentelle blonde 234 Fig. 172. Dentelle Chantilly 235 Fig. 173. Volant Chantilly 236 Fig. 174. Dentelles Chantilly 237 Fig. 175. Dentelles Chantilly 237 Fig. 176. Devant de robe de baptême 238 Fig. 177. Point d'Argentan exécuté à l'aiguille 239 Fig. 178. Dentelle d'Alençon (1" Empire) 241 Fig. 179 et 180. Point d'Argentan et Point de Sedan 242 Fig. 181 et 182. Fragments d'un col et rabat en point Colbert. 243 Fig. 183 et 184. Point CcÎlhert exécuté à l'aiguille 244, 245 Fig. 185 et 186. Col rabat point Colbert 246 Fig. 187. Rabat en point Colbert 247 Fig. 188. Point de France exécuté à l'aiguille • . 248 Fig. 189. Point de France, travail à l'aiguille 249 Fig. 190. Point de France, travail à l'aiguille 25(1 Fig. 191 et 192. Points de France exécutés à l'aiguille 251 Fig. 193. Robe en point d'Alençon, exécutée à l'aiguille.. 252, 253 Fig. 194. Point de Sedan, exécuté à l'aiguille 254 Fig. 195. Barbe en point d'Argentan 255 Fig. 196. Barbe en point d'Alençon 256 Fig. 197. Barbe en point d'Alençon 257 Fig. 198 et 199. Points d'Alençon 258 Fig. 200. Point d'Alençon 259 Fig. 201 et 202. Points d'Alençon. 260 Fig. 203 et 204. Point d'Alençon 261 Fig. 205. Volant en Point d'Alençon 262 Fig. 206. Passement exécuté au Puy 263 Fig. 207. Guipure du Puy (xvii" siècle) 266 Fig. 208 et 209. Cols en dentelle du Puy et de Craponne.. . . 267 Fig. 210 à 215. Guipures du Puy et de Craponne 268 Fig. 216. Guipures lil, du Puy 269 Fig. 217. Dentelle du Puy 270 Fig. 218. Guipure du Puy 271 Fig. 219. Guipure du Puy appliquée sur tulle 272 LES IMITATIONS DE LA DENTELLE Fig. 220. Imitation du point d'Alençon 273 Fig. 221. Venise moderne. Copie d'ancien 279 Fig. 222. Imitation de la dentelle blonde • . 280 Fig. 223. Imitation de la dentelle Chantilly 281 Fig. 224. Imitation de la dentelle Chantilly 282 Fig. 225. Imitation de la dentelle Chantilly 283 512 TABLE DES PLANCEES OU FIGURES. Pages. Fig. 226. Imitation du point de France 284 Fig. 227. Imitation de la dentelle de Bruges 285 Fig. 228. Imitation du point de Paris 2X6 Fig. 229. Imitation de la dentelle Duchesse 287 Fig. 250. Imitation du point de Bruxelles.. 288 Fig. 251. Imitation de la dentelle Malines 289 Fig. 252. Imitation de l'Application d'Angleterre 290 Fig. 255. Imitation de la dentelle Valenciennes ........ 291 Fig. 254. Imitation du Point de Gênes 292 Fig. 255. Imitation du Point de Venise 295 Fig. 256. Imitation du Point de Venise 294 DENTELLES VÉRITABLES ET LEURS IIV1ITATÍ0NS Fig. 257. Dentelle Chantilly, imitation exécutée à la machine. 295 Fig. 258. Dentelle Chantilly, exécutée aux fuseaux 295 Fig. 259. Imitation de Valenciennes, fabriquée mécaniquement. 298 Fig. 240. Dentelle Valenciennes, véiátable, exécutée aux fu- seaux 299 CONCLUSIONS Fig. 241. Dentelle Chantilly (xviii® siècle) 501 Fig. 242. Point d'Alençon 504 Fig. 245. Bobe d'enfant, en Point d'Irlande 50 > Fig. 244. Col Anne d'Autriche 506 Fig. 245. Dentelle de Valenciennes 507 Fig. 246. Point de Gaze 512 Fig. 247. Application, modèle de point à l'aiguille 515 Flg. 248. Fleurs faites aux fuseaux et appliquées sur tulle . . 515 Fig. 249. Point d'esprit 515 Fig . 246. — Point de gaze. Réseau et fleurs à l'aiguille. wmmÊÊmmmmm 17 25 25 95 155 157 189 209 211 259 265 275 295 501 Fig . 2Í7. — Application. Fig 248. — . Fleurs faites aux Modèle de point à l'aiguille. fuseaux et appliquées sur tulle. TABLE GÉNÉRALE Genres de dentelles Origine de la dentelle Le luxe des dentelles aux xvi% xvii% xviii= et xix"= siècles. . . Des efforts faits en France pour encourager l'industrie de la dentelle au commencement du xx° siècle Les dentelles italiennes Les dentelles belges Les dentelles anglaises Principaux centres de production de dentelles françaises. . . Les dentelles du Calvados Les dentelles de l'Orne Les dentelles de la Haute-Loire, de la Haute-Saône et des Vosges Les imitations de la dentelle Dentelles véritables et leurs imitations La Rénovation de la dentelle Fig 249. — . Point d'esprit. CE VOLUME A ÉTÉ ACHEVÉ D'IMPRIMER EN LA MAISON LAHURE (IMPRIMERIE GÉNÉRALE DE PARIS) LE XXX° JOUR D'AVRIL DE L'ANNÉE MDCDIV EN VENTE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES CAMILLE FLAMMARION OUVRAGE COMPLET Le meilleur marché des Encyclopédies Et la plus scientifique DICTIONNAIRE ENCYCLOPEDIQUE UNIVERSEL Illustré de nonibreiiscs Uj^iires et cartes contenakt tous les mots de la langue française et résumant l'ensemdle des connaissances humaines, pddlié aa'ec le concours de savants et d ecrivains célèüres. Huit beaux volumes grand in-8° jésus Prix ; Brochés. . . 95 francs. Reliés Prix de demi-maroquin. (30 francs. chaque volume pris séparément ; Broché (2 francs. — — — Relié (7 francs. Souscription permanente à 5 francs par mois Les huit volumes brochés sont expédiés dans la huitaine qui suit le versement de premier 5 francs (en mandat-poste), et les volumes reliés dans la Indiquer si l'on quinzaine. désire la reliure verle ou rouge. L'emballage est gratuit et l'envoi est l'ait sentées franco de port; les quittances sont pré- par la poste du 1" au 5 de chaque mois sans frais pour le souscripteur. Indiquer très lisiblement son nom et son adresse, ainsi la la plus que gare proche de son domicile. On peut toujours se procurer l'ouvrage en livraisons à | 0 centimes ou en séries à 50 centimes. CH. BROSSARD Ouvrage terminé Ouvrage termine TOUTE LA FRANCE Photographiée en noir et en couleurs GÉOGRAPHIE PITTORESOUE ET MONUMEiNTALE DE LA FR.OCE Description du Sol. — Curiosités. — Monuments. Cartes des Départements Chaque volume renferme 600 gravures dont 160 en couleurs. L'ouvrage, tiré sur papier couché, forme 5 volumes grand in-8°. Tome 1. — LA FRANCE DU NORD. — Tome II. — LA FRANCE DE L'OUEST Tome 111. — LA FRANCE DE L'EST Tome IV. — LA FRANCE DU SUD-OUEST Tome V. — LA FRANCE DU SUD-EST Prix du volume, broché. 2 5 francs. — En reliure demi-chagrin, plaque. 3 2 francs. En reliure amateur, coins. 35 francs, li'ouvrage se vend également par départements .V. EN VENTE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES BIBLIOTHÈQUE ^ des ARTS APPLIQUÉS AUX MÉTIERS ^ L'ÉDUCATION MANUELLE — TRAVAUX FÉMININS Collection nouvelle in-8° carré (320 pages). Nombreuses illustrations. Prix de chaque volume, broché : 3 fr. 50 — Reliure artistique ; 4 Tr. 50 Décoration du Cuir Sculpture — Modelage Ciselure - Patinage-Mosaïquepar superposition ENSEIGNEMENT TECHNIQUE DES FORMULES ET TOURS DE MAIN PAR GEORGES DE RÉCY In-8 carré (820 pages). Illustré de i35 planches ou figures. DE LA DÉCORATION DU CUIR Incision et modelage. — Nomenclature des outils à employer. — Du choix des peaux. — Report du dessin sur le cuir. — Mouillage du cuir. — Incision du cuir. — Cuirs dits incisés ou gravés. — Cuirs ciselés. — Matrice. — Cuirs martelés. — Cuirs modelés. — Repoussage du cuir. — Cuirs modelés avec tonds abaissés à l'outil. — Cuirs pyrogravés. — Peintogravure. — Manière de procéder. — Cuirs estampés. — Cuirs découpés à jour. DÉCORATION EN COULEUR DES CUIRS Des teintures et des patines en général. Potasse. Rouges. Jaunes. Bleus. Verts, etc. DE LA DÉCORATION DES CUIRS AU MOYEN DES TEINTURES ET DES PATINES Fonds dégradés. — Marbrure. — Rainage. — Bruine. — Dorure. — Dorure au fer chaud. DU CHOIX DES DÉCORS ET DES TEINTES Objets usuels. — Liseuses-buvard. — Teintes de fond. — Teintes pour les orne- ments. — Teintes pour les rehauts. — Emploi du sulfate de fer — du vert malachite — du rouge caroubier, etc. — Les motifs en relief et les décors à plat. — Harmonie des couleurs. — Fleurs stylisées et non stylisées. — Le découpage à jour du cuir. —Les lavis et les fonds. — De la composition des grands panneaux de tentures. — La science de la composition, traduction des formes de la nature. — Emprunts de l'art moderne aux anciens décorateurs. — De la conservation du cuir moderne. — Procédés pour le préserver de toute altération. DE LA MOSAÏQUE SUR CUIR EN GÉNÉRAL Des peaux sur lesquelles se font les mosaïques. — Préparation des peaux devant former le fond; leur collage sur carton. — Parure des bords de la peau à tendre. — De la mosaïque monochrome sur veau. — Des peaux destinées à être superposées sur le fond. —- Collage du papier support. — Report du dessin sur le papier. —Du choix des outils. — Découpage et collage du décor. — Décollage du papier support. — Cernure des contours.— Mosaïque polychrome. — Sertissage. — Mosaïque polychrome sur fond de maroquin. — Collage du décor sur maroquin. — Mosaïque en relief. — Mosaïque par incrustation. É EN VENTE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES BIBLIOTHÈQUE des ARTS APPLIQUÉS AUX MÉTIERS L'ÉDUCATION MANUELLE — TRAVAUX FÉMININS Collection nouvelle in-8° carré (320 pages). Nombreuses illustrations. Prix de chaque volume, broché ; 3 fr. 50 — Reliure artistique : 4 fr. 50 Décor par la Plante L'Ornement et la Végétation THÉORIE DÉCORATIVE et APPLICATIONS INDUSTRIELLES PAR ALFRED KELLER In-8 carré (320 pages). Illustré de 685 dessins exécutés par l'auteur Le décor appliqué — Règles de la composition La symétrie — — Le rayonnement L'alternance La répétition et l'alternance Contraste et coloration — La matière employée La plante emblématique Le style — L'ornementation dans les styles L'ornement et ses origines Étude scientifique de la plante Nutrition de la plante — Ramifications Bourgeons La feuille — La tige et les feuilles — La fleur Inflorescences — Enveloppes florales Origine du fruit Reproduction de la plante Le décor — La nature et la géométrie EN VENTE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES COMMENT DISCERNER LES STYLES ENSEIGNÉ PAR L'IMAGE LA DENTELLE Transformations Progressives XVE et XVID Siècles CINQ CENTS REPRODUCTIONS DOCUMENTAIRES Un volume in-4° relié en toile 26 francs. Division par Provenances et par Époques ( XVL ..j siècle Planches emagne. i, i5, 20 ^ XVII® siècle Planches 3i, 40 à 5o, 64, 65, 66, 67 à 70 XVL France. siècle Planches 10 à 12, 21, 22, 23, 24, 25 XVII® siècle Planches 36 à 39, 59, 6c», 61, 62, 63 ^ XVI® Italie. siècle Planches... 2 à 9, i3, 14, 16, 17, 18, 19 ( XVII® siècle Planches... 26 à 3o, 32 à 35, 5i, 52 à 58 Ordre Alphabétique des 500 Documents reproduits Aubes Planches 28,59,60,61,62 Berthes, Collerettes, l Planches 10, 11, i3, 14, 26, 28, 29, 3o, 32, 33, Fraises 40, et Qorgerins | 41, 43, 45, 46, 47, 49, 55 à 58, 63, 65, 71 à 80 Bordures et Feuillages. ... Pl. i, 2, 4 à 9, i5, 18, 27, 33, 34, 43, 48, 65, 68 Carrés, Pertuis et Roses.. Planches 3, 12, 17, 19, 21 à 25, 3i, 32, 35, 37, 39, 42, 44, 49, 64, 67, 69, 70 Manchettes... Planches 16, 19, 20, 36, 45, 47, 48, 5o, 5i, 52, 53, 66, 73, 74 Mouchoirs (Coins de).. Planches 3o, 35, 40, 41 (Voir aussi : Berthes, etc.). EN VENTE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES DOCUMENTS ET MODÈLES UTILISÉS DANS TOUTES LES INDUSTRIES D'ART Recueil de Seize Cents Documents POUR L'Industrie Dentellière publiés en Cent trente planches Î^HP^ODUCTIOtl DE DE^lTEIiliE VÉpITMLE depuis le xv" siècle jusqu'à nos jours ESQUISSES ORIGINELLES POUR DENTELLE MÉCANIQUE par HENRI LEMAIRE, Dessinateur Un volume in-folio (en carton) 120 francs. La Fleur appliquée à l'Industrie des TULLES, RIDEAUX, BRODERIES, etc. par HENRI LEMAIRE 22 planches (120 documents). In-folio . . . 30 francs. Dentelles inédites et Dessins nouveaux par HENRI LEMAIRE 22 planches (102 documents). In-folio ... 30 francs. MOTIFS VARIÉS pour Rideaux, Broderies, Dentelles, etc. par HENRI LEMAIRE 3o planches (280 documents). In-folio . .' . 40 francs. EN VENTE CHEZ LE MÊME ÉDITEUR BIBLIOTHEQUE des ARTS APPLIQUÉS AUX MÉTIERS L'ÉDUCATION MANUELLE — TRAVAUX FÉMININS Collection nouvelle in-8* carré (3co pages). Nombreuses illustrations Prix de chaque volume, broché : 3 fr. 50 — Reliure artistique : 4 fr. 50 LA CÉRAMIQUE FRANÇAISE Faïences-Porcelaines-Biscuits-Grès Date de la fondation des ateliers. — Caractéristiques. Marques et .Monogrammes, Par ROGER PEYRE Un vol. orné de 32^ flg., marques et monogrammes de porcelaine et de faïence LA DECORATION DU CUIR Sculpture — Modelage — Ciselure — Patinage—Mosaïque par Superposition ENSEIGNE.MENT TECHNIQUE DES FORMULES ET TOURS DE .MAIN Par GEORGES DE RÉCY, Amateur praticien. Un volume illustré de 135 planches ou figures. DÉCOR PAR LA PLANTE L'Ornement et la Végétation Théorie décorative et applications industrielles Par ALFRED KELLER Un volume illustré de 685 dessins exécutés par l'auteur. DENTELLE ET GUIPURE Anciennes et Modernes — Imitations ou Contrefaçons Par AUGUSTE LEFÉBURE Un volume in-Q' carré illustré de 260 planches ou figures. HENRY HAVARD L'ART ET LE CONFORT DANS LA VIE MODERNE LE BON VIEUX TEMPS Un volume iji-ü' illustré de nombreuses planches et figures. LES MONSTRES DANS L'ART Êtres humains et animaux, bas-reliefs, rinceaux, fleurons etc. accompagnés de 4Z2 planches ou figures. Par Edmond VALTON Paris. — Imp. LAHURE DENTELLE ITALIENNE. .\Vir° siècle. xvil et xviii" siècles. • 14."> DENTELLES ITALIENNES. pl K̂imk f#«¿iífe£twí Fig. 7ü. — (Il y a une grai et