I I I ,. \ . I •• .: , LE· CUIVRE ET LE BRONZE , / . , L'ART ApPLIQUÉ AUX MÉTIERS Ouvrag� publié sous les auspices de la SOCIÉTÉ DE L' ART APPLIQUÉ AUX MÉTIERS LISTE DES NEUF VOLUMES QUE COMPRENDRA L'OUVRAGE PARUS I. DÉCÓR DE LA PIERRE. - Application aux éléments de construction. Il. DÉCOR DE LA TERRE. - Poteries mates, grès, faïence, porcelaine, céramique archi tecturale. ur. DÉCOR DU VERRE. - Gobeleterie. Mosaïque. ViLrail. IV. DÉCOR DU MÉTAL. - Le fer'. V. DÉCOR DU MÉTAL. - Le cuivre, le bronze. A PARAITRE VL DÉCOR DU MÉTA:J:,. - Le plomb, l'ét:ain. Argent et or. Monnaies et médail les. VII. DÉCOR DU BOIS. - Char-penter-ie. Menuiserie. VIII. DÉCOR DU MOBILIER. - Meubles et sièges (bois massif et bois plaqué). Mar­ queterie. IX. DÉCOR DU TISSU. - Soieries. Broderies. Tapisseries. Tapis. I' L'ART APPLIQUÉ AUX MÉTIERS DÉCOR MÉTAL LE CUIVRE ET LE BRONZE PAR LUC1EN MAGNE INSPECTEUR GÚNÉRAL DES MONUMENTS HISTORIQUES PROFESSEUH A ,,'ÉCOLE DES BEAUX-ARTS ET AU CONSERVATOlHE DES AWl'S ET MÉTIEHS OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 'J35 GRAVURES PARIS LIBRAIlUE RENOUARD - H. LAURENS, ÉDITEUR 6, RUE DE TOURNON, 6 1917 Tous droits de traduction, adaptation et reproduction réservés pour tous pays. - [ La mort de l'auteur, survenue le 28 Juillet 1916, a été une perte cruelle pour l'Art français dont il avail pieusemeul étudié le passé, dont il représentait qlorieu­ sement le présent, et dens l'avenir duquel il avait une foi i prof'onde. Toutefois, Lucien Alagne reste vivant par son Œuvre, parles constructions qn'il. a édifiées, par les livres qll'il él publiés, plus encore peut-être par l'¡:nfluence qu'il exerçait autour de Lui grâce it son inlesseble énergie, it son savoir inepuiseble, il son tempérament d'apôtre. Celte influence ne cessera de régner sur le Société de l'Art appliqué aux Métiers, dont il avail été l'un des [ondeieurs et le président. I - Aussi la Société, sous les auspices de laquelle cet ouvra.ge est placé, a-t-elle décidé d'en poursuivre sans délai le publication; 'estimant que le diffusion des idées qui y sont contenues est rendue plus urqente par lo gravité des événements actuels, et conlribnere . après ln. guerre, it l'essor victorieux de nos industries d'ai[ Lucien Magne, qui eonit, pendant toute sa vie, amassé les documents nécessaires it celte Œuvre, a pu corriger entièrement les épreuves de cette Ve p�rtie; il a laissé it son fils Marcel le soin de reviser le texte et lillnstra­ tian des q ustre derniers volumes it paraître. La Guérison des Lépreux. Bas-relief dun tombeau (l'autel él la Basilique de Montmar-tre. Œuvre de L. l\lagne et H. Lefebvre. Bronze, cuivre et émaux champlevés. Exécution de Lesage. DÉC:OR . DU MÉTAL LE ·CUIVRE. ET LE BR-ONZE PROPRIÉTÉS ET MÉTHODES DE TRAVAIL LEUR EMPLOI DANS L'ANTIQUITÉ Application à la statuaire. Le cuivre, soit pur, soit allié à l'étain, a été employé dans les civilisations les plus anciennes. M. de Sarzec a recueilli, dans les fouilles de Basse-Chaldée, une lance votive de bronze, au nom d'Isdubar, décorée par un griffon gravé au trait, suivant -les procédés usités pour les vases de terre. Les fouilles plus récentes de la Mission de Morgan, en Susiane, ont permis de constater que les Chaldéens utilisaient le bronze pour des pièces de grande longueur et de faible épaisseur) fon­ dues sur noyaux. (Colonne votive remontant à l'an 1100. Musée du Louvre.) L'A ri appliqué aux Métiers. - V. 2 LE �UIVRE ET LE BRONZE Une table de sacrifice en bronze, ornée de figures qu'entourent des 'serpents, a été découverte dans les mêmes fouilles; elle date­ rait de la même époque. Les évidements pratiqués dans les bords de la table étaient sans doute destinés à' l'écoulement du sang des victimes (fig. 1). M. de' Morgan a recueilli, d 'ailleurs en grand nombre, des Fio'. 'I. - Table cl'o!rl'unde chaldéenne en bronze (Musee du Louvre). des í arrues, ou i ls et de menus objets de bronze provenant de l'Elam, dont la civilisation précéda,peut-êl!'e celle de la Chaidée. On croit pouvoir faire remoúte,r à la fin du XXVle siècle avant nôtre ère des statuettes de bronze an nom du roi Dounghi, figu­ rines sortant d'une gaine et portant une corbeille sur la tête. En Égypte, les fouilles pratiquées dans les tombeaux de l'an­ cien et du moyen' Empire ont mis à découvert un grand nombre de statuettes de bronze et d' objets mobiliers (Statuettes funéraires, vases, miroirs de bronze. Musée du Louvre). Cependant l'em­ ploi de l'alliage du cuivre et de l'étain ne semble pas avoir été antérieur, en Égypte, à l'époque éhaldéerine. On tirait du Sinai: le cuivre presque pur et on le travaillait au marteau; mais l'étain venait de plus loin, sans doute de l'Inde, LEVH EMPLOI DANS L' ANTIQUITÉ €l les Chaldéens durent en faire usage avant les Égyptiens. Les fouilles des tombeaux mycéniens ont enrichi le Musée d' Athènes de poignards en bronze à lames incrustées d'or et de l'alliage d'or et d'argent auquel les anciens donnaient le rrorn d'électron (fig. 2). Ainsi à une époque qui, pour la Grèce primitive, correspond à celle des dynasties thébaines en l�g'yple, c'est-à-dire vers le Fig'. 2. - Poig nard en br-onze damasquiné dor eL cl'éleclron lrouvé à Mycènes (Musée d'Athènes). XVC ou le XVIe siècle avant notre ère, l'alliage de cuivre et d'étain était connu et employé pour les arrues offensives. Il fut appli­ qué plus tard, concurremmen t avec le Cll i He, aux défenses du corps (cuirasses, cnémides). L'existence du cuivre à l'état natif dans certains pays explique 1 'emploi très ancien de ce métal dont la technique, lorsqu'il était pur, ne différait pas beaucoup de celle en usage pour les métaux précieux. Si rudimentaire que fût la métallurgie, l'or, l'm'gent ou le cuiv�e pouvaient être fondus et coulés en tables; le battage réduisait ces tables en feuilles qu 'on travaillait au mar­ leau, en formant des pièces complètes ou des pièces séparées qu'on réunissait par des rivets. On pouvait, en traçant un dessin sur la feuille, relever le métal en le martelant sur un corps dur et obtenir ainsi des orne- 4 LE CUIVRE ET LE BRONZE . . dans la merits d'autant plus sonples que le relief en était pris fenille même de cuivre. » Si l'on en juge par l'étymologie du mot « cllprum on peut l'île de croire était tiré de que le cuivre, à l'époque romaine, Chypre. De nos jours, des gisements importants sont exploilés en Europe, dans l'Oural, dans lItalie du Nord (province de Lucca), de Rio-Tinto), en Espagne (province de Huelva, mines dans la Saxe prussienne (Mine de lVIansfeld). C'est en Amérique que sont les mines les plus importantes, celles de cuivre natif et du sne les frontières des États-U nis Canada, celles d' oxyde de cuivre dans la Basse-Californie (gise­ ¡ ment du Boléo), celles de pyrites de cuivre et de fer au Chili. Ce sont les pyrites (sulfures) qui sont le plus répandues. Le I. minerai est grillé à l'air pour éliminer une partie du soufre: une première fusion sépare environ la moitié du fer qui passe dans les scories de la « matte sulfure double de cuivre et de fer », déjà plus riche en cuivre que le minerai. La même opération est r�commencée plusieurs fois jusql�'à ce qu'une dernière fusion oxydante élimine le soufre et donne le cuivre brut. Un industriellyonnais, M. Manhès, a simplifié l'opération en adaptant à l'affinage du cuivre le convertisseur Bessemer. Après une première fonte donnant des matles à 20 ou 30 o/ (), on verse ces mattes dans le convertisseur avec du sable siliceux qui facilite l'élimination du fer. Le fer s'oxyde en dégageant des étincelles : le soufre en brûlanl donne des vapeurs "blanches : quand les fumées cessent, l' opération est terminée. Un dernier affinage dans le four à réverbère donne le cuivre pur. On a procédé aussi à l'affinage par l'électrolyse; on a pu même exécuter directement des tubes de cuivre par dépôt galvano-plas­ tique du métal sur un mandrin en fer: On comprime au fur et à mesure de leur formation les couches de cuivre pal' des bru­ nissoirs en agale pour donner aux tubes une consistance suffi- sante. (Procédé Ellmore.) LEUR EMPLOI DANS L'ANTIQUITÉ Le cuivre, pour être travaillé par emboutissage ou martelage, doit être livré en tables ou en feuilles. A cet effet, on refond les lingots de cuivre dans des fonrs à réverbère et on les coule en plateaux dont le poids ne dépasse pas 600 kilogr. On les fait passer entre deux cylindres de laminoirs dont on diminue pro­ gres�ivemeIJ t Ia distance; les plateaux amincis et élargis donnent ainsi des feuilles prêtes à être travaillées. C' est en Orient et particulièrement dans l'Inde que les feuilles de cuivre sont travaillées au repoussé, ajourées ou gravées. Des procédés de travail analogues sont employés en France. Une des applications les 'plus intéressantes du cuivre à la sta­ tuaire est l'exécution en feuilles, n'ayant pas plus d'nn milli­ - mètre ou i millimètre J /2 d'épaisseur-, de figures et même de groupes de dimensions colossales, qui seraient difficilement réa­ lisables en métal fondu, lorsque ces groupes sont destinés à cou­ ronner des combles. Les qualités du cuivre sont tellement améliorées par l'alliage d'autres métaux, tels que l'étain, le plomb el le zinc, que, dès l'antiquité, on avait préféré. pour la fonte des armés offensives et des statues, l'alliage de cuivre, d'étain et de plomb qu'on appelle le « bronze» et qu'il ne faut pas confondre avec l'alliage moderne de cuivre et de zinc qu'on appelle le lailon. L'analyse des hronzes attiques donne :- 62 % de cuivre, 32- % d'étain, 6 % de plomb. Dans les bronzes romains, le cuivre entre pour H4 % et l' étain pour 10 -t.. Ces alliages, faciles à travailler, assez fusibles pour reproduire toutes les finesses d'un moule, bénéficiaient d'une belle colora­ tion que la patine embellit encore. Dès l'antiquité, on avait remarqué les qualités que donne au bronze l'alliage d'une petite quantité de plomb. 6 LE CUIVRE ET LE BRONZE Actuellement le « bronze d'art » contient, en \ proportions variables, des métaux entrant dans l'alliage," 60 à 85 % de cuivre, 3 à DO/o d'étain, 10 à 3;) % de zinc et de '1 à 3 % de plomb. Le bronze des statues contient généralement �5 à 90 % de cuivre : celui cles monnaies qui doit résister à l'usure en con- Fig', 3, - Lion assyrien. Expr'ession naturaliste (Musée du Louyre). tient plus encore, 95 % de cuivre pOllr 4 d'étain et '1 de Zll1C� Pour les médailles, l'alliage est de 99 de cuivre et cle '1 d'étain. Le bronze des cloches, clur mais aussi un peu cassant, con­ tient de 22 à 25 parties d'étain pour 7H à 7� de cuivre. Le laiton a des applications nombreuses clans l'industrie; on l'emploie en planches, en feuilles, en fils, etc. mais il est moins­ � tenace et moins malléable que le cuivre rouge. La proportion de zinc, qui atteint jusqu'à 37 % dans le .Iai­ ton des horlogers, lui donne l'avantage' de l'économie. LEUR EMPLOI DANS L'ANTIQUITÉ 7 Dans l'antiquité comme de nos jours, le cuivre et le bronze étaient employés pour Ia statuaire et pour les objets usuels, et les progrès de l'art entraînaient ceux des méthodes de travail. soit pour le battage et le repoussage du métal pur, soit pour la fonte de son alliage. L'application du cui vre et du bronze à la statuaire est très Fit;" 4. - Lion persan d'époque achéménide. Expressíon décorative (Musée du Louvre). ancienne; on a découvert, dans les fouilles d'anciens sanctuaires ou dans les tombeaux, des plaquettes de métal ajouré et gravé représentant des divinités Oll des personnages héroïques ou même des scènes familières. L(� Musée du Louvre et quelques collections publiques ou pri­ vées conservent quelques-unes de ces plaquettes trouvées en Grèce et qui son t à comparer, pour le style aussi bien que pour le décor, à certaines plaques funéraires de terre cuite décou­ verles dans des tombes grecques ou étrusques et qui sont déco­ rées aussi par la gÍ'a vure. 8 LE CUIVRE ET LE BRONZE Les mêmes procédés avaient été employés en Égypte p'Our des ex-voto de bronze. '" Sur une de ces plaquettes, Thoutmès est représenté dans un geste d'offrande. La gravure complète le décor du bas-relief dont la saillie sur le fond est très fa�ble : des trous' semblent indiquer l'utilisation de cette. plaquette comme pièce d'applique. Une autre plaquette ele CUIvre découpé et gravé, d'origine grecque et représentant une scène de chasse, est conservée au Louvre. L'usage du CUIvre embouti ou assemblé par feuilles rivées semble avoir précédé, pour les armes défensives, celui du cuivre fondu,' autant qu'on en pent juger par les casques grecs ou étrusques dont les rivets fixant la garniture 'intérieure concourent à la déco- ration. Fig'. 5. -:- F'igure votive d'Athéna. Bronze doré en deux plaquettes Quelques-uns sont surmontés (Musée d'Athènes). de hauts cimiers et enrichis d' or­ nements repoussés qui s'étendent du sommet du casque JUs­ qu'aux oreillères. Tandis que le sculpteur, en l�gypte comme en Grèce, était gêné par l'interprétation du mouvement des figures, la fonte de statuettes ou d'objets usuels (poignées de vases ou de tré­ pieds), dont le décor comportait l'interprétation de la figure ou de l'animal, pouvait être réalisée assez simplement. Cependant, si l'on considère comme certaines les dates attri­ buées aux objets découverts à Suse au cours des fouilles de la mission de Morgan, on peut croire qu'au XIIe OU au XIIIe siècle LEUR EMPLOI DANS L'ANTIQUITÉ avant 'notre ère, les fondeurs ele la Chaldée et de l'Elam étaient déjà d'habiles techniciens. En Assyrie, SOllS les Sargonides, la fonte du bronze atteignait à la maîtrise. Les artistes assyriens ont interprété l'animal clans toutes les attitudes avec une justesse d'expression dont on peut apprécier la valeur sur le lion ac­ croupi conservé au Musée . du Lou vre (fig. ;3): Son intérêt s' est accru après la découverte, à Suse, el'un lion persan, datant ele la dynastie Achémé- . nide, et pOllI' lequel les conventions. décoratives ont remplacé l' étuele eli­ rècte et consciencieuse de la nature (fig. 4). En Grèce comme en Assyrie, les progrès eles fondeurs ont suivi ceux eles sculpteur s. On Fig'. 6. - ALhèna Pro machos peut s'en con­ provenantdes fouilles de l'Acropole vaincre les (Musée d'Athènes). en comparant bronzes archaïques trouvés à Olympie, dont les formes accusent encore l'influence égyptienne ou assyrienne, aux bronzes plus récents découverts clans les fouilles de Dodone et dont l'auteur s'efforçait de donner à ses figures la vie et le mouvement. D 'ailleurs les petits trous constatés sur les murs de la tombe en coupole ( dite Trésor d'Atrée», à Mycènes, semblent indi­ quer, pour nne époque contemporaiJ?-e des bronzes chaldéens, l'emploi, sinon cle revêtement, au moins de pièces d'applique en H) LE CUIVRE ET LE BRONZE métal et le décor des boucliers par zones concentriques tel qu'il ressort des descriptions homériques, révèle l'art de l'Orient. Certaines patères phéniciennes, trouvées à Préneste, sont ainsi décorées par zones. L'art grec ne s'est affranchi que tardive­ ment des influences orientales. C' est I' élaboration des types divins, idéalisant les formes humaines, qui eut sur la sta­ tuaire grecque, et. par réper­ cussion, sur le travail du bronze, une influence décisive. On ne peut en douter en comparant à la figure d 'Athena Prornachoa, trouvée clans les fouilles cle l'Acropole, une figure votive dAthènn (fig. �) formée de deux plaquettes ele bronze fondues séparément et réunies pour présenter, sur chaque face, la déesse cle pro­ fil, vêtue de la longue tunique ionienne et portant SUl' les Fig'. ï. - Tursc ell br-o nz e d Athèna. siècle épaules l'égide bordée de Fin du VIe (Musée d'Athènes). s_er­ perits. L'Athèna Promachos ,est vêtue de même, mais elle Lient la lance et le bouclier dans l'attitude du combat et porte un casque à haut cimier (fig. 6). Un magnifique torse trouvé aussi dans les fouilles de l'Acropole (fig. 7) complète la série de ces Œuvres, d'autant plus intéressantes à étudier qu'elles sont comme le com­ mentaire des descriptions poétiques concernant la déesse protec­ trice d'Athènes. Bien que, dès le vue siècle avant notre ère, la statuaire emploie le hronze fondu de préférence au cuivre martelé, certains objets étaient' encore travaillés au repoussé. On peut citer des plaques LEUR EMPLOI DANS L'ANTIQUITÉ 11 semblant provenir de boucliers et décorées par zones de figures ou d'animaux sui van t Ia tradition orientale; le travail du burin complète le décor par des traits gravés. Au Musée du Louvre sont des têtes de griffons, provenant sans doule de supports de bassins, et qui sont exécutées en cuivre repoussé. D'ailleurs le travail de la fonte s'était perfectionné: on peut s'en assurer en étudiant les sau­ vages griffons de bronze découverts dans les fouilles d'Olympie (fig. �) et qui, quoique issus d'lm type oriental, accusent par le style l'ai-t hellénique. Ces têtes étaient sans cloute fixées par des rivets à des bassins de bronze dont elles formaient les anses. Comme en ��gypte, I 'œil était évidé el rempli par une pâte vitreuse. Fig'. S. - Griû'on de bronze ayant formé l'anse d'un trépied, Fouilles d'Olympie. On sait que, sous les dynasties memphites, l'œil des statues était construit comme l'œil humain .à l'aide d'une capsule de cuivre embouti dont les bords étaient l'abattus pour figurer les paupières, enchâssant un globe de quartz hyalin qui simulait la cornée; dans ce globe était évidée la prunelle en cristal de roche s'appuyant au fond sur une pointe de métal qui donnait l'illusion de la pupille et animait la figure. La composition du griffon d'Olympie accuse bien, par la silhouette de cette bête étrange au bec crochu, aux oreilles droites, la technique du métal sur lequel la gravure, complétan l 12 LE CUIVRE ET LE BRONZE le décor du col et de la tête, dessine des écailles et des rubans. Au-dessus de la tête s' élève uri bouton fleuri qui servait sans: doute de poignée pour le transport du bassin. Durant deux siècles (vrr' et VIe siècles avant notre ère) qui corres­ pondent en Grèce à l'émancipation de la statuaire, les procédés de la fonte du bronze ont constamment progressé, en même temps que pro­ gressait l'étude du corps humain. M. Collignon a signalé la répé.,­ tition, sur les médailles aussi bien que sur les statues, du type de l'Apol­ lon Didyméen, dont on peut appré­ cier la souveraine beaulé SUl' le bronze du Louvre, trouvé à Piom­ bino (fig. 9). Ces - types divins, une fois crees , se modifiaient pen : celui d'Athèna est caractérisé par des mouvemen ls. et des costumes presque identiques. sur les staluettes n'lises à découvert par les fouilles de l'Acropole et sur les monnaies altiques. La gravure complétait encore, au VIe le décor des vases, des. Fig', 9. - Apollon (Réplique de siècle, l'Apollon Didyméen) trouvé à des coffrets trouvées Piombino (Musée du Louvr-e}, miroirs, (cistes à Préneste. Musée du Louvre); mais peu à peu la fonte du bronze s'adaptait aux formes souples de la statuaire (Drams égyptien. Bibliothèque nationale}. , Ce goût de la polychromie, très développé chez les Grecs, leur avait suggéré l'idée d'associer ·le bronze au marbre pOUl' le I décor des bas-reliefs et des statues. Sur la frise du trésor des I � I i LEUR EMPLOI DANS L'ANTIQUITÉ 13 Cnidiens, découvert à Delphes, une lance de bronze, incrustée dans lé marbre, est maniée par l'un des combatíants de la Gigantomachie. Sur les frontons d'Olympie, sur la grande frise des Panathé­ nées, sur les architraves mêmes du Parthénon apparaissent de Fig', 10. - Tête d'Éphebe en br-onze ciaré (Musée e1'A thènes). petits trous cylindriques, indiquant l'emplacement des attaches dor-nements de bronze en applique. Ce bronze était-il doré? Cela est probable: l'or apparaît sur la plaquette votive d'Athèna trouvée dans les fouilles de l'Acro­ pole. Des mêmes fouilles provient une des plus belles pièces du Musée d'Athènes, une tête. déphèhe, qui marque en quelque sorte la fin de la période des conventions décoratives dans Ia statuaire grecque et la transition du VIe au v" siècle. Or, celte tête doit son admirable patine à l'or partiellement conservé -( fig. 10). LE CUIVRE ET LE BRONZE On peut dire qu'à celte époque l'art du fondeur atteignait presque à la perfection : il s'appliquait à des types caractéris­ tiques de beauté, virils ou féminins, parmi lesquels on peul citee la tête de Zeus trouvée à Olympie, aussi remarquable par ses lignes que par les simplifications qui révèlent le génie cie , I Fig'. 1'1. - Tète de Zeus trouvée à Olympie (Musée d'Athènes). l'artiste et son sentiment très vif de la décoration (fig. '1'1). Ce sentiment est très apparent sur toutes les figuI'ines de bronze conternporaines, par exemple sur la statuette trouvée à Corfou (Musée d'Athènes) dont la coiffure étagée retombe en boucles régulières sur le dos (fig. '12), dont la,' tnnique a les longs plis droits qu'ont encore, un siècle plus tard t les tu niques des femmes qui portent le plafond de la tribune à lErechtheion. ' Ces artistes grecs, même lorsqu'ils réalisaient dans la déco­ ration monumentale des simplifications' nécessaires, compre- , [ i' LEUR EMPLOI DANS L'ANTIQUITÉ naient bien l'obligation d'une interprétation sincère de la nature, et c'est autant par la justesse de l'expression que par l'observa­ tion des rapports de grandeur et par la silhouette qu'ils cher­ chaierit le caractère de la figure humaine. Presque tous les musées d'Europe conservent des témoins pré­ cieux de cette période de l'art 'grec, qui correspond à I' apogée de la foute du bronze. Depuis Ia tête de bronze trouvée à Cythère et, conservée au Musée de Berlin, jusqu'à la tête d'homme aux traits simplifiés du Musée d'Athènes, jusqu'à la statuette d'hoplite trouvée dans les fouilles de Dodone, tout indique qu'au ve siècle le fondeur et le ciseleur connaissaient à fond les ' \ ressources du métier. L'aurige découvert dans les fouilles I de Delphes et dont Iernoulage est au � " Louvre, ,paraît être de dale plus récente, mais de même caractère. Fig. 12. - Figur-e votive de En Grèce, la plus impor-tante des femme troll vee à Corfou. Détail de la œuvres de bronze est la grande statue coiffure (Musée d' Athènes). trouvée dans la mer, sur les côtes de Cythère, et qu'on croit provenir 'du convoi de statues grecques que le consul Mummius destinait à Rome. Un naufrage l'aurait jetée à la mer et en partie enfouie dans le sable qui l'aurait con­ servée (Musée d'Athènes). Les bronzes trouvés en Étrurie sont à rapprocher des bronzes -d'époque grecque archaïque et confirment une opinion, bien souvent émise, qui tend à considérer l'art étrusque comme une ramification de l'art grec ancien. Cependant les Étrusques semblent avoir pratiqué plutôt le tra- ,,;. -', z --.:\:, 16 LE CUIVRE ET LE BRONZE vail d'u martelage du cuivre que celui de- la fonte du bronze. Apr:ès le ve siècle, les sculpteurs grecs se divisaient, les uns continuant la tradition de l'école de Phidias, les autres cher­ chant la vérité de l'expression, poussée jusqu'au r-éalisme. A Ja première tradition appartient la grande figure de bronze recueillie au Musée d'Athènes: la nouvelle orientation est net­ tement accusée par une tête hirsute et bouffie d'athlète trouvée' dans les fouilles d'Olympie : il semble que cette orientation, très caractérisée à la fin du IVe siècle, soit due à l'in­ fluence de Lysippe et de 1 'école qui tendait à suivre de très près la nature. L'athlète d'Olympie (fig. 13),d'un type bestial, au front bas et bombé, aux yeux enfoncés, presque turné­ fiés, oontraste singulièrement avec Fig'. 13. - Tète d'Athlète à ex­ aliste trouvée l'athlète du Louvre, trouvé à Béné­ pression . natu r , à Olympie (Musée d'Athènes). vent, don't les traits sont idéalisé� et qui se recommande certainement de la grande école florissant, au ve siècle, dans le Péloponèse et l'Attique (fig. 14). Dès le me siècle, ce n'est plus en Grèce, mais en Asie et ,en Égypte, dans les royaumes issus du démembrement de l'empire d'Alexandre, que l'�rt grec' poursuit son évolution. Nous en avons pour témoins la belíe tête «l'Aphrodite, en bronze, trou­ vée en Arménie (British Museum) et la tête d'homme trouvée dan s la Cyrénaïque. Lorsque la Grèce fut conquise par les Romains, la sculpture était en décadence, les sujets de genre avaient remplacé l es sujets héroïques, et l'art, en se vulgarisant, tendait à un natura­ lisme, brutal mais expressif, dont quelques bustes, celui de Sénèque (fig. 10), celui de l'empereur Vitellius, sont des types remarquables. � LEUR EMPLOI DANS L'ANTIQUITÉ 17 Sous les Antonins, el surtout au temps de l'empereur Hadrien, on revint pour un temps aux formes de l'art grec ancien, dont la tradition s'était d'ail­ leurs maintenue dans l'Italie méridio­ nale .. Les danseuses provenant des fouilles . de Pompéi et qui sont conservées au Musée de Naples, ont, malgré la liberté de la pose, le geste ample et les drape­ ries simples qui, du VIe au ve siècle, accusaient un sentiment très juste des simplifications nécessaires à l'effet d'une figure décorative (fig. 16). 14, - Tête idéaliste Ces Fig', simplifications. s'accordent d'ail- d'AthlètfllrouvéeàBéné- vent leurs l'observation de la (Musée ciu Louvre). avec nature, et l'attitude des danseuses du Musée de Naples est l'expression juste des mouvements rythmés d'une danse lente et solennelle, Ces formes décoratives de l'art grec renouvelé s'appli­ quaient à des objets usuels, à des vases (vase à tête dg jeune homme provenant de Gabies. Louvre), à des casques ornés. C'est par le portrait que l'art remain, issu de l'art gréco­ macédonien, s'impose à notre attention. M .. Collignon a pu, avec raison, rapprocher de l'athlète d'Olympie le pugiliste de bronze, aux yeux évidés, . fut trouvé à Rome en 1884- Fig, 15. - Buste en bronze de Sénèque, qui trouvéà Herculanum (Musée de Naples). et qui est actuellement au L'Art appliqué.:aux j)lIétiers, � V. 2 i8 LE CUIVRE ET LE BRONZE Musée des Thermes. On peuL citer encore le beau buste de Marciana, sœur de Trajan, conservé au Musée du Louvre. Les Romains, qui confondaienL l'art avec le luxe , ont, les pre­ miers, surchargé de figures et dornemcnls les objets usuels de bronze, au lieu de chercher, comme les Grecs, l'expression Fig', 16. - Comédiennes et danseuses en br-onze tr-ouvées à.Pompéi . (Musée de Naples.'. artistique dans une forme simple, s'accordant avec la destination de l'objet. ' Ces objets usuels ont donné lieu à des applications variées du travail du cuivre et du bronze. Elles sont intéressantes à un double point de vue : elles nous initient à la vie des anciens et elles nous font connaître en même temps des méthodes de ü'a­ vail dont nous pouvons tirer profit. , : � II LE CUJVRE ET LE BRONZE DANS L'ANTJQUJTÉ Objets usuels, A u moment où nous commençons)'étude des ap plications de l'art aux objets usuels de cuivre ou debronze , il importe de bien comprendre l'influence décisive que' l'art peut et doit exercer sur les sociétés humaines, en général, et, en particulier, sur la nôtre. L'art est applicable à tout. et son action sur le développement de I'intelligence et dú goút est d'autant plus grande qu'il est vul­ garisé par les objets les plus simples. Aux époques anciennes, soit dans l'antiquité, soit au moyen âge, l'art s'appliquait aussi bien à un vase qu'à une statue .. On jugeait digne de perfection artistique l'objet le plus humble, le manche d'une cuiller, le support d'une lampe, et cela n'était pas indifférent. Le citoyen d' Athènes, capable d'apprécier les beautés d'un ouvrage d'Eschyle ou de Sophocle, était celui dont le goût s' était développé à la vue des beaux bronzes, des belles poteries, et cette un�té artistique qui caractérise les grandes époques d'art était la conséquence de la diffusion du goùt- dans tous les milieux. Trop longtemps, on a découragé les initiatives en prétendant élever l'art si haut qu'il n'était plus accessible aux foules. On l'a 20 LE CUIVRE ET LE BRONZE isolé du peuple pour lequel il est fait, au milieu duquel il doit naître et on a créé une déplorable confusion en assimilant les objets d'art aux objets de luxe. Tout autre doit être notre objectif. Vulgariser l'art, le mettre à la portée de tous est le but principal d'un cours comme le nôtre. C'est la « culture » suivant la tradition française. Il faut que, dans toutes les conditions, on s'habitue à aimer l'art et à en jouir; il faut que tous soient choqués par les Iai­ dours physiques, qui confinent aux laideurs morales; que tous soient convaincus qu'en s'acheminant vers la perfection des œuvres ils s'orientent aussi vers le -perfectionnement des idées et des mœurs. L'art élève sûrement le peuple au-dessus des mesquines com­ pétitions d'appétits matériels qui risquent de l'avilir; et quand. un pays a, comme le nôtre, les plus glorieuses traditions, quand, à toutes les époques, nous voyo�ns nos ancêtres épris de beauté, . de générosité et d'honneur, nous devons comprendre que nons sommes tenus de respecter leur héritage ; de l'augmenter, si faire se peut, en tout cas de le transmettre tel que nous l'avons reçu à nos enfants, sans en négliger aucune parcelle. Lorsque les Grecs ont réalisé leurs types humains divinisés, n'ont-ils pas appliqué à toutes leurs œuvres, même aux œuvres usuelles, cette idée de la perfection artistique qui est le signe des races vraiment supérieures? _ L'art ainsi compris est la source de jouissances infinies, acces­ sibles à tous, aux riches comme aux pauvres, et qui ne laissent après elles ni amertume ni regret. Ce ne sont pas les rhéteurs, les abstracteurs de quintescence, comme on les appelait au temps de Rabelais, qui peuvent don­ ner à l'homme le bonheur qu'ils lui promettent, et la prospérité d'un pays ne se mesure pas aux discours qu'on y prononce: elle est la conséquence directe du travail fait avec entrain et avec succès ; c'est en aimant et en pratiquant le travail qu'un. LE CUIVRE ET LE BRONZE DANS L' ANTIQUITÉ 21 peuple s'honore et s'enrichit; ce n'est pas en discourant sur des droits qu'on exagère et sur des devoirs qu'on ne remplit pas. Les antipathies et les haines, savamment entretenues entre les enfants d'un même pays, peuvent servir les dessins de quelques ambitieux ; elles ne peuvent rien pour le bonheur des hemmes, tandis que la diffusion de l'art, par une éducation meil­ leure, offre comme compensation à des devoirs, souvent austères et pénibles, la joie d'un travail bien fait, qu'on a eu plaisir à bien faire. A l'abaissement de l'art a tou­ jours cor-respondu l'abaissement des caractères. Lorsque la satisfac­ tion des appétits grossiers a le pas sur l'idéal, le· peuple, p�rdant I 'usage de sa volonté et de son initiati ve et, pour tout dire en un mot, de sa liberté, est mûr pour la servitude. C'est à cela que tend la « culture germanique I). Aux époques anciennes, le tra­ Fig'. 17. - Vase funér-aire ég'yp- vail était honoré et respecté, et si tien en bronze ciselé et gravé (Musée de Turin). 1'011 tient compte de la valeur rela- tive de l'argent, les prix étaient assez rémunérateurs pour que l'exécution du travail u'eût jamais à souffrir d'une rétribution insuffisante. Ces idées générales trouvent leur confirmation dans l'applica­ tion que ¡'es Gi'ecs ont faite de l'art à tous les objets :usuels, et particulièrement aux objets de cuivre el de bronze. On confond trop aisément,. sous la dénomination de bronze, le cuivre et ses alliages Iorsqu'il s'agit d'ouvrages anciens. Le 22 LE CUIVRE ET LE BRONZE cuivre est, comme le fer, susceptible d'être forgé, soudé, mar­ telé, embouti, et tra vaillé au repoussé. Ces qualités subsistent, .•mais à �m degré moindre, dans l'alliage moderne de cuivre et de zinc, le laiton ou cuivre jaune, moins malléable mais pres­ qu'aussi tenace que le cuivre pur ou cuivre rouge. Quant au bronze, alliage qui, clans l'antiquité, ne comportait Fig', 'J R. - Vases égyptiens, Ull en cuivre repousse, les autres en bronze fondu, ciselé ou grave. généralement avec le cuivre d'autres métaux que l'étain et le plomb, ses qualités, résultant de sa contexture et de sa fusibilité, le rendaient surtout propre à la fonte dans un moule, à la cise­ lure e t à la gravure. Il est pen probable qu'on ait su, dans l'antiquité, souder le . . cuivr-e au CUIvre. Cette opération qu'on fait, de nos jours, au chalumeau, pour donner aux parties à souder l'élévation de température néces­ saire, n'était guère praticable dans un foyer. LE CUIVRE ET LE BRONZE DANS L'ANTIQUITÉ 23 HécemmenL encore, pour l'assemblage' de grandes pièces de cuivre martelé, on faisait un ajuslement précis des feuilles posées bout à bout qu'on assemblnit en dessous par une bande­ lette de cuivre rivée à rivets affleurés, et soudée à l'étain; on évite ce oouvre-joiui en sllperpo�anl sur les r-ives une feuille à Fig', 19. - Vases de br-onze ti-ouvès en Étrur-ie (Bibliothèque Nationale). l'autr-e et en les affleurant par un défoncement du bord de l'une d'elles. Le martelage exige toujours le passage fréquent au feu de la feuille,' parce que le métal s' écrouit sous le marteau et devient cassant. On le rend de nouveau malléable ell, le réchauffant. Le cuivre utilisé pour la confection de vases destinés à con­ tenir des liquides, est embouti, c'est-à-dire travaillé au marteau pour prendre la forme que détermine la destination, le métal étant développé ou rétréci suivant la forme à donner, en par­ lant toujours d'un cercle; Dans l'antiquité, si le vase était exécuté en deux pièces, le 24 LE CUIVRE ET LE BRONZE m étal était replié sur les bords, à la jonction de la cuve avec le pied; on formait ainsi un ourlet de recouvrement qui pouvait être soudé. Quant aux pièces fondues, telles que les poignées, elles étaient Fig'. 20, - Partie supérieure dun vase grec en bronze (Musée du Louvre,', fixées sur le vase au moyen de rivets qui restaient souvent apparents à l'extérieur et participaient même à la décoration. Le cuivre en feuilles peut être aussi travaillé par estam page dans une matrice en acier ou en fonte de fer, où le métal est comprimé progressivement à petits coups par un poinçon lié à un mouton. I La feuille, par frappes successives, ne prend l'empreinte que I peu à peu: pour atteindre les creux les plus profonds, on amor- LE CUIVRE ET LE BRONZE DANS L'ANTIQUITÉ 2D tit la frappe par une feuille de plomb qu'on réduit au fur et à mesure de l'avancement du travail. On termine l'opération' en jetan t un peu d' eau dans la matrice; cette eau, sous les coups de mouton, refoule le cuivre jusque dans les ¡­ moindres creux d u moule. Les pièces es­ tampées sont ensuite décou pées et on les soude par les procédés ordinaires de chau­ dronnerie. L'emboutissage n'est possible qu 'avec du . cui vre de qualité su­ périeure qui puisse su­ bir, sans déchirure, les développements dus au marlelage ou au passage sur le mandrin. Très probablemen t, {lans l'antiquité, ]e cui­ vren'était pas chimique­ menL pur et contenait en petite quantité les métaux contenus dans Fig. 21. - Grande patère étrusque en bronze son minerai. (Bibliothèque Natidnale). Ainsi peut êlre expli- quée la présence du zinc dans quelques bronzes romains tandis que' les bronzes grecs, plus riches en étain, ne conliennent qn 'une petite quantité de plomb. Les anciens, qui connaissaienl 'parfaitemen t les qualités diffé­ rentes du cuivre et du bronze, les ont travaillés différemment. Les 26 LE CUIVRE ET LE BRONZE Grecs avaient adopté le bronze pour la statuaire et ils en éten­ dirent l'emploi aux objets usuels; mais, dans l'art étrusque, qui a d'évidentes affinités avec l'art grec archaïque et aussi avec I 'art oriental, les armes défensives, les vases même sont- souvent exécutés en cuivre, au marteau, et ce procédé de travail a été aussi usité chez les Romains. Les Égyptiens on t fait usage du bronze dès l'époque thébaine et les objets leo plus anciens, miroirs ou vases funéraires (fig< 17), so n t ciselés et gravés avec perfection. (Vases à libations du Musée de Turin et du Musée du Louvre.) Cependant, comme on le voit sur quelques pièces très intéressantes du Musée du Louvre, les l�gyptiens ont' employé aussi à une époque plus récente le cuivre martelé et embouti qu'ils ont travaillé au repoussé .[ (fig. 18). ,En Grèce, : ce qui es-t remarquable daus les différentes applications de l'art aux objets usuels, c'est la justesse du sentiment décora­ tif qui subordonne toujours la à la Fig', 22. -- Puisette form� en . bronze D1usée du destination de 1 'objet, qui en déduit -Ies Louvre;,' proportions, c'est-à-dire les rapports de grandeur, et qui lie absolument le décor à Ja structure. Un simple gobelet, LeI que ceux trouvés à Corchiano ou au lac de Nérni (Collection Hoffmann), tire son intérêt de sa forme; un décor discret l'enrichit d'une rangée d'oves sur le bord, d'une tresse sur le pied. La patine, de ton vert azuré ou bleuâtre, ajoute certainement au charme d'une belle forme; mais celle-ci est attrayante par· elle-même et fournit un exemple à méditer pour ceux qui con­ fondent l'art avec le luxe. , , LE CUIVRE ET LE BRONZE DANS L ANTIQUITE 27 Une civilisation n'est pas seulement intéressante, en effet, par les ouvrages exceptionnels qu'elle a pu produire. L'art qui s'ap­ plique aux moindres objets y est, au vrai sens du mot, popu­ laire parce qu'en embellissan t toutes les œuvres il suggère à tous le goût des belles choses et l'idée, de la perfection. Fig', 23, - Mir-oir-s égy ptiens en bronze (Musée du Louvre), Si variées que soient les formes des objets usuels en' bronze dans la civilisation grecque, ces formes accusent toujours, sui­ van t la destination, les rapports les meilleurs en tre le col et Ja panse d'un vase, entre le système d'attache etla décoration des anses. On peut le constater "au Louvre sur des vases de bronze prove­ nant d'une même fouille. On peut les comparer aux vases de terre noire trouvés en Italie, terre si bien liée et 'si fine, si brillante SOilS son lustre rap-· 28 LE CUIVRE ET LE BRONZE pelant le poli du métal, qu'on pourrait les confondre avec les vases de bronze. La Bibliothèque nationale, à Paris, possède aussi quelques beaux vases grecs en bronze (fig. 19) dont le bec est en forme de trèfle et dont la panse, large et arrondie, semble bien faite pour assurer la stabilité. Seules les attaches des anses sont ornées, ici d'une tête humaine, là d'un griffon: en général, l'anse est fon­ dne à part et fixée pal' des rivets ou soudée à l'étain. Les vases gréco-romains, conservés au Musée de Naples, sont ele forme moins pure. Leur silhouette tourmentée les rapproche eles vases de terre de basse époque grecque. La forme que les Grecs paraissent a voir affectionnée pour les vases de grande dimension est celle qui développe la panse SOllS un col assez bas, aux bords élargis, donnant appui aux anses. Si le vase était lourd, les attaches de l'anse s'étendaient et le décor rendait sensible celte nécessité de structure. Sur un vase du Louvre, l'empattement de l'anse sur le col est accusé par deux antéfixes finement gravées, enchâssant une tête de style archaïque. C'est par une large palmette que l'anse s'étale sur la panse du vase et l'attache est, comme l'anse elle-même, enrichie d'or­ nements très fins qui n' en modifient pas la forme (fig. 20). Rarement, ces pièces nous sont parvenues en bon état ele con­ servation. Les. collectionneurs, dont le goût était peu développé, ont apprécié surtout" les figurines qui ornaien t les anses des vases et négligé les vases eux-même� de telle sorte que le mouvement des figures isolées est devenu incompr-éhensible. (Anses de vases au Musée du Louvre.) Presque toujours ces anses étaient fondues, même lorsque le vase était en cuivre martelé. Parfois l'anse était mobile, enga­ gée dans les évidements de son support. LE CUIVRE ET LE BRONZE DANS L'ANTIQUITÉ 29 C'était tantôt une pel ite statuette bien cambrée, tantôt' une volute amortie par une tête. Sur quelques vases les· attaches étaient assez développées pour motiver l'exécution de groupes de personnages ou d'animaux. Les sujets sont tirés des légendes héroïques ou des scènes de sacrifice. Sur une anse d'un vase du Louvre sont représentés les Dioscures. Des pièces d'applique, dont nous ignorons la destination pré­ cise, étaient exécutées en cuivre repoussé. (Applique trouvée à Lyaud, près de Thonon.) Ornaient-elles des boucliers? Les poignées des plats creux ou « patères » sont aussi bien combinées que les anses des vases, et leurs attaches sont étendues suffisamment pour qu'Il soit possible de maintenir solidement le bassin : la poignée se prolonge à cet effet par une sorte de paUe rivée. C'est la disposition d'une poignée grecque de style archaïque consacrée au Louvre et formée d'une petite statuette dhomme levant les bras pour soutenir, sur sa tête, le coussinet et la palmette qui supportaient la patère. L'usage d'une statuette, comme support, dont les Égyptiens ont fait de nombreuses applications, était passé d'Égypte. en Grèce et s'y était généralisé. Une grande patère étrusque en bronze, conservée à la Bibliothèque nationale, et dont le sujet est emprunté à la légende dTlysse, est un modèle de composi­ tion décorative (fig. 21) : des pièces de moindre dimension, conservées au Louvre, sont composées de même. Les longues cuillers ou puisettes n'étaient point traitées moins délicatement pour la forme el le décor. Sur l'une d 'elles (Musée du Louvre), c'est une figure en Las-relief qui enrichit la pui­ sette, à la naissance du manche, et, pour accuser l'augmenta­ tion de largenr indispensable à la jonction de la cuiller avec le . manche, les pedes qui garnissent le bord de la cuiller se pro­ longent sur le renfort du manche pour encadrer le bas-relief: ce manche, effilé et décoré de fines nervures, se termine par une 30 LE CUIVRE ET LE BRONZE sorte de fleur de lotus qui le lie au renfort de la cuiller (fig. 22). Ainsi cel objet usuel a t�us les caractères d'une œuvre d'art, , gràce à l'appropriation parfaite du décor à la structure. Les fouilles exécutées dans les villes ensevelies du golfe de Naples, à Pompéi, à Herculanum, à Stabies, ont enrichi le . Musée de Naples d'objels en bronze de tonte sorte, témoins irrécusables de la vie des Romains, aux premiers temps de l'Empire. A cetLe époque, c'est encore l'art grec qui fournit tous les éléments du décor. On peut s'en convaincre en étudiant, au Musée de Naples, les appareils de chauffage, les trépieds et tous les objets mobiliers de cuivre ou de bronze nous révélant les applications multiples qu 'rm faisait alors du métal et. de ses alliages. Ici, c'est lm appareil�emblant avoir été utilisé pour chauffer· l'eau d'une baignoire faite, à ce qll 'i] semble, de feuilles de cuivre embouties ayant comme supports des pieds en bronze fondu. Les trépieds, dont les tiges sonl réunies par des croisil­ lons articulés, soutiennent, sur des renforts horizontaux, des bassins de cuivre dont les anses sont aussi des pièces fondues à part et rivées. Le cuivre était embouti et travaillé au repoussé comme l'ar­ gent qu'on utilisait pour des pièces de luxe, telles que les brûle­ parfums conservés au Musée de Naples el montés aussi sur des trépieds. Dans le même Musée est un seau de cuivre à anse : le décor en bas-relief du seau, qui est très remarquable; a été exécuté aussi au repoussé. Parmi les pièces les plus curieuses, on peut citer le trépied du Musée de Naples dont le bassin fixe est muni d'anses et clont les supports sont des satyres. Le bassin fixe supporte un bassin mobile en cuivre repoussé, surmonté d'une crête dentelée et 'qui est munie dé poignées rivées. LE CUIYHE ET LE BRONZE DANS L'ANTIQUITÉ On trouve encore au Musée de Naples des lits en métal, des tables rectangulaires montées sue pieds que réunissent des entretoises articulées; elles étaient parfois munies de tiroirs reu­ forcés sn r IE'S ri ves par des cadres moulurés. Le bronze était utilisé aussi pour les sièges pliants doní les anneaux servaient sans doute it attacher une sangle qu'on recouvrait du n COUSSlll d'étoffe. L,e Musée dn Louvre . conserve, à l'entrée de la salle des bronzes antiques, deux de ces sièges pliants dont les pieds étaient des gTif­ fons. C'est la décoration du siège de basse époque, en bronze doré, désigné sous le nom de trône de Dagobert et cIlll fnt complété, ft I 'époque mérovingienne, Fig', 2!., - par Miroir g'l'ec à pied en br-ouzo (Musée d'Athènes). un dossier et des bras dont le style diffère sensiblement de celui des supports. Les Hornains avaient exagéré l'emploi des têtes ou des bustes pour le décor des objets usuels, par exemple des pesons de balances, et il faut reconnaître que les thèmes décoratifs n'étaient pas parfaitement choisis . . Ces défauts de goût n'existent pas dans les œuvres grecques. Les objets de toilette ont été traités en Grèce avec la même 32 LE CUIVRE ET LE BRONZE perfection que les objets usuels et, suivant leur destination, avec plus de délicatesse encore. Les miroirs, les boîtes à bijoux, qui nous sont parvenus, sont d es œuvres exquises. Le miroir est souvent porté sur Ull pied; c'est nne disposition différente de celle usitée en Égypte (fig. 23) où le miroir était tenu à la main par une poignée. Les poignées des miroirs égyptiens sont le plus SOlI vent for­ I) mées de tiges de lotus ou de fleurs tenues par une petite femme nue, élevant les bras pour soutenir la fleur formant corbeille au- .. dessus de sa tête. Le support des o miroirs grecs est le plus souvent une femme \1 drapée dans une longue tunique et coiffée d'une cerce de métal épousant le contour du miroir que soutient une palmette sail-' lante sur la cerce. (Pieds de miroir de style archaïque, l'un au Musée du _ Louvre, provenant de Thèbes, l'autre conservé au Musée de Copenhague. Miroir du Musée d'Athènes (fig. 24).) Les miroirs à main étaient les plus nombreux : on les exécu­ tait en cuivre embouti, lisse sur la face convexe qui était sans o doute étamée et décoré de fines gravures sur la face concave. Quelquefois le miroir était en argent et le poli en °était entretenu par un¿p_pnçage. Les manches des miroirs à main se raccordent avec le disque par une partie élargie, dont le bord relevé est le prolongement du bord du miroir. Une courbe élégante accuse la naissance de ola tige très fine qui forme la poignée. La gravure clessinait par un trait les figures et les ornements sur le cuivre suivant la méthode pratiquée pour le décór des vases cle terre: elle aidait à mettre en valeur les nus et les draperies. Certains miroirs paraissent avoir été argentés ou dorés. On pent encore apprécier sur les « cistes », ou boîtes à bijoux (fig. 2tS) trouvées clans les tombeaux étrusques, l'habileté des artistes de race ou de tradition hellénique, pour le travail des LE CUIVRE ET LE BRONZE DANS L'ANTIQUITÉ 33 métaux, et le sentiment très juste de la décoration qui s'accuse, pour un coffret, par l'opposition du travail de gravure, développé sur le-coffre, par la ciselure des poignées sculptées des couvercles, ponr lesquelles l'artiste, interprétant la ·figure humaine, a tiré des mouvements du corps, de sa cambrure, des formes souples et parfaitement appropriées à I' usage. Cette étude sur les bronzes grecs nous indique bien nettement Fig. 25. - Ciste étr-usque en cuivre g-ravé (Musée du Louvr-e}. le but à atteindre. Elle prouve que l'art peut et doit inter-venir en toutes choses, et qu'il est aussi applicable aux ouvrages usuels qu 'aux œuvres de grand luxe. D'éminents sculpteurs pourront toujours fournir aux fondeurs de bronze les modèles d'un groupe de figures ou d'une statue équestre. Mais ce n'est pas ainsi que l'art pénétrera dans tous les métiers qui utilisent le cuivre ou le bronze. Il faut que l'artisan apprenne lui-même à composer une œuvre, quelle qu'elle soit, suivant des principes qui n'ont jamais varié, parce qu'ils ont 'pour base la raison humaine, parce que, déga­ geant l'art des fantaisies .de la mode, ils lui imposent, COII).me condition de la perfection, l'harmonie entre l'idée et l'expres- L'Art appliqué aux Métiers. - V. 3 34 LE CUI�RE ET LE BRONZE el sion, entre la destination la forme, en lre le décor et la tech­ nique de chaque matière. D'ailleurs les méthodes de travail du cuivre et du bronze sont si variées et s'appliquent à des objets si divers que l'enseigne­ ment seul de la technique du métal exigerait de longues études. Par exemple pour le cuivre, suivanl la dimension - des pièces et leur décoration, méthodes en bas-relief ou en ronde-bossey les d'exécution diffèrent. Pour le bas-relief, on trace au traçoir de poinçon à-terminaison un peu tranchante), l'ornement (sorte qu'on repousse à l'envers à l'aide des planes, ciseaux arrondis, triangulaires ou rectangulaires : la ciselure sur la face est faite avec des outils analogues 'mais plus fins: on emploie l'outil à maté!' dit « mate », pour les fonds: la reèingle, outil coudé, , serré clans l'étau, repousse par contre-coup le métal des pièces embouties et qu'on ne peut atteindre directement. Pour les figures' ou ornements en ronde-bosse de grande dimension, le cuivre est recoquillé sur un modèle en fonte don­ la- première forme. Pour obtenir ensuite la ciselure, au nant - repoussé, on garnit les évidËnn,ents intérieurs qui correspondent au développement du métal sur la face, de niastic approprié. Le reperç.age, s'il est fait au ciseau, dans la ciselure dite « arrachée », donne un relief d'épaisseur appréciable évitant la sécheresse du découpage fait à la scie. Ces exemples indiquent l'obligation, pour l'artisan, de varier, suivant les les procédés d'exécution applicables au programmes, CUIvre. Il en est de même pour le travail du bronze, qui peut tirer , de l'insertion de métaux précieux, dans le métal fondu, les plus charmants effets (Statqette de la reine Karomama (XXIIe dynas­ tie, au Musée du Louvre). III LE CUJVRE ET LE BRONZE EN OCCJDENT AU MOYEN AGE Martelage du cuivre et fonte du bronze. Le Moyen Age a été l'époque bl:ilIante pour les cuivre ouvrages du martelé et repoussé. -II semble qúe dans' les premières sociétés lès méthodes chrétiennes, de travail usitées en Orient aient été généralement pratiquées; on martela le cuivre, on l'emboutit, on le le reperça, on grava : les Orientaux y inséraient même, par intaille ou damasquinage, l'or et l'argent. La répétition symétrique d'ornements linéaires qui caractérise à tontes les époques, le décor oriental, ne nécessitait même le pas report d'ull dessin sur la feuille de cuivre : il suffisait de repères, déterminant les recoupements de lignes droites, ou les centres des courbes, pour faire le tracé directement limites et, dans les des compartiments ainsi obtenus, on pouvait soit cer à jour les reper­ parties comprises entre les lignes de cadres, soil détacher les ornements sur les fonds en les relevant légèrement au marteau, soit garnir les parties gravées d'émail défonce,r noir, soit Ia surface entre les traits pour l'ilIsertion dans le cuivre d'un métal plus précieux, C'est principalement sur les objets usuels (bassins, .. etc.) coupes que se révèle le goût des Asiatiques pour les décorations 36 LE CUIVRE ET LE BHONZE prises dans' la forme : c'est un décor de surface dont gravées I' éclat est dû à l'opposition constante des parties unies et des par-ties gravées ou enrichies par le çlamasquinage. Le martelage, que les Byzantins pratiquaient aussi, exige le goùt et l'habileté professionnelle de l'artisan, qui devient le créa- de Fig', 26. _ Bo ucles de ceinture méro,'ing'iennes, en bronze (Fouilles Caranda). lui-même fe teur de la forme, ramassant le métal sur pour rétreindre afin de le développer ensuite, si la forme s'amplifie, à tout en conservant à la feuille de cuivre une épaisseur peu près régulière. Occident, la ciselure dite « au Il était complété, en par repoussé ». du dessin Après la mise en forme, un report permet d'obtenir, le les masses nécessaires aux reliefs d'ornement par repoussé, naissant la surface, se prêtent sous le ciseau à un tra­ qui sur , vail de modelé très délicat: ce travail peu t, s'il est bien mené, donner des saillies de ronde-hosse. LE CUIVRE ET LE BRONZE EN OCCIDENT 37 C'est la ciselure au repoussé qui caractérise les ouvrages exé­ cutés au Moyen Agè, en France. L'influence orientale s'exerçait, dans notre pays, dès l'époque mérovingienne. On ne peut en douter si l'on considère les plaques de ceintures et les agrafes de bronze recueillies en grand, nombre dans les tombes franques (fig. 26) : ·leur décoration contournan L les gros rivets saillants, qui attachaient sans doute la boucle à une ceinture de cuir , est formée de combinaisons ele lignes droites ou courbes formant des tresses ou des méandres. (Boucles e,t agrafes de la collection Caranda.) Comme types du travail primitif du cuivre au repoussé, on peut citer deux petites châsses du VIe ou du VIle siècle, conservées dans le trésor de l'église de Saint-Benoît-sur­ Fig. 27. - Châsses en cuivre Loire repoussé, (fig. 27). Le travail, gra vé et doré. vre_vue siècles (Eglise ele très rudimentaire Saint-Benoît-sur-Loire). , presque caricatural, est très instr-uctif parce qu'il nous initie à un mode de décor par application de panneaux de cuivre repoussé et gravé qui s'est maintenu jusqu'au XVIe siècle: ces appliques de cuivre revêtaient un coffret de bois, auquel elles étaient fixées par des clous. Le couvercle de l'une des châsses est décoré par de grossières figures; l'alltr.:_e est orné d'une croix où sont enchâssées des pâtes de verre taillées comme des gemmes et montées dans des eloi- sons de métal. 38 LE CUIVRE ET LE BRONZE Ces méthodes de travail du cuivre furent appliquées par les Byzantins, et après eux par les Arabes, au revêtement des portes de bois. Le métal étant mince, la porte, quoique bien protégée, n'était pas alourdie et l'assemblage' de panneaux rectangulaires Fig'. 28, - Por-te en cuivre du tombeau de Boémond, fils ele Rohert Guiscard, it Canosa. ou carrés facilitait l'introduction dans le décor de là porte de scènes représentant, soit par la gravure, soil par le martelage du métal, des légendes tirées de la vie des Saints ou des sujets de l'Ancien et du Nouveau Testament (Porte du tombeau de Boé­ mond à Canosa (fig. 28); panneaux décorés par la gravure) .. Dans le travail au repoussé, les figures et les ornements nais- LE CUIVRE ET LE BRONZE EN OCCIDENT 39 saient en quelque sorte sur Ia plaque qu'on ajourait lorsqu'on voulait détacher par exemple la silhouette d'un arbre ou certains ornements. On réservait sur le hord des panneaux une partie plate ser­ vant au clouage et que masquait un couvre-joint. La rencontre des couvre-joints était accusée par u� motif saillant, mascaron ou rosace. Sur la porte de Ia cathédrale de Bénévent qui aurait été, dit­ on, exécutée à Constantinople, en 1 HSO; la partie basse, compre­ nant trois divisions en hauteur, est ornée de figures d'évêques occupant des niches que couronnent des frontons; à la partie su périeure de la porte, les sujets des panneaux sont tirés de la vie du Christ. Des têtes de lions, portant des anneaux, occupent quatre panneaux du soubassement. . U ne autre porte est conservée à la cathédrale de Ravello; elle est attribuée à Barisanus de "Tt-ani et aurait été exécutée en 1179. Les ornements et les sujets profanes sont dans le soubasse­ ment et, comme à Ia porte de Bénévent, les panneaux supérieurs sont occupés par des sujets religieux. Ce sont des scònes de la Passion qui garnissent les panneau� du centre ; dans les panneaux latéliaux sont représentés, assis, de saints perSOlU)ages. Le décor -à faible relief des - couvre-joints contraste avec les fortes saillies des rosaces masquant la rencontre de ces couvre­ joints, qui ont disparu dans une partie du soubassement, laissant voii- les feuilles de cuivre repoussé clouées sur la por-le .. La porte de la cathédrale de Tl'ani serait de 117D. Elle est aLtr'ibuée aussi à Barisanus el cette attribution est très vraisem­ blable, car les sujets eles panneaux et le décor des couvre-joints ont, sur les deux portes, de grandes analogies: les attaches des anneaux sur les têtes de. lions et l'encadrement des têtes sont f�ilsd'après un seul modèle. A Monréale Cfig. 29k la porte datant de 1186 est attribuée à 40 LE CUIVRE ET LE BRONZE Bonanus, civis Pisanus, tandis que les portes latérales seraient de Barisanu� comme celles de Trani et de Bénévent. .Chaque vantail est aussi divisé en panneaux ele = cuivre repoussé encadrés par des couvre-joints saillants. FIg. 29. - Porte en cuivre repousse à l'ég-lise de Monréalc (Sicile), - Bonanus, Civis Pisanus (1186). Troja, colonie grecque fondée en '1017, possède encore une cathédrale très remarquable dont la façade aurait été construite de i 093 à i i i 9 et dont les portes étaient décorées de figures gravées comme celles du tombeau de Boémond; le décor en a été remanié à différentes époques, mais les parties conservées, c'est-à-dire -les champs d'encadrement, les têtes de lion et les LE CUIVRE ET LE BRONZE EN OCCIDENT 4i inscriptions caractérisent bien le travail du cuivre au début du XII� siècle, dans cette Italie méridionale où les traditions orien­ tales se maintinrent longtemps. D'ailleurs, ces portes à revêtement de mélal furent en usage Fig'. 30. - Poele ù panneaux cie cuivr-e repoussé SUI' ais ele bois (San-Zeno de V ér-one). dans toute l'Italie; il en existe une du xrr" siècle à l'un des tran­ septs de la cathédrale de Pise, une autre à l'église San-Zeno Maggiore de Vérone (fig. 30). Le travail de relevage au marteau et de reperçage des plaques ele cuivre et des couvre-joints godronnés y est très développé et fournit, à cet égard, le plus intéressant sujet détudes. 42 LE CUIVRE ET LE BRONZE En fait, les portes à revêtement de feuilles de cuivre sont très nombreuses dans tontes les parties de l'Italie inféodées à J'art byzantin. Elles furent exécutées, pour la plupart, du XIe au XIIe siècle, lorsque l'Italie méridionale et la Sicile, étaient sou­ mises aux princes normands el elles pro-viennent probablement d'aleliers grecs. Cette décoration par' pan­ neaux, que justifiait le mar­ telage de plaques de cuivre assemblées par des couvre­ joints, fut appliquée plus tard à des portes fondues dune seule pièce. La division des panneaux . s'imposait il ce point qu'à la cathédrale du Puy où l'in­ fluence byzantine est lrès manifesté, les porles,. bien qu 'exécutées en madriers jointifs soutenus par des Fig'. 31. - Marteau de porte en bronze, de fer ont leur sur­ à la cathédrale du Puy (Haute-Loire) pentures face divisée par panneaux grossièrement seul ptés el ql�e le même parti décoratif a été appliqué aux portes de bois du transept nord de l'église Sainte- Marie au Capitole, à Cologne. . Cette survivance de dispositions anciennes, à des époques où le décor aurait dû se renouveler avec les méthodes de travail, est assez fréquente. Il en est de même poue les thèmes décoratifs : c' est ainsi q ne le griffon oriental a passé dans l'art chrétien et que la tête de lion a formé au Moyen Age et forme encore le support des anneaux de tirage ou heurtoirs des podes. Sur une porte de la cathédrale du Puy est une magnifique LE CUIVRE ET LE BRONZE EN OCCIDENT 43 tête de lion (fig. 31) appuyée Sul' une rosace ajourée dont le des­ sin est évidemment inspiré du décor byzantin. Dans la même région, à l'église de Brioude, est aussi ·une têLe de lion tenant dans sa gueule un anneau' et prenant appui sur une plaque de cuivre qui porte une inscription gravée. Des heurtoirs de même forme exisLent encore eh Suisse, dans .l'ancienne Bourgogne transjurane ,à Payer-ne, it la cathédrale de Lausanne. Les heur­ toil'S de Lausanne sont des œuvres d'art extrê­ mement remarquables {fig. 32)". LesByzantinsavaient fait nil emploi ingé­ nieux du bronze pour des bagnes de serrage qui, placées aux extré­ mités des fûts mono­ lithes de colonnes, - Xl a cu u de le voit Fio·' 32, rt 1JI'(lIIze il la caí hódrulc de comme on aux Lausanne, SOLIS le portail cies Apôtres. tribunes de Sainte­ Sophie de Constantinople, évitaient les fêlures qu'aurait pu déterminer la transmission des charges. L'époque de la grande floraison de l'arL français au Moyen Age est aussi une époque de progrès ponI' les méthodes de travail du cuivre et du bronze, et re perfectionnement des procédés tech­ niques- coïncide avec .le développement eles compositions déco- 44 LE CUIVRE ET LE BRONZE ratives empruntées désormais à la flore et à la faune françaises. Les procédés varient suivant la destination de chaque objeL. Les pièces dont la résistance était nécessaire furent exécutées en bronze fondu, tandis que le cuivre martelé et repoussé était préféré pour les crosses épiscopales, les croix processionnelles , . Fig. 33. - Crosse. patène, calice et anneau d'un évèque d'Anger-s (Musée Saint-Jean à Angers). les monstrances, les calices, ·les patènes, c'est-à-dire pour les. objets qu'on devait tenir en main et dont la lourdeur eût été un inconvénient. Dans le Musée Saint-Jean d'Angers ont été recueillis plusieurs objets provenant de la sépulture d'un évêque d'Angers: crosse, calice, patène et anneau (fig. 33) qui sont vraiment des modèles de formes simples et de belle exécution. Le calice ne comporte d'antre décor, sUI' le fútet Ie pied, que . des cannelures. LE CUIVRE ET LE BRONZE EN OCCIDENT 45 La patène est décorée par un défoncement en forme de quatre lobes et le travail de martelage est complété par la gravure. La crosse est exécutée au repoussé en deux pièces ou coquilles, dont un couvre-joint saillant, enrichi de crochels, masque la jonction. La figure du Christ en gloire, qui occupe la volute de la crosse, est faite au repoussé et la gravure complèle le dessin des étoffes; des rinceaux gravés ornent le fût et la jonction du fùt avec la crosse est accusée par une bague, sur laquelle se développent des ornements d'applique faits au repoussé; des rivures fixent les animaux ajustés sur la crosse. On sait que pour l'exécution d'une coupe en martelage on part d'un disque en métal, qu'on martèle sur le tas ou l'enclume, pour développer peu à peu le 'métal ou le rétreindre. C'est ainsi qu'a été exécuLée la coupe du calice d'Angers dont le pied él été fait à part et soudé à la coupe, après avoir reçu la bague à god L'Ons qui l'enveloppe. L'emboutissage par martelage est celui qui donne. les meil­ leurs résultats parce que le travail du marteau, en ra�assant le mé�al sur lui-même ou en le développant, lui laisse une épaisseur régulière. Dans le procédé d'emboutissage au tour, l'ouvrier, prenant appui sur une tige de fer serrée dans un étau, force la feuille de métal, en la pressant fortement à l'aide d'un brunis­ soir, à s'appliquer contre un mandrin fixé sur un tour hori­ zontal. Ce mandrin après un premier dégrossissage est remplacé par un second et celui-ci par un troisième dont les formes s'ap­ prochent de .plus en plus de la forme définitive à donner à la pièce. Sí, comme cela a lieu pour un vase à col étroit, le mandrin ne peut sortir de la pièce emboutie, on emploie le mandrin démontable à clef centrale, formé de secteurs assemblés, mainte­ nus solidaires pendant l' emboutissage, et qu' on dégage, après sortie de la clef, lorsque l'emboutissage est terminé. 46 LE . CUIVHE ET LE BHONZE Ce procédé mécauiq 1I.c, 30, par Pele­ grin, nous a conservé ces précieuses interprétations d'ornements floraux combinés suivant la tradition orientale. D'ailleurs, dans l'art arabe et surtout dans l'art mauresque, la décoration linéaire se combinait parfois avec le reperçage des plaques dè métal, lorsque par exemple le cuivre ou le bronze servaient au revêtement d'une porte, comme on le voit à l'entrée du grand porche de la mosquée de Sidi-Bou-Médine (fig. 39) qui a conservé une partie de sa décoration de métal aj ouré : elle est d 'autant plus curieuse à étudier qn' elle fait défaut sur une par Lie de la porte et qu'on peut ainsi se rendre compte du système d 'assemblage et de clouage des éléments rectilignes qui for­ maient les cadres et des petits panneaux ajourés qui les rem­ plissaient. Le marteau de la porte décoré aussi par ajourage était err bronze. La porte daterait du XIVe siècle (1338-1339). Si l'on étudie les onvrages pers�ns contemporains, notam­ ment une coupe plate de la collection Paul Garnier, coupe mar­ telée d'une très belle forme (fig. 40) dont les ornements, fleurs d'œillets, inscriptions et animaux, sont rehaussés d'incrustations \ LE CUIVRE ET LE BRONZE EN ORIENT 57 d'argent et d'or, on a la notion la plus nette de ces procédés de '{lécoration où la gravure intervenait pour sertir les formes qu'enrichissaient les fils ou les lamelles d'argent insérés à force clans les évidements des champs formant serlissage. Fig', 39., - Porte avec applications de cuivre et de bronze à la mosquée de Sidi BOll Médine ('1338-1339). En retournant la coupe, on peut apprécier l'extrême délica­ tesse de ce Iravail de gravure qui accentue les enlacements d' en­ trelacs circulaires ménageant entre eux des panneaux ornés de feuilles que dessinent des fils d'argent. Tantôt la coupe plate repose sur le fond, tantôt elle est élevée 58 LE CUIVRE ET LE BRONZE sur des pieds ou griffes qui, dans' ce cas, sont en bronze. Ces procédés furent appliqués au XVIe siècle, à Venise, par des ouvriers arabes (Coupe plate de la collection Paul Ga1�nier). Le travail de martelage se prêtait à I'oxécution de pièces de dimensions considérables. C'est ainsi qu'a été réalisé, dune seule pièce le gr.and bassin I Fio' -í O. - Coupe p la Le a rub e du XIV· siècle, incr-ustée d'al'g'cnt et d'or (Mossoul). . ',.�' persan en cuivre incrustédîargent, connu sous le nom. de Bap­ tistère de Saint-Louis. (fig. 4:l}, et qu'on fail remonter au' xur' siècle (�Illsée du Louvre)." C' est encore upe décoration par' zOlfe�; qui se dé veloppe ; les scènes représentées clans les, médaillons sont des: scènes de chasse et les bords évasés du bassin sont enrichis, d'animaux passants, toujours exécutés par incrustation de métal précieux. Une cuve ele même nature , qui appartient à �. D'Allemagne, LE CUIVHE ET LE BRONZE EN OBI ENT 59 avait été faite pour Hugues IV de Lusignan, qui fut rOI de Chypre (1324-1361). Il est peu probable qu' elle ait servi ele baptistère, car ces bas­ sins étaient usités en Orient" surtout en Syrie et en Mésopota­ mie, et faisaient partie des trésors des princes musulmans. On peut donc croire que le roi de Chypre et de Jérusalem voulut, à l'exemple des sultans et des khalifes, posséder �1l1 de .Fig'. 41. - Grund bassin en cuivre in cr-usl.é ü'ul'g'cnt XIIIe siècle (Musèo du Louvre). ces objets ele grand luxe qui, de nos jours, OnL perdu une par­ tie de leur intérêt depuis' que des barbares ont dépouillé ces vases d� leur parure d'argent;. à l'encontre ele la décoration orientale, les médaillons du fond du bassin ne sont pas ornés de scènes de chasse mais de signes du Zodia'que entourant six­ représentations de Saints personnages. Les lettres gotl�iqlles inscrites sur le bord extérieur du bassin mentionnent le « très haut et puissant roi II ligue de Chypre et Iherusalem que Dien .manteigne ». A l'extérieur se développent, sur la surface du Lassin, eles inscriptions en caractères ara bes qui se répètent à l'intérieur, séparés par de larges rosaces dont plusieurs sont occupées par les armoiries de la famille de Lusignan. 60 LE CUIVRE ET LE BRONZE . Les inscriptions sont en l'honneur du possesseur du bassin. A u commencement du XIVe siècle, Famagouste était un entre­ le de l'Orient el de l'Occident, et pôt pour commerce peut�\être faut-il attribuer à quelque habile ouvrier musulman ou à un ce ouvr-ier chrétien, formé il l'école des ciseleurs orientaux, Fig', 42. - Vase per-san du XIV· siècle, incr-usté d'argent (Musée du Louvre). bassin qui ne se distingue des grandE' bassins persans incrustés d'argent que par le choix des sujets. Le travail du martelage a été pratiqué en Perse avec une véritable maîtrise et les formes des vases sont, par certains côtés, comparables à celles des vases gl'ecs, mais le décor en esL absolument différent. La surface du vase (fig. 42) est complètement occupée par les LE CUlVHE El' LE BHONZE EN OHIENT 61 arabesques gravées et lès incrustatious d'argent rehaussent ce décor de gravure, cnHétachant, sur les fonds des médaillons, des figures cle chasseurs et cle chiens ou, clans les arabesques, eles fleurs et des graines. Presque toujours les zones oceu pées par les médaillons sont Fig'. -43. - Pot persan en cu ivre lamé d'm'gent et g'I'avé, XVIe siècle. Décol' à la gt'cnade. com prises entre des bandes d'ornements qui mettent en valeur les inscri ptions en beaux caractères lamés d'argent (Vase per­ san, XIIIe-XIVe siècle, incrusté d'argent (Louvre)). Le décor qui se développe sur les vases aussi bien que sur les flambeaux, c'est le décor cher aux Orientaux qui emprisonne, dans des lignes enveloppes, rendant bien lisible le décor à dis­ tance, de délicats remplissages de fleurs et de feuilles de 62 LE CUIVRE ET"LE BRONZE jacinthes, d'œillets, de liserons, en détachant, par l� couleur du métal précieux incrusté, la partie d'ornement qui doit être mise en relief. Les souches de flambeaux exécutées en cuivre martelé semblent assurément un peu lourdes: on ne devait pas craindre de les renverser; mais quelle belle place réservée pour les inscriptions et les arabesques que celle fournie parle pied entre uu double cordon de mou­ lures. Les Persans n'ont pas tou­ jours employé le cuivre martelé: certaines pièces sont en bronze fondu. Tel un vase à anse en forme d'aiguière fais-ant. partie de la belle collection de bronzes "orientaux de P. Garnier ; le vase est orné de cannelures qui se prolongent sur le col,' en s'amortissant sur une bague au droit du changement de forme, et dans chaque cannelure courent de de Fig. 44. - Vase arabe en forme gracieuses arabesques. L'anse lampe de mosquée. Cuivre incrusté en forme de console s'amortit d'argent. au sommet du col. Un pot persan, en cuivre incrusté d'argent (fig. "43), et qui date du XVI�" siècle, a tout son décor rehaussé de filets et de lamelles de métal précieux; c' est le célèbre décor à la grenade utilisé pour les velours orientaux avant d'être reproduit sur les velours vénitiens. Les formes sont aussi variées qu'élégantes; l'une des plus intéressantes se rapproché de celle des vases de verre émaillé LE CUIVRE ET LE BRONZE EN OlUENT 63 suspendus dans les mosquées el donl I'oruernentation était for­ mée, aussi de zones d 'arabesques sur lesquelles brochaient des médaillons. Dans les deux cas, c'est par opposition dè couleur qu'est obtenu l'effet décoratif (fig. 44). La colleclion de Paul Gamier est riche en objets de bronze incrusté Oli damasquiné d'al'gen L Fig'. 45. - Coffret persan du XlIlC siècle. Médaillons à fig'mes couronnées et nimbées sur fond darabesques. C'est un pot à couvercle dont les médaillons, ornés de scènes familières, s' appuient sur des méandres rectilignes et dont le des­ sin s'accuse par des fils de métal précieux; . C'est un coffret persan à couvercle, avec fermoir décoré de même par des scènes de chasse; C' est un 'autre coffret (fig. 45) dont les médaillons renferment de petits personnages accroupis sur des couseins et portant là couronne : la tête se détache sur un nimbe; 64 LE CUIVRE ET LE BRONZE . C'est encore une boîte longue et damasquinée d'or et d'argent. du XIIIC ou du La plupart de ces pièces semblenL dater xrv" siècle. Parmi les pièces les plus éléganles de fabrication orientale, on Aiguière en forme de théière, xv" siècle Fig. 46. - persane (Collection Orsatti , à Lucca). citer les aiguières de cuivre gravé et incrusté d'argent dont peut la forme a été imitée pour nos théières. Le métal martelé est enrichi d'un décor de tiges groupées sur la et sur le col pour former une série de panneaux alter­ panse te nés. que garnissent des arabesques (Lucca, collection du com OrsaUi) (fig. 46). Les coupes arabes, qui ont généralement la forme de calices (fig. 47), ont la cuve enrichie de même d'arabesques, tandis que LE CUIVRE ET I�E BRONZE EN ORIENT 65 sur le bord extérieur de la coupe courent des inscriptions � Coupe arabe damasquinée du XIlIe siècle à la Bibliothèque Nationale). Parfois aussi, la cuve de la coupe reste lisse et l'inscription du bord avec son fond d'émail noir a pour opposition la surface du métal martelé. Si ces procédés n'ont pas été imités en Occident, c'est que de bonne heure, du x�e au xn" siècle, on avait eu l'idée de décorer le métal par la gravure,. mais en emplissant les creux d'émaux colorés. Sans entrer dans le détail de la fabrication des émaux, on' peut : remarquer quil y él quelques r�pports entre les procédés de gra vure qui facilitaient, à la sur­ face des pièces gravées,"} 'insertion d'émaux noirs (nielles) ou de fils et lamelles d'or et d'argent, et celui de l'émaillage par émaux Fi�;. 47. - Coupe ar-abe, damasquinée d . dits Nationale . champlevés qui, suivant ar-gent. la Bibliothèque méthode orientale, défonçait par la gravure les fonds d'orne­ ments entre les champs réservés et les remplissait d'émail en poudre, émail très fusible, qu'une présentation au feu suffisait à fixer dans le métal. L'application des émaux champlevés à l'orfèvrerie religieuse date des premières années du XIe siècle et n'a cessé d'être en faveur jusqu 'au XVIe siècle; mais ce n'étaient pas seulement les crosses, les châsses, les calices, les ciboires, les ostensoirs ou les chandeliers qu'on décorait ainsi par émaillage et par gravure, c'étaient encore des objets 'usuels; le Musée de Cluny conserve des plats décorés cl' émaux champlevés (fig. 48) dont les colora­ tions s'harmonisent merveilleusement avec le métal. Un coffret L'Art applique aux Metiers. - v. 5 66 LE CUIVRE ET LE BRONZE décoré d'écussons émaillés de France et d' du siècle, Angle­ XIVe une au tre terre (Musée du Louvre), fait cormaitre application de ce mode de décor (fig. 49). L'émail rendait en effet possible la réalisation eles couleurs les écussons entre lesquels _sont des figures grotesques sur silhouettées sur le fond d'émail. le voir Le travail des coffrets les plus anciens, comme on peul Fig. 48. - Plats de cuivre à émaux champlevés (Musée de Cluny). certaines pièces du Musée de Cluny, est sûrement sur inspiré du décor oriental (fig. 50); les figures sont, comme en Orient, dis­ des médaillons et les fonels sont garnis el' entrelacs et posées dans de rinceaux de feuillages. Mais l'exécution de figures en bas­ des relief repoussé fournissait aux décorateurs au oppositions d'ombre et ele lumière qui n'étaient pas à négliger. Aussi, dès la fin du XIIe siècle associait-on sur les coffrets et les châsses les deux méthodes de décoration, le travail au repoussé pour les figures et les sujets principaux, l'émail champlevé pour les fonds (Châsses à figures repoussées sur émaux champlevés (Cluny); châsse analogue dans la collection Carrand à Florence). LE CUIVRE ET I.E BRONZE EN ORIFN'Í' 67 Il semble que tons les procédés ele décoration du cuivre aient €lé mis en œuvre par l'auteur du célèbre ciboire Íimouein , Alpais (Musée du Louvre). Le style elu ciboire (fig. 51) lui assigne comme elate la fin du XIIe ou le commencement. du XIIIe siècle. Sur Ja cuve et le couvercle, les têtes seules sont en repoussé, les draperies, les ailes des anges sont gravées et les fonels remplis. d'émail. A la joncLion des cadres rectilignes qui divisent les panneaux ornés sont des pierres fines serties dans Fig. 49. - Coffret du XIV· siècle décoré cI'écussons cie France et Emaux champlevés (Musée ciu cI'Ang'leterl'e. Louvre). des chatons. Le pied, en forme de coupe renversée est en deux épaisseurs, de telle sorte qu'il a été possible d'ajourer et de modeler la feuille extérieure en lui donnant comme fond la feuille intérieure. Le même procédé de décor est appliqué au sommet du couvercle. Ce ciboire est. certainement l'une des pièces qui rend le mieux compte des différences qui existaient du XIle ou XIVe siècle entre les méthodes de décoration du cuivre en Orient et en Occident. Une application intéressan te elu bronze au Moyen Age est celle qui a été faite aux cloches des églises. Les fondeurs ont à se préoccuper, aussi bien dans le choix des alliages que dans la diniension des cloches, des accords harmoniques à établir entre 68 LE CUIVRE ET LE BRONZE plusieurs cloches et de la qualité du son propre à chacune solution de ces d'elles. Il semble qu'aujourd'hui encore la ques­ délicates soit subordonnée à des formules tions empiriques. La cloche amincie sur le bord inférieur s'épaissit à l'endroit limousin. Fig. 50. _ Cofi'eels de cuine émaillé, de travail Surfaces décorées d'émaux champlevés (Musée de Cluny). où frappe le battant; à partir du bourrelet, son épaisseur est à ou « cer­ peu près constante jusqu'au couronnement en caloUe l'intérieur l' de suspension du battant anneau veau», qui porle à en fer forgé et que surmontent les anses en forme de croix qui Pour éviter de servent à suspendre la cloche au « mouton». saillants. Ce modifier le son, les ornements des cloches sont peu LE CUIVRE ET LE BRONZE EN' ORIENT 69 sont généralement des inscriptions qui semblent avoir été' faites à la cire sur le modèle avant -le moulage et qui mentionnent l'année de la fonle, le nom des donateurs, du fondeur et aussi le nom de Ja cloche. Viollet-le-Duc cite, comme l'une des plus anciennes, une Fig'. 51. -_ Ciboire limousin en cuivre d0l'6. Œuvre de l'orfèvre Al pais (Musée du Louyre). cloche qui exista jusqu 'en '18M> clans le beffroi de l'église abba­ tiale de Moissac. Elle datait de '1273 et avait -1 m. 46 de dia­ mètre. Avant le XIIIe siècle, si l'on en juge par les dimensions des ouvertures circulaires ménagées dan� la voûte des �lochers, les cloches devaient être de petite dimension. Des cloches du XIVt' siècle existent encore dans la tour dile du Gros Hor­ loge, à Bouen. Dès le xv" siècle, on donnait aux cloches des 70 LE CUIVRE ET LE BRONZE cathédrales des dimensions considérables. L'ancien bourdon de Notre-Dame, fondu en 1400, pesait, dit-on, HS.OOO livres. La cloche de Rouen, donnée par le cardinal d'Amboise en 1501, en pesait 36.364. Un des plus anciens bonrdons 'conservés était celui de la cathédrale de Reims, fondu en 1570, et qui pesait 23.000 livres. Fig'. 52. - Deux sonnettes de bronze du xu" siècle (Collection P. Garnier). Viollet-le-Duc cite d'autres cloches intéressantes des xv" et XVIe siècles, conservées dans les cathédrales d"Amiens, de Beau­ vais, de Sens, de Chartres, dans les beffrois de Valenciennes, de Béthune, de Compiègne, etc. A partir du XVIe siècle, on décorait les cloches de fleurs de lys, d'armoiries, de petits bas-reliefs, représentant le plus souvent la Crucifixion. Les inscriptions semblent, à partir du XyC siècle, avoir été faites en caractères de plomb ou de bois servantà obte­ nir en cire une empreinte sous forme de plaquette qu'on appli­ quait sur le modèle. Les lettres sont inscrites en effet dans une plaquette venue de fonte. LE CUIVRE ET LE BRONZE EN ORIENT 71 Si les cloches sont généralement sobres d' ornements en relief. il n'en est pas de même pour les clochettes (fig. 52) dont le décor est d'une grande fantaisie (clochettes du XVIe siècle, col­ lection P. Garnier). De nos jours, l'emploi des cloches et clo­ chettes en général, dans les édifices religieux, dans les monu­ ments�civils et même sur les navires où la cloche sert d'avertisseur, Fig'. 53, - Mort.iei- cie bronze Ull x v- siècle (Colleclion P. Garnier). étant fixée sur le pont à l'avant du navire, se prête encore', pour les attaches et les supports, à la décoration du métal. Aux époques anciennes, où rien n'était' négligé, on traitait en ou vrages artistiques les mor-tiers de bronze servant au broyage de certains aliments ou de remèdes : ces mortiers étaient déco­ rés extérieurement d'arcatures, d'emblèmes, d'inscriptions (mor-, tiel' de 1460 (fig. 53), de la collection P. Garnier) : l'alliage est généralement dm et r comparable à celui du métal des cloches. Ainsi l'art s'appliquait jadis à toutes choses : il dépend de nous qu'il en soit de même aujourd'hui. ) / « ( v APPLlCATIONS DU CUIVRE ET DU BRONZE A LA STATUAIRE EN ITALlE DU XVe AU XVIe SIÈCLE La fonte à cire perdue. Pendant la période du Moyen Age, le curvre avait été employé de préférence au bronz-e, et les applications du métal, soit à l'orfèvrerie religieuse, soit au revêtement des portes, soit au décor des tombes, avaient développé merveilleusement· les procédés de travail. C'est surtout dans I 'art français que les Œuvres du Moyen Age se distinguent à la fois par la logique deIa composition, par l'appropriañon des formes à la destination et par la perfection du métier. La nature bien observée est d'ailleurs l'inspiratrice des formes. ' Ces qualités de bon sens et de goút se retrouvent de siècle en siècle dans les Œuvres françaises; mais elles sont moins appa­ rentes aux époques où notre art subit l'influence des arts étran­ gers: Cest ce qui advint à la fin du xv" siècle, lorsque le retour aux formes antiques détermina en Italie une évolution dont l'art français reçut le contre-coup. Les applications du cuivre et du bronze se modifièrent alors; on délaissa un peu le travail au repoussé du métal pour lui pré­ férer la fonte de ses alliages, et on abandonna en même temps les procédés d'émaillage qui s'accordaient avec le décor par gra- LE CUIVRE ET LE BRONZE EN ITALIE 73 vure du cuivre et avec la conservation des champs cloisonnant les émaux. Sans doute l'émaillage sur cuivre fut encore pratiqué, mais en peignant sur le métal, à raide de couleurs vitrifiables, des sujets analogues à ceux qui enlraient dans la composition d' un tableau. C'était la conséquence de la subordination momentanée de l'art français à l'art italien dans lequella con­ slruction n'a qu'un rôle secondaire. où le décor est un placage destiné à charmer les yeux et ayant pour principal moyen d' ex­ pressi<;)l1 la peinture. La fonte et la ciselure du bronze se prêtaient parfaitement à cette orientation du goût vers une décoration de revêtement. Les bas-reliefs italiens étaient au xv" siècle composés comme des tableaux, mais les œuvres de la statuaire italienne sont SI remarquables durant cette période qu'il est aisé d'expliquer la faveur dont elles jouirent en France dès le début de la Renais­ sance. Le procédé d'exécution est celui dit à cire perdue, qui semble avoir été connu dès l'antiquité et qui permettait au sculpteur d'obtenir toutes les délicatesses de forme et de modelé données à son modèle en évitant les retouches. Si l'on songe aux ouvrages considérables fondus à cire perdue, par exemple aux statues équestres de Galtamelata par Donatello, ou de Coll�oni par Verocchio, on peut croire que le procédé n'avait cessé d' être pratiqué, dans l'empire grec comme en Italie, pendant tout le Moyen Age. De nos jours encore, la fonte à cire perdue est d'un usage constant dans l'art italien : les procédés, qui sont peut-être ceux qu'on employait au xv" siècle, diffèrent sensible­ ment de ceux usités en France. La fonte à cire perdue (fig. M) comporte des opérations mul­ tiples. Lorsque le sculpteur livre ari fondeur son modèle achevé, moulé en plâtre, celui-ci établit directement sur le modèle un moule en plâtre dit à « bon creux », dont les pièces multiples doivent toutes pouvoir se démonter et se remonter, c'est-à-dire 74 LE CUIVRE ET LE BRONZE être de « dépouille ». A cet effet, le fondeur prépare d'abord modèle une parlée en plâtre sur laquelle il appuie le préalable­ ment savonné, et il établit autour du modèle une première tournée de pièces en gâchant le plâtre et en le taillant en « » épaisseur de telle sorte que toutes les pièces puissent sortir les unes après les autres, certaines parties ne pouvant sortir qu'en « contre-dépouille ». Lorsqu'on a couvert ainsi par plusieurs « tournées » de pièces le modèle, ces pièces ayant été ajustées' Fig', ::i4. - Type d'une fonte à cire perdue (Musée du Conservatoire des Arts et Métiers), "'r" et repérées'.� le moule est retourné pour faire la contre-partie, et l'assemblage des deux parties est étudié de telle sorte qu'on puisse introduire le noyau dans le moule. Des « fausses pièces», ou « clefs», servent à garnir les évi­ dements nécessaires pour la dépouille,de quelques pièces qui sortiraient trop difficilement. Le moule à bon creux terminé, on le démonte pièce à pièce pour sortir le modèle en plâtre, et on. établit alors le « noyau ». C'est une épreuve faite en sable (sable de Fontenay-aux-Roses qu'on emploie partout) et qui est consolidée à l'aide d'armatures de métal. Le moule étant f ouvert en deux parties, on commen'ce par garnir en sable les ! fonds, c'est-à-dire les parois du moule, et on place les princi- t' pales traverses de fer ou de cuivre qu'on lie ensemble. On LE CUIVRE El' LE BRONZE EN IT ALIE ns I I- 'mon te les pièces les unes après les autres, comme on l'avait fait -en constituant le moule à bon creux, en poussant le sable au fur et à mesure dans les creux et en consolidant par une car­ -casse formée de fers plus fins ql,le les traverses les différentes - parties du noyau, au fur et à mesure de I 'avancement du travail. On se sert naturellement de sable fin tamisé, ql1 'on foule au fur et ir mesure dans les deux parties du moule pour compléter le travail. Le noyan en sable terminé et le moule fermé, on démonle à nou veau le moule à- bon creux . pièce à pièce, et on gratte ce noyau de l'épaisseur à donner à la cire ou au métal qui prendra la place de la cire. C'est ce qu'on appelle « tirer d'épaisseur » le noyall. On le sèche et on le .replace dans le moule à bon cr eu x , où, grâce -aux (� portées » réservées pour les traver-ses de métal, il est maintenu dans sa position première et ne peut se déplacer. _ Le noyau remis en place, on ferme le moule, dont les deux parties sont repérées et daus lesquelles on a ménagé les « tranches » de coulée et fes évents. On coule la cire à froid et l'air s'échappe par les évents au fur et à mesure de l'introduc­ tion de la cire dans les Creux. La cire est composée de 2/3 de - . Couverture d'évangéliaire du XIIe siècle, en cuivre repoussé enchâssant des gravé et émaux champlevés. Pièces rapportées gemmes (Musée de Cluny) . 48 et du XIIIe siècle Fig. 36. _. Plaque d'évangéliaire en cuivre repercé gravé 50 (Musée de Cluny) : . de Fig. 3/. _ Pied de candélabre en bronze, fondu à cire perdue, provenant l'église Saint-Remi (Musée archéologique du Palais archié­ piscopal de Reims, incendié et détruit par les obus alle- mands en 1914.: ·.··················;······ 38. Reliquaire en cuivre repoussé du XIVe siècle, provenant de Fig. _ 52 . . . . l'abbaye de Charroux (Vienne)... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . cuivre et de bronze à la mosquée Fig. 39. _ Porte avec applications de 57 ele Sidi Bou Mrdine (1338-1339) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et d'or Fig. 40, Coupe plate arabe du XIVe siècle, incrustée d'argent 58 . . . . . . . . . . . . . . (Mossoul) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . bassin cuivre incrusté d'argent, 'CIlle siècle 41. Grand en (Musée Fig. 59 du Louvre) ·.·············· , , Fig. 42. Vase persan du XIVe siècle, incrusté d'argent (.Muséé du 60 Louvre)..... . . Fig. 43. Pot persan en cuivre lamé d'argent et gravé (XVIe siècle). Décor 61 la . . . . . . . . . à grenade.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . Fig'. 44. Vase arabe en forme de lampe de mosquée. Cuivre incrusté ' 62 d'argent , Fig. 45. Coffret persan du xrn" siècle. Médaillons à figures couronnées 63 et nimbées sur fond d'arabesques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . TABLE DES GRAVURES 197 Fig. 46. Aiguière persane en forme de théière, x vv siècle, (Collection Orsatti, à Lucca) . . . . . . . . . . . . 64 '.' . . . . . Fig. 47. Coupe arabe, damasquinée d'argent (Bibliothèque Nationale). . 65 Fig. 48. Plats d'e cuivre à émaux champlevés �Musée de Cluny). 66 . . . . . . . . Fig. 49. Coffret du XIVe siècle décoré d'écussons de 1< ranee et d'Angle- terre, Émaux champlevés (Musée du Louvre) 67 : Fig. 50. Coffrets de cuivre émaillé, de travaillimousin. Surfaces déco- rées d'émaux champlevés (Musée de Cluny).. . . . . . . . . . . . . . . 68 Fig. 51. - Ciboire limousin en cuivre cloré. OEuvre de l'orfèvre Alpais (Musée du Louvre).. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Fig. 52. - Deux sonnettes de bronze du XVIe siècle (Collection P. Garnier). 70 Fig. 5��. - Mor-tier de bronze du xvs siècle (Collection P. Garnier).. . . . . . . 71 Fig', 54. -:- Type d'une fonte à cire perdue (Musée du Conservatoire des Ads et Métiers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Fig'. 55, - Porte cl'Arídréa Pisano an baptistère de Florence............. 78 Fig. 56. Un bas-relief de la porte d'Andréá Pisano: l'Espérance.. . . . . . . 79 Fig. 57. Un bas-relief de la première porte de Ghiberti: l'Annonciation. 80 Fig. 58. Détail du chambranle de la première porte de Ghiberti : écureuil et noisetier... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 Fig. 59. Secoude porte de Ghiberti au baptistère de Florence: : . 82 Fig .. 60. Un bas-relief de la seconde porte de Ghiberti: Le sacrifice d'Abraham. . . . . . . . . . . . . . . . . 83 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fig. 61. Une cies portes de bronze de la Basilique de Montmartre. Com­ position de L. Magne. Bas-reliefs d'H. Lefebvre. Sculpture ornementale de Seguin. Animaux de Jouve. Fonte de Jabœuf et Rouard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Fig. ()2. Le bœuf de Sain t-Luc, par Donatello, au rétuble de l'église _ Saint-Antoine de Padoue '. . . . . . . . . . . 85 Fig. 63. Statue équestre de Gattamelata, à Padoue, par Donatello. . . . . . 86 Fig. 64. Le Colleoni, à Venise, par Verocchio.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87� Fig. 65. Les reines du tombeau de Maximil ien à Innsbrück , . . . . . . . . . . . 88 Fig. 66. Porte en bronze de la Loggetta de Sansovino, à Venise (-1750).. 89 Fig. 67. Type d'une fonte au sable (Musée du Conser-vatoire des Arts et Métiers) '. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Fig. 68. La chambre du Roi au châtea II de Versail les.. . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Fig. 69. Trophée de bronze ciselé et doré, clans le salon de la Paix, au château de Versailles -............. 100 Fig. 70. Serrure et verrou de bronze d'une porte des grands apparte­ ments, à Versailles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. '101 Fig. 7i_. Serrure et verrou en bronze de la porte de la trihune de la chapelle, au château de Versailles........................ 102 Fig'. 72. Serrure moderne à l'œillet (Musée du Conservatoire des Arts et Métiers) ' , 103 Fig. 73. Groupe d'animaux fondus par Keller. Terrasse du château de Versailles.................. 104 Fig. 74. Zéphire. Figure de bronze décoran t une cheminée cl U XVIIIe siècle, a u chà tea u cl e Versailles................................. 105 Fig. 75. Espagnolette en bronze ciselé dans Je cabinet du Roi, au château de Versailles ' .'.. 106 _ Fig'. 76. Cheminée en marbre rouge antique, avec garniture de bronze, dans le cabinet attenant à la chambre du Roi' (Château de Versailles) oo•••• '. • • • • • •• 107 198 TABLE DES GRAVURES Fig. 77. Détail des ornements en bronze de la cheminée du cabinet du Roi, à Versailles 108 ' . . . . . . . . .. . . . . . . .•.. .. . . . Fig'. 78. Châs'se en cuivre repoussé à Moissat-Bas (Puy-de-Dôme). . . .. 111 . Fig. 79. Tombe en cuivre émaillé de Jean, fils de saint Louis, provenant de l'abbaye de Royaumont (Église abbaliale de Saint-Dénis}. 112 Fig. 80. Tombe en cuivre repoussé d'un évêque, dans le chœur de la - cathédrale de Burgos (Espagne) 113 , . . . . . . . .. , Fig. 8L - Buste de femme en cuivre repoussé, provenant d'une statue tombale (Musée Saint-Jean d'Angers) lH .... ,................ Fig. 82. Lutrin en cuivre repoussé. OEuvre de l'orfèvre parisien Leclère Église d'Evron (Mayenne) 115 (1783). , . . . . . . . .. , Fig'. 83. Heliquaire de la Couronne d'Épin_e, à Notre-Dame de Pa ri s (Composition de Viollet-le-Duc, exécution de Poussíelgue i. 11ô Fig. 84. Figures en cuivre repoussé, ornant Ia souche de la flèche de Notre-Dame de Paris. Composition de Viollet-le-Duc, exécu- tion de Monduit. 11 Î , , .' Fig. 85. - Figure en cuivre ma rtelé de la Gloire, couronnant le tombeau de Paul Baudry au cimetière du Père - Lachaise. OEuvre d'Antonin Mercie 118 , . . . .. Fig. 86. Statue en cuivre martelé de saint Michel, couronnant la flèche de I'égl ise du Mont-Saint-Michel. OEuvre de Frémiet....... 119 Fig. 8i. Ciborium en cuivre repoussé, du maître-an tel, à la Rasilique de Monlmartre. Composition de L. Mnguc exéculion de , M. Poussielgue 120 . Fig'. 88. - Bibliothèque en marqueterie de Boulle, dans la Galerie d'Apol- lon, 125 au Louvre ···· , Fig'. 89. - Cabinet en marqueterie de Boulle, orné d'une statue de Louis XIV (Musée du Louvre) ' 12ô " Fig. 90. Meuhle laqué avec ornements de bronze, provenant du château de Bellevue. OEuvre de Martin Carlin (Musée du Louvre)... 127 Fig'. 9-1. Table à ouvrage de Mar-ie-Antoinette. OEu\Te de Riesener et Gouthière (M usée du Lou vre) ' 12R : Fig. 92. Bureau plat, d'époque Louis XV, à garnilure de bronze (Musée du Louvre) 129 Fig'. 93. Bureau à cylindre, de la fin du xvruv siècle (Musée du Louvre). 130 Fig. 94. Meuble -bas 'orné de bronze ciselé, pt-ov enan t du château de ;- Saint-Cloud (Musée du Louvre) ' ' .. '. . . . . . . . . . .. . 131 Fig. 95. Détail du meuble à bijoux de Mar ie-Antoinet te. Partie haute - (Petit Trianon) . .. 132 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fig. 96. - Détail du soubassement ciu meuble à bijoux de Marie- Antoinette (Petit Trianon).................. 133 Fig. 07. - Meuble à bijoux de l'Impératrice Mal7'ie-Louise (Palais de Fontainebleau) : � . . . .. 13ft. . . . . . Fig. 98. Table carrée du Premier Empire, supportée pal' des cariatides - (Granel Trianon) J 35 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fig. 99. - Bureau moderne à garniture de cuivre. par Majorelle.: 136 . . . . . . .. Fig. '100. Détail de la Bibliothèque du Roof du yacht Hélène. Composi- tion de L. Magne. Exécution ele Raguel et Robert..... 13'i . .... Fig. HB. Lampe antique ele bronze à deux lumières, trouvée en Asie Mineure (Musée du Louvre)..... 1f¡.0 Fig. i02. Grand chandelier à sept branches, de la cathédrale cie Milan (xIIe-xmc siècles) 142 . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . TABLE DES G�AVURES 199 Fig. 103. Chandelier en bronze en forme de cavalier, XIle siècle (M usée du Louvre). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 143 Fig. 104. Souche de chandelier persan en bronze gravé et damasquiné d'argent (Collection P. Garnier). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 144 Fig. 105. - Chandeliers de bronze à bobèches et douilles, xvs siècle (Musée du Louvre) .. 146 ',' Fig. 106. Flambeau italien du xvr" siècle, provenant de Padoue (Musée du Louvre) '.. 147 Fig. 107. Candélabres et garnitul'e d'autel, de la fin du XVIIIe siècle. Ég'lise d'Evron (Mayenne)... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 148 Fig. 108. - Applique de bronze, dite aux cors de chasse, dans le grand salem du Petit Trianon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 149 Fig. 109. Applique de bronze dans la chambre de la Reine, au Petit Trianon ... ;-. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 150 Fig. 1'10. Applique de bronze à thyrse et têtes de bouc (Palais de Fontainebleau) : 151 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Fig. 111. Applique attribuée à Thomire (Hôtel de Castries). .. 152 . . . . . . . . . Vigo 112. Flambeau à l'œillet, dans la chambre de la Reine (Petit Trianon). 153 Fig. 113. Applique à trois branches d'époque Louis XV (Château de Versailles ) ' , . . . . . . . . . . . . . .. 154 r'ig'. 114·. Lanterne en cuivre et bronze dorés, du XVIIe siècle, au château d e Versailles. 155 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Fig'. 115. Lanterne du, XVIIIe siècle, dans l'escalier du Palais de Compiègne , . . . . . . . . . .. 156, r'ig. H6. Lanterne Louis XVI, dans l'escalier du Petit Trianon......... 157 Fig. H7. Couronnement d'un candélabre au gaz de la place de l'Opéra. Composition de Charles Garnier '. . . . . . .. 158 . . . . . . . . . . . . Fig. 118. Plafond' à éclairage électr-ique du salon du yacht Hélène. Composition de L. Magrie. Exécution de Trioullier . . . . . . .. 165 . Fig. 119. - Vasque en cristal taillé exécutée pOlll' le théâtre du Vaudeville, sur les dessins d·' A. Magrie, par la cristallerie de Saint-Louis. Armature de bronze.. 166 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Fig'. 120. Suspension à la cardan pour l'éclairage de secours à bord du yacht Hélène. Composition de L. Magne. Exécution de Soleau. 167 Fig. 121. Cadran du « Gros Horloge », à Rouen.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 Fig. 122. Horloge portative, à cadran horizontal, en bronze doré. Époque de François 1er (Collection P. Garnier)... 182 . ... . . . . . .. Fig. 123. Horloge en cuivre repercé et gravé ayant peut-être appartenu au prince de Condé (XVIe siècle) -. 183 Fig'. 124. Horloge du XVIe siècle, cadran ajouré et cercle mobile mar­ quant les heures (Collection P. Garnier). 184 . . . . . . . . . . . . . . . . .. Fig. 12�). Horloge en cuivre et bronze dorés, XVIe siècle (Collection Pv Garnier) 185 ' .. Fig'. 126. Horloge portative ou pendule d'époque Louis XV en. marque- terie de Boulle (Château de VersaIlles). .. 186 . . . . . . . . . . . . . . . . . Fig. 127. Horloge de l'époque de la Régence .en marqueterie de Boulle (Château de Versailles). 187 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Fig'. 128. Pendule d'époque Louis XVI. Bronze et marbre (Musée du Louvre). 188 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. l:;'ig·. 129. Détail de la pendule de la chambre de Marie-Antoinette au Petit Trianon ' 189 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 200 TABLE DES GRAVURES Fig'. -130. Pendule à la lyre d'époque Louis XVI. Mécanisme apparent. Fabrication parisienne '. . . . .. '190 Fig'. -131. Horloge à poids du XVIIIe siècle. Régulateur de Gudin. Gaine de Duhamel (Musée du Conservatoire des Arts et Métiers).. 19! Fig. ,132. Horloge à g'aine en forme de lyre. Menuiserie de Martin Carlin: 1780 (Musée du Conservatoire des Arts et Métiers). . . . . . . .. -192 Fig. 133. Cartel moderne du yacht Hélène ", .. 193- . . . . . . . . . . . . . . Fig. 134: Serrure de la porte de la tribune à la chapelle du château de Versailles '. 194 . . . . . . . . . . . . . .. Fig. -135. Couronnement du tabernacle d'un autel à la Basilique de Mont­ martre. Émaux champlevés et bronze ciselé.. 200 . . . . . . . . . . . . .. Fig'. 135. - Couronnement du tabernacle dun autel il la Basilique de Montmartre. Émaux champlevés .et bronze ciselé. TABLE DES MATIÈRES LE CUIVHE ET LE BRONZE J. - Lsun EMPLOI DANS L'ANTIQUITÉ. Application à la statuaire .- . II. - LE CUIVRE ET LE BRONZE DANS L'ANTIQUITÉ. Objets usúels , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . 19 III. - LE CUIVRE ET LE BRONZE EN OCCIDENT AU MOYEN AGE. Martelage du cuivre et fonte du bronze.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 35 IV. - LE CUIVRE ET LE BRONZE EN ORIENT AU MOYEN AGE. Gnavure, incrustation et damasquinage des métaux précieux en Orient. Émaux champlevés en Ocddent.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 V. � ApPLICATION DU CUIVRE ET DU BHONZE A LA STATUAIRE El\" ITALIE DU " xv AU XVIe SIÈCLE. La fonte à cire perdue. -. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . 72 VI. - ApPLICATIONS DU CUIVRE ET DU BRONZE A LA OÉCOHATION AHCHITEC­ TUHALE EN FHANCE DU XVIe AU XVIIIe SIÈCLE. Fonte au sable (fonte unie, fonte à pièces, fonte tirée) "0' • 91 VII. - ApPLICATIONS DU CUIVRE MARTELÉ A LA STATUAŒE EN FnANcE. Moyen Age et temps modernes. 110 VIII. - ApPLICATIONS DU CUIVHE ET nu BHONZE AU MOBILIER.. . . . . . .••• 122 . . . . IX. - ApPLICATIONS DU CUIVRE ET DU BHONZE AUX APPAREILS D'ÉCLAIRAGE. Adaptation aux différentes sources de lumière: huile, cire ou résine, pétrole, g'az, électricité : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 139 X. - ApPLICATIONS DU CUlYRE OU DU BHONZE A L'r-rOHLOGEHIE .........• , .. 172 Table des gravures : : .. 19�, MACON, PROTAT FRimES, IMPRIMEURS. . � , . I . I . 78 LE CUIVRE ET LE BRONZE LE CUlVHE El' LE BRONZE EN ITALIE 79 clous qui les fixent et des têtes d'animaux q L1l accusent. leur­ aux vitraux légendaires tels que ceux de la cathéelrale de Sens rencontre. (L'Enfant prodigue, fig. 92, Décor elu verre). Le style des bas-reliefs est le style français du XIVe siècle, et Ces rapports entre les œuvres françaises du XIIIe siècle et les œuvres italiennes du XIVe sont facilement explicables par l'in­ fluence qu'exerçait notre art au temps où les Papes séjournaient à Avignon et où eles princes français, maîtres, depuis Charles d'Anjou., du royaume de-Naples, étaient à Florence les protec­ teurs, smon les chefs elu parti Gu_elfe. Telle figure ele la Foi tenant d'une mam- la croix, de I'uutr-e le calice, el enveloppée ela-ns un manteau agrafé sur Ia pour-me, reproduit un type vulgarisé en France dès le xrr" siècle. On peut s'en assurer en compa­ - rant la Foi el' . Andréa Pisano à I 'Église figurée sur une verrière de I' l'un des pan­ pour Ie style Reims, et les il est intéressant de enferment les caelres n 1330. Celle Notre-Dame on de e e, fut exécu­ quel l'artiste o d'Arezzo et