MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAILLAGE SUR MÉTAUX I I { TOURS. — IMPRIMERIE DESLIS KRERES EÏ C® MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAILLAGE SUR MÉTAUX PAR Louis-Élie NlILLENET PARIS (VU) H. DUNOD ET E. PINAT, ÉDITEURS 47 et 49, Quai des Grands-Augustins 1917 Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays, Copr. by Dunod et Pinat 1917. PRKFAGE Le Mannel pratique de fémailla/je sur métaux, <|iie iVI. J.ouis-Klie Millenel présente à ions ceux (|ui s'occupent do cet arl si délicat de l'émail et de ses manifestations multiples, est surtoul le résul- lat des lecherches et des expéi'iences de plusieurs générations de professionnels, car l'auteur est un descendant d'émailleurs, de peintres sur émail et de fabricants d'émaux et de couleurs h peindre sur émail, d'ancienne familbi genevoise « les Dufaux » dont on trouvera d'intéressantes bioga-apliiesdans le « Dictionnaire des artistes suisses ». M. >lillenet, artiste lui-même ayant manié le crayon et le pinceau, la pointe de l'émailleur et le creuset du fondeur d'émaux, s'est absolument voué à la fabrication des émaux et des couleurs, |)erpétuant ainsi la tradition de ses devanciers, tout en l'adaptant aux exigences des procédés modernes. Il était donc qualifié pour entreprendre le très utile travail que nous présentons aujour- d'il ni au public. VI PREFACE v- Ge manuel, conçu sansrinteniionde í'aii-e aucune espèce de concurrence aux nombreux el savants ouvrages publiés sur le même sujel, a cet avan- tage sur beaucoup d'entre eux, c'est qu'il est écrit par un praticien s'adressaiit non seulement à des praticiens qui, connaissant eux-mêmes leur métier, retrouveront en les comparant à leurs expériences personnelles, celles très vécues d'un confrère, mais il s'adresse encore et surtout au chercheur qui désire s'initier à cet art de l'émail, d'une si grande noblesse, auxiliaire inséparable de r.art décoratif dans les belles époques d'efilo - rescence artistique. M. Millenet a conservé dans le plan de son ouvrage certains termes consacrés par l'usage, dans sa classification des émaux par exemple, termes que nous-mêmes dans notre cai'rière de professionnel avons été obligé d'employer pour nous faire comprendre des ouvriers et des arti- sans de l'émaillerie. Le terme « d'émaux l-ranslucides » est ici en réalité très particulièrement appliqué à des émaux en ajour au travers desquels la lumière passe librement, sans aucun obstacle, comme elle le ferait dans les verrières de la rose d'une cathédrale ou d'un vitrail, faisant jouer et chatoyer la richesse des masses transparentes ! Or, ce n'est théoriquement pas exact. La translucidité n'est pas la transparence par- PRÉFACE vn faite mais bien relative. Le meilleur exemple qué l'on puisse en donner expérimentalement, est celui d'un verre de cristal Ires pur, rempli dune eau très pure également ; l'objet que 1 on placera derrière ce verre se distinguera nettement dans tous ses détails : c'est la tram^arence. Au moment |)récis où l'on troublera cette eau par une certaine quantité dégouttes d'absinthe, d'alcool de menthe ou de lait, l'objet placé derrière le verre ne se distinguera plus ou tout au moins que d'une manière très imprécise, la lumière Iraversanl cependant encore la masse : c'est alors la trans- lucidité ! Le fondant très pur est transparent ; les émaux opales sont dans leurs masses et à des degrés divers translucides. C'est là ce qui n'est pas très déterminé dans le langage du métier etc'estce langage que M. Mil- lenet a ménagé en employant des termes consa- crés par l'usage. Il fallait cependant préciser et c'est là ce que j'ai essayé de faire aussi succincte- ment que possible. J'ajoute que cette différence d'interprétation est la source de malentendus regrettables qu'il serait bien de faire cesser. Par conséquent, les pièces en ajoiir, cloison- nées à la pince, repercées à la scie, obtenues par le découpoir, peuvent aussi bien être translucides que transparentes suivant la nature même des émaux employés. Le côté pratique de ce manuel se trouve dans VIIT PHKFACK le plan même de l'ouvrage; la division des clia- pitres permettant au chercheur par le moyeu de la table des matières de irouver f'acilemenl l'objel de ses investigations. Les questions des locaux^ de Vlii/giène, du uiobi- lier, de Youtillage sont Irailées avec la connais- sanee parfaite des exigences du métier, mettani au départ initial toutes les chances du côté de celui qui poursuit la réussite de son omvre, et c'est là un point capital. Puis viennent les questions techniques et leurs applications aux nombreuses, difficiles et multiples manifestations de l'émaillerie. L'auteur entre dans d'infinis détails ([ui pourront sembler puérils aux gens rompus aux <( trucs » du métier, s'il est permis d'employer cette expression consacrée aux petits secrets, apanage de chaque atelier, l'epas- sés avec le mobilier du maître au chef-ouvrier qui en reprendra la suite. Cependant, cette volontaire minutie dans le détail est une des consé((uences des soins méticu- leux qui sont à la base du métier, et (pii a cela de commun avec tous ceux qui concourent à la réussite de la plupart de ses manifestations, soit la gravure et la ciselure préparant les voies à l'émailleur pour la décoration des pièces d'orfé- vrerie, delà montre jet du bijou. Cette minutie est du reste typi([ue dans lapopu- lation genevoise, c'est-à-dire à tout ce qui par- PHÉFACE IX licipe à la l'abricatioii de la monire, de son mouvement, sa boite et sa décoration. La pose du fondanl par exemple, qui est une tradition dans les annales des « Lmaux de Genève » et qui jouit d'une réputation méritée, est traitée méthodiquement et prati(|uement, ceci pour ne citer qu'un fail à l'appui, pris flans l'ensemble de ce manuel. Ce travail enfin, très genevois, nous paraît arri- ver à son heure. Les événements politiques aux- (juels nous assistons oni et auront loujours davantage leur répercussion sur ceux d'ordre éco- nomi([ue. ÎNoire cité genevoise est appelée à jouer un rôle prépondérant dans les industries d'art, industries séculaires (|ui ont porté son nom et sa réputation, particulièrement en ce (jui concerne les* émaux, bien au delà des mers. Si modeste et sans prétention (|ue puisse être ce Manuel pratique de Vémaillage sur métaux^ il nous paraît devoir prendre sa place dans le mou- vement artistique et industriel qui va s'accentuant et rappeler les aptitudes très spéciales des arti- sans el des praticiens genevois, tout en rendant de signalés services à ceux auxquels il s'adresse. Georges H antz, Dii'ecleur du Mugéo des .Vi'ts Décoratifs de Genève. AVERTISSEMENT L'antique et noble art de l'émail a eu au cours des siècles de nombreux historiens, archéologues érudits ou commentateurs d'ordres divers, qui ont patiemment fixé ses lointaines origines et décrit ses multiples évolutions à travers les âges. En grand nombre, les témoins glorieux de cet art du l'eu figurent dans les musées des princi- pales cités ou font l'orgueil de collections privées. Ces objets, parés d'une matière incomparable- ment riche, réfrac taire aux morsures du temps, fascinent le public cultivé tout en lui dérobant jalousement les secrets de leur délicate technique, périlleuse entre toutes. Quant à cette technique qui préoccupe et attire à un haut degré, nous pouvons dire qu'elle fut dès le Moyen Age et jusqu'à nos jours encore honorée d'une littérature aussi abondante que superficielle. Certains auteurs ont même doté celle-ci de volumineux ouvrages, regorgeant de formules empiriques ou surannées, sans jamais franchir xn AVERTISSKMKNT les cadres d'uiK^ coiiipiiation aveugle et servile. Invariablement bridées clans les lisières de la froide théorie, sans contrôle expérimental, ces publications n'ont jamais atteint de but, pratique. Le vice fondamental de cette littérature, consi- dérée sous l'angle des difficultés matérielles ({u'éprouvent journellement artistes et artisans, réside en ce fait que jamais, croyons-nous, un homme du métier ne s'est encore avisé de consi- gner, même .sous une forme brève, mais claire et substantielle, son .wcob-pm/Ziji'ïn? à l'usage de qui- conc[ue désii'e s'initier ou se perfectionner dans l'art difficile d'émailler les métaux. C'est donc avec la ferme convicdionde combler une réelle lacune dans ce domaine, et poui' répondix; aussi à un désir maintes fois exprimé, c[ue nous avons entrepris la rédaction de ce modeste ma- nuel,'n'ayant pas la moindre visée liltéraire, aflligé même des inévitables répétitions qu'impose la clarté des explications, mais ayant pour unic[uc objectif d'enseigner pratiquement ce que doit connaître toute personne désireuse d'orner avec succès les métaux par l'emploi de l'émail, cette matière somptueuse et si hautement décoj-ative. Louis-Llie M ILI.ENKT. TABLE DES MATIÈRES PKÉKACK Pages. V AVKRTISSEME.NT XI PKEMIKllE PARTIE Cii .\i'iTKE I. — Définilion et classification des émaux 1 — 11. — Locaux 3 — III. — Mobilier et outillage 5 — IV. — Fours et leurs accessoires 8 — V. — Acides et eau filtrée 14 — VI. — Technique de t'émaillage 16 Pilage, broyage, lavage, acidulation. et conservation des émaux 17 Description du broyage des émaux et de ses opérations connexes 19 Principaux métaux susceptibles d'être émaillés 28 Le « décapage » des métaux 32 Le « contre-émaillage » 42 — Vil. — Vart de Vémailleur 4o Les surfaces champlevées 58 Les surfaces ciselées ou frappées 61 Les pièces de forme 62 Le cloisonné 63 Emaillage dit « à jour » ou « translu- cide » 68 Les plaques 74 Étalons, palettes, échantillonnages, soit types d'émaux cuits sur métaux — 4'I11. 81 — Le guillochage 84 XIV TABLK DES MATIÈRES Pages. (J le hapithk \X — . Les paillons et paillonnage 86 X. — Le matage des émaux 92 — — XI. — Lapidage et polissage de l'émail 93 Xll. Durcissement et attendrissementdes émaux 97 — — 99 — XII i. — Les rhabillages XIV. Le « rfeVoc/iaye » (décapage du métal — après — l'émaillage) 104 XV. Dorage, arqentage, « mise en couleur » des — — objets émaillés (Considérations relatives à ces opérations) t05 DEUXIÈME PARTIE LA PEINTURE SUR ÉMAIL 108 (Résumé des principaux procédés) APPENDICE 3 planches (23 illustrations). MANUEL PRATIQUE DIÎ L'ÉMAILLAGE SUR MÉTAUX PREMIÈRE PARTIE CHAPITRE PREMIER DÉFINITION ET GLASSIFIGATION DES ÉMAUX Au sens particulier qui nous occupe dans ce manuel, l'émail est une vitrificalion capable d'adhérer sur cer- tains métaux et de les orner. Les émaux sont classés de la manière suivante : A. Les émaux translucides tous très clairs etau travers desquels la lumière pénètre sans obstacle. On range dans cette catégorie les fondants qui sont générale- ment incolores ou faiblement teintés. B. Les émaux transparents au travers desquels la lumière pénètre plus ou moins, selon qu'ils sont dénom- més clairs, moyens ou fonces. A celte catégorie se rat- tachent les émaux opalescents s,oú opales, dont la masse transparente est, à des degrés variables, atténuée, assourdie par un voile laiteux qui leur communique un charme étrange et délicat. MAKUEL PKATIQCE DE L'ÉMAILLAGE. ] t manuel pratique de l'émaillage sur métaux C. Les émaux opaques d'une masse pâteuse et com- pacte que la lumière ne pénètre pas mais éclaire seu- lemcut la surface. A-u sujet de cette sommaire classification, nous dirons que, malg^ré que les définitions concernant les deux premières catégories ne correspondent généra- Icment pas à celles qui sont fournies par les diction- nairés modernes, nous avons adopté quand même ces appellations dans ce sens pour la clarté de notre exposé, étant donné qu'elles soni consacrées comme telles et depuis fort longtemps par le langage profes- sionnel. Ce point étant fixé, nous dirons aussi que les émaux de toutes catégories sont colorés diversement, compre- nant les couleurs primaires, les tons francs secon- daires et l'infinie variété des nuances rompues ou de haute fantaisie. Envisagés au sens de famille, les émaux peuvent se mélanger entre eux, mais cependant ils n'échappent pas aux réactions chimiques sous l'empire du feu, c'est pourquoi il est plus avantageux de superposer une ou plusieurs nuances d'émaux plutôt que de les amalga- mer. CHAPITRE H LOCAUX Choisir de préférence un local en 3 corps distincts mais communiquant entre eux, comprenant : 1° Atelier d'émaillag-e, pièce bien éclairée et sèche, sans tentures ou rideaux, à l'abri de toutes poussières, cette dernière condition étant indispensable pour assu- rer la réussite du travail. 2® Premier laboratoire, réservé aux opérations du décapage, polissage, lapidage (pierrage) et autres manutentions s'y rattachant. Ce local doit être conve- nabicment éclairé et exempt de poussières. Au besoin, ces deux locaux peuvent former un seul corps, divisé par un simple vitrage ou cloison. 3° Second laboratoire, renfermant le ou les fours et servant aux manutentions malpropres, dépôt de cora- bustible, etc. Un local plutôt sombre convient parfaitement car le jour diffus dans le secteur des fours concentre la lumière à l'intérieur du moufle et permet ainsi d'ap- précier plus exactement la tonalité et l'intensité de la chaleur, qui sont les guides de cuisson les plus sûrs. Ce local doit être pourvu d'un bon canal de chemi- née, assurant en tout temps un tirage irréprochable. 4 MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAILLAGE SUR MÉTAUX ainsi que d'une conduite d'eau et éventuellement de si le ou les fours sont actionnés par ce gaz moyen. On installera également un évier ou autre récipient ad hoc servant à déverser les eaux provenant du déca- page ou autres liquides. CHAPITRE UI MOBILIER ET OUTILLAGE Énuméralion du matériel et des outils divers, avec leur répartition, eu dehors de ceux qui seront nommés ou décrits spécialement lors des opérations relatives aux phases successives du travail.) 1" Atelier d'émaillage Établi, demi-circulaire, muni de tiroirs, faisant face au jour. Sur cet établi sont déposés les objets en cours d'exécution et leurs documents artistiques, ainsi que les émaux broyés contenus dans des godets de verre ou de porcelaine, lesquels sont soigneusement renfer- més sous une cloche de verre durant leur non-usage. Puis, le menu outillage composé de petites « pointes » d'acier et de spatules d'acier de formes et de grandeurs variées, servant à déposer l'émail sur les objets ou fucore à l'égaliser et le lisser ; des brosses douces et aussi des rudes en crin blanc, un ou plusieurs flacons d'eau filtrée, munis de compte-gouttes. Enfin d'autres accessoires à volonté et suivant les besoins partien- liers. 6 MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAILLAGE SUR MÉTAUX Établi ou table de broyage, de forme variable, mais en tout cas un meuble dont le plateau sera si possible en bois dur et de 3 à o centimètres d'épaisseur, soutenu par deux ou trois solides pieds en bois dur ou en fer fixés au sol. La constitution de ce meuble suivant ces données n'est pas sans importance. Cet établi sera réservé au broyage et lavage des émaux, on y déposera en conséquence les mortiers et pilons en agate ou en porcelaine dure, un ou deux maillets en bois, les acides et tous les autres usten- siles accessoires aiTeclésà cette délicate manutention. Ce local renferme encore des sièges et facultative- ment des établis latéraux, des armoires pour renfer- mer les objets en cours d'exécution, le menu outil- lage, etc., ainsi que des étagères et autres accessoires à volonté. 2° Premier laboratoire Table de décapage, en sapin, avec ustensiles divers, tels que bouilloir en cuivre d'environ 15 centimètres de diamètre et 5 millimètres d'épaisseur, capsules et euvettes en porcelaine dure, des terrines en grès, des brosses rudes en crin, etc. Un ou plusieurs tours pour le polissage, avec meules de bois et facultativement d'émeri. Établi de lapidage, en sapin, avec petite galerie pleine sur trois côtés ; le plateau sera recouvert de zinc et l'on ménagera un tiroir surmonté d'une cheville de bois servant d'appui pour le lapidage soit pierrage des MOBILIER ET OUTILLAGE 7 émaux. Assortiment de pierres en émeri ou autre mor- dant de grains variés. Établi de polissage, également en sapin et condi- tionné comme le précédent. Cabrons, grès en poudre, chevilles cylindriques de bois avec têtes surmontées de cire. Ce local renferme encore facultativement des sièges, armoires et autres objets mobiliers à volonté. 3® Second laboratoire Le ou les fours avec cheminée à registre, grandes pinces (un ou deux modèles). Eventuellement caisse a divisions pour le combustible ; sièges, armoires et autres objets mobiliers. CHAPITRE IV FOURS ET LEURS ACCESSOIRES L appareil eu question est de haute importance et le choix du système dépendra de circonstances diverses, variant d un lieu à l'autre, et aussi selon la nature des objets à cuire. Quatre principaux systèmes sont aciiiellement en usage : Four à coke ; — il gaz (gaz d'éclairage; ; — à pétrole (ou à essences) ; — électrique. Seuls les trois premiers types exigent un canal de cheminée pour l'échappement des gaz résultant de la combustion. Chaque système varie dans ses détails, mais se com- pose généralement de deux parties essentielles, savoir; L n corps de four au sein duquel se trouve nové le moutle, soit un manchon en terre réfractaire, de forme et dimensions variables, dans lequel on cuit le ou les objets. Nous passerons rapidement en revue ces divers sys- FOURS ET LEURS AGCESSOÍRES 9 temes, en examinant quels sont leurs avantages et leurs inconvénients respectifs. A. — Four à coke C'est l'ancien et classique système, ordinairement le plus économique sous le rapport du combustible, ce qui le fait préférer dans les ateliers où les cuissons se pratiquent d'une manière permanente. Permet d'obte- nir une vigoureuse chaleur, soit un feu vif, mordant, ce qui assure une belle cuisson, favorable à la limpi- (lité des émaux. Toutefois, ce système est forcément lourd et encombrant, devant reposer sur une assise en maçonnerie légère; son entretien est relativement compliqué, ce qui le rend peu recommandable aux dilettantes. D'autre part, ce genre de four crée une zone poussiéreuse, donc défavorable, et exige une sur- veillance constante pour son alimentation comme pour son réglage. Sa mise en action est d'une certaine durée. En outre, le coke présente le très grave défaut d'user rapidement le moufle et aussi de beaucoup dété- l'iorer le corps de four, ce qui nécessite de fréquentes réparations et le met hors d'usage en peu d'années. L'emploi du coke de qualité mi-dure est plubM indi- qué. I). — Four à gaz Très répandu de nos jours, en raison de sa légèreté relative et de son volume restreint. Généralement 10 MANUEI- PRATIQUE DE iVÉMAlLLAGE SUR MÉTAUX monlé sur pieds de fer, ce four peut s'adapter sur une simple table de bois, dont le plateau doit en revanche être recouvert d'une tôle de fer mince. Appareil très durable et nécessitant rarement le remplacement du moufle. D'une mise en action assez rapide, facilement réglable, ne produisant aucune poussière, c'est bien l'appareil le plus recommandable, pour autant, cela va sans dire, que l'on dispose du gaz sur place e( que le prix de ce dernier n'est pas trop élevé. La consommation de gaz varie tout naturelle- ment suivant le débit du brûleur qui doit avoir un rap- port rationnellement calculé afin de fournir dans le moufle le degré de chaleur nécessaire à la fusion nor- male des émaux. En outre, le réglage du brûleur joue un grand rôle quant à la consommation du gaz et l'in- lensité de chaleur obtenue, de même qu'il est indis- pensable de posséder un compteur d'un débil suffisant pour alimenter convenablement l'appareil. L. — Four à pétrole Appareil récemmenl introduit et jouissant d'une certaine faveur, surtout dans l'industrie, en raison de sa consommation relativement minime par rapport aux autres systèmes. Fort apprécié, surtout dans les lieux dépourvus de gaz d'éclairage. Appareil ordinairement monté sur hauts pieds de fer, léger, peu encombrant, mobile, d'une longue durabilité, ménageant le moufle, d'une prompte mise en action et d'un réglage facile. Le commerce fournit actuellement de tels appareils, élégants, sans odeur ni danger. FOURS ET I,EUHS ACCESSOIRES n D. — Four électrique L'appareil idéal et de précision par excellence, celui de l'avenir, pensons-nous, vu son volume très restreint, sa propreté impeccable et son réglage matbé- matique au moyen du pyromètre. Pourvu d'un com- mutateur fixé sur un tableau gradué, la température normale s'obtient en quelques minutes avec une régu- larité parfaite. Présente le grand avantage de sous- traire les émaux à toute réaction ou influence per- nicieuse causée par la combustion défectueuse ou incomplète des gaz en jeu dans tous les nutres sys- tèmes. Ne nécessite pas de canal de cheminée ni de local spécial. Fournit de hautes températures qui demeurent égales dans la totalité du moufle. Cependant, à l'heure actuelle et malgré leurs avan- tages incontestables, ces appareils sont très peu répan- dus étant donné leur prix extrêmement élevé en raison du rôle capital que joue le platine dans leur construe- tien. En outre, les réparations présentent certaines dif- Acuités et sont toujours onéreuses. Nous répétons que ce système nous paraît devoir primer dans l'avenir, lorsque son prix sera devenu abordable, surtout si le métal précieux qui en consti- tue l'âme subit une baisse susceptible de se produire à la suite de circonstances imprévues ou que quelque autre agent conducteur supplantât le platine. Quelque soit le système adopté, il est bon d'ajouter devant l'ouverture du moufle un rebord métallique de 12 MANUEL PRATIQUE DE l/ÉMAILLAGE SUR METAUX la largeur du four et d'environ 20 à 25 cenlimètres de saillie, assez résistant pour supporter les objets à cuire, de façon à les exposer devant le moufle pour les sécher d'abord puis les accoutumer graduellement à la violente chaleur. Principaux accessoires du four Dans le moufle, en permanence, un petit support légèrement bombé, en terre réfractaire, permet- tant de faire tourner aisément le plateau sur lequel reposent les objets à cuire. Puis un jeu de plateaux ronds, de divers diamètres, ou d'autres encore rectan- gulaires ou carrés suivant les besoins, soit de minces galettes en terre réfractaire également, de 2 à 4 milli- mètres d'épaisseur, que l'on doit préalablement, et une fois pour toutes, enduire d'une couche d'ocre délayée à l'eau, puis séchée ensuite à l'air libre, celte matière ayant pour but d'éviter l'adhérence des objets au plateau durant leur cuisson. En conséquence, ces plateaux supportent les objets pendant le séchage qui précède la cuisson comme aussi durant cette dernière opération. Sur commande, l'on peut obtenir des pla- teaux ronds, légèrement creusés au centre, celui-ci épousant la forme convexe du support, ce qui permet en cours de cuisson de les faire évoluer assez rapide- ment, sans secousses ni déviations à l'aide des pinces. Puis une paire de grandes pinces de 60 centimètres à 1 mètre de long ou plus encore selon l'importance du four. Ces pinces doivent être en fer forgé ou en acier, .solides tout enétant légères etflexibles : à mi longueur FOURS ET LEURS ACCESSOIRES 13 ces pinces sont pourvues d'une vis avec écrou mobile à ailettes, que l'on règle à volonté pour rapprocher plus ou moins leurs extrémités, afin de faciliter la prise des plateaux en terre. Enfin une ou deux paires de petites pinces d'acier de 15 à 25 centimètres, dénommées èriíceííes qui servent à manipuler les plateaux chargés d'objets à leur entrée comme à leur sortie du moufle. Ces accessoires sont généralement en nombre suffisant pour assurer le ser- vice des cuissons, mais on peut en adjoindre d'autres suivant les besoins spéciaux. 12 MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAILLAGE SUR MÉTAUX la largeur du four et d'environ 20 à 25 centimètres de saillie, assez résistant pour supporter les objets à cuire, de façon à les exposer devant le moufle pour les sécher d'abord puis les accoutumer graduellement à la violente chaleur. Principaux accessoires du four Dans le moufle, en permanence, un petit support légèrement bombé, en terre réfractaire, permet- tant de faire tourner aisément le plateau sur lequel reposent les objets à cuire. Puis un jeu de plateaux ronds, de divers diamètres, ou d'autres encore rectan- gulaires ou carrés suivant les besoins, soit de minces galettes en terre réfractaire également, de 2 à 4 rnilli- mètres d'épaisseur, que l'on doit préalablement, et une fois pour toutes, enduire d'une couche d'ocre délayée à l'eau, puis séchée ensuite à l'air libre, cette matière ayant pour but d'éviter l'adhérence des objets au plateau durant leur cuisson. En conséquence, ces plateaux supportent les objets pendant le séchage qui précède la cuisson comme aussi durant cette dernière opération. Sur commande, l'on peut obtenir des pla- teaux ronds, légèrement creusés au centre, celui-ci épousant la forme convexe du support, ce qui permet en cours de cuisson de les faire évoluer assez rapide- ment, sans secousses ni déviations à l'aide des pinces. Puis une paire de grandes pinces de 60 centimètres à 1 mètre de long ou plus encore selon l'importance du four. Ces pinces doivent être en fer forgé ou en acier, .solides tout enétant légères et flexibles : à mi longueur FOURS ET LEURS ACCESSOIRES 43 ces pinces sont pourvues d'une vis avec écrou mobile à ailettes, que l'on règle à volonté pour rapprocher plus ou moins leurs extrémités, alinde faciliter la prise des plateaux en terre. Enfin une ou deux paires de petites pinces d'acier de 15 à 25 centimètres, dénommées ôrwceiies qui servent à manipuler les plateaux chargés d'objets à leur entrée comme à leur sortie du moufle. Ces accessoires sont généralement en nombre suffisant pour assurer le ser- vice des cuissons, mais on peut en adjoindre d'autres suivant les besoins spéciaux. CHAPITRE V ACIDES ET EAU FILTRÉE Les acides couramment employés sont : Acide nitrique pur à A0° {eau forte). Acide sulfurique [huile de vitriol) ainsi que des bâtons de Potasse caustique (à conserver dans un bocal hermétiquement clos). Les acides seront également conservés dans des lia- cons à ouverture étroite, hermétiquement fermés, soit munis de bouchons en verre dépoli à Témeri ; par sur- croît de précaution, ces flacons seront tenus à l'écart, surtout loin du feu, ou du contact de pièces métal- liques qui risqueraient de s'oxyder par leurs émana- tions. En outre, il est indispensable d'avoir constamment à sa disposition et en suffisance de Veau filtrée., même si l'eau courante est réputée pure. Le commerce fournit de nombreux appareils dans ce but, soit filtres à bougie de porcelaine poreuse, pra- tiques et peu encombrants, s'adaptant à toute conduite d'eau, etc., etc. Mais dans la plupart des ateliers, ¡on obtient une eau convenablement filtrée pour cet usage, en versant de l'eau ordinaire dans un entonnoir de verre, dont le col sera préalablement obstrué par une très petite ACIDES ET EAU FILTRÉE 15 éponge extra-fine, dont Tofíice est de reteñirán passage les sein du corps étrangers en suspension au liquide, en laissant tomber goutte à goutte Peau pure que Ton recueille dans un flacon bouchant à Fémeri ou encore une carafe parfaitement close. Les filtres en papier ou autres matières fibreuses sont à rejeter pour l'usage en question, car ils aban- donnent d'innombrables corpuscules nuisibles à l'émail. Nous considérons maintenant la description som- maire des locaux et du matériel comme achevée, nous réservant de revenir en détail sur certains points et de nous occuper d'objets ou de matières non encore exa- minés, cela au fur et à mesure que nous décrirons le métier proprement dit. CHAPITRE VI TECHNIQUE DE L'ÉMAILLAGE (Choix et. préparation des émaux, leurs principales applications, leur cuisson el autres manutentions cou- nexes, etc.) La composition de la palette, soit le choix des émaux est une question capitale d'où dépendra en g-rande partie la réussite du travail ou au contraire de coûteux déboires. Un choix irrationnel ou des visées d'écono- mie mal entendue ont trop fréquemment pour résultat de compromettre des tentatives artistiques ou indus- trielles d'une heureuse conception initiale, mais sans aboutissement pratique, faute de bonnes et sérieuses matières. Il est donc indispensable de se procurer des émaux avec lesquels on puisse travailler en toute sécurité, particulièrement des produits d'une fusibilité aussi uniforme que possible, de composition homogène rela- tivement aux phénomènes de contraction et de dilata- tion, en un mot susceptibles de se mélanger ou de se superposer sans causeï' de ruptures sur les objets, ce qui vouerait fatalement ceux-ci au rebut. L'auteur de ce manuel donnera tous les renseigne- TECHNIQUE DE L'ÉMAILLAGE 47 ments désirables à cet égard, étant précisément à la tête d'un établissement d'ancienne et mondiale tation répu- où se fabriquent depuis plusieurs des générations émaux de premier ordre^ depuis les tons classiques jusqu'aux nuances extra-modernes, et dont la entièrement palette éprouvée ainsi que considérable, mais cependant toujours enrichie, répond en tous points aux exigences formulées plus haut. D'une manière générale, tous les émaux doivent être aptes à adhérer sur les principaux métaux soit or, argent, cuivre, leurs alliages ou dérivés. Malgré cela, une sélection est toujours suivant préférable la nature déterminée du métal que l'on se pro- pose d'émailler. Après réception et vérificalion des émaux, il est recommandable de soigner chaque sorte séparément dans une boîte de bois fermée, ou un bocal également clos, afin d'éviter tout mélange et il est prudent aussi de marquer sur les contenants le titre exact sous lequel chaque sorte d'émail a été ceci facturée, en vue des réassortiments et pour éviter des erreurs. (Un casier muni de tiroirs remplit fort bien le but indiqué mdiq«é plus haut.) Pilage, broyage, lavage, acidulation et conservation des émaux L'industrie livre de nosjours, sur demande expresse, les émaux à l'état pulvérisé. Les machines comme les procédés concourant à ce but sont de valeurs inégales et les fraudes ou adultérations possibles, aussi croyons- nous que seule une maison de toute confiance peut MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAILLAGE. 2 18 MANUEL IMíATIOUK DE t.'ÉMAILLAGl': Sülí MÉTAUX otlnr les garanties requises pour la bonne el cons- ciencieuse exécution d'une opération aussi délicate. Les émaux, sous cette forme, peuvent rendre d'ap- preciables services, mais uniquement en vue d'une consommation importante e( seulement s'ils sont des- linés à des travaux industriels courants, visant plus à la ({uantité qu'à la qualité de la production. Oii réalise alors un gain notable de temps sur la réduction de l'émail à l'état de poudre, mais cela ne dispense en cas de l'aire subir à celui-ci les diverses aucun opéra- lions décrites ci-après, soit un broyage poui' unifier le grain, de nombreux lavages préliminaires, l'acidu- lation, puis enfin les lavages qui lui succèdent. .Mais en vue de travaux soignés, pratiqués sur une échelle restreinte, avec le concours d'une certaine variété de Ions, nous déconseillons formellement l'emploi d'émaux pulvérisés d'avance par des moyens mécaniques, quels qu'ils soient. 11 est donc préférable, dans la majorité des cas, de soit blocs ou se procurer les émaux en morceaux galettes, permettant un contrôle préalable. 11 est alors facile de concasser les morceaux un peu gros, en les enveloppant premièrement dans un linge de toile le creux de la main propre et eu les tenant dans pour les frapper à coups secs à l'aide d'un marteau de métal ; de cette façon, on les réduit au volume d'une noisette et tous les éclats qui en résultent sontparfai- tement utilisables, cela sans exception. Concernant donc le broyage à la main, le choix de l'outil approprié est d'une importance capitale pour la réussite de cette opération pai'liculièrement déli- cate. TECHNIQUE DE L'ÉMAILLAGE 19 On se servira pour cela uniquement, ou de haute préférence, d'un mortier avec pilon en pierre agate, ou sinon en porcelaine dure non vernissée, mais dans ce dernier cas seulement par raison de stricte écono- mie. Lé mortier en pierre agate est l'outil idéal, ne se désagrégeant pas, durable à l'infini, à la condition toutefois de l'employer rationnellement, suivant nos conseils qui vont suivre. Par contre le mortier en por- celaine dure se laisse fatalement désagréger dans une certaine mesure à chaque opération, aussi, n'est-il utilisable, à la rigueur, que lorsqu'il s'agit de para- chever le broyage et de laver des émaux déjà pulvé- risés mécaniquement, ou encore de procéder à des lavages par quantités d'émaux primitivement broyés au mortier d'agate. Description du broyage des émaux et de ses opérations connexes L'opération se pratiquera dans Vatelier d'émaillage sur Vétabli ou table de broyage et nous ne perdrons pas de vue que de cette délicate opération dépendra pour beaucoup la belle venue des émaux après cuisson. Le mortier sera placé sur l'établi, de préférence sur l'une des parties du plateau reposant directement sur l'un despieds du meuble, ceci afin d'obtenir une assise de toute solidité. Entre le plateau de l'établi et le mortier, il faut interposer un linge de toile propre, plié en carré comme un mouchoir de poche, de façon à amortir les 20 MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAILLAGE SUR MÉTAUX chocs qui seront infligés dans la suite au mortier. En outre, le pilon sera auparavant noyé aux deux tiers, soit solidement enchâssé dans un manche de bois dur, pourvu d'une virole, et arrondi à l'extrémité en main. On disposera d'un petit mailletde bois dur, à manche un peu souple (il faut impitoyablement exclure pour cet Puis usage particulier tout marteau de métal). enfin l'on tiendra en réserve, à proximité, un flacon ou carafe d'eau filtrée, la seule qui sera employée jusqu'à la fin de l'opération, et comme dernier ustensile une terrine en grès avec poignées ou tout autre récipient destiné à recevoir les eaux limoneuses résultant des lavages que subit l'émail. On procédera comme suit: Placer dans le mortier une certaine quantité d'émail, de préférence peu à la fois, et qui soit déjà réduiten petits fragments, comme indiqué précédemment. Verser ensuite sur l'émail de l'eau, en suffisance pour que son niveau atteigne les deux tiers du mortier. On pose alors le pilon direc- tement sur l'émail, ^en tenant de la main gauche librement, sans serrer, le haut du manche de bois et l'on frappe à petits coups secs, rapides et saccadés le sommet dudit manche à l'aide du maillet de sur bois. Après quelques minutes de concassage, l'eau devient trouble et l'émail se trouve réduit en petites grenailles. On rejette alors la presque totalité de celte eau troubleet si l'on aperçoitencore quelquesfragments un gros, il est facile de les faire éclater en les peu visant avec le pilon, tout en appuyant fortement sur l'extrémité de son manche et en imprimant à celui-ci un léger mouvement de va et vient. Cela fait, et l'émail se trouvant grossièrement réduit. TECHNIQUE DE L'ÉMAILLAGE 21 on ajoute quelques gouttes d'eau pour faciliter le broyage qui va suivre immédiatement, et assurer aussi la régularité du grain de l'émail, question fort importante. On tient donc ensuite le manche de bois solidement dans la main droite, mais sans crisper, et l'on décrit dans la cuvette du mortier un mouvement circulaire assez rapide pour mouvoir la masse totale de l'émail et la broyer au degré voulu. Si, au cours du broyage l'émail devenait pâteux, y ajouter quelques gouttes d'eau. Au début de cette opération, il est bon d'exercer une certaine pressionsur l'émail, mais il fautparcontre céder graduellement sur le manche au furet à mesure de la réduction, afin précisément d'obtenir une par- faite régularité de grain et éviter aussi la formation trop abondante du limon soit cette sorte de crasse claire et nuageuse que développe l'émail au cours du broyage. De temps à autre, on imprime au mortier un vif mou- vement circulaire afin que l'eau balaye ses parois et fasse regagner la masse d émail aux quelques grains qui pourraient adhérer à la partie supérieure de la cuvette, échappant de la sorte à l'action du pilon. Dans l'espace de cinq à dix minutes, ou davantage encore suivant l'importance de la broyée, l'émail doit être lavé à plusieurs eaux afin de le débarrasser entière- ment de son limon. A cet effet, on remplit d'eau le mortier jusqu'à un centimètre du bord, puis on remue sans brusquer et circulairement avec le pilon la masse d'émail déposée au fond de la cuvette, cela durant une minute environ, puis on laisse la partie saine de l'émail se déposer ; pour accélérer cette opération, il est recommandable dès que l'on a cessé le mouvement 22 MANUEÍ. PHATIüUi; DE L'ÉMAILLAGE SUR METAUX circulaire de tenir le mortier avec la main gauche, tandis sur son bord que de la main droite on frappe extérieur de petits coups saccadés avec la tête du manche de pilon, mais jamais avec la partie en agate. Le maillet de bois peut également remplir cet office. Sous cette action, l'émail tend à se précipiter, et l'eau qui le surmonte étant comme dit chargée du déchet nuageux appelé limon, ce dernier doit être éli- minéà extinction en versant la totalité de l'eau souillée dans le récipient tenu à proximité. Pour chasser efficacement le limon, il ne faul pas attendre au delà de deux à trois minutes lors du pre- mier lavage, autrement le limon, dans sa totalité ou sa majeure partie, descendrait rejoindre la portion saine de l'émail et l'opération du lavage serait vaine, tandis son unique but esl de chasser ce limon que impur. Cependant, il ne faut pas non plus expulser l'eau trop tôt, sans cela une portion notable de l'émail sain serait entraînée par l'eau de lavage. On répète ensuite ces lavages, toujours de la manière qui vient d'être décrite, u ou 6 fois, suivant l'inr portance de la broyée, jusqu'à ce que l'eau sui-mon- tant l'émail soit totalement exempte de limon et offre alors l'aspect d'une eau limpide et potable. Au fur et à à mesure queies lavages se succèdent, l'émail tend se précipiter de plus en plus promptement au fond du mortier, aussi, faut-il être vigilant pour verser l'eau de lavage à point nommé et surtout avant que le faible nuage de limon ne risque de rejoindre la partie saine de l'émail au lieu d'être expulsé. Toutefois, ces diverses opérations i)réliminaires n'aboutissent qu'à un pre- mier et sommaire In-oyage, lequel est insuffisant TlXtlNIQUK DE l/ÉMAlLEADE Í¿'A pour amener le grain de Témail à la lénuilé voulue. On passe donc à une seconde période de. broyage, puis à une troisième, qui chacune sera suivie d'une série de lavages, exactement MANUEL PHATI'QÜE DE l/áMAILLAGE SUH MÉTAUX s'applique guère que pour des travaux ordinaires et généralement sur cuivre, avec cloisonsde même métal. Voici la façon de s'y prendre : On trempe dans de la gomme adragante dissoute à Teau, la base de chaque cloison ou fragment de cloi- son qui est au fur et à mesure enlevé du projet, puis placé dans le même ordre et toujours verticalement sur le tracé du projet reproduit sur l'objet. Ce minu- lieux travail d'assemblage se pratique à l'aide de fines brucelles et l'on s'assure que le fil s'adapte parfait-e- ment à la surface qu'il doit décorer, ce qui nécessite parfois de légères corrections; la gomme séchant assez vite, on obtient promptement une adhérence suffisante du fil au métal. Quand l'assemblage est achevé, il faut alors fixer définitivement les cloisons sur leur assise et deux moyens s'offrent au choix, savoir ; De part en part et des deux côtés du fil, soit en les espaçant de centimètre en centimètre, ou moins suivant l'étendue de la cloison, on dépose de minuscules grains de sou- dure (soudure d'argent ou amalgame ad hoc, à l'exclu- sion formelle de soudure d'étain) gros comme la téte d'une épingle, que l'on fond ensuite adroitement au chalumeau. Ou bien encore on procédera de môme, mais au lieu de soudure métallique, on fera à l'aide de la pointe d'imperceptibles dépôts de fondant broyé, tou- chant, comme indiqué plus haut, à la fois la cloison et son assise, dont le métal aura préalablement été écor- ché avec la pointe d'un canif aux emplacements du fondant afin que celui-ci repose sur le vif du métal. Il faut après cela cuire modérénrent, juste assez pour permettre au fondant de gripper le fil et si ce dernier se montre rebelle à certains endroits, on pro- LART DE L'ÉMAILLEUR cède à quelques retouches à l'aide des brucelles lines afin de redresser les cloisons qui se seraient inclinées ou déformées sous l'action du feu. Ce système est par- ticulièrement incommode lorsqu'il faut ensuite décaper l'objet, car alors les fils en souifrenl et cette opération ne peut ([ue très difficilement se pratiquer dans les règles voulues. Nous répétons que cela peut tout au plus convenir pour un travail ordinaire ne comportant que des émaux opaques et sombres. En conséquence, nous donnerons la préférence au second moyen, consistant à recouvrir d'une solide couche de fondant l'objet entier ou sinon les parties réservées aux émaux. Gela fait, on opère sur cette glaçure comme indiqué auparavant, mais sans soudure métallique quelconque, en assemblant simplement les cloisons avec le secours de la gomme adragante sur le fondant, suffisamment cuit pour avoir décapé complè- tement la base ou assise du travail de cloisonné. Quelques minimes dépôts de fondant de place en place ne peuvent aucunement nuire, ils sont même recom- inandableslorsque les cloisons sonld'une certaine éten- due, ceci afinde prévenir tout aflfaissementou déforma- lion lors de la cuisson. On cuit ensuite modérément, en évitant de surprendre l'objet au moment de son intro- duction dans le moufle. Il faut en effet que cette cuisson soit modérée, juste suffisante pour permettre aux cloi- sons de s'enfoncer légèrement dans la couche de fon- dant et de s'y fixer, mais pas trop profondément et sur- tout sans se déformer. Après cela, le cloisonné est prêt à recevoir les divers émaux prévus au projet. On émaille comme de coutume en deux ou trois 68 mam:ki. phatique de i/émaillage sur métaux couches plus nourries f{ue d'habitude, car l'émail dimi- nue passablement de volume a[)rès cuisson, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer; la dernière couche doit un peu bomber et en dernier lieu on lapidera le travail avec la pierre d'émeri, comme indiqué pour le chanipleve\ jusqu'à ce que le sommet des cloisons for- mant le dessin et la couche d'émail soient au même niveau. Le pierrage devra se pratiquer bien à plat et sans exercer une pression trop considérable vu la fra- gilité du fil ; celui-ci risque de s'écraser au moment du pierrage lorsque la couche d'émail reste en creux au lieu de bomber, ainsi (pie nous l'avons dit. Apiès un vigoureux brossage au grès, pour chasser toute trace d'émeri, on lave puis on sèche le travail. Enfin on cuit encore pour unifier et glacer le travail qui peut facul- tativement êlre recouvert de fondant, mais cela n'est pas dans le vrai caractère de ce procédé qui doit au contraire laisser apparaître le sommet du fil nu.' Émaillage dit (( à jour » ou ce translucide » Encore un procédé d'une exécution extrêmement délicate. D'application relativement restreinte, il peut se pratiquer sur tous genres d'objets, tels que coupes, abats-jour, petites verrières, bijoux, etc., lesquels objets ne prennent leur signification réelle que lorsqu'ils sont en situation d'être traversés par une vive lumière, soit à la façon des vitraux. Il est presque superflu d'ajouter que ce procédé comporte exclusive- ment l'emploi d'émaux dits translucides ou encore d'émaux transparents très clairs. l'akï de l'émailleur 69 Ce procédé présenle quelque analogie avec le cloi- sonné, mais il diiTt're essentiellement de celui-ci en ce sens que les ah^éoles à remplir sont sans fond, et c'est là que réside la principale difficulté, attendu qu'il s'agit de faire gripper l'émail par le seul secours de la très mince tranche de l'armature du travail formant les cloisons, dont l'ensemble offre dans l'espace l'aspect d'un vitrail. Les objets, toujours d'une certaine épaisseur et pai- fa i tement rigides, peuvent être confectionnés de l'un quelconque des métaux que nous avons étudiés, mais d'une manière générale, ils sont en or ou en cuivre, parfois en argent, tels les manches de cuillers fili granés. Les alvéoles sont estampées mécaniquement ou découpées à la scie, ce (pii fait ({ue tout le travail pré- paratoire incombe plutôt au bijoutier (pii livre l'objet prêt à être émaillé. On décape comme de coutume l'objet très soigneusement, et tout spécialement la tranche des cloisons sur laquelle l'émail prendra son appui. Étudions d'abord, comme tyj)e du genre, l'émail- lage relativement le plus simple, soit celui d'une sur- face plane ajourée. Il n'existe qu'un seul procédé, avec diverses variantes dont nous examinerons les quatre principales : Sur un plateau en terre réfractaire, convenablement enduit d'ocre, on dépose l'objet à émailler qui doit, autant que possible. occu])er seulement le centre dudit plateau. Comme cet émaillage, contrairement au pro- cédé habituel, doit se pratiquer le lüateau même, mais non en contact avec ce dernier, on intercale donc 70 MANUEL PRATIQUE DE l/ÉMAILLAGE SUR METAUX enlre le plateau et l'objet, sur toute Vétendue de celui-ci, une feuille de l'une des quatre matières-suivantes au choix : 1® Une feuille mince de platine (dite paillon); 2° — — d'or (dite paillon) ; 3* — de mica (matière infusible au four d'émail- leur, la plus pratique et économique) ; 4® — mince de cuivre, préalablement décapée et dont les bords peuvent être rabattus sur l'objet. Si l'on préfère, et suivant les exigences du travail, on peut fixer sommairement l'une quelconque de ces quatre matières adoptée, à l'aide de très minces fils de fer formant un grillage à larges mailles, sous la feuille et venant gripper sur les bords de l'objet. Sinon, il est évident que le travail ne devra plus quitter le plateau jusqu'à la dernière cuisson, de façon à reposer constamment sur la feuille dont on a parlé plus haut. Contrairement aussi à l'habitude, les émaux destinés à coopérer à ce genre de travail devront être peu broyés, soit d'un grain très grossier, quoique régulier, mais toujours parfaitement lavés, comme de coutume. Avant d'émailler, il faut avoir soin d'enduire la tranche des cloisons d'un bourrelet de gomme adragante dis- soute à l'eau {la gomme arabique convient également pour cet usage) afin de faciliter l'adhérence de l'émail auxdites cloisons. On dépose donc l'émail très régulièrement dans l'inté- rieur des alvéoles, plutôt en épaisseur dans le cas^ particulier, en s'efforçant de le faire gripper sur la tranche enduite de gomme. L'habileté du praticien i.'akt ok l'émaillêur 71 vi^ra à provoquer la formation d'une masse aussi dense que possible pour lui permettre de faire bloc après cuisson ; on essore l'eau avec la serviette, puis on sèche a:Yec toutes les précautions usuelles et l'on cuit modé- r.ément^ toujours avec le concours de la feuille servant d 'intermédiaire. Sur l'or comme sur le cuivre, l'adhérence de l'émail est complète, sur le mica elle est partielle, mais souvent nulle sur le platine. On recharge une seconde fois l'émail assez fortement, de manière à achever si possible l'émaillage en deux couches, avec cuisson plus accentuée à la dernière. Quand le travail est exécuté selon les règles, l'émail fait bloc, il adhère sans solution de continuité aux cloisons. La feuille d'or, avons-nous dit, fait corps avec l'émail et pour éliminer celle-ci, on peut ou bien la lapider avec la pierre d'émeri humectée ou encore la dis- soudre, soit en la badigeonnant, soit en la trempant quelques minutes dans une dissolution à'eau regale un peu tiède (voir page26). Il faut, autant que l'on pourra, éviter que cette dissolution acide entre en contact avec les autres parties de l'objet, surtout si ce dernier est en or. L'adhéi'ence du mica est si faible que cette matière disparaît ordinairement sous l'action d'un brossage humide. Quant au cuivre, nous avons également dit qu'il adhère totalement et, pour le faire disparaître, on le trempe un certain temps dans un bain d'acide nitrique pur, en évitant aussi que les autres parties de l'objet n'entrent en contact avec cet acide ; on prendz^a garde T'l MANUF.I, PR.VTIQUr: DE l' ÉMAII.LAGE SI R METAUX (le ne pas respirer les vapeurs nocives qui résultent (le cette combinaison. La plupart du temps, à desseiu, l'on conserve à la couche d'émail, sur ses deux faces, son aspect brut, légèrement ondulé; cependant, si on la désire brillante et unie, il est relativement facile de l'égaliser et de l'aplanir grâce à la pierre d'émeri, en agissant comme d habitude. Etant donné qu'il faut procéder à une cuisson der- nière après le lapidage (suivi du brossage coutumier), on utilise avec succès la feuille de mica, à moins de suspendre l'objet sur une assise faite de débris de pla- teaux de terre réfractaire ou autre système analogue. Ce procédé dit à jour permet à la lumière de traver- ser de part en part l'objet, surtout lorsque celui-ci est tenu verticalement, position qui communique un vif éclat aux émaux, mais on peut aussi les a.ssourdir à volonté ou les atténuer légèrement, en leur faisant subir l'opé- ration du matage que nous décrirons ultérieurement. L'émailiage à jour des pièces de forme se pratique selon les principes qui viennent d'être énoncés, mais il exige une somme beaucoup plus considérable encore d'habileté technique, en se compliquant aussi d'un matériel ad hoc. Ainsi donc, dans ce cas, chaque objet doit être émaillé et cuit sous la protection d'un gabarit., soit la reproduction servile de l'objet en cause, s'era- boitant dans l'intérieur de ce dernier et en épousant (idèlernent tous les contours. Ce gabarit sera de préférence confectionné en tôle un peu épaisse (15 à 20 millimètres) sur laquelle on iixera un paillon de platine ou d'or, mais mieux encore une feuille de mica. 1,'ART de L'ÉMAIL·I.EI K 73 Pour achever cette leçon, voici ancore quelques moyens usités s'inspirant des principes énoncés : On l'ccouvre de fondant sur ses deux faces un olqei en cuivre, puis on le cloisonne au til d'or; ensuite, on t'¡mrgne à la cire ou au vernis l'une des deux faces et i on dissout l'autre par l'acide tluorhydrique, puis du même côté, on dissout aussi le cuivre qui vient d'être mis à nu en l'attaquant par l'acide nitrique pur. Il ne reste plus après cette opération que les cloisons d'or garnies de fondant, sur lequel on peut à volonté appli- querdes émaux de toutes couleurs. On peut aussi émailler h jour de Irrs petits espaces, simplement en appliquant l'émail, mélangé à de la (jomme de pépins de coings, à l'aide d'une poôzie de gros calibre. D'un seul coup de cette pointe, on dépose adroitement une charge suftisante pour remplir entiè- rement l'une des alvéoles et ainsi de suite. ■On peut entin combler des espaces de dimensions variables avec (hus esquilles d'émail que l'on soude simultanément entre elles et contre les parois de l'ai- véole avec de la gomme arabique; si le vide n'est pas entièrement comblé avant la première cuisson, il est loisible de continuer après coup l'assemblage total des esquilles. Ce dernier moyen impi-ime à la couche d'émail des ondulations assez marcjuées, (pii sont même parfois recluirchées, car ellescommuniquent au travail une robustesse non sans caractère. Mais si l'on préfère une surface lisse, il est aisé d'unir l'émail en l'ecouraid au lapidage. 74 MANUKI. PRATIQUE DE L'ÉMAILLAGE SUR MÉTAUX Les plaques On désigne sous ce vocable les assises de tonies formes et dimensions, de tous métaux, lesquelles son! très rarement plates, mais plus généralement bombées, formant une base, soit un fond sur lequel on peut exé- cuter un sujet quelconque: travail purement d'émail- lerie ou de peinture sur émail, souvent môme en combinaison. La confection soignée d'une plaque, selon cerl aines règles rigoureuses, est d'une imporianee capitale, attendu que cette assise est appelée à subir de fréquentes cuissons (parfois une dizaine et plus), et doit en conséquence se comporter sans défaillance durant ces redoutables épreuves. Une plaque mal confectionnée se modifie, s'altère de cuisson en cuisson, notamment elle se déforme, se fend ou se sillonne, ou bien encore s'esquille, compromet- tant ou détruisant souvent un travail précieux et de longue haleine. Les plaques peuvent s'exécuter en tous genres d'émaux tranparents ou opaques; dans ce dernier cas, c'est plutôt l'émail blanc ou faiblement teinté qui est usité, surtout en vue de la peinture. Pour la description qui va suivre, nous'adopterons comme type la plaque de cuivre, étant celle d'usage le plus courant. Dans ce but, on emploiera uniquement du cuivre de première qualité (spécial à cet usage), à l'exclusion de tout autre. L'épaisseur du cuivre doit être propor- tionnéeàla grandeur de la plaque que l'on veut établir. Disons bien vite que ce serait une grave erreur de i/art de l'émailleüb 75 supposer que plus le cuivre est épais et plus la plaque sera résistante au feu. Tout au contraire, les risques n 'en seraient que plus grands pour les motifs que nous avons exposés en parlant des phénomènes de dilatation et de contraction du métal se manifestant sous Faction de la haute température. Ainsi donc, pourvu que le cuivre soit assez épais pour assurer à la plaque une certaine rigidité, cela est suffisant. Disposant du cuivre convenable, voici la marche à suivre ; 11 faut d'abord établir la forme exacte de la plaque sur un carton mince, en prévoyant qu'un léger rétré- cissement se produira au feu ; puis on découpe ce patron et on le dépose sur la feuille de cuivre. On en trace le contour, et l'on découpe ensuite aussi fidèle- ment que possible la forme définitive de la plaque au moyen d'une paire de forts ciseaux. Si le tracé n'est pas suffisamment net, on procède à quelques retouches avec une fine lime dite queue-de-rat. Ceci fait, il est hautement recommandable de marteler le cuivre afin d'en resserrer les molécules, surtout si la plaque est appelée à supporter un certain nombre de cuissons ; cette utile précaution la rend alors bçaucoup plus résistante. Pour la manutention en question, on fait reposer la plaque sur un tas soit une sorte d'enclume en acier poli et Fon frappe sur le cuivre par petits coups secs à l'aide d'iin marteau, également en acier poli, bien plat, de manière à marteler un certain temps et très régulièrement toute la surface, ce qui fait que la masse de cuivre devient parfaitement homogène. Ensuite, il faut emboutir la plaque, c'est-à-dire la bomber plus ou TPl MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAILI.AGE SUR METAUX moins el en arrêter les ang'les si celle-ci est carrée ou rectangulaire ; la plaque ovale ou ronde est d'un emboutissage relativement plus facile. Disons à ce sujet que, moins de posséder une certame dextérité dans le travail des métaux, il est préférable de confier remboutissage d'une plaque, surtout de grandes dimensions, à un ouvrier planeur-repousseur voire même un chaudronnier, artisans outillés et expéri- mentés dans ce domaine. En vue de travaux industriels en séries, l'industrie métallurgiquelivre sur demande de petites plaques qui sont découpées, embouties au balancier et pourvues au besoin d'un mince rebord destiné à retenir l'émail. Pour quiconque ne voudra ou ne pourra s'assurer le concours d'un des praticiens que nous venons de nommer, disons sommairement de quelle façon on emboutit soi-même une plaque : Lorsque la plaque a été martelée, on la dépose sur un matelas de papier un peu épais (vieux livre ou bro- chure de 10 à 15 millimètres d'épaisseur) et l'on pro- voque la formation du bombé en appuyant fortement avec les deux mains sur la plaque, en partant du centre jusqu'aux extrémités, à l'aide d'une spatule mi-ronde d'acier poli ou d'un emboutissoo\ Grâce à un mouve- ment rapide en tous sens, l'on parvient ensuite à in- curver et à repousser le métal à volonté. On peut également par une voie ditl'érente repousser h; métal en confectionnant des mandrins en bois, selon la forme que l'on désire imprimer à la plaque et, en faisant reposer cette dernière sur le moule en ques- tion, on frappe sur la plaque à petits coups saccadés avec un maillet de bois, de façon à lui faire épouser L ART DE L EMAIl.LEUR 7 i la forme du mandrin. C'est en général le procédé dont usent les ptuneurs-repoussems de profession. Quand la plaque se trouve emboutie,que sa forme est régulière, qu'elle repose d'aplomb, elle se trouve avoir acquis une remarquable rigidité ; durant les opé- rations qui suivent, il faudra la manipuler délicatement pour éviter toute déformation. On procède alors au décapage. Indiquons ici une variante recommandable à la fin de cette opération : Lorsque la plaque est parfaitement pro[)re, au lieu de la chauffer aux abords du four, nous conseillons, immédiatement avant le premier émaillage, de la mettre quelques instants dans une boite métallique contenant du sablón fin, préalablement lavé, le tout tiédi, et l'on agite légèrement. la boîte horizontale- ment, de manière à ce que la plaque soit recouverte cl battue par le sablón, ce qui a pour efl'et de la dégrais- ser à fond ; on retire la plaque avec des brucelles puis en la tenant délicatement d'une main par la tranche, on la débarrasse du sablón avec une brosse de crin très douce. Nous rappelons encore que sous aucun prétexte la plaque ne doit être « bleuie « au moment de recevoir le fondant ou tout autre émail. Mentionnons encore ici la façon un peu dilférenle de procéder de quelques praticiens: La plaque étant emboutie, on la plonge dans un récipient de grès on de porcelaine contenant de l'acide nitrique pur, mais en ayant soinque cette immersion ne dure que quelques secondes; il faut donc retirer immédiatement, la plaque {à l'aide de vieilles pinces) car l'acide attaque sur-le- champ le métal en avivant sa couleur naturelle. On lave ensuite la jdaque à l'eau, on la sèche avec un linge de 78 MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAILLAGE SUR MÉTAUX Loile très propre, puis on la chauffe légèrement en la plaçant sur le plateau de terre réfractaire devant l'entrée du moufle. Le métal étant décapé, on procède donc de suite à l'émaillage de la plaque, en suivant les instructions générales consignées au chapitre vu. Dans le cas par- ticulier, avant d'appliquer un émail quelconque, trans- parent ou opaque, nous conseillons formellement de mettre tout d'abord la plaque en fondant, simultané- ment et sur les deux faces une première couche moyenne, parfaitement régulière et convenablement égalisée au moyen de la spatule. Disons en outre que si la plaque excède 12 à 15 centimètres de longueur, il est plus prudent de ne pas la cuire directement sur Je plateau ocré, comme ou le ferait pour un objet plus résistant, mais on confectionnera à cet effet un gabarit en tôle de 1 à 3 millimètres d'épaisseur, épousant fidèlement la forme intérieure de la plaque, lequel sera fortement enduit d'ocre du côté extérieur, et ledit servira de support à la plaque à chaque cuisson^ de manière à la préserver de toute déformation ou affaissement. Ajoutons que le pourtour du^a6¿ír:¿í devra si possible, dépasser de quelques millimètres celui de la plaque, afin d'éviter que les bords de celle-ci ne se brûlent au feu ; les bords soufiriraient également s'ils étaient trop rapprochés du pourtour du plateau durant la cuisson. 11 est très important que la première cuisson soii excessivement modérée, juste assez pour vitrifier le fondant, de façon à ce qu'après le refroidissement il apparaisse d'une nuance rouge grenat, couleur de la cerise bigarreau. l'art de l'émailleuh On applique ensuite une seconde couche de fondant, beaucoup plus forte que la première et toujours simul- tanéraent sur les deux faces, en spatulanl comme pré- cédemment ; puis on cuit fortement cette fois-ci, en s'assurant auparavant que le four donne bien son maxi- mum de chaleur, de manière à vitrifier totalement le fondant, lequel après refroidissement laisse alors trans- paraître le cuivre dans sa couleur naturelle soit rose saumon, sam taches. En ne suivant pas à la lettre ces instructions, le fon- dant risquerait de se retirer par places, mettant le cuivre à nu et qui en outre s'oxyderait ; il faudrait alors procédera un décapage supplémentaire et malgré cela, la plaque courrait le danger d'être tachée de place en place. Dans les conditions de l'alternative favorable, la plaque se trouve apte à recevoir successivement une ou plusieurs Gouchesd'émauxtransparents ou opaques ; pour ces derniers, deux couches sont un minimum, surtout en ce qui concerne l'émail blanc et lorsque l'on veut obtenir un fond dissimulant complètement la couleur du cuivre. Pour les plaques, plus encore que pour tout autre objet, nous recommandons de mettre autant que pos- sible à l'avers comme au revers le môme nombre de couches d'émail, de la même épaisseur et de même nature. Une épaisseur exagérée d'émail alourdit la plaque, sàns en assurer davantage la résistance, bien au contraire. Ap rès cuisson de la dernière couche, et surtout s'il s'agit d'émail blanc destiné à un travail de peinture, il est indispensable de lapider très uniformément la sur- 80 MANUEL PHATiyUE DE L'ÉMAÍLLAGE SUR MÉTAUX lace (le la plaque avec la [)ici're d'cineri humide, puis après brossage et lavage, on essuie et Ton cuit une dernière fois en suivant nos indications antérieures. Signalons un détail non sans importance : Dès la pre- mière cuisson, il se produit sur la tranche de la plaque restant à nu une oxydation très accentuée du cuivre el, si Ton ne prenait soin de la supprimer à chaque nou- velle formation, il en résulterail ([u'au début du refroi- dissement ce cuivre oxydé se détacherait en fines lamelles dénommées calamine, venant se fixer sur l'émail pendant qu'il est encore ramolli, et même aussi au commencement de la cuisson ; ces scories éclatent et se divisent en d'innombrables points noirs du plus désagréable eiîet surtout lorsqu'ils souillent un émail blanc ou de nuance claire. Afin d'éviter eel inconvénient, il faut avoir soin avant chaque nouvel émaillage, de limer les bords de la plaque de manière à les rendre vifs, ceci au moyen de la lime queue-de-rat, mais très délicatement et tou- jours du môme sens, car un mouvement de va et vient risquerait d'esquiller l'émail. Les quelques rares points noirs pouvant persister sur certains émaux clairs disparaissent sous l'action d'un petit vilebrequin à mèche d'acier, ou sous la pression creusante d une pointe d'acier aiguisée ; on recharge ensuite habile- ment avec de l'émail les petits creux qui en résultent (d l'on cuit modérément pour rendre la surface unie. l'art de l'émailleub 81 Étalons, palettes, échantillonnages, soit types d'émaux cuits sur métaux : .1 En vue de rélaboration d'œuvres d'art, comme aussi de l exécution de travaux industriels, il est souvent de rigueur d'éprouver un émail sous divers rapports, afin de le bien connailre sous tous ses angles : nuance, intensité, fusibilité, résistance, etc., ce quipermetd'ôtre bien fixé au sujet de son rendement. C'est pourquoi nous estimons qu'il est indispensable pour obtenir un résultat probant d'établir en premier lieu une épreuve euite^ dont la nature et la structure seront aussi sem- blables que possible relativement à l'objet que l'on se propose d'émailler. Ainsi donc, le métal, son épaisseur, sa décora- tion,eLc., en un mot la constitution générale de l'étalon devra être en tout pareille à celle de l'objet encause pour assurer un caractère d épreuve rigoureuse. L'artiste qui emploie librement les émaux et les met en grand nombre à contribution pour l'interpré- tation de ses œuvres, principalement sur cuivre ou sur métaux vierges, aura avantage de grouper ses étalons sous forme d'une ou de plusieurs palettes établies de la manière suivante : 1" Pour les émaux transparents : Sur une plaque de cuivre, carrée ou rectangulaire, préalablement mise en fondant dans la totalité de ses deux faces, on trace sur la partie convexe avec de la couleur noire vitrifiable des lignes bien marquées, soit d'environ un millimètre de largeur, allant verticale- MANUEL l'HATIQUE DE LEMAILLAOE. 6 82 MANUEL PRATIQUE DE L'ÉMAI I.I.AGE SUR MÉTAUX ment et horizonlalemeiil; ces lignes en se coupanl forment un damier dont chaque case doit avoir envi- ron un centimètre carré. Le sommet de chaque série d'avance (le cases sera numéroté suivant un ordre prévu pour tous les émaux à éprouver, puis on cuit légère- ment pour vitrifier lignes et numéros. Ceci fait, on réservera dans leur état nature, soit en fondant sur cuivre, toutes les cases de tête du premier rang en partant du sommet. Immédiatement en des- sous, soit sur les cases du second rang, on remplit celles-ci d'une forte couche, mais bien régulière, dCémail blanc (pas trop tendre) que l'on cuit de suite et suffisamment pour qu'il devienne uni et glacé. Sur le troisième rang, on applique dans chaque case paillon de platine et, sur chaque rang suivant, suc- un (•essivemenl des paillons d'orjaune, d'or vert et àdargent. Après cela, on grippe ces divers paillons sur leur base grâce à une cuisson modérée. 11 est aisé de comprendre qu'ensuite, tout émail l'on voudra soumettre à transparent que l'épreuve couché régulièrement du haut en bas delà sera plaque à être sur chaque case, de façon impressionné et différemment par chacune des diverses influencé matières leur servant d'excipient, ce qui crée pour l'artiste succession de notes variées dont il une pourra parti. On peut facultativement obtenir l'effet en tirer double couche d'un émail en appliquant cette seconde couche la moitié de chaque case, transversalement sur diagonale, ce qui permet de conserver l'effet ou en produit en une seule application. Conformément aux réserves antérieures, concernant le platine, un certain nombre d'émaux n'adhéreront l'art de l'émailleur 83 pas à ce métal; cela permettra précisément qui d'éprouver ceux présentent le plus de chances de s'accorder. 2® Pour les émaux opaques : On procédera de même manière, sauf émail que peut être chaque appliqué dans une seule case, lenient en deux généra- couches, la plaque étant mise préablement en fondant dans sa totalité. L'émail opaque étant ordinairement ou influencé peu pas par l'excipient, autrement dit la base sur laquelle il repose, l'épreuve obtenue dans ces condi- tions est d'une relativité suffisante pour la Par plupart des cas. contre, l'industriel qui est le plus souvent assujetti par des exigences d'ordre pratiqué, donnera la préférence aux étalons séparés. A ces fins, les émaux sont éprouvés au moyen d'un jeu plus ou moins nom- breux de plaquettes rondes, ovales ou au choix, contre-émaillées rectangulaires ou non selon leur seur, portant à épais- l'avers ou au revers un numéro vitrifié d'ordre, ou gravé, et sur chacune de ces,plaquettes un seul émail figure transparent ou opaque, ceux de la mière catégorie pre- en une seule couclie, facultativement doublée sur la moitié, et ceux de la seconde en deux couches catégorie au minimum. Plus encore que dans tout autre cas, il est néces- saire que chaque plaquette soit constituée du ou des métaux simples ou alliés dont l'industriel fait le plus constant l'usage ; autrement, les effets fournis les épreuves par ne concorderaient pas avec ceux obtenus la dans pratique et n'auraient donc entre eux relativité. qu'une vague CHAPITRE VIII LE GUILLOGHAGE L'on désigne sous le nom de guillochage, et plus spécialement à Genève sous celui de fiinqué une gra- vuremécaniquepouvanten quelque sorte s'oblenirauto- matiquement ou bien encore à la main; dans ce dernier cas, le burin doué de conscience produit des effets par- ticuliers selon le tempérament du graveur. Le guil- lochage permet donc d'animer, d agrémenter la sur- de n'importe quel objel, de tout métal, en vue face principalement de sa décoration au moyen á'émaux transpfxrenU. On obtient de la sorte des dessins variés à l'infini qui contribuent puissamment à faire jouer l'émail, selon le terme du métier, et font en outre grii.per cette matière au métal. En général, plus le métal est précieux, plus le guillochage sera soigné. Sommaire, moins recherché que pour les pièces de grand luxe, le guillochage se pratique couramment sur les multiples objets de fantaisie. Les dessins les plus classiques dans cet ordre sont les flammés, les rayonnés, les concentriques ainsi qu'une foule variée· d'autres dessins confinant aux décorations ultra- décadentes. La disposition comme la profondeur du guillochage influent considérablement sur l'aspect de LE GUILLOCHAGE 85 l'émail. On adoptera donc de préférence le guillo- chage profond, incisif, aux lignes anguleuses, en ce qui concerne les émaux foncés, afin de créer des oppo- si lions d'ombre et de lumière faisant flamboyer des nuances telles que les rouges, bleus foncés, verts fon- cés, certaines opales accentuées, etc. En revanche, le guillochage , discret, à fleur de métal, affectant des lignes tranquilles, entrecoupées parfois de légers motifs, fait chatoyer agréablement les nuances mièvres, délicates, telles que les bleus ou verts légers, les lilas, les roses, les gris légers, les opales atténuées, etc. Disons aussi que le choix du dessin devra être rai- sonné suivant la forme et la destination de l'objet, cela conformément aux lois de la décoration. Ajoutons enfin que, abstraction faite de certaines impossibilités maté- rielles, des précautions particulières doivent être prises lorsque l'on décape une surface guillochée, ceci afin que le contact du bain acide, de même que les brossages et autres manutentions connexes, respectent le plus possible le vif du métal qui, sans cela, s'alour- dirait au détriment de l'éclat des émaux. CHAPITRE IX LES PAILLONS ET LE PAILLONNAGE On appelle communément ¡uiillons de minuscules ornements ou motifs, de genres infiniment variés, estampés en relief, tels que points, étoiles, couronnes, fleurs, fruits, oiseaux, insectes, etc., etc., découpés exclusivement dans des feuilles de métaux vierges brillants, soit or, argent et platine. Ces ornements sont appliqués sur l'émail avec lequel ils font corps» permettant d'obtenir d'heureuses décorations aux dis- positions multiples et souvent ingénieuses. Ce sont sur- tout les objets de fantaisie que l'industrie pare de ces notes scintillantes. Cependant, depuis ([uelques années et par extension de ce procédé, de hardis manufacturiers n'ont pas craint de franchir les étroites limites anciennes, en fabriquant des paillons aux proportions beaucoup plus larges, modelés avec art, qui concourent, à l'embellis- sement de grands objets émaillés. L'application de ces paillons est fort simple. VoiF, l'ÉMAII.LAGE SUR MÉTAUX négligences imputables aux praticiens chargés de ces opérations et ({iii traitent généralement sur un pied d'égalité les objets émaillés commeceiix ne Tétant pas, cependant ipie les premiers réclament des égards tout spéciaux, en raison précisimient de la IVagilité des émaux qui les ornent. Voici résumées les diverses causes de ces accidents: 1° Manipulation irrationnelle des objets émaillés. lesquels sont souvent entassés pèle-mêle, brusqués, heurtés, brossés avec rudesse, etc., ce qui a pour elVet de (lélerminer maintes l'ois des fentes légères, limitées en cei lainscas à la surface seulement, mais qui s'aecen- tuent et pénètrent jusqu'au métal sous l'action du bain aurifère ou argentifèi-e ; 2" Les brusques changements de température des liquides en jeu dans l'opération, en particulier la lem- ¡)éraliu'e subitement élevée du bain mélallisant; c'est poLir<|uoi nous recommandons vivennmt d'éviter les ti'ansitions violentes et nous dii-ons encore sous ce rapport (pie le bain en (piestion doit l'être iempcrc pour ne pas nuire à l'émail ; 6" L intensité du courant régnant dans le bain métal- lisant joue un grand ixMe. et il est avéré qu'une trop haute tension éleciriipie est contraire à l'union de l'émail au métal. Pour achever ces remarques, nous rappellerons que la un.se en couleur est To|)ération chimique qui consiste à faire séjourner un objet en or allié dans un bain acide , compositions variables), ledit bain ayant pour mission d'attaquer tels ou tels éléments de cet alliage, afin de laisseï- subsister poni- un temps plus ou moins protongi' d'autres éhunents métallirpies, dont la cou- bORAGK, ARGRNTAGE, MISE EN COULl'.UR H'i leur sera flatteuse à l'œil et contribuera à rehausser le charme de l'objet. Comme cette opération présente en quelques points une certaine analogie avec le dorage, nous dirons que les mêmes précautions énumérées pre- cédemment seront à observer, notamment quanta la température du bain, et surtout en ce ([ui touche a sa force acide, généralement trop intense, ceci ayant sou- vent pour elTet de ternir la surface des émaux (en par- ticulier les émaux très fusibles) ou bien encore d'opé- rer des réactions fâcheuses se traduisant par des taches ou des métallisations, spécialement sui- les émaux sombres, tels que noir, bleu profond, etc. DEUXIÈME PARTIE LA PEINTURE SUR EMAIL (Résumé des principaux procédés) Entreprendre ici la descripLion complète de cet art délicat, si étroitement lié à celui qui vient d'être le sujet de nos précédentes leçons, serait franchir le cadre de ce modeste manuel et risquer en outre d es- suyer un échec attendu que, s'il est déjà difficile de pratiquer l'émaillage sur métaux sans maître, la diffi- cuité croît encore prodigieusement lorsqu'il s'agit d'inculquer à un élève, fut-il armé d'un sérieux bagage artistique, les multiples et rigoureux principes tech- niques dont la parfaite possession peut seule fournir d'honorables résultats, susceptibles ensuitt; de se haus- ser graduellement par une constante pratique. En conséquence, nous nous limiterons à une étude sommaire des procédés de peinture sur émail les plus classiques, en raison de leur solidarité avec l'émail- lage, et dans l'espoir qu'une initiation dans ce domaine sera propre à parachever ce travail. Il va sans dire que de sérieuses connaissances artis- tiques sont une base indispensable pour exercer cet art avec succès. l .A PEINTURE SUR ÉMAIL 1U9 Ceci admis, nous dirons que la peinture sur émail est propre à orner tous genres d'objets, et l'excipient, soit l'assise supportant cette peinture peut être cons- tituée par n'importe" quelle sorte d'émail transparent ou opaque, mais, dans la majorité des cas, le fond sur lequel on peint est constitué par un émail opaque blanc ou faiblement teinté. Il faut à ce propos se souvenir que si Vémail de fond est tendre à l'excès, la couleur venant s'appliquer par dessus aura la tendance à s'enfoncer dans son sein, tandis que l'émail de fusibilité moyenne, et parfois môme un peu dur, maintient la peinture à sa surface. Les couleurs vitrifiables propres à cet art, en parti- cuber celles destinées à la peinture dite sous fondant, ont une importance capitale, et l'on doit ainsi s'as.su- rer la possession d'une palette pas trop compliquée, suffisamment complète cependant, composée exclusi- veinent de matériaux éprouvés, raisonnés, surtout venons-nous de le dire, en ce qui concerne la peinture sou^ fondant, procédé d'origine genevoise, qui est cer- tainemenf la plus recherchée en raison de sa haute valeur artistique et de son inaltérabilité. Sous le rapport de leur composition, ces couleurs ont une parenté très marquée avec les émaux, les élé- ments constituant ces deux matières étant souvent identiques, mais unis dans des proportions et sous des formes très dit! eren tes. Cette parenté explique pourquoi les couleurs se fixent à la surface ou même s'incor- purent plus ou moins au sein de l'émail sous l'action du feu. Le matériel nécessaire à la pratique de cet art n'est ni compliqué ni coûteux. Une propreté méticuleuse. lio MANÜEI, PRATigUE DE l'ÉMAILLAGE SUR METAUX l'absence totale de poussières sont des conditions essen- lielles de réussite. Tout local bien éclairé (jour du nord de préférence) et répondant aux conditions de propreté re.quises convient parfaitement. Uétabli, soit la table de ti'avail est un petit meuble r(!ctangulaire à quatre pieds, avec galerie pleine bor- dant les faces latérales et celle du fond; un ou plu- sieurs tiroirs seront prévus pour mettre à l'abri les travaux en cours, et enfin un cadre de lattes sera fixé sur la face du fond dans le but d'appuyer ou de sus- pendre des documents graphiques ou autres placés vis-à-vis de l'artiste. L'établi sera orienté de manière à ce que le travail reçoive l'éclairage normal, venant de gauche. Selon la forme de l'objet à peindre, celui-ci sera maintenu en position convenable, soit sur un chevalet ou quelque support ad hoc. Les objets plats ou de faible hauteur qui sont le plus fréquemment en cause, se fixent sur l'outil dénommé boule, consistant en un hémisphère plein en bois dur, sur la coupe duquel on étend une couche de cire à modeler destinée à immo- biliser l'objet en cours d'exécution; cette boule est sur- montée d'un couvercle vitré protégeant le travail lors- (ju'il est interrompu. Ln appui-main massif, en bois dur également, per- met de nsposer l'avant-bras et le poignet pour laisser toute liberté à la main qui exécute, tandis que l'autre assure l'inclinaison et la rotation de la boule sur son pied évidé ; de cette façon, le travail se présente a volonté sous des angles variables. 11 est bon de con- centrer le champ visuel et protéger les yeux avec un abat-jour fixé sur le front. I — I,A PIÎIM'UHE SUR ÉMAIL 11] Voici en raccourci les phases principales du pro(;é